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Péguy de Romain Rolland
Du temps où j’œuvrais à Brosseville, une époque où je faisais tout de travers, je m'intéressais à Romain Rolland, mais au Romain Rolland jeune, panthéiste et hindouïsant de la première moitié de sa vie. Et un certain Plagne, ami du Dissident internationaliste, avait essayé de m'initier à Péguy. Mais c'était le mauvais intermédiaire, je n'avais pas accroché. Introduit différemment, il y a trois mois, par le journal de Claudel, à Péguy via un Romain Rolland au seuil de la mort, je perçois les choses différemment et saisis tout sous un angle nouveau. La gauche socialiste française de 1900 était-elle le vrai visage du christianisme, et donc la fille de Clovis plus que la Réaction catholique ? Peut-être... Leroux en 1845 l'eut sans doute par avance certifié, lui qui voyait le vrai visage religieux de la France dans les soldats de l'an I. Souvenez-vous de Lanzmann disant (à la conférence « Après l’émotion la réflexion politique », Fondation Marc Bloch, 29 mai 1999) que l'injustice faite aux Serbes était une nouvelle affaire Dreyfus. Parfois un combat pour la justice exorcise plus de démons dans une nation qu'une défense pharisienne du dogme.
Romain Rolland me fait voir le visage condamnable de Jaurès à travers son influence sur le ministère Combes en 1904 et l'interdiction des congrégations. Là-dessus Péguy avait raison. Fut-il aussi perspicace dans son emportement contre l'Allemagne à partir de la crise de Tanger de 1905 (un emportement que bien sûr Jaurès ne partageait pas) ? Rolland est circonspect, lui qui avec son Jean-Christophe fut toujours le pont avec l'Outre-Rhin. Il rappelle ce point : Péguy défendait qu'il y avait quatre grandes civilisations au service de l'humanité - celle des Juifs, celle des Grecs, la civilisation chrétienne et la civilisation française. Et pour lui les trois dernières étaient maintenant les trois dernières étaient menacées par l'Allemagne. Rolland souligne qu'au moins le diagnostic sur la menace sur la civilisation est avéré depuis la guerre russo-japonaise de 1904 en laquelle il voit la première guerre d'extermination.
Alors que nous nous affrontons sévèrement cet hiver avec l'Allemagne sur la question de l'énergie - verbalement du moins sur les plateaux médiatiques, mais pas assez par le canal diplomatique car Macron n'ose pas parler - il est bon de réfléchir aux erreurs de Péguy sur le sujet. A-t-il exagéré la barbarie germanique ? Sans doute. Cela dit que la France fût une nouvelle Grèce, Nietzsche lui-même l'admettait sur le plan culturel (à défaut d'en soutenir la République, et le philosémitisme, comme Péguy le faisait). Et si Péguy a sans doute tort de construire excessivement son patriotisme contre l'Allemagne (qui, cependant, était en effet menaçante après 1905, Rolland le reconnaît), ce travail de réflexion sur la civilisation française lui permettait de réfléchir sans cesse au génie français - une réflexion aujourd'hui interdite par le wokisme, et dévoyée par l'extrême droite. Je suis très frappé de voir que Le Mystère de la charité de Jeanne d'Arc il est prêt à fonder, par la voix de Jeanne, contre le pape, une Eglise nouvelle sur la base des seules vertus des saints français et du peuple du bassin parisien, en proclamant que eux, à la différence de St Pierre, n'auraient jamais abandonné Jésus après son arrestation. Rolland affirme que Péguy eût fondé cette Eglise s'il n'était mort en 1914.
Simple divagation de normalien ? Voire... Rolland rappelle qu'une femme de ménage d'une prof de lettres appréciait plus Le Mystère de la charité de Jeanne d'Arc que sa patronne, qu'il y avait une affinité particulière entre le style de Péguy et le petit peuple dont il était issu, donc peut-être au niveau de la pensée aussi...
Le rapport de Péguy à la terre de l'Orléanais et de Chartres nous interroge. Car il n'en fait pas un simple musée à la gloire de la royauté destituée des Bourbons déchus. Avec excès parfois (car il avait hélas un tempérament trop sanguin comme le mien) mais avant tout avec une inspiration visiblement transcendante (qui l'enflammait pendant des jours), cet auteur avait le mérite de sortir de ce terreau là d'autres vertus, une autre France, une France ensemble chrétienne et socialiste et toute entière tournée vers la Justice et la Vérité. Il y a là un défi intellectuel, spirituel et affectif autrement plus intéressant que la bien-pensance identitaire bourgeoise à laquelle s'est toujours résumé (et se résume encore) le catholicisme de droite auquel Péguy, révolutionnaire, ne s'est jamais rallié.
Nos Frangins de Rachid Bouchareb
Sur les conseils d'un ami béarnais avec lequel je manifestais dans les rues de Pau en 1986 contre la loi Devaquet, je suis allé voir le film "Nos frangins" de Rachid Bouchareb sur les affaires Oussekine et Benyahia qui ont éclaté au milieu de notre mouvement.
Je n'ai pas regretté d'être allé le regarder. C'est un bon film documentaire même si, comme le relèvent les critiques, cela manque un peu de ressort dramatique. J'ai été de ceux qui ont manifesté en hommage à Malik Oussekine, et pourtant il y a des choses que je ne connaissais pas à son sujet, notamment sa conversion au christianisme. Je n'avais pas non plus entendu parler de l'affaire Benyahia. En tout cas, elle ne m'a pas marqué. Je ne savais pas non plus que les voltigeurs des la police ont été réintroduits en 2018 au moment de la crise des Gilets Jaunes. L'ex-patron du Raid devenu Macronien en mai 2019 avait lui même télescopé les deux époques d'une manière sensationnelle... Il y avait un gros problème de racisme dans les forces de l'ordre en 1986... et il a perduré...
Le dimanche 7 décembre 1986, 254 114ème jour de ma vie (j'avais fait le décompte), j'écrivais : "La tournure que prennent les événements est préoccupante... Avec une incroyable intransigeance , nos dirigeants ont attendu que le mouvement s'essouffle de lui-même.
Hélas jeudi soir les manifestants pacifiques des universités ont été débordés par des éléments extrémistes qui ont enclenché un cycle de violence dans le cadre des grèves ; les forces de l'ordre ont adopté une attitude totalement indigne, à la limite de la barbarie. Les seules victimes de la répression furent évidemment les étudiants non-violents, tandis que les marginaux se sont appliqués à entretenir durant tout le weekend un climat insurrectionnel dans la capitale.
Pendant ce temps, les grévistes modérés qui portent le deuil d'un des leurs tué par un policier dans la nuit de vendredi à samedi radicalisent leurs positions tandis que le gouvernement se refuse toujours à retirer le projet de loi qui a suscité l'apparition du mouvement contestataire il y a plus de dix jours.
En jouant la politique de l'attente sereine, le gouvernement prenait le risque de voir les jeunes grévistes politiser leur action ou même rejoindre l'état d'esprit de mai 68." Je noircissais ensuite quelques pages dans un style un peu convenu sur la jeunesse qui ne veut plus des sacrifices ni du désengagement de l'Etat.
En novembre 86 j'avais aussi tenu la chronique de ma participation aux grèves et aux manifestations dans mon lycée. L'adolescent que j'étais n'avait visiblement bien écouté les informations, puisque je prenais Malik Oussékine pour un gréviste alors qu'il ne périt que comme un passant qui s'est trouvé au mauvais endroit au mauvais moment. Les réalités parisiennes, à ce moment-là, étaient à 900 km de mon quotidien...
Répression contre la gauche et le peuple au Pérou
Je vous conseille de regarder cette très bonne vidéo de Ben Norton sur Multipolarista, qui explique que, quand bien même il existerait un doute sur le plan juridique, quant à la question de savoir si les conditions étaient réunies pour que le président de gauche Pedro Castillo tente de dissoudre le parlement, le 7 décembre dernier, la veille même l'ambassadeur des Etats-Unis à Lima, Lisa Kenna, qui a travaillé pendant 9 ans comme officier de la CIA avait rencontré le ministre du pays, préparant ainsi la destitution du président, de sorte que ce dernier était en légitime défense. Le Parlement dominé par la droite financée par les oligarques, qui, selon les enquêtes d'opinion, est largement discrédité dans le pays, n'avait aucune base constitutionnelle pour destituer le président.
Les autres gouvernements de gauche latino-américains (à l'exception du Chili) ont condamné le coup d'Etat du parlement et les partisans du président de gauche, notamment les paysans indiens des Andes (qui ont subi des siècles d'humiliation et une stérilisation forcée), les mineurs et les ouvriers se mobilisent pour soutenir Castillo aujourd'hui en prison. Du coup, ils subissent une répression militaire très violente alors que les pays occidentaux ont reconnu à tort la nouvelle présidente (une politicienne opportuniste qui était vice-présidente de Castillo (une ancienne élue socialiste qui avait été expulsée de son parti en janvier dernier et en avait renié les valeurs). La droite n'a aucune légitimité pour diriger le pays explique Norton, et ceux qui soutiennent ce nouveau régime fantoche au nom d'une soi-disant "démocratie" trompent l'opinion publique mondiale.
Réunion de la Conférence des Peuples ouest-africains au Ghana
150 militants issus de partis politiques, de syndicats, d'organisations communautaires, de groupes de femmes et d'autres mouvements sociaux notamment de 16 pays d'Afrique de l'Ouest se sont réunis à Winneba, au Ghana, du 8 au 10 décembre pour élaborer une stratégie commune de lutte dans le cadre de la Conférence des Peuples ouest-africains pour un nouveau monde. La conférence s'est ouverte sous la présidence de Philippe Noudjenoume, premier secrétaire du Parti communiste du Bénin et chef du Comité préparatoire intérimaire de la conférence, qui a invoqué l'esprit du premier Premier ministre du Ghana et icône du panafricanisme, Kwame Nkrumah qui avait déclaré en son temps que l'indépendance du Ghana n'avait de sens que lorsqu'elle était liée à la libération totale du continent africain. Il positionne le combat panafricaniste à la fois contre le djihadisme et contre l'OTAN.
Philippe Noudjenoume, natif de la sous-préfecture d'Athiémé Iokassa, au sud-ouest du pays, est diplômé de droit public de la Sorbonne. Il a été parmi les fondateurs sous la direction de Pascal Fantodji en 1977 du Parti communiste du Bénin, parti clandestin sous la dictature marxisante de Mathieu Kérékou (et qui se disait alors pro-albanais). Le PCB a refusé la nouvelle constitution du Bénin dans les années 1990 et en 2011 Noudjenoume n'a pu présenter sa candidature à l'élection présidentielle.
Avant la conférence, dans une interview à Peoples Dispatch, le journaliste Kwesi Pratt Jnr., secrétaire général du Mouvement socialiste du Ghana, avait déclaré que les délégués examineraient les facteurs qui ont conduit au sous-développement de la région, ainsi que les moyens de mobiliser les peuples d'Afrique de l'Ouest pour s'assurer qu'ils peuvent contrôler leurs propres ressources. Il a noté que la réunion avait lieu à un moment où la métropole capitaliste tentait de provoquer la Russie et la Chine dans une guerre thermonucléaire qui aurait des conséquences dévastatrices. Dans ce contexte, a-t-il dit, la conférence serait solidaire des victimes de l'impérialisme et chercherait à renforcer le mouvement pour la paix.
Des diplomates de Palestine, du Sahara occidental, d'Algérie, d'Iran et de Russie, entre autres, étaient également présents à la conférence inaugurale. La conférence a aussi rendu hommage au juge récemment décédé Akuffo Hanaku directeur du département des relations internationales du Mouvement socialiste du Ghana.
Des nouvelles de la gauche latino-américaine
Décidément, les mouvements de gauche accumulent les ennuis judiciaires en Amérique latine.
Au Pérou aujourd'hui,le président a été capturé pour crime de sédition après avoir quitté le palais du gouvernement avec sa famille sur le chemin de l'ambassade du Mexique où il voulait se réfugier, et après avoir annoncé la dissolution du Congrès, décrété un "gouvernement d'exception" en méconnaissance de l'article 34 de la constitution et instauré le couvre feu et la confiscation des armes. Depuis quelque temps il essayait en vain de faire adopter sa promesse électorale de réforme constitutionnelle. Triste fin pour le premier président vraiment à gauche du pays, qui aura accumulé au cours de son court mandat les compromis pour ne pas se faire destituer par un parlement de droite sans vraiment arriver à maîtriser la crise économique. Il a été en outre accusé de corruption, outil facile des opposants pour faire tomber l'adversaire.
En Argentine, ce même jour, la vice-présidente Cristina Elisabet Fernández de Kirchner est condamnée à six ans de prison, elle aussi pour corruption bien qu'elle reste protégée par son immunité parlementaire. Elle se dit victime d'une mafia judiciaire.
Néanmoins le Brésil et le Mexique, pays les plus peuplés du continent, ainsi que la Colombie, le Vénézuela, l'Argentine et la Bolivie restent à gauche (on n'ose citer le Chili dont le président a des attitudes ambiguës).
L'économiste de gauche Andrés Arauz, qui a failli remporter l'élection présidentielle équatorienne de 2021, aujourd'hui conseiller de Lula a publié un plan pour une "nouvelle architecture financière régionale" pour unir l'Amérique latine, défiant l'hégémonie du dollar.
Son plan est centré sur la création d'une nouvelle monnaie régionale pour les transactions internationales, évitant ainsi le dollar. La monnaie s'appellera le "Sur" (sud) qui sera une monnaie de commerce international intra-américain qui ne remplacera pas les monnaies locales
Déjà dans les années 2000, les présidents de gauche du Venezuela (Hugo Chávez), du Brésil (Lula da Silva), de l'Argentine (Néstor Kirchner et Cristina Fernández de Kirchner), de la Bolivie (Evo Morales), de l'Équateur (Rafael Correa) et du Paraguay (Fernando Lugo ) avaient envisagé de créer des institutions financières alternatives pour défier la Banque mondiale et le FMI, dominés par les États-Unis.
Mais la déstabilisation de plusieurs gouvernements de gauche a fait échouer le projet : un coup d'État militaire au Honduras en 2009, un coup d'État judiciaire au Paraguay en 2012, un coup d'État politique en Équateur en 2017, deux coups d'État plus doux au Brésil en 2016 et 2018 et un coup d'État violent en Bolivie en 2019, ainsi que de nombreuses tentatives de coup d'État manquées au Venezuela et au Nicaragua.
Ces attaques américaines et la montée de la droite qui s'en est suivie ont également conduit au sabotage d'un autre instrument clé de l'intégration régionale, l'Union des nations sud-américaines (UNASUR).
Alors que la Banque du Sud était censée intégrer la région économiquement, l'intégration politique était supervisée par l'UNASUR, créée dans un traité de 2008 qui devait soutenir le projet mais dont les dirigeants de droite du Brésil, d'Argentine, de Colombie, du Chili, du Pérou et du Paraguay se sont retirés. L'effondrement de l'Alliance bolivarienne - ALBA - qui avait pourtant créé sa propre monnaie pour le commerce interétatique dans la région, le Sucre a aussi ruiné le projet.
Le sous-continent pourrait maintenant se donner une seconde chance.
Lisa Belluco et la répression de Sainte-Soline
J'ai plusieurs fois dénoncé sur ce blog les dangers spirituels et politiques que l'idéologie écologiste fait planer sur les libertés individuelles et leur rôle au service du Nouvel Ordre Mondial (cf le projet Deconomy), quand j'ai par exemple exposé les origines de Greta Thunberg, celles d'Extinction Rebellion, ou du WWF. Mais la condamnation de leur culte de la Terre (de la Pachamama et de Moloch), n'implique pas que toutes les actions écologistes soient condamnables, lorsqu'il s'agit par exemple de dénoncer la destruction des ressources rares de la Terre (voyez par exemple les dangers que fait planer l'exploitation du lithium).
En outre, face au risque que fait planer sur l'humanité le projet écologiste globaliste, le silence en présence des violences dont celui-ci peut faire occasionnellement l'objet n'est pas moral sur le plan humain, et donc il est spirituellement tout aussi dangereux, car cette violence, à la fois pousse l'écologie politique vers l'extrémisme et le nihilisme (chez les plus jeunes - voyez récemment "Just stop oil") et hâte l'avènement du Nouvel Ordre Mondial totalitaire en banalisant la répression. J'avais déjà fait observer la nécessité de combattre cette logique répressive à propos de la soi-disant lutte contre l'islamisme, à propos aussi de certaines actions du gouvernement Valls en 2016 (à l'université Paris-Tolbiac), ou la répression des Gilets jaunes. Evidemment le sujet n'est pas simple, parce qu'on ne peut pas nier que beaucoup d'agents des forces de l'ordre sont dans des situations professionnelles difficiles (il y a beaucoup de suicide chez eux), du fait notamment de la diminution des budgets (comme pour les autres services publics), diminution dont on peut se demander si elle n'est pas en réalité voulue au niveau global dans la perspective d'un remplacement progressif de ceux-ci par des "robocops", parallèlement à la privatisation qui conduira à confier la sécurité à des milices.
En tout cas, sans verser dans le simplisme ou la candeur, il est de mon devoir comme blogueur de ne pas orienter les jugements des lecteurs (et les miens sans m'en rendre compte) dans un sens qui rendrait indulgent à l'égard de la répression contemporaine dont on a vu tant d'illustrations terribles dans tous les pays pendant la crise du Covid 19 et qui aujourd'hui se porte aussi contre les écologistes.
Il faut donc revenir ici sur la dénonciation par la chaîne de gauche Le Média des violences subies par la députée EELV de la Vienne Lisa Belluco lors de la marche du 29 octobre 2022 (une marche qui a aussi valu quelques problèmes pour d'autres raisons au député Jadot) à Sainte-Salines qui a reçu des coups de matraques dans les jambes. Ce n'est pas la première fois que des élus du peuple font l'objet de violences dans des manifestations dont le caractère interdit ne peut pourtant nullement justifié qu'il soit fait usage d'armes à leur encontre. Dans cette même manifestation, une soixantaine de manifestants ont été blessés, dont 6 hospitalisés. Le mouvement des Soulèvements de la Terre recense une quinzaine de blessures ouvertes dues aux grenades GM2L et des tirs LBD40. L'un des militants hospitalisés, après un tir de LBD40 dans la tête a été placé en garde à vue.
Le ministre de l'intérieur à cette occasion a une fois de plus abusé du terme "terroriste" (avec le vocable "écoterroristes" importé des Etats-Unis) préalablement utilisé aussi à l'encontre de musulmans, de militants situés politiquement à droite de la droite, voire parfois de défenseurs du droit de ne pas vivre dans une société régie par un QR-code.
La mobilisation s'oppose à une méga-bassine : un trou de 16 hectares qui a été creusé depuis un mois près de Sainte-Soline (Deux Sèvres) afin d’abriter la plus grande bassine d’eau du territoire français, financée à plus de 70 % par de l’argent public. Elle servira à douze exploitants agricoles, dont aucun ne s’est engagé à réduire l’utilisation de pesticides. 2 000 militants s'étaient installés sur les terres d’un paysan, ancien adhérent à la coopérative de l’eau à l’origine des mégabassines, Philippe Béguin. Ex-cultivateur de maïs, il s’est reconverti par conviction dans la culture de blé à sec. Il a d’ailleurs réservé son terrain pour accueillir la présence d’une espèce protégée, l’outarde canepetière, de mai à septembre. Les écologistes doutent de la viabilité économique et sanitaire des méga-bassines qui pompent dans la nappe phréatique, avec un coût énergétique élevé pour une évaporation rapide des réserves, et des risques d'avoir des parasites stagnants. A l'arrière plan c'est aussi le procès de l'agriculture des grandes exploitations productivistes qui se dessine.
L'intervention de la députée (qui au départ était censé être un débat avec le parti présidentiel) met aussi en question la notion de fichier S". Elle rappelle qu'à la Clusaz, le juge administratif a donné raison aux zadistes en estimant que l'arrêté préfectoral autorisant l’aménagement de la retenue collinaire de la Colombière ne justifiait pas d'une raison impérative d’intérêt public. Son avocat souligne aussi que les anciens militants anti-OGM il y a quelques années ont anticipé sur la légalité d'aujourd'hui (et d'ailleurs les méga-bassines ont déjà été condamnées par la cour administrative d'appel de Bordeaux).
Lasseube, Bourdieu, Latour et Heinich
Ce soir, je relis "Pourquoi Bourdieu" de Nathalie Heinich. Le prix Nobel d'Annie Ernaux est un peu pour quelque chose dans ce besoin de retour à ma jeunesse de sociologue. Mais pas seulement. Vendredi au marché de mon village, je discutais avec un marchand de produits à base de laine, citoyen de Lasseube, et je n'ai pu m'empêcher de lui parler de Bourdieu que j'y avais rencontré en 1990...
Heinich quand elle a publié son livre en 2007 savait qu'elle racontait déjà une histoire ancienne, que déjà une bonne partie du boudieusisme avait beaucoup vieilli (et Bourdieu était mort depuis six ans, quoique - j'y fais allusion dans mon roman "La Révolution des Montagnes" - son bureau à l'EHESS n'avait toujours pas été vidé). Latour (dont les étudiants détestaient les bourdieusiens) était passé par là, et d'autres. Beaucoup de problématiques de Bourdieu s'étaient usé (et elles ont encore plus vieilli aujourd'hui dans l'ambiance d'effondrement de la France et de dictature satanique globaliste façon 1984 dans laquelle nous entrons), mais pas la plus centrale, celle des habitus de classe, ni non plus celle de la défense de l'Etat (voyez cette vidéo de l'université Toursky). Et malgré ma nouvelle orientation spirituelle, je crois qu'il est légitime de continuer à s'intéresser rationnellement aux contraintes (et aux pièges) du langage, à leur effet performatif, de même que je continue à penser qu'il faut continuer à poser la question d'un certain communisme autogestionnaire, aux antipodes du communisme "chinois" que le Forum économique mondial et ses sbires dans nos gouvernements veulent nous imposer.
J'ai envie de revenir un peu sur tout cela dans les livres sur la Lettonie et sur le stoïcisme que je prépare. Je ne sais pas si j'arriverai à expliquer vraiment des choses ou si je resterai allusif. Nous verrons bien.
A propos de Latour, j'ai appris son décès le 8 octobre dernier. Je n'étais pas fan. C'était de la sociologie postmoderne assez superficielle. Je n'ai jamais compris par exemple l'intérêt de prêter un statut social aux objets. Cela n'a de sens qu'en littérature.
Cet été, une ancienne conseillère municipale de Brosseville me disait qu'elle assistait à des séminaires de la fille de ce sociologue inspirés de ses ouvrages... Plutôt des sortes de stages de développement personnel à vrai dire. Je ne suis pas très étonné de voir la sociologie latourienne, comme la philosophie, atterrir dans ce genre de marécage. Les gens maintenant veulent des recettes pour apprendre à vivre. Bientôt ils accepteront la puce informatique qui déploiera dans leur tête un programme en lieu et place de leur libre-arbitre...
Elle l'a fait...
La députée qui préfère les "femmes qui jettent des sorts" à ceux qui construisent des EPR et qui croit que Darwin fut antérieur à Malthus (car occultisme et nullité intellectuelle vont de pair) l'a fait aujourd'hui à l'Assemblée nationale, comme Warren Buffet autrefois... Je plains les gens qui votent pour ce parti, et tous ceux qui marchent dans les diverses "psy ops" que cette mouvance promeut.
Cela vaut le "mangez vos morts" de Mme Obono sur Twitter la veille...
Selon la magie des mudras :
Voir aussi Paul McCartney ici.