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Le blog de Frédéric Delorca

Articles avec #la gauche tag

"L'Humanité dimanche" roue de secours spirituelle du Nouvel ordre mondial

12 Février 2022 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Débats chez les "résistants", #Grundlegung zur Metaphysik, #coronavirus-vaccination-big pharma, #Christianisme, #La gauche

J'ai déjà montré ici en 2019 comment le magazine communiste français l'Humanité dimanche n'avait pas de scrupule à chanter l'éloge des productions du groupe Walt Disney. Aujourd'hui je parcours le numéro de ce weekend (avec son chamane en première page, ce qui, en soi, annonce la couleur) et ce n'est pas plus brillant. J'ai beau tourner les pages, je ne trouve rien qui puisse aller à l'encontre du projet de dictature mondiale que nous annoncent toutes nos productions culturelles... Des plaidoyers pour la défense des pauvres, qui est-ce que cela peut gêner quand par ailleurs la revue demande qu'on prenne en compte une gamme plus vaste de vaccins qui puissent "s'insérer dans le dispositif global" (sic) - ah ! ce mot cher aux globalistes ? Cela me rappelle ce que m'écrivait un correspondant il y a peu :

"Un peu avant la pandémie, j'avais connu ce passage difficile. Mais à  l'époque le médecin m'avait dit que c'était une grippe. Car bien sûr ce qui avait été lâché dans l'air (voir film l'armée des douze singes) n'était pas encore connu par le milieu médical. ... Donc
ce que j'ai connu s'est produit en février 2020. Et quelques jours avant j'avais un pressentiment, puisque c'est la première fois que j'achetais un purificateur d'air anti-virus. C'était un appareil de la marque P* est sur la boite il était noté qu'il supprimait 88% des
virus dans l'air ambiant. Je ne rentre pas dans les détails au sujet du 88 car un peu long à expliquer en quelques mots. Le voyant était constamment rouge dans la pièce (signe d'air pollué). Au final je le renvoie. Et je tombe malade 3 ou 4 jours après. Ensuite je suis donc resté au lit avec 40° de fièvre sans appétit et sans énergie pendant 15 jours ! 
"

Cela m'a fait penser au fait que Mélenchon demandait toujours qu'il y ait des purificateurs d'air dans les écoles. Un vrai journal d'opposition ferait des enquêtes sur les purificateurs d'air et sur le contenu des vaccins, plutôt que de demander que d'autres vaccins "s'insèrent dans le dispositif global"...

Je ne suis pas non plus plus surpris que cela de constater que ce genre de feuille de chou, qui par ailleurs affiche volontiers son rationalisme, ne se gêne pas pour faire l'apologie d'un "yoga alternatif", "yoga yin" etc.  Il y a des types courageux comme Bancarz (cf ici) pour expliquer que le yoga n'est pas une pratique spirituellement neutre, que cela fait entrer en vous des entités. J'en ai moi-même fait l'expérience. Bien sûr quand dans mon milieu professionnel, j'ai dénoncé le fait qu'au moment du premier confinement nos responsables des ressources humaines façon "Meilleur des mondes" aient employé une coach de yoga "pour notre bien être", on m'a pris de haut en me disant que ce yoga n'avait rien à voir avec un endoctrinement spirituel. Tous ces sots arrogants devraient savoir que les gourous hindous n'hésitent pas à dire que "l'esprit du yoga" fait son chemin en Occident même dans des formes laïcisées.

Ces soi-disant rationalistes si intelligents, si habités par la "fibre sociale", sont les premiers à vouloir que vous fassiez entrer des entités en vous et chez vos enfants, soit à travers le yoga, soit à travers la soi-disant "magie de Disney", comme ils sont les premiers à vouloir que le système médical vous bourre de graphène (je vous épargne les derniers développements hollywoodiens sur ce thème dans le film sorti il y a 3 jours "Moonfall"). Après, ces aveugles seront les premiers embarrassés quand ils seront confrontés à des cas de possession de leurs ados, comme ce fut le cas au collège d'Orthez en novembre 2019 où, constatant que ceux-ci devenaient dingues après avoir fait des séances de oui-ja, les parents d'élèves "laïques" ont dû avoir piteusement recours aux services d'un médium (un mal pour aggraver ou différer le mal)...

Cette fausse opposition de gauche (qui a ses équivalents à droite aussi) fait le job pour le système. Qu'elle ne vienne pas ensuite se plaindre des résultats que cela aura produit.

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La gauche pro-vaccin

6 Janvier 2022 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #coronavirus-vaccination-big pharma, #La gauche, #Le monde autour de nous, #Débats chez les "résistants"

Parmi les régimes qui revendiquent une alternative au capitalisme, seule la Corée du Nord a refusé le programme Covax (le dispositif mondial de distribution des vaccins anti-Covid) et les dons de vaccins anti-Covid chinois et sud-coréens. Le Nicaragua, lui, a reçu en septembre des AstraZeneca via l'Espagne. Et Telesur au Venezuela vantait le vaccin cubain, en utilisant la même symbolique de l'hexagone que le Forum économique mondial (voir à gauche).

La gauche est ici victime de son progressisme, qui nourrit sa foi aveugle en la science et lui fait assimiler les récents vaccins à l'ARN messager (à ce propos voyez aussi cette vidéo de Ricardo Delgado dont je ne sais cependant trop que penser) aux vaccins "classiques" contre la poliomyélite et autres sans questionner le détournement de la science par des grands laboratoires avides de profits à court terme et imprégnés d'une idéologie dépopulationniste. En France, le Parti socialiste, à part quelques individualités comme Mme Taubira, défend la vaccination obligatoire ; les syndicats ont été partagés entre demande d'accès de tous aux vaccins et soutien aux soignants qui refusaient l'obligation vaccinale. Au niveau municipal, par deux notes des 20 et 25 août 2021, la mairie communiste de Nanterre n'a pas hésité à imposer la vaccination obligatoire à tous ses agents territoriaux sans que cela ne soit exigé par aucune loi. Et le secrétaire national du PCF demande à la Sécurité sociale de dénoncer aux centres de vaccination les non-vaccinés, alors pourtant que son allié de la France Insoumise a mené un combat assez méritoire (quoiqu'encore trop modéré dans son argumentaire selon moi) contre le passe vaccinal à l'assemblée nationale.

Les héritiers du courant socialiste né au XIXe siècle sont ainsi aussi peu à même d'offrir aujourd'hui une résistance à la dictature de Big Pharma, qu'ils ne l'étaient naguère face au dispositif des guerres impériales et opérations de déstabilisation de l'OTAN en Serbie, en Libye, en Syrie etc.

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La France carthaginoise

26 Octobre 2021 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #XIXe siècle - Auteurs et personnalités, #La gauche, #Divers histoire, #Billets divers de Delorca, #Lectures

Pierre Leroux, communiste chrétien - quoiqu'hérétique, il croyait en la métempsyhcose (1797-1871) : "Je suis né vers le temps où la Convention luttait contre le négociantisme anglais, où Saint-Just dénonçait à tous les peuples de la terre la Carthage moderne. Et je vois la France carthaginoise, et le négociantisme au gouvernement, ou, comme on dit aujourd'hui, aux affaires !" (Malthus et les Economistes, 1849).

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Chomsky veut mettre les non-vaccinés en quarantaine

25 Octobre 2021 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #La gauche, #coronavirus-vaccination-big pharma, #Débats chez les "résistants", #Les Stazinis, #1950-75 : Auteurs et personnalités, #Colonialisme-impérialisme

Ayant collaboré jadis à un ouvrage collectif sur le célèbre linguiste militant anti-impérialiste américain Noam Chomsky, il me faut ici préciser que je suis en total désaccord avec sa position actuelle sur les vaccins anti-covid, tout comme je n'approuve pas celle de son disciple Jean Bricmont. En minute 9'14 de cette vidéo du 24 octobre 2021 sur la chaîne Primo Radical de You Tube (cf ci-dessous) il déclare à propos des non-vaccinés : "Si les gens veulent se sentent libres de tuer les autres, désolé, la communauté a le droit d'user de la force (workforce) et de se défendre contre eux. Si vous voulez encore vous sentir libre de tuer les autres, allez ailleurs".

"Les gens vaccinés peuvent malgré tout répandre la maladie" lui oppose l'intervieweur : "Désolé, ces probabilités sont extrêmement basses. Voyez comme les hôpitaux sont débordés dans des Etats non vaccinés comme l'Idaho, l'Alabama qui sont des Etats non vaccinés, par presque 100 % de non vaccinés" (logique remarquez puisque peu de gens y sont vaccinés, mais il oublie le cas des Seychelles ou d'Israël où beaucoup de gens étaient vaccinés et les hôpitaux ont été remplis de gens vaccinés malades...).

Cette vidéo démontre l'absence de compréhension de la part de Chomsky de ce qui se trame réellement derrière l'intox anti-Covid. J'avais déjà dénoncé en mai la manière dont Chomsky soutenait l'administration Biden et criminalisait l'opposition républicaine sur la question climatique. Cela rejoint aussi mes précédentes remarques plus générales sur la gauche pro-vaccin et le piège du progressisme dans lequel elle est prise. Les masques tombent.

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"Vaincre Macron" du chrétien communiste Bernard Friot

9 Octobre 2021 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #La gauche, #Programme pour une gauche décomplexée, #Philosophie et philosophes, #Christianisme, #Débats chez les "résistants"

Il existe une détermination apocalyptique du sens de l'histoire, mais on ne peut en déduire qu'il faille s'abandonner à la contemplation passive des complots antéchristiques pour, au sein des élites, réduire l'humanité en esclavage (qui ne sont qu'une partie des complots des forces des Ténèbres menés à tous les niveaux contre l'humain, et dont nous sommes complices par nos vices et nos aveuglements) : le devoir de charité nous impose de continuer, humblement, à tenter d'aider la société dans laquelle nous vivons et oeuvrer à son organisation pour limiter les effets désastreux (aliénants) de l'exploitation économique et morale. C'est pourquoi on ne peut pas négliger l'analyse économique pour s'en tenir à une posture purement moralisatrice, même si la morale est aussi nécessaire et non entièrement réductible à l'économie.

Et donc, à titre personnel, même si j'ai dépassé le clivage droite gauche, je continue d'évoquer de temps en temps la réflexion sur la transformation sociale que j'avais menée dans mon livre (ma brochure) "Programme pour une gauche française décomplexée" (paru il y a quatorze ans au Temps des cerises, et republié depuis) et continue à dialoguer avec la pensée marxiste, comme je l'ai fait il y a peu à propos du "chrétien révolutionnaire" communiste Loïc Chaigneau. Je veux aujourd'hui parler d'un autre chrétien communiste, ex prof de sociologie à Paris X-Nanterre, membre du PCF, Bernard Friot, et plus précisément de son livre publié en 2017 "Vaincre Macron".

L'intérêt premier de ce livre, dont je trouve le titre un peu réducteur, est de rappeler que le travail doit appartenir aux travailleurs. Par là ceux-ci peuvent s'approprier le pouvoir social sur le monde et sur eux-mêmes, ce qui est une façon de poser la question sociale en des termes diamétralement opposés aux théories de la régulation et au misérabilisme du discours en faveur du revenu universel garanti que même Soros soutient en vue d'imposer un gouvernement mondial (mais c'est la même chose pour ceux qui soutiennent le projet au niveau national). Comment prétendre encore sauver le pouvoir du travailleur sur le fruit du travail quand la religion actuelle de l'intelligence artificielle menace de supprimer tout travail humain ? Voilà une question qui vient immédiatement à l'esprit et l'on peut se demander si l'espoir communiste de réappropriation du travail ne procède pas d'une volonté chimérique de repousser une apocalypse déjà largement commencée dans le processus du Great Reset du Forum de Davos, mais c'est un point que nous ne pourrons aborder qu'après avoir détaillé plus en détail les thèses du "Vaincre Macron".

Le point important du livre de Friot est qu'il part de l'existant, et notamment de l'héritage communiste qui existe en France à travers la grande conquête que fut la création de la Sécurité sociale sous la houlette du PCF en 1946 (une expérience que j'avais évoquée dans mon livre sur la résistante communiste Denise Albert), un héritage que la culture bourgeoise mainstream déforme, mais qui au départ était conçue pour permettre aux salariés de contrôler directement la redistribution au titre de l'assurance maladie et des retraites d'un tiers du fruit de leur travail prélevé sous forme de cotisations obligatoires. Friot fait un récit brillant et synthétique de cette conquête sociale qui ne doit rien contrairement à ce que prétend l'histoire officielle à une harmonie préétablie gaullo-communiste.

L'autre conquête de nature communiste quoique moins directement liée à l'exercice formel du pouvoir politique par le PCF c'est la définition du salaire comme attaché à une qualification, donc à une participation au procès de production, une valeur propre de l'individu dans son emploi et même au delà et non pas à la valeur de la force de travail, salaire attribué à vie indépendamment de sa part dans la valorisation du capital (que ce soit pour un médecin à qui la sécurité sociale fournit une rémunération après même la fin de son activité professionnelle, par répartition de la part de richesse socialisée, pour un fonctionnaire à travers son statut).

Le salariat n'a donc pas été seulement une prison pour la classe ouvrière comme l'a prétendu par exemple Castel, mais par les revendications syndicales (spécialement de la CGT au XXe siècle), qui ont abouti à la définition du patron comme employeur (astreint aux obligations du code du travail), il a abouti à une sorte de front commun des salariés, ouvriers et cadres confondus a pu se créer (p. 44), ce qui explique que le capitalisme aujourd'hui s'acharne à détruire le salariat pour le remplacer par la sous-traitance et le travail indépendant comme au XIXe siècle.

Il y a donc eu une mise en place d'une sortie du capitalisme déjà présente. Par exemple avec la fonctionnarisation des soignants (même libéraux) qui inaugure les "prémices d'une production communiste de la santé".

Le problème avec le néo-libéralisme, nous dit Friot, c'est moins le déplacement de la répartition de la valeur au bénéfice du capital, mais celui du contrôle accru de la bourgeoisie sur la production. Face à cela il ne faut pas demander une meilleure répartition de la richesse mais une meilleure valorisation du producteur. La caisse d'amortissement de la dette sociale est une machine à payer des intérêts aux créanciers. Le gel des cotisations remet en selle les régimes complémentaires aux coûts de gestion bien plus onéreux que le régime général de sécurité sociale. L'indemnisation des chômeurs au pro rata des cotisation brise la logique d'un salaire à la qualification personnelle à vie hors du cadre de l'emploi, de même que l'indexation (en 1986) des retraites sur les prix et non sur les salaires pour ne plus en faire un salaire continué, le projet de Macron de transformer la retraite en récupération des cotisations versées, l'alignement du salaire sur la performance etc. Le RMI est une "aide aux pauvres" dont le concept se substitue à celui de salaire.

Pour contrer cette réaction Bernard Friot propose un combat pour un statut économique des personnes non négociable et inscrit dans la constitution ainsi que pour la propriété d'usage de l'outil de travail par le travailleur (qui choisira les stratégies, les investissements, les financements) et pour un recentrage complet de la démocratie autour du travail (au point qu'il n'y aurait plus d'impôts mais uniquement des prélèvements de l'entreprise que l'Etat tirait le financement de ses services publics et du salaire à vie, et les banques seraient remplacées par des caisses d'investissements gérées par les travailleurs, ce qui prolongerait le geste de collectivisation inauguré par la Sécurité sociale de 1946 au delà du seul domaine de la santé).

Je trouve le travail de Friot très utile pour éclairer le sens des mots des luttes sociales à la lumière de leur histoire réelle, en se désintoxiquant du lexique bourgeois médiatique. Il souligne aussi l'importance de réfléchir à la souveraineté du travailleur entendu au sens large (amener ses enfants à l'école c'est un travail), une souveraineté-dignité qui se retrouve tout d'abord dans les mots (refuser de parler de "dépenses de santé" en lieu et place de "travail de soin médical", refuser la "victimisation" du pauvre, la simple demande de rééquilibrage des répartitions de richesse etc). Mais il me semble que son discours est plus spirituel (il a failli devenir prêtre voyez la vidéo ci-dessous) que marxiste en ce sens que sa revendication vise principalement à l'inscription dans le droit d'un statut du travailleur libéré des caractéristiques de l'emploi et de sa participation à la valorisation du capital. C'est un marxisme réformiste et non de rupture, très axé sur le juridisme, qui pense changer les choses en changeant la loi. L'apport chrétien "dé-virilise" ici un peu le marxisme. Et je ne suis pas étonné que Friot avoue sans s'en repentir avoir adhéré aux sottises de l' "eurocommunisme" dans les années 1970.

C'est à divers égards une dévaluation du marxisme (même s'il en réhabilite l'utilité pour la réflexion sur la praxis quotidienne des gens), qui, en retour, dévalue aussi le christianisme, parce qu'il laisse entendre en filigrane qu'on contribue à la venue du Royaume de Dieu en oeuvrant à l'émancipation du travail du cadre capitaliste, ce qui est une façon de dire que le Royaume pourrait n'être "que ça". Or rappeler que l'Evangile ne cesse de parler du "travail" et de la justice (mais n'oublions pas que la justice de Dieu n'est pas celle des hommes... voyez les ouvriers de la 11ème heure...) est utile, penser la charité (au sens le plus fort du terme) à ce niveau l'est aussi, mais rabattre le christianisme sur cette dimension (ce fut une tentation très forte chez les chrétiens de gauche dans les années 1970) n'est pas seulement blasphématoire et suicidaire pour les âmes individuelles : cela conduit aussi à désarmer les peuples dans le combat titanesque qui s'annonce contre le globalisme luciférien avançant aujourd'hui sous le drapeau de la pseudo-pandémie. Le travail de Bernard Friot est donc à prendre pour le moins avec des pincettes...

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Loïc Chaigneau et le dialogue marxisme-christianisme

30 Septembre 2021 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Philosophie et philosophes, #La gauche, #Christianisme, #Débats chez les "résistants"

Ma conversion et mon intérêt maintenant pour la sémiologie apocalyptique ne me font pas dédaigner complètement mes apprentissages antérieurs en philosophie et en sociologie. Il y a une raison profonde à cela. Un chrétien doit placer la Révélation scripturale au dessus des spéculations humaines, et donc aussi de la raison humaine, tout en laissant également une place à l'action de l'Esprit saint dans sa vie quotidienne pour l'éclairer. Mais ce principe ne saurait faire regarder comme vaine toute rationalité. Ce serait là céder à une facilité qu'apprécient les charismatiques mais qui peut faire verser dans un obscurantisme dangereux. Le Livre de la Sagesse dans l'Ancien Testament, la désignation de Jésus comme Logos dans l'Evangile de Jean, le fait que Saint Paul se soit donné la peine d'argumenter devant l'Aréopage d'Athènes sont une preuve que cette fonction rationnelle introduite par Dieu en l'homme n'est pas supposée être éradiquée, même s'il convient de fortement l'endiguer et d'empêcher sa fétichisation orgueilleuse.

L'histoire du christianisme occidental est celle de la difficile localisation de la place légitime de la raison, avec des poussées en sa faveur (dans la scolastique, dans le classicisme de Bossuet, dans le christianisme libéral français - quoique ce fût avec une coloration romantique très sulfureuse, comme pour les théologies de la Libération au siècle suivant) et des retours vers l'intuition charismatique en réaction (le mysticisme du XVII ème siècle, la charge de Léon Bloy contre les dominicains et contre le christianisme de salon à la fin du XIX ème siècle etc).

Un enjeu important de cette place à donner à la rationalité est de savoir quel poids il faut accorder aux lois de l'économie, car dans cette thématique se glisse toute la problématique de la pauvreté matérielle et culturelle, et celle du juste salaire qui est très importante déjà dans le Nouveau Testament (mais aussi dans l'Ancien), ce qui signifie qu'elle l'est aussi pour Dieu, ce que les chrétiens bourgeois évidemment évitent de prendre en considération en se contentant de diaboliser le communisme et les mouvements révolutionnaires. Si l'on est purement charismatique, on se borne à mener une action spontanée inspirée au service des pauvres comme l'a fait Savonarole à Florence avec tous les égarements apocalyptiques que cela a entraîné (car aucune inspiration n'est à 100 % exempte d'influence démoniaques). Si l'on laisse une place à la raison, il faut entretenir une forme de dialogue avec les sciences sociales athées (marxisme, bourdieusisme etc), sans se laisser prendre au piège de leurs présupposés antéchristiques mais en conservant seulement ce qui dans leur méthode d'analyse relève d'un exercice de la raison et d'une défense du bien commun conformes aux lois divines.

Dans le cadre de ce "maintien du dialogue", j'ai été intéressé par les prises de position du jeune Loïc Chaigneau, ancien professeur de philosophie de lycée, et membre du Parti communiste français, marxiste "classique", qui peut m'être sympathique à la fois parce qu'il défend une position réellement conforme aux intérêts des classes populaires françaises (refus du pass vaccinal anti-Covid, refus des mythes écologistes, défense de la démocratie directe et de la sortie de l'Union européenne), et parce qu'il adhère aussi dans le même mouvement au christianisme révolutionnaire.

Il faudrait prendre du temps pour discuter des thèmes qu'il traite dans ses vidéos et dans le cadre de son "Institut Homme Total". Je me contenterai simplement pour l'heure de brèves observations. Lorsqu'il instruit le procès du bourdieusisme ou du spinozo-bourdieusisme dans cette vidéo contre le salaire universel recommandé par Frédéric Lordon, il relance le vieux débat entre idéalisme et matérialisme dialectique, en reléguant Bourdieu clairement dans le premier camp (Bourdieu étant pour lui réduit à sa composante wébérienne), là où Marx permettrait de penser une praxis des classes populaires, beaucoup plus fondamentale et efficiente, par delà le jeu des catégorisations. Il s'agit là d'un procès ancien fait à Bourdieu qui néglige le fait que celui-ci entendait synthétiser à la fois Weber-Durkheim et Marx dans un structuralisme à la fois linguistique et pratique, pour intégrer en quelque sorte toutes les interactions ou inter-implications pourrait-on dire entre la structure et la superstructure. Bourdieu prétendait laisser toujours une place à la praxis, contrairement à ce que laisse entendre Loïc Chaigneau.

On peut penser qu'il le faisait insuffisamment parce qu'il laissait une place excessive au constructivisme néo-kantien qui réduit la réalité sociale à des représentations. C'est ce que j'ai développé il y a plus de dix ans maintenant dans mon article sur Bourdieu et Chomsky ici. Loïc Chaigneau combat cette dérive qu'il qualifie de "contre-révolutionnaire" au nom d'une philosophie de l'histoire (que l'on peut qualifier d'eschatologique) qui restitue à la praxis sociale son autonomie indépendamment du langage. La révolution devrait être pensée à partir de cette praxis seule, et à partir des contradictions systémiques qu'elle révèle. Je ne sais pas trop ce que cela peut signifier concrètement. Ce que je sais c'est que cette analyse du sens de l'histoire ne peut pas reposer sur un matérialisme dialectique, puisque la matière par elle-même ne pense pas. Sauf à la considérer sous l'angle du travail et la praxis le partenariat entre Dieu et l'âme humaine (l'idée promue par le Nouveau Testament que Jésus partage le joug avec ses disciples), dans la définition concrète au niveau du travail d'un horizon social nouveau. C'est peut-être ce que Loïc Chaigneau désigne quand il fait référence dans une autre de ses vidéos au fait que le Royaume de Dieu est à la fois à venir et toujours déjà. Mais cela pose un problème premièrement à l'égard du marxisme : car si c'est de la présence de Dieu qu'il s'agit, il n'est plus question ici d'une matière qui se donne à elle-même ses propres loi, et pourquoi devrait-on étudier les lois qui régissent les facteurs de production, si l'issue historique peut dépendre du lien privilégié de l'âme à Dieu, ou au diable d'ailleurs (comme on le voit souvent avec l'émergence des leaders providentiels ou démoniaques dans l'histoire des peuples) ? Le deuxième problème est à l'égard du christianisme : concevoir le Royaume de Dieu comme simplement un horizon d'émancipation sociale, c'est, comme Joaquim de Flore, intercaler un possible millénarisme avant la fin définitive des temps (ce que je retrouve aussi dans les prophéties catholiques sur le Grand Monarque). Mais intercaler des millénarismes, des sortes d'Age d'Or de Saturne, qui retardent la fin dernière, c'est possiblement désarmer les croyants qui sont censés veiller spirituellement, et au contraire les endormir sous un règne antéchristique (car George Soros et Bill Gates peuvent très facilement vous pondre un Grand Monarque ou une République communiste égalitaire dont ils tireront les fils en vous disant : voici le Royaume de Dieu sur Terre). Et c'est aussi ré-introduire la possibilité d'un temps cyclique chère au paganisme et à l'hindouïsme (et à sa synthèse New Age), dans lequel les apocalypses ne seraient que des événements périodiques sans que la regénérescence complète du monde matériel et spirituel ne soit vraiment envisageable.

Si, comme le laisse entendre Loïc Chaigneau la révolution n'est pas seulement affaire de déterminations (ou de volonté divine) mais aussi de volonté humaine (de participation de nos âmes), ce qui est effectivement conforme à l'image du partage du joug dans l'Evangile que je citais plus haut, alors on peut penser aussi que l'Apocalypse finale ne peut être le fruit que d'une volonté conjointe de Dieu, des incroyants et des croyants. La somme des trois étant ce qui aboutit à la révélation de l'Antéchrist et au retour de Jésus. Mais si le Royaume est pensé en des termes économicistes marxistes sous la catégorie de la fin de l'exploitation (ou de la fin du néo-fascisme capitaliste actuel), je crois qu'on ne fera que retarder cette Apocalypse, et donc retarder la venue de ce que doit être réellement le Royaume de Dieu, un Royaume dont l'économie n'est qu'une  partie et non pas le centre.

NB : actualisation 2023 : Une vidéo de fin 2022 fait remarquer que Loïc Chaigneau naguère se présentait comme un coach en PNL et développement personnelle, on voit bien les risques de se dire "hérétique" sur le plan spirituel, en toute bonne conscience

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Pérou : la victoire de la gauche entravée

5 Juillet 2021 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Colonialisme-impérialisme, #La gauche, #Le monde autour de nous, #Christianisme

Les sympathisants de la candidate de droite Keiko Fujimori ont de nouveau manifesté ce week-end pour exiger de nouvelles élections au Pérou et empêcher la proclamation présidentielle du candidat de la coalition socialiste Pedro Castillo, vainqueur des dernières élections avec quelques dizaines de milliers de voix d'avance.

Les partisans de la candidate battue se sont mobilisés aujourd'hui, dimanche 4 juillet, à l'appel de la Fuerza Popular et ont défilé jusqu'au Palais du Gouvernement pour présenter leurs revendications et protester contre le refus de sa demande d'audit international sur le second tour de l'élection présidentielle. Le 28 juin, le candidat de Fuerza Popular a écrit une lettre au chef de l'État péruvien, lui demandant d'intercéder auprès de l'Organisation des Etats d'Amérique (à la botte des Etats-Unis) à cette fin, après avoir allégué l'existence d'une fraude. Les deux camps entretiennent une mobilisation dans la rue, qui pourrait dégénérer en guerre civile, si l'oligarchie locale n'accepte pas l'option Castillo. La presse mondialiste pour sa part soupçonne le nouveau président de cultiver une position conservatrice sur la question LGBT, en soulignant d'ailleurs que son épouse et ses filles sont converties à l'évangélisme, et souverainiste sur le plan économique et sur la question des migrations, et elle s'inquiète d'une possible réforme de la constitution sur le modèle chilien.

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"L'empire américain est une malédiction pour le monde" (Ortega)

25 Juin 2021 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Colonialisme-impérialisme, #La gauche, #Débats chez les "résistants", #Le monde autour de nous, #Les Stazinis

Le Nicaragua, petit pays sous sanctions économiques, à quelques mois des élections présidentielles du 7 novembre prochain, est, une fois de plus, comme dans les années 1980, et comme lors de l'insurrection de 2018, l'objet d'ingérences impériales multiples, et de désinformation dans la grande presse occidentale. Même si l'on peut avoir des réserves sur son approche des grands thèmes mondialistes (terreur climatique, politique du genre, vaccination anti-Covid) on ne peut nier que le régime sandiniste au pouvoir depuis 2007 a apporté à son peuple la santé et l'éducation gratuites, l'électricité et Internet pour tous, etc. Ci-dessous un bon discours (hélas seulement en espagnol) du président Ortega du 23 juin dernier et un bon documentaires de Dan Kovalik sur la situation du pays.

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