Articles avec #le monde autour de nous tag
Algérie, Cuba, Thaïlande

Et mon ami syndicaliste vient de me téléphoner pour me faire un compte rendu de l'atmosphère à Cuba.
Cuba est devenu la porte de l'Amérique latine, c'est devenu un "must" pour les chefs d'Etat. Il y a des semaines où jusqu'à 3 chefs d'Etat passent, car c'est souvent via La Havane que les contacts avec les dirigeants de toute l'Amérique latine passent. Donc c'est une bonne carte de visite, y compris pour ouvrir les portes commerciales aux hommes d'affaire. (...) A Paris un conseiller UMP a déposé au Conseil de Paris une proposition d'aide humanitaire à Cuba lors du dernier cyclone. Elle a été votée par tous les groupes sauf ...le PCF qui a voulu se démarquer de Cuba !!!! (...)A l'UMP, il existe aussi un lobby castriste et un lobby anticastriste pour contrebalancer bien entendu, comme au PS. Selon mon camarade, La Havane en fait une vraie capitale culturelle, où festivals du cinéma suivent expositions de peintres du monde entier, visites d'artistes , de cinéastes, etc. Un vrai tourbillon dit-il qui fait de l'Europe quelque chose de très provincial en comparaison. (...) Fidel écrit beaucoup et se promène dans les rues de la Havane et discute avec les gens. Les récentes purges dans la direction du Parti visent des personnes qui se sont crues trop puissantes et on voit cela là-bas comme un retour à la "morale révolutionnaire". Bref peut-être qu'il faut regarder de ce côté ?"
Je n'ai pas pu avoir confirmation sur le vote au Conseil de Paris, mais sur les liens de l'UMP avec Cuba, un militant m'a confirmé par mail qu'une association d'aide à Cuba proche du PC "a des relations avec les jeunesses de l'UMP qui participent à certaines de ses opérations. Et ils se financent avec un dîner sélect au Sénat présidé par Poncelet du temps où il était président du Sénat." Cela m'a rappelé les échanges entre l'ex-ministre de Franco Manuel Fraga et Fidel Castro au milieu des années 1990. Il y a toujours eu une forme d'entente possible sur les bases de la Realpolitik entre les Etats révolutionnaires et les partis conservateurs, qui a le don d'exaspérer les tendances idéalistes et moralisatrices de la gauche (le PS, les trotskistes, les anarchistes).
Que vous dire d'autre ? Une jeune activiste de l'Acrimed, à la suite de mon article sur la Thaïlande a attiré mon attention sur un papier profondément écoeurant du journal Libération sur les "Chemises rouges". L'article, dont j'ai ajouté la référence au bas de mon texte, en dit long sur le regard que ce journal porte sur les pauvres. C'est quand on parle de l'autre bout du monde que les préjugés s'expriment avec le moins de retenue.
Moldavie le mâillon faible

Le mâillon faible du dispositif est la Moldavie, petit pays pauvre, rural, à l'identité culturelle peu marquée (les russophones y sont nombreux, même hors de Transnistrie, et la langue roumaine n'y est pas très "académique").
Il n'est pas étonnant que certains aient songé à y mener une petite "révolution orange" à l'issue des élections législatives de dimanche. "Certains", c'est à dire peut-être certains éléments nationalistes roumains de Bucarest... peut-être aussi certains lobbies occidentaux (européens, voire états-uniens) ? Il est trop tôt pour le dire, mais on voit bien qui cette insurrection de l'opposition moldave favorise...
Et si le monde multipolaire n'était qu'un monde de haine ?

Tout cela est inquiétant. Et je ne vois pourtant aucun signe tangible des Russes ou des Chinois en direction des non-alignés qui puisse augurer d'un renouveau de l'internationalisme auquel nous aspirons. On ne voit que du business en ce moment, et quelques stratégies militaires pour réunir ces "blocs" en formation, mais pas de volonté de coopération au niveau de la société civile.
"La journée de la jupe"
Vu hier La Journée de la jupe sur Arte (record d'audience 2,2 millions de téléspectateurs), il me semble que ce film illustre ce qu'écrivait Houria Bouteldja sur l'instrumentalisation néo-coloniale de la lutte des femmes... J'ai été très mal à l'aise et très en colère en le regardant. C'est un mélange d'esthétique américaine (la fascination du flingue, celle qui a conduit à l'élection de Bush et au discours du "choc des civilisations") et d'esprit de croisade laïcard qui non seulement produit des caricatures, mais joue sur l'intime, la sexualité (les questions de viols collectifs, l'effet de séduction aussi que produit Isabelle Adjani, qui a quand même été une icône pour toute une génération). On a l'impression d'un film qui cherche à provoquer une guerre civile parmi les gens issus des anciennes colonies, entre les filles et les garçons, entre ceux qui soutiennent les valeurs occidentales et les autres. C'est incroyable que l'on puisse encore jouer avec le feu ainsi, faire une telle apologie de la violence, trancher dans le vif, dans la chair, de problèmes si complexes. Que les pouvoirs culturels et économiques de ce pays subventionnent ce genre de film, après les catastrophes qu'ils ont déjà provoquées ou cautionnées partout dans le monde.
Le plus triste c'est que beaucoup de profs ont aimé ce film. Sans doute y ont-ils vu l'expression d'un violence qu'ils éprouvent, dont ils se sentent victimes, et qu'ils auraient envie de rendre. Nous voilà devant des écoles détruites par 15 ans de néo-libéralisme, avec des profs devenus les équivalents des petits-blancs à l'époque coloniale, et un système qui, tout en les affaiblissant de plus en plus, flatte leur envie de revanche contre leurs propres élèves.
Voilà qui est on ne peut plus malsain.
Il me semble qu'on ne peut rétablir le dialogue que sur fond d'une rupture politique globale avec la dérive des sociétés européennes que l'on constate depuis 20 ans. Mais comment ?
NB : on peut cliquer ici pour la bande annonce et des extraits, et là pour une interview du réalisateur dans Le Point.
A l'approche du 10 ème anniversaire...

Collon sur son site donne la parole à l'ex ministre des affaires étrangères de la RFY : cf
Les rapaces contre l'Irak
Back into Afghanistan

In fairness, I should note that the CIA did develop an innovative strategy last year for winning the hearts and minds of some Afghan tribal leaders. An agent in the country's southern region was seeking the help of a 60-something-year-old chieftain, but no go -- until he learned that the man, who has four younger wives, was having performance problems. "Take one of these," said the agent, discreetly offering Viagra pills.
Days later, the agent returned to the village to find the old man wreathed in a glowing grin that only sex can induce. "You are a great man," exuded the happy chieftain, who subsequently became a useful source for the agency. It gives new meaning to the old bumper-sticker, "Make love, not war."
Anniversaires
La Yougoslavie s'est un peu éloignée. Je soutiens le combat juridique du gouvernment serbe contre la reconnaissance unilatérale du Kosovo. Mais je ne le soutiens pas dans les mêmes termes que bien des Serbes à Paris le font. Peu importe d'ailleurs : ces nuances n'intéressent ni les Serbes, ni personne d'autre.

Mon éditeur m'a confirmé hier son feu vert pour un livre sur la Pridnestrovie/Transnistrie. Je bâtis de nouveaux projets politiques. Des projets dont je ne pourrai parler que plus tard sur ce blog, quand ils connaîtront un début de réalisation. Le réseau "Atlas alternatif" sur Facebook continue à recevoir des adhérants. Vous pouvez vous y inscrire. Il n'est pas exclu que nous finissions un jour par en faire quelque chose.
La musique adoucit les crises
Sarko au Congo

(Courrier International 22/01/2009)
Le président français a jeté un pavé dans la mare en proposant une restructuration de la région des Grands Lacs en faveur du Rwanda et au détriment de la république démocratique du Congo. Celle-ci n'apprécie guère." (http://www.africatime.com/Rdc/nouvelle.asp?no_nouvelle=442352 - http://www.courrierinternational.com/article.asp?obj_id=93652). L'article a été publié dans Le Potentiel (quotidien de Kinshasa - http://www.lepotentiel.com)
Pendant ce temps L'oeil du Patriote écrit :
"Au moment où la classe politique congolaise est divisée par la succession des événements à l’Est de notre pays, nos envahisseurs, eux, accélèrent l’exécution du schéma d’occupation et d’annexion de la partie Est de notre pays, la République Démocratique du Congo. En l’espace d’un mois seulement, les Congolais ont assisté, hébétés, à l’exécution rapide des scenarii de la fin d’un processus savamment conçu par Kagamé à Kigali, et soigneusement exécutés en RDC par son digne représentant, «Joseph Kabila»: dissidence de Ntaganda, destitution de Nkundabatware de la présidence du CNDP, annonce de la fin de la rébellion par le nouveau patron du CNDP, Bosco Ntaganda, normalisation des relations entre Kinshasa et Kigali et amorce d’une négociation pour mettre fin à la présence des rebelles hutus rwandais de FDRL, signature d’un accord (secret ?) entre la RDC et le Rwanda autorisant l’entrée de l’armée rwandaise en RDC, d’abord comme «simple observateur» (dixit ministre Tambwe Mwamba, relayé par son collègue Mende), ensuite comme « forces amies pour combattre le FDRL et les milices locales » , et enfin, annonce pompeuse de l’arrestation de Nkundabatware au…Rwanda. Ouf ! Les Congolais n’y ont vu que du feu! Certains, comme des automates, ont même applaudi et remercié le maître de Kigali (et de Kinshasa ?). Les pauvres! Heureusement qu’il y a aujourd’hui des patriotes congolais qui se sont débarrassés des effets soporifiques de cette morphine ! La grogne gagne du terrain. Dieu merci !"
Le Potentiel laisse entendre qu'Obama ne serait pas sur la ligne de Sarkozy sur la balkanisation de la RDC (http://www.africatime.com/rdc/nouvelle.asp?no_nouvelle=443313&no_categorie=). Du wishful thinking ?
Le retour des options nucléaires

"La déclaration sur le déploiement éventuel de cette arme (les missiles iskander) dans la région de Kaliningrad s'explique très facilement : l'implantation du système de défense antimissile américain en Pologne et en République tchèque constitue une menace directe pour le potentiel nucléaire russe. Certes, 10 missiles intercepteurs GBI qu'il est prévu d'installer en Pologne à la première étape, et même 50 de ces missiles, ne pourront parer une attaque de grande envergure des Troupes de missiles stratégiques russes (RVSN) et de porte-missiles sous-marins, mais l'importance de ces missiles intercepteurs s'accroîtra incommensurablement après le premier coup nucléaire éventuel porté par les Etats-Unis à la Russie. Dans ce cas, les intercepteurs d'ABM feront face à un nombre très réduit de missiles russes restés intacts après le premier coup, ce qui permettra aux Etats-Unis de compter sur un succès et de remporter, pour la première fois après les années 50, la victoire dans une guerre nucléaire. " (http://fr.rian.ru/analysis/20090130/119896009.html)
Gaza, le courage et la lâcheté
Un mot de Roland Dumas à propos de la lâcheté française :
Un dessin de Charb dans L'Humanité dimanche du 29 janvier 2009 p. 65

L'inconstance de l'actualité
Difficile de ne pas céder au flot de l'actualité et de prendre du recul. Peu de blogs et sites y parviennent.
Voyez par exemple le phénomène "Sarah Palin". Il y a un mois elle fascinait les médias, et beaucoup, comme Julia Kristeva dans Libération, y allaient de leurs critiques contre cette forme d'idolâtrie de la "mère conservatrice", crépuscule de la virilité en même temps que du féminisme authentique. On se croyait revenu à Çatalhöyük au 7 ème millénaire avant JC. Et puis, l'adjointe de McCain a révélé son incompétence, elle est devenue un "boulet" pour le candidat républicain, Hustler a fait un film X sur elle, et la voici revenue au statut d'une Edith Cresson ordinaire. L'ordre règne à Varsovie.
Même chose pour l'essor de la Russie, que l'on a cru entrevoir avec certitude quand le Kremlin résistait à l'aventurisme de Saakachvili en août. Maintenant que la bourse de Moscou s'est effondrée, et avec elle le prix du baril du brut, les doutes sont à nouveau permis.
La crise financière elle-même, personne ne sait trop qu'en faire. Après avoir pressenti l'effondrement imminent du système, on se rabat sur l'hypothèse d'une simple "récession". Le Grand Soir n'est peut-être pas pour demain.
Revenons encore à la politique intérieure étatsunienne. En 2007 Paul Craig Robert pronostiquait sans rire la possibilité pour Bush - ou quelque coterie derrière lui - de déclarer l'état d'urgence, celle d'un coup d'Etat militaire. Puis on a dit que, même si les démocrates gagnaient, ce serait Hillary Clinton, parce qu'elle avait l'argent des multinationales. Même quand elle était au coude à coude avec Obama on pronostiquait qu'elle pourrait être élue comme candidate, même avec moins de délégués qu'Obama à la convention démocrate. Puis quand Obama a pris les devants, au lieu de souffler un peu, beaucoup se sont exclamés qu'il ne le devait qu'à son virage à droite, et que donc rien ne changerait.
Je ne suis pas hostile à chacune de ces analyses prises isolément. Mais ce qui me gène, c'est l'enchaînement : cette façon que tout le monde a d'enchaîner un propos, puis un autre qui le contredit, au fil de l'actualité et de ses rebondissements. C'est une marque de dépendance à l'égard d'un flux dont le rythme reste dicté par les grands médias. La forme même d'Internet, et du blog, favorise cette absence de recul. C'est pourquoi je crois judicieux de se détacher de l'actualité de temps à autre, se pencher sur l'histoire ancienne, sur la littérature, reconstruire dans ce périmètre l'espace d'une pensée à soi qui évitera ensuite de voler au vent comme les feuilles et d'embrasser les credos en vogue ou leur démenti sans la moindre constance. Nous avons tout à gagner à nous éloigner de l'actualité - même s'il est vrai qu'hélas nul ne peut se payer le luxe de l'ignorer complètement.