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Le blog de Frédéric Delorca

Articles avec #la gauche tag

Tensions au Nicaragua après la remise du prix de Miss Univers

28 Novembre 2023 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Le monde autour de nous, #La gauche, #Grundlegung zur Metaphysik, #Christianisme

Le concours Miss Univers fait partie des événements souvent exploités par des gouvernements pour se faire connaître à l'échelle internationale. Le dernier gala a eu lieu le 19 novembre au Salvador, où le président Nayib Bukele en a profité pour faire campagne et se justifier. La gagnante le 18 novembre était une Nicaraguayenne de 23 ans, Sheynnis Palacios. "La couronne n'est pas à moi, elle est à lui" a dit la lauréate en montrant du doigt le Ciel (c'est-à-dire Dieu).

Cependant, le couronnement de la jeune femme a bouleversé le régime de Daniel Ortega et Rosario Murillo, qui, une fois de plus, a lancé la machinerie de répression. La raison fut la participation de la Miss en 2018 à la dernière grande vague de protestations contre l’appareil sandiniste.

La directrice nationale du concours de Miss Univers Karen Celebertti, elle même ex-miss, le 23 novembre a été interdite de retour au Nicaragua (et renvoyée au Mexique) et beaucoup de sympathisants de cette nouvelle Miss sont inquiétés. Quand on se penche sur l'agence de mannequins et de marketing que dirige Celebertti, Silhuetas, à Managua, on se rend compte qu'elle affiche sur sa page Internet un signe occultiste autour des yeux (un double 666) d'une jeune femme en tenue noire et blanche, ce qui est assez typique des milieux maçonniques. Cela laisse entendre que le geste de montrer le ciel n'était probablement qu'une opération de com' pensée par la société Silhuetas pour séduire les Chrétiens du pays.

On pourrait même avancer, et ce n'est pas absurde, que tout l'investissement des sociétés secrètes dans Silhuetas vise à manipuler l'opinion publique à travers des spectacles qui aiguisent l'appétit érotique des gens (à comparer avec les investissements de George Soros dans le syndicat national des joueurs de la Ligue de Football en 2018). Une des belles filles du président Ortega Xiomara Blandino, qui a été elle-même Miss Nicaragua en 2007 et a travaillé pour Celebertti et qui fut la dernière nicaraguayenne à atteindre le Top10 de Miss Univers a critiqué la gestion autocratique de cette faiseuse de Miss (elle serait pressentie pour lui succéder), mais sans aller vraiment au fond des choses sur la nature de la société qu'elle dirige depuis 23 ans. Elle ne dit rien de ses activités marketing, ni non plus si elle se rattache à la famille qui gère l'hôtel Celebertti qui se trouve dans sa ville natale. Le mari de Celebertti qui est le fils d'un ancien président de la cour suprême en 1979 (le cv du père est ici, il a été ambassadeur des sandinistes en France en 1985 et est mort en 2016) aurait disparu. On n'en saura pas plus pour l'heure sur ce clan, ni sur les intérêts économiques énormes qui, comme le rappelle Xiomara Blandino, entoure les concours de Miss en Amérique latine.

L'épouse du chef de l'Etat et vice-présidente Rosario Murillo a dénoncé mercredi « l’exploitation grossière et la communication terroriste grossière et perverse, qui cherche à transformer un beau et mérité moment de fierté et de célébration en une campagne de putsch destructrice ». Rosario Murillo, comme le président Maduro au Venezuela, est une fidèle du gourou indien Sai Baba, adepte de la sorcellerie New Age. Elle a fait planter des "arbres de vie" jaune sen métal à Managua en 2014 et François Musseau dans Libération à l'époque témoignait qu'un chauffeur de taxi croyait fermement qu'elle était capable de faire avoir un crapeau dans le ventre de quelqu'un. Musseau encore dans le magazine Elle du 16 octobre 2014, citait une incantation de Murillo sur la place du coquillage pour le 35e anniversaire de l'a révolution sandiniste : « J’invoque le Très-Haut, le Grand Esprit, le Faiseur Suprême ; qu’Il nous donne la force dans la vie, nous emplisse de foi et d’espérance, sans tomber dans le venin de la haine. » Il précise qu'elle est fille de cartomancienne (mais cela ne devait pas fâcher le magazine Elle qui fait souvent l'apologie de la sorcellerie, voyez par exemple son numéro d'octobre 2019 sur Marlène Schiappa. On pourrait être dans une schéma "sorciers contre sorciers", comme du temps où les New Agers s'oppos

La Nicaragua sandiniste comme on l'a souvent dit a un bon bilan social même si le couple qui le dirige a des tendances autocratiques. Il est l'objet de pression du fait du projet lancé avec la Chine d'un nouveau canal maritime, et de la proximité de Managua avec les BRICS.

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Ordo ab chao espagnol et européen

18 Novembre 2023 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Espagne, #La gauche, #La droite, #Peuples d'Europe et UE, #Débats chez les "résistants"

La politique d’instabilité et de confrontation se poursuit dans le monde occidental pour fragiliser les opinions publiques et provoquer la mise en place d’une dictature mondiale.


On a vu des stratégies du choc être mises en place depuis quelques années avec la « guerre contre le terrorisme », la crise sanitaire de 2020, la guerre d’Ukraine, et récemment le « 11 septembre israélien ». Par ailleurs des combats « sociétaux » totalement artificiels sont suscités sur l’avortement, l’euthanasie, l’identité de genre etc pour fragiliser le sens de l’identité de tout un chacun et hystériser les rapports sociaux. La politique migratoire a aussi été instrumentalisée dans ce but à l’échelle même des continents (on a vu récemment l’action de Soros au Guatemala pour relancer les migrations vers les Etats-Unis, ou son lobbying au sein de la Cour européenne des droits de l’homme).


L’Espagne a été un « terrain de jeu » particulièrement privilégié pour cela. Tirant profit d’un certain enthousiasme des Espagnols pour le « progressisme » après la dictature franquiste, les mondialistes ont tiré à boulets rouges sur toutes les institutions morales de ce pays en faisant avancer des agendas pro-avortement, pro-transgenre etc, avec un pendant migratoire qui a permis de faire monter, en réaction, un groupe d’extrême droite, dont j’ai démontré sur ce blog les origines dans des milieux sectaires mexicains, et, du coup, probablement chez certains oligarques mondialiste nord-américains.


Ce groupe d’extrême-droite est largement instrumentalisé pour empêcher un processus d’alternance qui ramènerait les conservateurs au pouvoir, mais ce n’est pas tout : le socialiste Pedro Sanchez pour garantir sa reconduction à la tête du gouvernement après des élections qui plaçaient le Parti Populaire en tête n’a pas hésité à signer un pacte impliquant une amnistie avec le mouvement indépendantiste catalan qui a organisé un référendum insurrectionnel illégal en 2017 – j’ai montré dans mon livre « Les Régimes Populistes » et dans des billets de ce blog que ces indépendantistes étaient en fait eux aussi très liés à Soros et aux travaillistes israéliens.


Ce pacte s’accompagnait d’un discours populiste qui prétendait que les institutions judiciaires espagnoles étaient engagées dans un « lawfare » contre l’indépendantisme. Lawfare est un terme emprunté à la gauche latinoaméricaine pour stigmatiser une utilisation du droit à des fins de persécution politique. Il a soulevé une levée de bouclier dans les milieux juridiques espagnols (de droite comme de gauche), mais aussi une très forte mobilisation des conservateurs, qui étaient près d’un million à défiler dans toute l’Espagne il y a cinq jours (sous les ricanements de l'ambassadrice d'Allemagne), et qui sont encore très nombreux aujourd’hui, sur des slogans politiques très durs, après le vote d’investiture de Pedro Sanchez aux Cortes.


Le fossé entre les deux Espagnes n’a jamais été aussi profond depuis cinquante ans. Les conservateurs voient dans la démarche anti-institutionnelle de Pedro Sanchez une forme de chavisme qui menace la paix civile dans le pays, une importation des pratiques venezuéliennes. Or si le chavisme a pu avoir une légitimité du temps où ce pays (dans les années 2000) était un vassal des Etats-Unis soumis aux pires diktats du Fonds monétaire mondial, il en a perdu depuis quelques années maintenant qu’il est délibérément asservi aux intérêts des oligarques des BRICS contre son propre peuple comme on l’a rappelé récemment ici.  Et surtout, importer en Espagne une démarche chaviste  (sans les mesures sociales qui peuvent aller avec vu que l’Union européenne et l’OTAN verrouillent tout à ce niveau) peut être très dangereux car, cibler les institutions espagnoles comme l’autorité judiciaire c’est menacer directement l’unité du pays. Et beaucoup ont d’ailleurs fait remarquer que la prochaine cible sera probablement la monarchie accusée par les indépendantistes d’avoir été complice du « warfare » contre eux.


Or, ne nous y trompons pas : si Soros et certains milieux mondialistes associés ont soutenu l’indépendantisme catalan comme ils ont soutenu l’extrémisme des combats « sociétaux », ce n’est pas spécialement par amour pour les « idéaux de gauche ». C’est parce que, comme en ex-Yougoslavie ou en ex-URSS, ils savent que si le chaos que cela provoque ne débouche pas sur des guerres ouvertes, cela risque de provoquer par retour de bâton des dictatures militaires. Ainsi si Sanchez ne va pas au bout de la création d’une sorte de république confédérale « néo-chaviste » anomique en Espagne, il y aura un retour de bâton sous la forme d’une dictature militaire d’extrême droite dans ce pays qui fera aussi le jeu de l’oligarchie mondialiste internationale : la liberté des citoyens en sortira perdante quoi qu’il advienne, d’autant que les créanciers du pays sont déjà là à frapper à sa porte pour demander toujours plus de mesures d’austérité.


A côté de cette tragédie espagnole, la comédie de la démission d’un autre gouvernement de gauche, celui du Portugal, pris en flagrant délit de corruption grossière, ferait presque rire, si son résultat ne devait pas être, là aussi, une fragilisation des institutions et une plus grande latitude d’action contre elles du futur gouvernement mondial.


On cherche vainement quel pays parvient à échapper en Europe au vacillement général : l’Allemagne et le Royaume Uni déclinent économiquement, l’Italie est totalement aux ordres du Parti démocrate américain malgré une devanture « de droite », la Pologne bascule dans le camp des eurocrates alors que le parti de droite jusque là au pouvoir jouissait encore du plus grand nombre de suffrages.


La France ne fait pas exception où sont désormais mélangés les pires aspects à la fois de la IVe République (le fait que les centristes occupent la totalité de l’espace politique rejetant dans des impasses l’opposition de gauche et de droite) et ceux de la Ve République (l’autoritarisme d’un président immature).
Les petits jeux de ralliement du Rassemblement national et de LR n’intéressent plus personne dans ce dispositif où les alternatives sont de toute façon interdites.


J’ai été frappé de voir cette tempête dans un verre d’eau qui a éclaté cette semaine dans les seuls milieux qui pourraient desserrer l’étau globalistes dans notre pays : les souverainistes. Le premier à ouvrir le feu fut le nihiliste Asselineau qui a accusé F. Philippot (l'homme qui met du orange partout - "orange en gematria = 33), JF Poisson et N. Dupont Aignan de s’être rendus à un happening des Républicains américains à Paris le 10 novembre dernier. Asselineau, admirateur des divinités hindouistes comme ses alter égos du CERN, et qui confond les Actes des Apôtres et les Epitres de Paul (ça c’est pour l’inculture spirituelle, mais mine de rien cela compte dans la façon de se positionner en politique) reproche à ses pairs souverainistes d’avoir « servi la soupe » aux zemmouriens en se rendant là-bas. Ce à quoi Philippot lui a répondu non sans raison qu’il ne s’agissait que d’un colloque, ce qui n’engage à rien.


Cependant Asselineau n’a pas tout à fait tort : si les Trumpiens s’intéressent aux Patriotes ou à Debout la République, c’est qu’il y a quand même anguille sous roche. Et je ne donne pas cher de la capacité de Philippot qui déjà fait l’éloge du bilan de Trump (sans percevoir son propre potentiel antéchristique et mondialiste caché, notamment du côté de la reconstruction du Temple à Jérusalem) face à Biden, ou de Dupont Aignan (« young leader d’un jour, young leader toujours ») à s’opposer au magnat américain s’il revenait aux affaires. Si un jour Marine Le Pen accablée par les affaires judiciaires cède le pas comme plan B des mondialistes, tout comme Zemmour qui de toute façon n’a aucune popularité en France, je ne pense pas que ces zozos là pourraient incarner la moindre résistance au rouleau compresseur washingtonien ; l’égocentrique Asselineau non plus d’ailleurs…

Et la gauche française dans tout ça ? me direz-vous... Tant que sa priorité reste d'inscrire le droit à l'IVG dans la constitution, et à se quereller autour du leadership de Mélenchon, on peut parier qu'elle ne va nulle part.

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Dérens sur le Kosovo

7 Novembre 2023 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #La gauche, #Peuples d'Europe et UE

Depuis 25 ans que j'écris sur la Serbie, je croise fréquemment le nom de Jean-Arnaud Dérens, fils de Jacqueline Dérens, militante communiste spécialiste de l'ANC. Jamais il n'a été très brillant. Ses articles égrainent toujours sur un mode assez banal et bien pensant les "calamités du nationalisme", sans originalité et sans grande rigueur. Dans un article du Monde Diplomatique de juillet 2006, il confondait même  - je le prouve ici avec ces captures d'écran à partir de Calameo (voyez le dernier paragraphe du second document ci dessous) le SPS (parti socialiste serbe) avec le SRS (l'extrême droite) qui lui seul avait un organe de presse appelé Velika Srbija (Grande Serbie), même une personne vaguement intéressée par la Serbie n'aurait à l'époque jamais commis de confusion entre un parti de gauche et un parti d'extrême droite.

Mais que voulez-vous, avoir un "beau nom" permet d'occuper le terrain, ce qu'il fait en dirigeant "Courrier des Balkans" depuis deux décennies, pour le meilleur et pour le pire, le pire étant bien sûr le pouvoir de censure : en avril 2009 il avait refusé d'écrire une recension de mon livre sur la Transnistrie parce qu'un enseignant de l'INALCO qui m'accompagnait (membre aussi du parti communiste) était selon lui antisémite (sic!), ce que l'intéressé a toujours nié... Ca en dit long du niveau du débat à gauche à l'époque (et ça ne s'est pas amélioré depuis lors).

Pas de surprise donc de retrouver dans l'Humanité Magazine du 2 au 15 novembre 2023 à nouveau l' "immense" Dérens qui s'exprime sur le Kosovo, dans un article co-écrit avec une certaine Julie Chauvin, journaliste de Pristina, intitulé "Au Kosovo les rêves brisés d'une jeunesse divisée"

Ce qui l'intéresse, ce ne sont pas les provocations du gouvernement de ce pseudo-Etat à l'encontre de la minorité serbe, provocations qui indignent même des députés de Die Linke en Allemagne (mais dans ce pays la gauche a un regard un peu plus profond sur les Balkans qu'en France...). D'ailleurs il commence à donner la parole à Erona Haxhimehmeti, une Albanaise rousse de 29 ans, de la partie Sud de Kosovska Mitrovica (le ord est resté serbe grâce à nos gendarmes français intégrés à la Kfor en 1999, ce qui avait fait grincer des dents à gauche notamment dans Le Canard Enchaîné). Il reprend ses doléances contre le fait qu'il y ait une obligation de visa pour l'émigration en Europe (sans préciser que Macron l'a maintenue parce que le gouvernement kosovar n'a pas tenu parole sur l'organisation de l'autonomie serbe, un peu comme Zelensky avec le Donbass). Puis c'est le tour d'un certain Bujar Gara qui  a trouvé un job dans une entreprise de technologie américaine, puis un serbe, Dino Muric qui rêve d'émigrer. Toujours pas un mot de la politique anti-serbe et des manifestations qu'elle a suscitées. Un coup de chapeau aux "féministes", à un "transgenre de 21 ans, aux roms, une tirade contre le nationalisme.

Voilà, rien d'autre. Un reportage sur place qui occulte le principal : ce qui est en train de transformer depuis plusieurs mois le Kosovo en poudrière au risque d'en faire une sorte de nouveau front anti-russe (par les Serbes interposés), comme dans le Caucase à travers les Géorgiens. Au prix où sont les billets d'avion, M. Dérens aurait mieux fait de rester à Paris.

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A propos d'un documentaire féministe sur les Yézidies

1 Novembre 2023 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Aide aux femmes yezidies, #Les rapports hommes-femmes, #Colonialisme-impérialisme, #Proche-Orient, #La gauche, #Débats chez les "résistants", #George Soros

Mylène Sauloy est une journaliste apparemment fascinée par les femmes combattantes kurdes, un peu comme la protégée de Bernard Henry Lévy, Caroline Fourest (dont j'ai critiqué le film "Soeur d'armes" ici), au point qu'elle leur a consacré une bande dessinée. Elle a livré en 2022 un reportage diffusé sur Arte qui fait le point sur la situation des Yézidis.

Le reportage commence par des images du programme "boxing sisters" un programme de réhabilitation psychologique mené par "The Lotus Flower" dans un centre au nord de l'Irak. C'est un programme qui a été inventé par Cathy Brown, boxeuse professionnelle britannique à la retraite et thérapeute cognitivo-comportementale certifiée. L'association a été fondée par Taban Shoresh, la fille d'un intellectuel kurde qui a failli être enterrée vivante sous Saddam Hussein dans les années 1980. "Toutes les encadrantes sont yézidies" dans le centre, dit le reportage. Les femmes yézidies y participent, nous dit-on, malgré le refus des hommes. On soupçonne une inspiration bouddhiste ou New Age derrière le logo, mais on n'en saura pas plus. L'association dit être financée par le "Prism the Gift Fund" dont la présidente a été nominée comme conseillère anthropique de l'année 2022 des Awards du Cercle Magique de la prospérité urbaine... Il faudrait faire un peu de journalisme d'investigation pour savoir ce que recouvrent ces termes...

Puis on nous parle de "Rosa", 19 ans, qui retrouve sa famille dans un village après huit ans aux mains de Daech (tout comme sa soeur cadette). Elle ne sait plus parler kurde. Elle a été achetée par un homme de Tel-Afar cinquantenaire grand-père, revendue à un Libanais qui meurt rapidement. Puis elle erre entre Syrie et Irak. On nous montre la visite du "chef de la tribu" chez la jeune fille. La grand mère a aussi été captive pendant 10 mois. Le petit cousin capturé à 2 ans a été racheté pour 7 000 dollars au bout de 4 ans. Une vingtaine de membres de sa famille sont toujours portés disparus.

On nous montre le rituel de purification au sanctuaire de Lalish qui semble avoir été adapté ad hoc pour les femmes violées. Le rituel est effectué par une femme qui semble faire une invocation à la "source blanche" (min. 5'50). "Ce sont les religieux qui ont sauvé (les femmes violées rejetées par leurs familles) en proposant cette cérémonie" dit la présentatrice (mais en réalité on va voir que le reportage n'est pas spécialement orienté en faveur des forces religieuses de cette communauté, au contraire). On nous parle rapidement de cette religion qui leur a valu d'être accusés de vénérer le diable "par un Islam rigoriste", dit la commentatrice (personnellement je ne vois pas où est le rigorisme à refuser le paganisme, en d'autre temps on aurait seulement dit "orthodoxe"... quant à l'accusation de vénérer le diable, elle n'a pas grand chose à voir avec l' "islam rigoriste"). "Tout ce qu'on demande c'est la libération de nos captifs" dit la jeune fille qui se pose ainsi en porte-parole autoproclamée "on ne demande rien à personne, on ne veut ni argent ni visa, on veut nos captifs" (7e minute) - pas sûr que tous les yézidis aient une revendication aussi limitée.

Pour expliquer où peuvent se trouver le tiers de femmes et enfants qui manquent toujours à l'appel, la journaliste va enquêter au Rojava, dans un village de la province de Hassaké où une association bénévole a pu libérer plus de 400 femmes et enfants captifs. Ce sont eux qui ont accueilli Rosa avant qu'elle ne retrouve sa famille. Rosa avait dit à l'association explique un de ses responsables, que tel ou telle captif de Daech s'est fait exploser dans des attentats suicides, car Daech leur ont "lavé le cerveau et leur ont même fait croire que des Yézidis ont tué leur famille" (min 9). Pour mémoire en mai 2018 Paris Match avait interviewé un Yézidie au Maroc qui était sincèrement convertie à l'Islam. Il n'y a pas eu que du "lavage de cerveau"...

L'association mène parfois des recherches au camp d'Al-Hol, l' "incubateur de djihadistes" comme l'appelait Le Point en janvier dernier... 60 000 personnes y vivaient en 2022, et bourreaux et victimes s'y mélangeaient. C'est un "bourbier de violence" nous dit-on, où "Daech fait la loi"... Bon, on réservera une analyse plus approfondie de ce microcosme là pour un autre jour peut-être. On nous décrit les méthodes de recherche de l'association, à partir de quelques photos ils essaient de reconnaître les gens à travers de minces indices comme des rictus de lèvre, des arcades sourcilières.

Certaines femmes ont été emmenées en Turquie et y restent pour ne pas être séparées de leurs enfants. On nous montre un orphelinat dans un lieu tenu secret au Rojava. Il s'y trouve des orphelins de guerre et des enfants yézidis.

Celle qui est présentée comme la ministre des femmes du Rojava en visite dans cet orphelinat regrette que les lois de Syrie et d'Irak attribue à l'enfant la religion du père de sorte qu'ils ne peuvent plus être repris par leur communauté (min 12'48). Très bizarrement on ne nous indique pas le nom de cette ministre. Il semble qu'au Rojava chaque canton ait un ministre des femmes (cf ici)... La dame dit qu'il faudrait faire pour les yézidis des sortes de villages de femmes, comme les Kurdes du Rojava en ont déjà...

"Au Rojava une révolution a eu lieu,s'enthousiasme la voix off (min 14'23). La loi protège les femmes et les enfants portent le nom de leur mère" (sic). S'esquisse ici la dimension la plus clairement idéologique du reportage, qui va être de plus en plus martelée.

La caméra nous amène à Sinjar avec un journaliste qui fait visiter les décombres du centre-ville. Il explique que les forces irakiennes et les peshmergas ont abandonnés les Yézidis en 2014. La voix off dit qu'aujourd'hui (16'14) "ces mêmes forces irakiennes discréditées tentent de prendre le contrôle du territoire par la menace, sans investissement aucun pour le retour des yézidis sur leurs terres" (sic)... Sauf qu'on aurait tendance quand même à penser qu'il n'est pas illégitime que la police d'un Etat chercher à en contrôler le territoire qui lui appartient (surtout si l'on sait, comme on le verra plus loin, quelles forces assez suspectes sont en train d'en prendre le contrôle à leur place...). 

"Cette fois les femmes sont en première ligne pour s'y opposer" exulte la voix.  Et là on entre dans la dimension "éloge des amazones" qui était en fait le but ultime de tout ce reportage (comme avant lui du film de Caroline Fourest). "Sous l'influence des combattantes du PKK" ajoute la voix. "Ici le check point est féminin et les bombardements turcs fréquents", poursuit-elle. Une Yézidie (ou une Kurde ?) déclare en 17ème minute "Pendant les combats nous les mères on vivait sous des tentes isolées quand les 'femmes camarades du PKK' (sic) so,t venues pour alléger nos peines. Elles nous ont aidées et on a créé l'assemblée des femmes ici même".

"Le destin des femmes était aux mains des hommes, dit une autre, ils avaient droit de vie et de mort sur nous, mais ça ne peut plus être comme ça". On nous montre des femmes criant "femme ! vie ! liberté !" en nous disant que l'assemblée des femmes a "pris de la voix", et des manifestations féminines contre les forces de sécurité irakiennes et les bombardements turcs. On nous dit que ces femmes veulent pour Sinjar un gouvernement autonome, paritaire, avec sa propre armée comme au Rojava syrien.

On nous montre une nouvelle assemblée de femmes "émancipées". On ne nous explique pas trop quelle est cette structure. C'est une assemblée du mouvement Tevgera Azadiya Jinên Êzidî ( Mouvement pour la liberté des femmes yézidies). La commissaire politique (qui a tout à fait le physique de l'emploi, surtout le regard) incite les femmes assises sur des coussins à faire sortir de chez elles les soeurs et belles soeurs de celles qui sont venues. La voix off fait l'éloge de Yadê Şemê

Si l'on veut un aperçu de ce personnage, on peut se reporter à cet article d'un site kurde de 2021 dans lequel on nous dit :

"Un nouveau massacre a été commis hier à Shengal (Sinjar, au Kurdistan irakien /// En fait Sinjar ne fait administrativement pas du tout partie du Kurdistan !///) qui a entraîné la mort de Hesen Seîd, commandant de l'YBS [Unités de résistance yézidies] et père du martyr Beriwan et d'Isa Xwedêda, combattant de l'YBS. Alors que l’État turc a entrepris de massacrer les Yézidis, tâche que l’État islamique n’a pas réussi à accomplir, il continue d’attaquer Shengal avec le soutien de l’Irak et du Parti démocratique du Kurdistan (PDK), et avec le consentement des États-Unis et d’autres acteurs internationaux. pouvoirs.

Les caméras ont capturé la colère d’une mère yézidie à côté d’une voiture accidentée et d’un enterrement. Elle appelait à des représailles contre les tueurs, contre leurs complices. Les gens autour qui essayaient de la calmer avaient également leur part de cette colère. Cette femme en colère qui a crié au visage des soldats irakiens en disant : « C'est le résultat de vos plans, de votre trahison. Que Melek Tawus /// l'ange suprême des yazidis /// vous détruise tous », était Yadê Şemêi."

On le voit donc, cette dame est la voix de la colère et de la vengeance. Le reportage la montre parlementant avec l'armée irakienne qu'elle empêche de laisser passer (alors que, rappelons le, techniquement Sinjar ne fait pas partie du Kurdistan autonome même si les peshmergas s'y étaient installés en 2014, de sorte que le gouvernement irakien a parfaitement le droit de la gouverner). "Même si vous me crevez les yeux vous ne passerez pas" crie-t-elle aux soldats qui rebroussent chemin. Elle se plaint ensuite devant la caméra de ne pas pouvoir sortir de la région sans risquer de se faire arrêter soit par le gouvernement kurde soit par le gouvernement irakien.  La commissaire politique (dont jamais le nom n'est donné) lui emboîte le pas pour déplorer qu'aussi sur les réseaux sociaux comme Facebook et TikTok on se moque d'elle "Ils mènent une guerre psychologique" dit-elle pour se moquer des femmes dans des vidéos et leur faire baisser les bras. Elle montre des vidéos sur son portable. Elle ajoute qu'il y a aussi des menaces de mort des services turcs par téléphone.

On nous vante le "Nisan Café" la cafétéria en préfabriqué construite "pour les familles" par l'assemblée des femmes "loin des cafés réservés aux hommes", le parc pour les enfants, le centre de formation professionnelle, tout cela créé par le PKK (avec quel argent ? le reportage de propagande ne le dit pas...). "C'est l'assemblée des femmes qui a mis en place ce projet pour que les jeunes femmes yézidies puissent travailler", nous dit la responsable de cette structure devant son four à pain (minute 22). "On distribue 300 à 400 pains par jour gratuitement aux pauvres et aux plus précaires".

Puis le reportage enchaîne avec un meeting dans la montagne ("journée festive d'hommage aux femmes") où l'on voit des femmes "ninja" libérer d'autres femmes au terme de combats. "Le génocide a agi comme un détonateur pour l'émancipation des femmes d'une société ultra-conservatrice", nous dit-on.

La parole est donnée à une commandante qui dit sur un air de défi "maintenant les femmes sont armées". Ce qui, du coup, donne un sens très différent, rétrospectivement, au début du documentaire : l'éloge des exercices de "réparation psychologique" par la boxe, n'était en fait qu'un éloge de la haine et de la violence.

Pour mémoire j'avais déjà remarqué qu'à l'ONU en mai 2019 les clients de Soros comme Amal Clooney instrumentalisaient la cause des yézidis pour faire passer un discours pro-ingérence et pro-avortement. Puis avec Caroline Fourest on avait un discours de revanche contre la masculinité en général. Cette fois, avec Mylène Sauloy c'est l'éloge de la haine, des femmes "entre elles" armées, qui lancent des malédictions contre les gouvernements en place (aussi bien kurde qu'irakien) comme le fait cette Yadê Şemêi. Il faut que les femmes sortent de leurs foyers avec leurs enfants (et pas seulement les foyers de leurs violeurs en Syrie, mais aussi leurs foyers à Sinjar en Irak), rejoignent des camps militaire, coupent les ponts avec les hommes et avec les gouvernements légaux. Qu'elles se mettent aux ordres du PKK, en ordre de marche, et leurs enfants aussi !

Divers éléments ont démontré que Daesh était un rejeton de la CIA. Il en résulte qu'on peut avoir beaucoup de soupçons sur les véritables commanditaires du massacre des Yézidis d'Irak en 2014. S'est-il agi d'un génocide "spontané" ou planifié ? et s'il fut planifié dans quel but était-ce ? Ce qu'on voit aujourd'hui dans l'ordre de la récupération de la colère des Yézidis a-t-il été aussi planifié et à quel moment ? Qui aujourd'hui finance ces centres de formation du PKK à Sinjar ? Ceux qui, comme cette journaliste ou ceux qui la diffusent sur Arte, cautionnent un féminisme extrémiste et militariste chez les rescapées yézidies ont-ils conscience que, ce faisant, ils ne vont faire que parachever le travail de Daech, c'est à dire la destruction de cette communauté, ? car séparer les femmes et les enfants des maris à Sinjar ne mènera à rien qu'à couper les Yézidis de leurs traditions, renforcer le totalitarisme du PKK, et encourager en représailles le gouvernement irakien, les Turcs et le gouvernement régional kurde à réprimer ces pauvres Yézidis embrigadés. En tout cas les Yézidi(e)s ont tout à perdre à mettre le doigt dans l'engrenage du féminisme extrémiste. Et Arte enfonce un clou de plus dans le cercueil des yézidis morts en versant dans ce genre de délire.

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La complexité politique de la Croatie

28 Octobre 2023 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Peuples d'Europe et UE, #Christianisme, #La gauche, #La droite, #Divers histoire

Le journal croate Narod (Le Peuple) est comme Valeurs Actuelles en France : avec lui on n'est jamais assez proches de l' "identité chrétienne de l'Europe" et des intérêts de la bourgeoisie, ni assez anti-immigré, anti-palestinien, anti-russe, etc. Je les rejoins sur leur hostilité (au moins de façade) au Nouvel ordre mondial, aux lobbys sociétaux etc, je m'en éloigne sur bien d'autres points.

Le lire m'instruit toujours, moi qui fus, dans les années 1999-2000 très hostile à la propagande antiserbe de l'OTAN (voyez ce livre), très favorable aussi à l'idéal yougoslaviste finissant (quoique Milosevic en eût fait quelque chose d'aussi cynique que Mitterrand de l'Union de la Gauche, mais bon Milosevic était acculé là où Mitterrand ne l'était pas...). J'ai comme beaucoup d'anti-OTAN été à juste titre détesté l'expulsion des Serbes de Krajina par les Croates en 1995, mais j'ai aussi fait mon pèlerinage à Medjugorje (qui n'est pas en Croatie, mais dans la partie croate de la Bosnie, et j'ai traversé presque tout le pays pour m'y rendre) d'où j'ai tiré une impression pourrait-on dire... contrastée (il faudrait que j'en parle un jour dans un livre).

Mais revenons à Narod. Ce quotidien qui met un point d'honneur à se tenir à équidistance du communisme et du nazisme des oustachis, s'étranglait du fait que dans le village natal de du premier président de l'indépendance croate F. Tudjman, Veliko Trgovišće, l'office du tourisme envisage d'inclure dans l'Allée des grands hommes en cours de construction un monument au maréchal Tito (natif de Croatie), héros de la résistance, leader des Non-Alignés, et dictateur communiste de 1944 à 1980.

Narod y voit la preuve que la Croatie est un pays "sans repères" intellectuels. Il cite un communiqué de l'Association croate des journalistes et publicistes. (HNiP), présidée par Krešimir Čokolić qui rappelle que Tito avait poussé Nasser à faire la guerre à Israël, et que des restes de ce parti-pris pro-arabe imprègnerait la société croate. Ce communiqué déplore aussi que "la persistance du problème du soutien au culte de Tito dans les médias et dans la société a récemment été attestée par une situation désagréable similaire lorsque le Parlement croate n'a pas pu mettre en œuvre une coopération militaire avec l'Ukraine (sur la question de la formation de l'armée ukrainienne en Croatie)".

Voilà un passage intéressant sur la complexité de la Croatie. En politique, rien n'est jamais si simple qu'il y paraît. Rappelons que début octobre, le journal serbe Politika avait souligné les liens entre nationalisme croate et communisme. "Après la formation de la première Yougoslavie, écrivait Milan Tchetnik, le Komintern a ouvertement et programmatiquement préconisé la destruction de l’État slave du sud nouvellement créé et la création d’une Croatie souveraine, c’est-à-dire la réalisation du rêve chauvin de l’idéologie de droite et l’expulsion ultérieure des Serbes.(...) En juillet 1932, le Komintern de Moscou confia la « tâche » au Parti communiste de Yougoslavie de conclure des « accords de combat » avec les nationalistes anti-yougoslaves. La direction du « Groupe des révolutionnaires nationaux croates » dirigé par G. Dimitrov, et la principale force du Groupe était censée être les partisans des Oustachis et du Parti paysan croate (selon l'étude de Branislav Gligorijević : Komintern - Question yougoslave et serbe, 1992) (...) En 1971 (lors du Printemps croate),  le chef de l'émigration oustachi, le Dr Branko Jelić, « avait des contacts avec la direction du parti communiste croate », mais aussi : « On a également appris que la direction du parti croate envisageait de séparer la Croatie. de Yougoslavie et la placer sous la protection de l'URSS- et qui voulaient des bases militaires navales sur l'Adriatique" (Andrej Jakopović, Attitude de J.B. Tito envers le Printemps croate /maspok, op. author./, Osijek 2021)."

Tout cela n'était pas sans lien avec l'attitude ambiguë de Tito avec l'Eglise catholique (qui a aussi milité contre le yougoslavisme dans l'entre-deux-guerres). Il fut en 1971 "le premier dirigeant communiste, à se jeter aux pieds du pape romain Montini (Paul VI) le 29 mars. "bien que les plus hauts fonctionnaires de l'URSS aient également rendu visite au pape, bien qu'à titre privé" (P. Radosavljević : Relations entre la Yougoslavie et le Saint-Siège 1963-1978)."  D'ailleurs on a appris récemment, avec la publication du livre Čudesni život Josipa Broza Tita (La vie miraculeuse de Josip Broz Tito) de Žarko Petan que Tito a demandé, contre l'avis de son entourage, les derniers sacrements à un prêtre catholique slovène juste avant sa mort et ce serait la raison pour laquelle il n'y a pas d'étoile rouge sur sa tombe. 

Milovan Djilas ancien compagnon d'armes de Tito raconta que, de retour des funérailles du résistant slovène Boris Kidrič en 1953, dans le train bleu à destination de Belgrade, Đilas a abordé avec moquerie le sujet de l'au-delà. Tito l'interrompit brusquement : "N'en parle pas ! Qui sait ce que c'est !" Et quand ils ont brûlé le corps de l'économiste Edvard Kardelj (né en Slovénie) en 1979, Tito a déclaré qu'ils auraient dû l'enterrer selon la vieille manière chrétienne (ce en quoi il s'était montré plus rigoureux que beaucoup de chrétiens actuels qui acceptent la crémation).

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Wagenknecht en dissidence de Die Linke

18 Octobre 2023 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #La gauche, #Peuples d'Europe et UE

Cela fait longtemps que dans le cadre de ce blog je suis les engagements politiques de Sahra Wagenknecht, figure charismatique de Die Linke en Allemagne, en rupture avec l'évolution "sociétale" (notamment immigrationniste etc) et impérialiste (pro-Zelinsky) de son parti.

Il semble qu'elle ait enfin franchi le pas de créer son propre parti selon Junge Welt aujourd'hui, qui écrit : "Selon des informations concordantes dans les médias, la députée au Bundestag Sahra Wagenknecht a décidé de fonder un nouveau parti. C'est ce qu'ont rapporté mercredi soir le Spiegel et la ZDF , citant l'environnement de Wagenknecht. Interrogé, le bureau de Wagenknecht a déclaré qu'il ne pouvait ni confirmer ni commenter ces informations. Selon Spiegel, Wagenknecht souhaite présenter lundi la création de l'association «BSW - Pour la raison et la justice». L'association est susceptible d'être une sorte de précurseur à la création d'un parti."

Les sondeurs attribuent à un « parti Wagenknecht » un potentiel électoral "relativement élevé" selon ce journal. Dans une enquête YouGov fin septembre, près d'un électeur éligible sur trois (29 %) dans les Länder de l'Est de l'Allemagne a déclaré qu'il pouvait fondamentalement imaginer voter pour ce nouveau parti. En Allemagne de l'Ouest, c’était 19 pour cent. L'ancien chef du parti Die Linke (qui gravite autour de 4 % après avoir connu des heures plus fastes) Bernd Riexinger se console en pensant que du coup le départ de Wagenknecht, que le départ de cette députée pourrait attirer vers ce qu'il restera de Die Linke des bobos écolos jusqu'ici un peu refroidis par le côté "old school" (c'est moi qui emploie ce terme, pas lui évidemment) de Wagenknecht.

Le 9 octobre, 58 membres de Die Linke déposé une demande d'exclusion contre Wagenknecht auprès de la commission d'arbitrage du parti en Rhénanie du Nord-Westphalie. Le dernier président du parti communiste est-allemand (SED) avant la disparition de la RDA, Gregor Gysi, qui, à 75 ans se dit trop vieux pour militer mais soutient la ligne de Wagenknecht lui avait cependant déconseillé de faire sécession car d'après lui il n'y a pas de place dans le paysage politique allemand pour un parti qui emprunte des idées à l'AfD à la CDU et à la gauche.

La loi allemande permet à de simples clubs de se présenter aux élections européennes et aux élections nationales de 2024 dans le Brandebourg - à condition qu'ils remplissent d'autres conditions en tant qu'« association politique ». BSW n'a donc pas besoin d'être un réel parti pour l'instant.

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Le gouvernement socialiste vénézuélien attaque l'opposition de gauche

18 Octobre 2023 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Le monde autour de nous, #La gauche, #Colonialisme-impérialisme

Le Venezuela sous embargo américain aujourd'hui diffère beaucoup de celui de Chavez. Le régime de Maduro en effet, s'en prend maintenant au mouvement social sur sa gauche.

Cela a commencé par une mainmise sur le parti communiste du Venezuela (PCV), un parti qui fait moins de 3 % mais a un histoire riche depuis les années 1920. Ce parti en 2020 a cessé de soutenir le gouvernement socialiste.

A la fin de 2021,  le vice-président du parti socialiste (Psuv), Diosdado Cabello, a commencé a faire courir le brui qu'il existait une scission au sein du PCV. Comme cette scission ne se traduisait pas dans les faits, notamment au congrès du Parti, à partir de février 2023, le PSUV a embauché des personnes portant des vêtements et des symboles du Coq Rouge pour faire croire à l'opinion publique qu'il y avait un mécontentement à la base. "Les comédiens de cette troupe, explique le PCV, ont parcouru le pays pour développer des « assemblées » financées avec des ressources de l'État et ouvrir la voie à l'intervention du plus ancien parti politique du pays." Puis en mai, un faux congrès s'est tenu au théâtre principal de Caracas animé par des fonctionnaires, et de faux militants du PCV qui se sont autoproclamés dirigeants du parti. Au mois d'août le tribunal suprême de justice du pays a validé ce putsch, ce qui a suscité de nombreux messages de solidarité de "partis frères", de la Grèce au Kenya en passant par la France, au niveau international.

Radio Tropical, animée par le président du Mouvement populaire alternatif, est interdite d'antenne.  L'étudiant en anthropologie John Álvarez a été arrêté et reste détenu arbitrairement depuis septembre, certes l'individu a des sympathies pro-ukrainiennes, mais son arrestation est surtout due à ses liens avec les milieux syndicalistes et les ONG qui, de gauche comme de droite, sont depuis 2021 sous le contrôle de l'Office national contre la délinquance organisée et le financement du terrorisme. Le journaliste Luis Alejandro Acosta est sous un régime de liberté conditionnelle et doit pointer au commissariat depuis un mois pour avoir enquêté sur l'activité minière illégale dans l'Ouest du pays.

Cette évolution s'explique par le tournant néo-libéral de Maduro, salué par la grande presse européenne, dans le cadre de sa négociation avec l'opposition de droite. Un partisan du gouvernement d'ailleurs le reconnaît ici tout en cherchant à en nuancer la portée : "La décision de lever les restrictions en vigueur qui liaient l'évolution du taux de change aux pétrodollars que l'État recevait pour les exportations de pétrole, qui ont atteint des niveaux historiquement bas en raison du blocus de cette année-là, a été une mesure exceptionnelle et urgente, pour atténuer l’inflation et reconstruire la consommation familiale, ce qui a incité à accroître l’activité commerciale et productive.(...) Promouvoir le commerce, la production et l’investissement en ajustant les paramètres de contrôle de ces activités ne peut pas être qualifié de néolibéralisme. Le gouvernement a pris des mesures pour faciliter la maîtrise de l’inflation et stimuler la croissance économique en réponse à un ensemble de pressions qui ne laissaient aucune autre alternative." Mais le libéralisme de Maduro ne concerne pas seulement la politique de change. La loi anti-blocus a encouragé les acteurs privés de pays des BRICS a investir dans les entreprises nationales ce qui revient à provoquer une privatisation rampante. Le gouvernement a donné aux entreprises locales et étrangères davantage de contrôle sur les actifs gérés dans les champs pétroliers et les usines de compression de gaz et toutes sortes de pays sont en train de faire main basse sur les gisements de pétrole vénézuéliens, tandis que le salaire minimum, lui, reste gelé, ce qui bloque aussi les cotisations sociales et met en péril les prestations financées par ce biais.

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13 octobre : l'extrémisme anti-palestinien est devenu "tendance"

13 Octobre 2023 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Christianisme, #Proche-Orient, #Le monde autour de nous, #Débats chez les "résistants", #Peuples d'Europe et UE, #Les Stazinis, #La gauche

L’armée israélienne a ordonné aux Palestiniens du nord de Gaza d’évacuer leurs maisons et de partir vers le sud. Cependant, des avions israéliens ont bombardé des dizaines de Gazaouis pendant leur évacuation, faisant 70 morts. Même le personnel médical est ciblé.Les infrastructures agricoles et de pêche, essentielles à la production alimentaire, ont été attaquées sans pitié. Les responsables de l’ONU ont prévenu que le déplacement de 1,1 million de Palestiniens déclencherait une crise humanitaire « effrayante ». Evidemment, l'Egypte refuse d'accueillir les réfugiés. Comme souvent, la solidarité arabe est purement verbale : même le Hezbollah, vu la crise économique au Liban et compte tenu du deal gazier, n'a plus vraiment les moyens d'ouvrir un nouveau front en solidarité avec le Hamas, ainsi que l'explique dans L'Orient le jour un chercheur de la Fondation Carnegie Joseph Bahout.

Le régime israélien provoque aussi la Syrie. Les frappes de l'armée de l'air israélienne sur les aéroports syriens constituent « une violation flagrante de la souveraineté syrienne et des principes fondamentaux du droit international », a déclaré vendredi le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué.

En Occident la répression contre les pro-Palestiniens se poursuit. Aux Etats-Unis le PDG du fonds spéculatif milliardaire Bill Ackman et plusieurs autres chefs d’entreprise exigent que l’Université de Harvard divulgue les noms des étudiants dont les organisations ont signé une lettre accusant uniquement Israël des attaques meurtrières du Hamas. Plusieurs autres chefs d'entreprise, dont les PDG du club commercial FabFitFun , de la startup de technologie de la santé EasyHealth et de Dovehill Capital Management, ont soutenu l'appel d'Ackman pour nommer les étudiants. Même l'ex-star de l'aile gauche du Parti démocrate (récupérée par l'AIPAC) Alexandria Ocasio-Cortez appelle à l'interdiction des manifestations pro-palestiniennes à New-York (tout en regrettant certes qu'Israël coupe l'électricité aux Gazaouis).

En France le sénateur "Les républicains" Stéphane Le Rudulier lance une pétition pour la dissolution de la France Insoumise « et des partis ayant fait l’apologie du terrorisme et du Hamas ».  Il va déposer une proposition de loi pour pénaliser l'antisionisme. L'attaque contre un enseignant dans le Pas-de-Calais qui coïncide avec l'appel du Hamas à une journée du djihad lancée par le Hamas pour ce 13 octobre (13 octobre en numérologie est l'inverse du 31 octobre, c'est le début des sacrifices rituels chez les occultistes, et le vendredi 13 est célébré par les nostalgiques des Templiers, notamment dans les milieux francs-maçons) accentue l'hystérie sur le sujet : le patron de LR Eric Ciotti à Emmanuel Macron « d’activer l’état d’urgence ».

La veille le ministre de l'intérieur ordonnait  l’interdiction systématique des manifestations pro-palestiniennes et l’interpellation des participants », au risque de nourrir le ressentiment et l'extrémisme. En application de cette directive, le 10 octobre le préfet de la Gironde a interdit le soutien à la cause palestinien, ce qu'a validé la justice saisie par le Comité Action Palestine en raison de l'itinéraire de la manifestation. A Paris les associations pro-palestiniennes ont dû annuler leur manifestation.

Les courants traditionnellement favorables à la Palestine sont cependant divisés. Par exemple, beaucoup de partis communistes à travers le monde ont exprimé leur solidarité avec celle-ci, et d'autres organisations de gauche comme Podemos, Sumar en Espagne ou le Parti socialiste d'Irlande (voir l'action de l'eurodéputée Clare Daly contre l'initiative de Von der Layen de pavoiser les institutions européennes aux couleurs d'Israël), mais ici ou là des nuances et des division sapparaissent sur la façon de traiter le Hamas. En France, après Ruffin, une autre alliée de Mélenchon, Clémentine Autain, s'est montrée critique sur la terminologie de La France Insoumise. Les lignes de fractures en France concernent aussi les Chrétiens. Les zemmouriens de Riposte Catholique, attaquent le bar associatif "altercatho" parisien le Dorothy (hommage à Dorothy Day) parce qu'il a reçu Houria Bouteldja des Indigènes de la République (qui est solidaire du Hamas) il y a quatre jours (je vous épargne la citation de ce que j'ai écrit sur ce mouvement dans "Au coeur des mouvements anti-guerre"). Riposte Catholique n'a pas compris le rapport qu'il y a entre la politique anti-palestinienne, la reconstruction du Temple de Jérusalem et le règne de l'Antéchrist. Ils devraient relire l'Apocalypse.

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