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L'honneur assassiné de Léontine de Villeneuve
Dans le livre qu'il a écrit contre Deleuze "Apocalypse du désir" mais que je ne vous recommande pas car je le trouve un peu trop labyrinthique, Boutang voit dans le cavalier blanc du chapitre 6 de l'Apocalypse de Jean la figure du désir immédiatement adhérant à l'instant et sans but, désir pur et enfantin, à la différence du désir de guerre, du désir de mathématisation des rapports humains et du désir de néant qu'incarnent les trois autres cavaliers.
Châteaubriand éprouve à l'égard de cette forme de "désir pur" la même méfiance que Boutang. Il dit l'avoir vécu à 60 ans en 1829, dans sa vieillesse, sur le chemin de Cauterets (en Bigorre) et le compare au "repos inopiné" de Palinure dans l'Enéide qui s'était mal fini.
Il allait rencontrer dans la station thermale une de ses admiratrices de 26 ans, Léontine de Villeneuve, qui le lisait depuis deux lustres et entretenait une tendre correspondance avec lui depuis deux ans. Hélas pour le grand écrivain (que je soupçonne d'être un peu mythomane comme comme Malraux), celui-ci n'hésita pas à la diffamer dans ses Mémoires d'Outre-tombe en faisant croire qu'elle l'avait forcé à la raccompagner chez elle dans ses bras alors qu'elle n'avait que 16 ans (sic). Boutang dit que la plénitude de l'instant précède souvent un meurtre. Là c'est l'honneur de Mlle de Villeneuve (devenue ensuite comtesse de Castelbajac) que Châteaubriand tua.
La petite fille de Léontine a publié plus tard en 1925 ses lettres sous le titre Le roman de l'Occitanienne et de Chateaubriand, et tenté de rétablir la vérité.
"Il a fallu l'étrange passage des Mémoires de M. de Chateaubriand pour troubler mes souvenirs, écrivait à plus de 40 ans Léontine après être tombée sur cet extrait des mémoires dans un journal. En présence de ce vrai et de ce faux.ainsi mêlés, et je puis ajouter ainsi travestis, l'effroi m'a saisie (*). Je me suis demandé si je me trouvais réellement vis-à-vis de moi-même dans cette personne dont je ne reconnaissais pourtant ni les sentiments, ni les actions. Mais ma fierté a pu se relever lorsque j'ai traduit chaque ligne de cette page au tribunal de l'exacte vérité. "
Elle expliquait plus loin que la différence d'âge (puisqu'il pouvait être "deux fois son père") l'avait poussée à vivre à Cauterets en toute innocence son amitié avec le grand homme et lui faire lire sa poésie, elle qui ne voulait vivre que de cet imaginaire là, et pour cette raison n'était toujours pas mariée. Chateaubriand qui apprit à ce moment-là qu'il était évincé du pouvoir, fit miroiter à Léontine la perspective qu'elle pourrait intégrer à titre permanent le cercle d'amis qu'il comptait fonder à Rome. Après avoir refusé cela parce qu'elle devait tout de même à son père de se marier, Léontine, le lendemain même, propose quand même d'aller attendre l'écrivain à Rome tandis qu'il irait règler des questions politiques à Paris. L'attendre, mais en tout bien tout honneur, pour intégrer ce groupe d'amis qu'il voulait réunir. Car, elle le dit dans son texte, elle est légitimiste, et politiquement plus à droite que Châteaubriand (trop libéral à son goût). Et dans ce milieu là on ne badine pas avec l'honneur !
"Vous me retrouverez entre les murs d'un couvent, sous la sauvegarde de la protection religieuse. Là, ma réputation sera mise à l'abri... Je ne parle pas de mon honneur : personne n'aura jamais le pouvoir d'y porter atteinte. Vous pourrez venir me voir tous les jours dans cet asile où nous nous donnerons hautement le nom d'amis, même en présence de Mme de Chateaubriand. Et, plus tard, lorsque les années seront venues pour moi comme pour vous, pourquoi ne deviendrais-je pas une nièce d'adoption qui se consacrerait à soigner et à consoler votre vieillesse?" lui aurait-elle dit... Et Chateaubriand refusa ce beau projet sacrificiel puis quitta Cauterets. Ils allaient s'écrire plusieurs fois encore (alors que dans ses Mémoires Chauteaubriand fait comme s'il connaissait à peine la jeune sylphide). Ils se revirent même en 1838 à Cauterets, puis rue du Bac à Paris juste avant la mort de l'auteur du Génie du christianisme. La correspondance publiée montre bien que la version de Léontine était la bonne.
Notre époque qui aime ajouter le crime au crime, le mensonge au mensonge, en 2008, sortit le film "L'Occitanienne", dans lequel Châteaubriand et Léontine s'enlacent et se caressent longuement au milieu d'images suggestives du flot rageur du gave qui roule ses galers (j'aurais encore préféré une version avec Rocco Siffreddi et Clara Morgane...). Tant pis pour ce qu'était réellement Léontine de Villeneuve, son idéalisme littéraire, et sa vertu royaliste rigide. L'important n'est pas de rendre justice aux gens du passé, à ce qu'ils ont vécu ni ce en quoi ils ont cru. Léontine n'est plus ici qu'une jeune fille de notre époque qui aurait abusé d'une correspondance sur Facebook, et, arrivée dans la chambre de l'écrivain auquel elle était prête à se donner et même à qui elle voulait donner un enfant (ce qui, suivant les critères du XIXe siècle, est le comportement d'une catin...) réaliserait que tout est plus compliqué qu'elle ne l'avait initialement pensé. Notre époque n'aime pas rendre justice aux êtres, ni au passé... seulement idolâtrer ses propres valeurs, sa propre médiocrité...
Le réalisateur du film a le culot d'écrire en postface du film dans le générique que Léontine fut profondément blessée de "l'entrefilet" que Châteaubriand lui consacra dans ses mémoires ! (comme si lui, l'homme de notre époque, prétendait lui rendre justice et réparer l'offense faite à la jeune femme de 1829 en lui versant à son tour un pot de chambre sur la tête). Mais qu'eût elle dit du film alors ! Léontine n'avait pas été blessée du peu de place que l'écrivain lui accordait dans son livre mais du fait qu'il ait laissé entendre qu'elle voulait coucher avec lui, comme une fée des forêts un peu follette, alors que, comme ils étaient membres de la bonne société aristocratique tous les deux, et ayant de nombreux amis en commun (elle y insiste pour éclairer l'arrière-plan de leur rencontre), elle avait placé leur complicité littéraire à un tout autre niveau... Est-ce si dur à comprendre de nos jours ?
(NB : je n'ai pas le temps de développer ce point, mais il faut bien voir que notre temps aveuglé par sa fascination pour le désir charnel, et soucieux de rendre justice aux femmes - mais pas à la femme idéaliste, seulement à la femme sexuellement disponible, et mécontente de n'avoir pas assez de pages dédiée à son égo dans les mémoires d'un écrivain - non seulement ne comprend rien à l'honneur aristocratique et la vertu chrétienne qui le soutenait - à la différence de l'aristocrate romaine païenne antique qui selon Paul Veyne se donnait au noble le plus offrant dans un adultère sans état d'âme -, mais encore ne comprend rien à toute la beauté dont l'art littéraire se parait au début du XIXe siècle, beauté que Châteaubriand ne croyait pas ternir en se vantant d'avoir séduit une sylphide, mais qu'une aristocrate encore vierge aurait bien sûr anéantie en vautrant sa délicate poésie dans une sombre coucherie prénuptiale avec l'idole de son tabernacle épistolaire).
(*) c'est moi qui souligne
Esclaves sexuelles de Daech et de Boko Haram
Entre un article sur deux joggeuses aux seins lourds et un autre sur les malheurs d'une top model irlando-thaïlandaise (sic), Newschicken raconte comment un djihadiste priait avant de violer son esclave yézidie de 12 ans et lui expliquait, quand elle le suppliait d'arrêter (ne serait-ce que parce que son corps n'était pas biologiquement compatible avec les mensurations d'un homme mur), qu'il faisait un acte de foi et même un rituel sacré. Cette façon voyeuriste qu'a la presse people de nous parler des esclaves sexuelles de Daech est de plus en plus gerbante, mais pas plus au fond que les grand messes de charité sous la présidence d'Amel Clooney où tout le monde se donne bonne conscience...
Moi j'ai vraiment l'impression d'avoir raté mon "tiqqun" sur les Yézidis. On voit que quelque chose de particulièrement négatif dans la nature humaine (dans son sadisme comme dans sa religiosité) s'est joué autour des yézidis, comme jadis dans la shoah autour des juifs quoiqu'à une échelle numériquement moindre et personne n'arrive à y apporter une réponse correcte. La thèse des identitaires chrétiens "le vrai visage de l'Islam s'est révélé là" ne me convainc pas, même s'il est vrai que le fait que le Coran autorise la réduction en esclavage de la femme idolatre n'est pas complètement étrangère à cette affaire, c'est le moins qu'on puisse dire. Le cauchemar continue pour ces femmes en exil aussi, outre les effets de leur dépression.Une photo circule sur le web où l'on voit des petites réfugiées musulmanes syriennes de Deir ez-Zor montrer du doigt comme "kafir" (infidèles) les petites yézidies devant le camp de Cherso en Grèce. La localisation du camp qui accueille des femmes Yezidies en Allemagne est tenue secrète pour ne pas attirer la violence des islamistes. Les camps brûlent, soit à l'initiative de l'extrême droite comme à Chios en novembre, soit du fait des migrants eux-mêmes comme à Lesbos en septembre.
Je pense beaucoup à ce sikh britannique Ravinder Singh et sa Khalsa Aid. Il était récemment dans les camps yézidis où il fait très froid et où sévit une épidémie dont on a déjà parlé dans ce blog (Khalsa y aide 400 personnes, aidez les vous aussi !) distribuant de l'aide aux femmes prises en charge par le centre de la "nouvelle vie" (Jinda Center) de l'ONG Wadi à Dohuk, et son assoce est partout où il y a de la souffrance, en Syrie, au Yémen...Début janvier son coreligionaire ancien kickboxeur Kanwar Singh était parmi les réfugiés en Turquie. Ce groupe célébrait le 5 janvier le 350e Gourou Gobind Singh Ji un grand réformateur de leur congrégation qui dit vouloir aider toute l'humanité par delà ses croyances. "Les Sikhs sont les Yézidis de l'Inde" écrivaient-ils sur Twitter le 31 décembre.
La petite préface que je m'apprête à écrire cette année pour le livre de Nurcan Baysal (qui elle aussi fait un travail formidable dans les camps du Kurdistan turc) sur le massacre des yézidis n'aura pas le même impact que leur action sur le terrain. D'autant que l'éditeur chez lequel je le ferai paraître est minuscule...
Et puis, tant qu'à me pencher sur les horreurs que la "male attitude" fait subir aux femmes, j'aurais dû inclure dans mes billets les esclaves de Boko Haram en Afrique qui subissent le même sort que les yézidies. Après tout n'avais-je pas parlé des viols de masse au Kivu autrefois ? Sur les 276 filles de l'école de Chibok au Nigéria en 2014 enlevées par les djihadistes une vingtaine ont été libérées en octobre dernier, et 57 se seraient échappées. Les autres restent prisonnières et en étaient avant hier à mille jours de captivité. "Bring Back Our Girls" a encore du pain sur la planche. C'est la partie émergée de l'iceberg. Selon The Independent du 4 avril dernier, elles seraient des milliers, parfois âgées de seulement 8 ans, cachées dans les forêts du "califat". Quand les soldats nigérians les "libèrent" souvent ils brûlent leurs huttes avant même de les en avoir sorties, ou leur tirent dessus. Les camps qui les accueillent ne sont pas administrés par l'ONU comme pour les yézidis, mais par l'armée nigériane. La population se méfie d'elles. On les dit intoxiquées par la propagande de Boko Haram. Certaines se font exploser sur des places de marchés après avoir été libérées... Syndrome de Stockholm, servitude volontaire... ou peut-être sont-elles encore menacées et objet de chantage par la secte après leur libération... Boko Haram a tué 30 000 personnes depuis 2009 et 2,6 millions sont déplacées. Un puits de souffrance sans fond...
Nareen Shammo à Rome
La journaliste yézidie Nareen Shammo était invitée le 30 octobre denier par le parti radical non violent transnational et transparti à Rome à parler du génocide des yézidis. Je ne sais pas ce qu'est cette organisation. Selon son post sur Facebook, elle a souligné que les femmes dans les camps ont toujours besoin d'un soutien psychologique urgent, elle a aussi plaidé pour les yézidis réfugiés en Turquie et en Grèce et pour les chrétiens victimes de Daech (Etat islamique).
Ce parti est l'ancien Parti radical du "cicciolino Panella" comme l'appelait la star du X italo-hongroise des années 1980... de vieux souvenirs... Il faudrait que des organisations plus importantes en France accueillent aussi Nareen pour des conférences.
Les djihadistes en ce moment retiennent 400 femmes yazidies comme boucliers humains à Tal Afar (Talafer) à l'ouest de Mossoul. L'hiver approche pour les réfugiés dans les camps, et le retour dans les villages où ils ont vécu même s'ils ont été libérés par Daech n'est pas à l'ordre du jour (dans une ville comme la bourgade kurde Sinjar-Shingal, 20 000 habitants en 2008, qui avait été le lieu de tournage du film "L'exorciste" de William Friedkin, en 1973, des musulmans sunnites ont en 2014 aidé Daech à liquider les hommes yézidis et à déporter leurs femmes).
Si vous voulez aider les femmes yézidies ex esclaves de Daech, n'hésitez pas à me contacter.
Les questions sociétales menacent le processus de paix en Colombie
Voici un point qui devrait faire réfléchir la gauche sur sa trop grande polarisation sur les questions sociétales, non seulement au détriment des questions de classes, mais aussi au détriment de la paix.
Je lisais ce matin dans le journal espagnol "El Pais" intitulé "Le vote évangélique clé de la victoire du «non» lors du référendum en Colombie" qui expliquait que si le 2 Octobre dernier, le référendum n'a pas validé les accords de paix négociés pendant quatre ans avec les FARC à La Havane, ce n'est pas seulement à cause de l' ouragan Matthew qui a empêché de nombreux électeurs sont allés voter (ouragan dans lequel les croyants verront la main de Dieu), mais surtout parce que le président Juan Manuel Santos n'a pas réussi à convaincre les 10 millions de chrétiens évangéliques du pays (selon la estimations du ministère de l' Intérieur), que l'accord ne mettait pas « en danger la famille traditionnelle". Un peu plus de 12 millions de Colombiens se sont rendus aux urnes, plus de six étaient ont voté l'accord. «Je n'ai pas de chiffres officiels, mais si quatre millions de chrétiens évangéliques sont allés voter, peut-être la moitié d'entre eux ont rejeté les accords», déclare à El Pais Edgar Brown, président de la Confédération évangélique de Colombie. "99% de nos fidèles ont dit« non », surenchérit même Hector Pardo, membre du Conseil évangélique de Colombie et représentant de la Confédération de la liberté Interfaith (Confilerec). Deux jours après le référendum, ces deux pasteurs étaient à la table du président Santos.
La cause de cette dissidence : beaucoup de chrétiens en Colombie n'aiment pas la politique du gouvernement en matière sociétale tels que le mariage homosexuel, l'adoption pour les couples de même sexe, la loi de l'avortement et des initiatives d'éducation inclusive. Ils considèrent également que les accords avec la guérilla favorisent la communauté LGBTI (lesbiennes, gays, bi, trans, intersexués).
La puissance de ces croyants a été sous-estimée dans les enquêtes d'opinions qui prévoyaient la victoire du «oui» ajoute l'article. Or déjà en août dernier des milliers de croyants sont descendus dans les rues de plusieurs villes en Colombie contre"l'endoctrinement hégémonique sur l'identité de genre" exercée selon eux par le ministère de l'éducation nationale. L'Eglise catholique aurait même rejoint le pasteur.
L’accord a été rédigé avec les FARC en "langage inclusif"; selon la novlang actuelle : il parle « des guérilleros et des guérilleras », « des paysans et des paysannes », de « tous et toutes ». Il prévoit des mesures spécifiques pour les femmes et évoque les droits de la communauté LGBTI . Le 24 juillet, la communauté internationale avait célébré « le premier accord de paix au monde qui prend en compte la perspective de genre ». Il n'y a donc pas qu'en France que le Najat Vallaud-Belkacemisme pose problème... On sait que les thématiques sociétales prennent aussi une part croissante dans la rhétorique de la gauche kurde. Au lieu de s'en tenir au vocabulaire classique de la lutte contre les discriminations (sexisme, racisme etc), les organisations de gauche adoptent un vocabulaire qui évoque de plus en plus les excès de la théorie du genre de Judith Butler, et braquent les populations en plaçant de plus en plus souvent au coeur de leur identité la défense des minorités sexuelles au point de les faire parfois passer avant l'égalité économique et même avant la paix. Une forme d'intellectualisme, de scholastic view, qui contribue aussi, ensuite, à la montée des populismes de droite (et en Colombie le principal bénéficiaire en sera Uribe, comme Erdogan l'est au Kurdistan où les votes en sa faveur ont augmenté au cours des dernières années). On ne s'écriera pas "well done old mole !"
Destruction du féminin
L'esclavage sexuel et son business se poursuivent dans les territoires contrôlés par Daesh en Irak et en Syrie. "Nous avons entendu parler d'une femme de 20 ans qui a été brûlée vive parce qu'elle refusait d'accomplir un acte sexuel extrême" déclarait en début de semaine Zainab Bangura, la représentante spéciale du secrétaire général des Nations unies sur la violence sexuelle dans les conflits armés. C'est une entreprise d'asservissement systématique de la féminité. Les viols systématiques, qui relevaient de la propagande de guerre en Bosnie il y a 20 ans, sont devenus une réalité au Congo dans les années 2000 et maintenant sous la férule de Daesh. Après la prise d'un village, les hommes sont tués, les femmes massivement dénudées, pour la fixation de leur prix en fonction de leur beauté, puis revendues plusieurs fois pour quelques dollars.
Il y a quelques mois on parlait d'un système de libération des femmes yadizis d'Irak pour 1 000 à 10 000 euros suivant leur beauté. Les associations qui oeuvrent à ces libérations assurent que l'argent ne va pas à Daesh mais aux tribus qui soutiennent Daesh. J'ignore s'il faut encourager un fund raising dans cette voie, mais on ne voit pas trop ce qui peut être fait de concret à part cela.
Sur un plan plus politique il parait que les USA sont enfin un peu plus ouverts à la coopération avec les Russes en Syrie pour donner les numéros de série des armes de Daesh. Etrange qu'ils n'aient pas su empêcher la prise de Palmyre avec leurs bombardements comme ils l'avaient fait en pays kurde.
Le blog de Christophe Darmangeat
Bon, revenons à un niveau de réflexion un peu plus productif. Je signale à mes lecteurs qui aiment lire et réfléchir sans trop d'a prioris idéologiques sur le fonctionnement de l'humanité le blog de l'anthropologue Christophe Darmangeat. Un de mes correspondant m'en a conseillé la lecture en me faisant remarquer que cet auteur, bien que très à gauche, continue de résister aux folies du constructivisme social qui prétendent réduire toutes les différences sexuelles à un conditionnement de "genre". Cet article entre autres explicite sa position à ce sujet.
L'ensemble de son blog se focalise un peu trop sur la question du masculin-féminin, mais bon, après tout, c'est un thème fort vaste dont dérivent un grand nombre de questions comme par exemple celle de savoir (ici) si l'humanité est de plus en plus violente ou de moins en moins (question qu'on a déjà croisée chez Lawrence H Keeley ou Steven Pinker). Donc il mérite d'être recommandé.
Le choix des mots
J'avais une discussion sémantique hier avec une correspondante dont je peux bien dire un mot ici puisque c'est un sujet que j'ai abordé dans un de mes livres. C'est sur cette "chose" qu'on appelle "l'amour passion".
Comment faut-il le nommer ? Passion ? Le mot fait égocentrique je trouve : on a la passion de la politique, de la chasse aux papillons etc, ça ne fait pas ouvert à l'autre. "Amour parfait" ou "amour véritable" ? Ca fait prétentieux. En fait c'est un amour qui a ses défauts comme toutes les choses humaines : ne serait-ce que parce qu'on fait subir à l'autre de temps à autre ses faiblesses - ses côtés possessifs, son besoin d'être rassuré, ses envies de fuite -. Un amour "véritable" ne devrait rien faire peser sur l'autre, mais l'être humain n'en est pas capable. Faut-il le nommer "amour fusionnel" ? Le terme fait trop "psychologique", et un tantinet méprisant même, péjoratif en tout cas - les pseudo-spécialistes de la psyché diront que ce n'est pas bien d'être fusionnel, qu'il faut "bien doser ses sentiments" etc.
Moi qui ne suis enclin ni à trouver la passion égoïste, ni à lui attribuer aucune perfection, ni pour autant à la dénigrer, car il me semble que c'est un des plus grands biens si ce n'est le plus grand qui puisse être donné dans une vie, je ne saurais trop comment la nommer...
Cela dit il est très fréquent que les aspects vraiment importants de l'existence n'aient pas de mots adéquats pour les désigner, ou qu'en tout cas, une fois qu'on les a bien connus, on trouve les mots conventionnels inadéquats pour les décrire.