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Le blog de Frédéric Delorca

Articles avec #les rapports hommes-femmes tag

"Même Le Pen" de Jean-Luc Le Ténia

6 Octobre 2014 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Les rapports hommes-femmes

En "feuilletant" ce qui s'était fait sur Irène Jacob sur You Tube, j'ai découvert Jean-Luc Le Ténia, dont je n'avais jamais entendu parler auparavant (honte à moi). Wikipédia m'apprend que Didier Wampas l'a proclamé « meilleur chanteur français du monde », ce qui n'est pas étonnant car il y a une parenté de style, et qu'il s'est suicidé en 2011, ce qui n'est pas surprenant non plus.

 

C'est une heureuse découverte car j'aime bien sa façon de composer des chansons courtes, "minimalistes" comme disent ses commentateurs, et sa révolte entre en écho avec la mienne... (une révolte, notez le, qui, chez ce chanteur, va de la pornographie - voyez sa chanson Sciences Po, une façon jouissive de "niquer" les élites - à l'hommage relativement élégant, ou du moins retenu, à la délicatesse - voir la chanson "Irène Jacob").

 

J'aime par dessus tout sa chanson "Même Le Pen" à laquelle, je crois, 80 % des hommes hétéros peuvent adhérer, même ceux qui vivent en couple, même ceux qui sont amoureux. D'une part parce qu'elle est assez représentative du répertoire du chanteur dont elle reflète certains thèmes traités dans d'autres chansons, et, d'autre part, parce qu'elle pousse ces thèmes plus loin me semble-t-il : c'est la meilleure chanson, voire le meilleur texte que je connaisse sur la condition du citoyen mâle dans la société contemporaine. nietzsche

 

Je ne cèderai pas à la facilité féministe d'y voir une image de la masculinité déchue, car je pense que même le mâle dominant du Ier siècle avant Jésus-Christ ou de l'époque de Châteaubriand en son for intérieur aurait pu souscrire dans une certaine mesure aux paroles de cette chanson. "Même le Pen" est la chanson du citoyen mâle, parce qu'elle exprime un trait fondamental de la virilité, qui est le manque de femme (ou de Femme). Pour autant de présence féminine dont il soit entouré, le mâle est par essence en manque d'un quelque chose de féminin qu'il ne peut pas s'empêcher d'appeler "une femme" (et qui probablement en fait n'est pas du tout une femme, mais bon...). Rappelez vous Nietzsche dans "Crépuscule des idoles" (pardon de toujours citer cet auteur) : "Pour comprendre l'histoire de la philosophie, cherchez la femme, vous ne chercherez jamais en vain".

 

La force de Jean-Luc Ténia dans cette chanson, c'est d'exprimer la déréliction masculine non seulement sur le thème du "je cherche la femme", mais dans un jeu de miroirs kaléidoscopiques qui met l'humain mâle aux prises avec une galerie de fantômes épouvantables : ses congénères (en ce sens la chanson est politique, et pousse l'ontologie de la virilité sur le terrain de la citoyenneté). Il passe en revue les pires, les plus absurdes, les plus improbables, de Le Pen à Bokassa, de Bernard-Henri Lévy à Johnny Hallyday. Comme tous les inventaires à la Prévert (ou à la Montaigne) l'énumération crée un effet d'exposition de la diversité humaine qui donne le vertige, et dans ce musée des horreurs ou du non-sens, celle-ci ne ferait qu'accroître le côté angoissant du "je cherche la femme", si l'angoisse ne se tournait en dérision et en rire. C'est à tort, bien sûr, que l'énumération fait croire que toutes ces personnes ont une femme (et à la fin on le voit bien quand Edith Cresson ou une carpette trouvent leur place dans cette foire aux vanités). En fait, elle ne sert à montrer que la solitude du citoyen (citoyen de la France et du monde) dans sa frustration sexuelle et ontologique, dans son impuissance politique autant qu'existentielle (car c'est la capacité de respirer qui est en jeu) à vivre dans un monde qu'il voudrait à son image et qui ne l'est pas. Cette citoyenneté solitaire, minable, tout juste bonne à traîner dans les bistrots est l'envers de la citoyenneté aristocratique, courageuse et stoïque d'un Caton d'Utique, tout en en étant aussi la condition nécessaire (César ne traitait-il pas Caton d'Utique d'ivrogne ?). "Ils ont tous une femme sauf moi" et "tous les guignols ou tous les monstres ont une femme" mais pas moi, n'est certes pas la preuve que je ne suis pas un guignol ou un monstre. C'est juste le signe que je me sens plus écrasé qu'eux, qu'il faudrait que je me mette en branle (pas en branlette), en mouvement - comme dans sa chanson "Quitter le Mans" où il voit bien qu'il faut qu'il change de ville, même s'il ne sait pas pourquoi, et même si ça ne sert sans doute à rien (je repense à la chanson des Innocents "Un homme extraordinaire" - "Sans connaître les raisons qui ont poussé cet homme à vivre dans une autre ville..."). Même les pires des pires ont une femme, et pas moi. Je suis donc le pire, je dois bouger, et cependant je sais que si les pires ont une femme, c'est que les femmes méritent le pire, ou alors qu'il est faux qu'ils aient "plus" une femme que moi... tout cela n'est qu'illusion... sauf la nécessité de rechercher, d'agir, d'avancer, parce qu'il y a du manque, du manque-à-être, la blessure originelle... Il y a tout cela dans cette chanson qui, à mes yeux, relève du pur génie.

 

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Pierre-Henri Gouyon sur l'inné et l'acquis

12 Août 2014 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Les rapports hommes-femmes

Vous savez que je suis un lecteur attentif de la psychologie évolutionniste et un adversaire du constructivisme intégral. Voici une conférence qui permet de préciser un peu les concepts de la génétique.

 

 

 
Pour le plaisir un petit topo de Gouyon aussi sur les OGM :
 
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Encore les soldates chinoises !

7 Août 2014 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Les rapports hommes-femmes

Trois de mes lecteurs hier provenaient du forum ici sur lequel quelqu'un a posté mon article de février 2012 sur la milice chinoise (ici). Cela m'a donné envie de revoir cette vidéo du défilé militaire de 2009.

 

Les femmes sous nos latitudes sont si décevantes à titre individuel à tous égards (bon d'accord, les hommes le sont aussi, mais ce n'est pas le sujet de ce billet), que le regard masculin français va trouver une satisfaction compensatoire à les contempler par "blocs de bataillon" sous des cieux orientaux... Il en admire l'ordre, la puissance, en même temps que le côté décalé (il fallait être chinois pour oser concevoir ces uniformes roses fushia !).

 

Même si le Parti communiste chinois n'avait à son actif que l'organisation de ces défilés et l'entretien de ces formations militaires pour le plaisir de nos regards, cette réalisation à elle seule excuserait toutes ses éventuelles erreurs à la tête du pays le plus peuplé du monde. Dis kai tris to kallon ! (Que ce qui est beau revienne deux ou trois fois !)

 

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Oblativité

20 Juillet 2014 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Les rapports hommes-femmes

saint jeromeIl y a toujours un jour où une femme vous dit : "J'aime que tu me racontes tes projets, tes écrits, que tu partages ça avec moi, c'est une marque de confiance extraordinaire. Continue de m'en parler". Et un jour où cette même femme vous dit : "Tu n'es qu'un égoïste, depuis qu'on se connaît tu ne sais me parler que de tes projets, et moi je n'existe pas dans tout ça".

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Projet de loi communiste sur les questions sexuelles (1933)

11 Juin 2014 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Les rapports hommes-femmes

DSCN5111.JPGA Marseille ce weekend je suis tombé (entre autres choses surprenantes - notamment des révélations sur la plante abortive Artemisia et la reine Artemisia II de Carie - ) au musée de l'histoire de ville, sur la revue "Le problème sexuel" de novembre 1933, qui invitait en couverture à lire en page 38 "notre enquête à propos du projet de loi communiste sur les questions sexuelles et l'avortement".

 

Décidément beaucoup de renvois à la question de l'avortement au cours de ce voyage dans la cité d'Artémis (devenue la "Bonne mère" avec la christianisation).

 

J'ai bien sûr pensé à Alexandra Kollontai, déjà mentionnée sur ce blog, à Clara Zetkin, Danièle Casanova etc. Les grandes heures du féminisme communiste international. Mais je n'avais jamais entendu parler de ce projet de loi. J'apprends ce soir en parcourant le web que la revue  "Le problème sexuel" est parue en 6 numéros de 1933 à 1935, à l'initiative de Berty Albrecht. Denise Albert, que j'avais interviewée à Sevran il y a quelques années et à qui j'avais consacré un petit livre aujourd'hui épuisé, a été la première à me parler de Berty Albrecht.

 

Souvenirs, souvenirs...

 

Allez, une petite vidéo de Marseille, une jolie cérémonie, l'évêque faisait très gouverneur romain...

 

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Le critère d'Adjani

11 Juin 2014 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Les rapports hommes-femmes

paris-match-adj.jpgDans Paris-Match du 28 mai que je lisais ce matin chez mon coiffeur, Isabelle Adjani reconnaît qu'elle a raté sa vie sentimentale dans les grandes largeurs, et dit en soupirant qu'elle envie les femmes qui parlent de leur "ex" (au singulier) en souriant.

 

Si avoir réussi sa vie sentimentale, c'est pouvoir parler d'un "ex" ou d'une "ex" en souriant, alors je suppose que j'ai réussi la mienne, puisqu'il y en a une, au moins une, une qui me vient à l'esprit très spontanément, qui vit à 1 807,7 kilomètres de Paris en voiture  vers l'Est si j'en crois ladistance.fr à qui je pense avec un sourire et qui pense à moi de la même manière. "In spite of everything, i have fond memories of you :) " m'avait-elle écrit en décembre dernier, m'apprenant par la même occasion l'expression "fond memories". J'avais recopié dans le livre "Eloge" son mail d'il y a 15 ans, dans lequel elle proclamait qu'un jour quand elle serait vieille elle regarderait son passé et trouverait dans ses souvenirs la lumière réconfortante de notre passion de l'époque. Il est probable que cette prophétie se réalisera. Car elle et moi "in spite of everything", malgré les colères, les agacements, les tortures, n'avons jamais gâché l'absolue pureté de ce qui nous unissait à l'époque. Même mon livre condamnant "urbi et orbi" cette histoire, n'en a pas altéré la beauté. kmgd.jpg

 

Mais je doute que le critère d'Adjani soit tout à fait pertinent...

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"Journal de l'Amour" d'Anaïs Nin

10 Avril 2014 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Les rapports hommes-femmes

De très belles choses dans le "Journal de l'amour" d'Anaïs Nin. Son rapport à la passion, au corps, mais aussi son refus de la politique, de la pulsion destructrice des hommes, en pleine guerre d'Espagne notamment. Un regard de femme, en défense de la vie, de la création. Beaucoup d'échos en moi à des thématiques sur la féminité auxquelles je réfléchis depuis six ou sept ans.

 

"Un homme qui ne trompe pas sa femme n'est pas un homme" disait Hélène, la femme de Morand (journal du 28 mai 1969). 

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Passion(s) et socialisme(s)

30 Novembre 2013 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Les rapports hommes-femmes

J'aime à écrire sur les femmes trentenaires (par là j'entends les 30 à 35 ans) de notre temps car elles participent pleinement d'un mouvement d'émancipation de notre espèce et de démocratisation de l'amour dont l'origine se situe au XIXème siècle et dont nous ignorons encore tout le potentiel.

  women save

Voilà ce que me racontait récemment une trentenaire à propos d'une amie de son âge, bourguignonne, que nous appellerons Isabelle. Isabelle a vécu un mariage normal, dont elle a eu trois enfants, puis elle a quitté son mari pour son amant. Jusque là rien d'exceptionnel. Sauf qu'après être allée s'installer avec ce denier dansle Sud de la France, elle a découvert que cela se passait mal. Ils se sont séparés (seconde séparation), puis elle est retournée en Bourgogne, et là, elle est tombée amoureuse d'un vieil ami qu'elle connaissait depuis longtemps. C'est une véritable passion et de leur nouvel amour a surgi un embryon dans le ventre d'Isabelle...

 

Sauf qu'Isabelle sera bientôt opérée pour je ne sais quel problème de santé, et elle doit donc subir un avortement thérapeutique. Elle compte désormais les jours qu'il reste à vivre in utero à ce potentiel enfant de l'amour dont tout le capital génétique est là et vit encore mais auquel elle doit renoncer...

 

On peut imaginer quels ont été les sentiments de cette femme encore jeune, les enthousiasmes et les douleurs qu'elle a pu traverser au fil de ses rencontres et de ses ruptures. Les soirées etles nuits qu'elle a passées à rêvasser et réfléchir (peut-êtreplus nombreuses encore que celles à faire l'amour).

 

Tous ces épisodes depuis quinze ans lui ont sans doute donné un sentiment d'intensité (valeur cardinale en Occident, rappelez vous à l'opposé la thèse du philosophe François Jullien selon laquelle la Chine refuse l'intensité), une permanente projection de soi-même dans une philosophie vécue de l'existence, la confrontation à des questions éthiques etc. Tout cela donne au sujet l'impression d'exister à une échelle plus vaste que la simple exécution des tâches domestiques ou professionnelles par exemple, ou que l'écriture de poêmes.

 

J'insiste sur le fait que les femmes ont accédé aujourd'hui à la possibilité de vivre cela, car, si elles n'avaient pas fait le choix de tenter cette aventure existentielle, symétriquement et réciproquement les hommes ne le pourraient pas non plus. Ils ne vivraient aucune passion d'égal à égal et pourraient juste se vanter d'avoir collectionné quelques "conquêtes" moins libres qu'eux et instrumentalisées par eux, comme les les Romains jadis par exemple (voir Paul Veyne sur l'élégie érotique romaine). Le nouvel horizon passionnel des femmes a ouvert symétriquement celui des hommes, et leur donne aussi la possibilité d'une projection d'eux-mêmes dans un investissement de leur sens de la vie sous le signe de sentiments forts et risqués, par lesquels les amants se disent "je t'ai choisi malgré tous les doutes et douleurs du passé et de l'avenir, malgré tous les sacrifices, et A CAUSE des sacrifices". Cette option est d'ailleurs revêtue d'une dimension un peu "rebelle" à l'égard de l'ordre social (qui encourage plutôt les parents à rester ensemble auprès de leurs enfants, à ne pas remettre en cause en permanence leur travail, leur statut etc), quoiqu'une certaine dimension du consumérisme favorise aussi la rébellion. D'une manière générale l'ordre consumériste, dans la mesure où il privilégie l'immédiateté, l'amnésie de chacun sur ce qu'il fut et l'indifférence à ce qu'il sera, la superficialité des inclinations est plutôt hostile à la passion qu'il instrumentalise sans la prescrire aux masses. En ce sens le choix de vie passionnel peut être vu politqiuemet comme une option de résistance potentiellement révolutionnaireet socialiste au sens où je l'entends.

 

Une autre option s'oppose, dans les milieux féministes de gauche (par exemple dans la radicalité libérale de Marcela Iacub), à la passion, c'est le panérotisme anti-sentimental, éventuellement vénal, option qui à ce jour me paraît encore plus difficilement viable comme résistance au capitalisme que l'option passionnelle, parce qu'elle se dissout dans une logique de la rencontre éphémère et de la marchandisation de soi et des autres absolument incompatible avec une construction politique. Elle ne serait possible que dans un environnement néo-stoïcien déjà évoqué dans mes livres mais difficile à mettre en oeuvre.     

 

 

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