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La sexualité en RDA
Lu ceci dans l'Imparfaite :
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"«Plus tôt, plus souvent et mieux!» Voilà comment les historiens décrivent le sexe en République Démocratique Allemande. Ovni politique, le régime communiste a entretenu, à partir du milieu des années 1960 et jusqu’à son implosion en 1989, une autre singularité, plus discrète: une sexualité sans pareille. Un amour libre, égalitaire, imaginatif et –chiffres à l’appui ‒ plus orgasmique que dans les sociétés voisines. La RDA fut à ce titre une exception, entre une RFA «prute» à l’Ouest et le reste d’un bloc communiste tombé dans le machisme soviétique. Le régime socialiste est-allemand a couvé une romance sexuelle aujourd’hui motif d’ostalgie. Pourquoi? La fabrique étatisée d’une sexualité discrètement révolutionnaire a nourri un amour paradoxalement libéré, inspiré d’une sexologie officielle centrée sur l’orgasme féminin. Malgré ses contradictions –petites-bourgeoises et liberticides– ce laboratoire historique a eu le temps de faire ses preuves au monde… et au lit.
Mythe d’une baise morose à l’Est
Durant la Guerre froide, en Allemagne, l’ironie de l’histoire mit liberté et plaisir sexuels du côté du rideau de fer pourtant censé être le plus froid: l’Est. «Quand la première étude comparative entre Allemagne de l’Est et de l’Ouest sur l’expérience sexuelle des étudiantes fut conduite en 1988, les résultats montrèrent –au grand étonnement des experts de l’Ouest– que les filles de l’Est appréciaient bien plus le sexe que leurs voisines ouest-allemandes» ; et Dagmar Herzog de préciser, dans Socialist Modern: «et avaient des orgasmes plus souvent»! suite de l'article dans l'Imparfaite"
Réformer les moeurs
Pour moi, l'équation est très simple : un bon citoyen doit être un bon philosophe, et un bon philosophe doit être un réformateur des moeurs.
Citoyenneté et philosophie, tout le monde comprend ces premiers termes de l'équation depuis la Troisième république : on ne peut s'engager sans une réflexion sur le bien commun, la condition des individus et des groupes, la vie, la mort,le savoir adéquat etc. On ne peut pas, comme certains le croient, se contenter de critiquer le système, les institutions, dénoncer les mensonges, sans expliciter les valeurs que l'on défend et l'ordre social que l'on souhaiterait voir substituer à l'ordre actuel. Or toute cette explicitation requiert nécessairement un travail d'élucidation proprement philosophique sur le sens des choses.
Les autres termes sont moins évidents car le libéralisme nous apprend à ne pas vouloir orienter les moeurs de l'humanité, à plutôt "laisser-faire", et laisser chacun à ses pires penchants, même les plus destructeurs, quitte à mobiliser une armée de thérapeutes en aval, armée de thérapeutes dont le présupposé premier et qu'il faut "adapter" l'individu au fonctionnement de la société. Un "laisser-faire" très hypocrite qui en vérité laisse la place à des conditionnement de masse très dangereux par le consumérisme ambiant.
J'entendais cet après-midi sur une chaîne publique des débatteurs disserter sur la tristesse des Français, le fait que les gens ne rient pas assez, qu'il leur faut des massages pour se porter mieux etc. Il point sous ces discussions des nostalgies pour le temps de nos grands parents où l'on vivait davantage en plein air, où l'on savait moins de chose, où l'on était moins perfectionniste, où l'on culpabilisait moins, et où on rigolait d'un rien après avoir bu un bon verre de rouge qui tache.
Ces discussions petites bourgeoises passéistes et frileuses ne font qu'entretenir le pessimisme des gens et leur morosité.
Le tropisme petit-bourgeois et conformiste est extrêmement fort quel que soit le sujet qu'on aborde. Prenez les religions par exemple. On veut qu'elles se renient. On veut les "adapter" au système social actuel, tout comme les individus : il faut absolument que le pape reconnaisse la nécessité du préservatif (quelle rigolade...), la légitimité du mariage gay, et la nocivité pour la santé de l'abstinence (une nocivité pourtant complètement non démontrée et qui n'existe souvent qu'à cause de la condamnation sociale dont l'abstinence fait l'objet). Le codicile est qu'il faut aligner le christianisme sur le système petit bourgeois consumériste. Il n'y aura pas de grand éditeur pour ouvrir son catalogue, ni de chaîne de TV pour ouvrir ses ondes à un auteur qui prônerait au contraire un christianisme plus radicalement chaste comme celui des encratites par exemple, ou à l'opposé un christianisme collectiviste qui prônerait un communisme sexuel adamite, voire un christianisme qui prônerait la fabrication de robots anthropomorphes et accepterait l'accouplement avec ceux-ci. Or ouvrir les ondes et les bibliothèques à ces tendances-là serait du plus grand intérêt pour la réflexion sur ce que peut être l'humain et sur ce qu'une religion peut prôner tout en étant fidèle à ses principes initiaux (or mon intuition est que les corpus religieux du fait de leurs contradictions internes sont beaucoup plus souples qu'il n'y paraît et ouverts aux interprétations les plus audacieuses).
Voyez l'Islam aussi. On veut depuis plusieurs décennies pousser cette religion à abandonner la polygamie, qui, dans sa version traditionnelle, semble avoir consititué effectivement un carcan pour tout le monde (hommes, femmes, enfants) si j'en crois certains témoignages africains notamment. Pourquoi ne donnerait-on pas la parole à des auteurs favorables au contraire au maintien de la polygamie et à son évolution ? Au nom de la souveraineté de la femme, dit-on, de sa liberté, de ses droits. Mais d'où sort-on que la polygamie est nécessairement contraignante pour les femmes ? Les concubines du "musulman polygame de Nantes" (lesquelles étaient, je crois, au moins pour partie des chrétiennes ou athées converties) qui a défrayé la chronique cette année n'avait pas l'air de l'entendre de cette oreille. Pourquoi ne pas imaginer une polygamie "libre" éventuellement tolérante aussi à l'égard de l'adultère féminine ?
Le débat dans les sphères religieuses artificiellement structuré autour d'une cassure entre soi-disant "conservateurs" (traditionalistes) et "modernistes" (c'est-à-dire petits bourgeois soumis au consumérisme ambiant) est triste et pusillanime. Il l'est aussi hors du champ religieux, dans la sphère laïque où pourtant aucun principe théologique ne retient la pensée.
Quand on pose la question de la tristesse des Français, de leurs inquiétudes, personne dans les grands médias ne soulève en arrière-plan l'interrogation sur une réforme radicale des rapports intersubjectifs, des structures familiales, du cadre professionnel etc.
C'est sur ce terrain là que je voudrais placer mon prochain livre, et peut-être une bonne partie des billets de mon blog l'an prochain si ce blog existe encore...
Actualisation 2019 : Je désavoue complètement le contenu de cet article.
La cause des mâles
La gauche est née au 18ème siècle en Europe autour des idées d'égalité, de liberté, qui ne peuvent qu'être des idées universelles et non communautaristes. Au contraire le communautarisme était, à l'époque, cultivé par les réactionnaires (les nobles bretons et béarnais qui refusèrent de iéger aux Etat généraux français par exemple en 1789).
Toutefois cet universalisme pour ne point cautionner la loi du plus fort et défendre l'égalité concrète doit se tenir à l'écoute de certaines identités opprimées. Autrement dit, je ne veux pas qu'au nom d'un universalisme abstrait on laisse l'Albanais privé de la reconnaissance de sa langue (dans la première Yougoslavie de 1918), ni le Serbe ou l'Abkhaze privé de son droit à faire connaître sa version de l'histoire (en Europe en 1999 et jusqu'à aujourd'hui), comme je ne veux pas qu'au nom d'une laïcité abstraite le musulman soit stigmatisé comme étranger (dans la France des années 2000). Et je ne veux pas non plus que le communautarisme - régionaliste, religieux ou autre - devienne l'auxiliaire d'un Empire gobal - comme Esquerra republicana de Catalunya qui demande à Madrid de reconnaître le Kosovo (voir l'intéressant article d'El Mundo sur la méfiance des Etatuniens à l'égard de l'Espagne de Zapatero telle que la révèle Wikileaks).
Aujourd'hui l' "identité" masculine (on devrait plutôt dire les "particularités" masculines pour autant qu'elles constituent des éléments identitaires dans les interactions quotidiennes) fait-elle partie de ces "traits communautaires" (pour aller vite on considèrera que les traits masculins comme les pratiques linguistiques peuvent fonder des sentiments communautaires) opprimés dans la culture contemporaine ?
La question mérite un article de sociologie approfondi. Faute de temps, je me contenterai d'un billet. Elle fait partie des thèmes qui, à gauche, comme la question nationale, ou la question de la démocratie, sont traités sur le mode de la honte, du refoulement, du déni de réflexion - ce qui explique que sur la question des genres on aime mettre au premier rang des écervelés à la Clémentine Autain qui réciteront le catéchisme politiquement correct à la mode. A ce jour ceux qui ont posé la question (généralement pour la caricaturer) se retrouvent à droite ou à l'extrême droite (pensons à Zemmour par exemple).
Quelques constats. 1) La société reste assez largement patriarcale (ne serait-ce que dans la sédimentation des héritages culturels du passé), et le système capitaliste maintient une supériorité matérielle des hommes (salaires plus élevés, meilleur accès aux fonctions de directions), laquelle, couplée à la supériorité physique (stature corporelle qui reste en moyenne plus élevée), est une source de violence (voir les violences conjugales, la thématique du viol récemment remise sur le devant de la scène etc) 2) Les femmes ont accompli en Europe des progrès symboliques décisifs : émancipation de leur culture et de leur condition professionnelle, travail très important de culpabilisation du mâle pour les siècles de domination qu'il a imposée (une culpabilisation à celle que l'on adresse à juste totre au colonialisme par exemple).
Le résultat de ce double mouvement est que, si les mâles gardent une position dominante dans l'accès à la domination économique, ils traversent une crise culturelle profonde qui se traduit notamment par une incapacité croissante à prendre une place dans l'éducation des enfants.
Lisons deux secondes cette présentation (stupide mais quand même révélatrice de quelque chose) du magazine Elle :
"Que n'a-t-on dit sur les pères ? Démissionnaires, perdus, trop papas poules. Stop aux clichés. Les nouveaux papas réinventent chaque jour leur rôle"
Il est chic (et aussi chic que vain) de contrer les clichés avec d'autres clichés. Mais tout de même, les deux premiers mots choisis pour désigner la façon dont les pères sont couramment perçus "Démissionnaires, perdus" disent quelque chose de vrai et de profond. Le phénomène des pères démissionnaires, la disparition des pères dans l'éducation des enfants, existe, il est massif, et il dit quelque chose de la crise de l'identité masculine. Ce n'est pas qu'avant les pères aient été plus attentif à l'éducation de leurs rejetons, mais la société indexait plus spontanément les valeurs de l'éducation à l'imaginaire masculin : même un enfant instruit par une femme apprenait à travers cette femme à respecter les valeurs et l'imaginaire de son père, ce qui est loin d'être le cas aujourd'hui.
Ma position a toujours été que les groupes qui ont été en tort historiquement et qui ont exercé une domination injuste doivent être condamnés pour cette domination sans que cela entraîne automatiquement la disqualification "par essence" de ce qu'ils sont. Par exemple la France peut être condamnée pour ses crimes coloniaux sans que cela disqualifie la grandeur de ce qu'elle a apporté au monde tout au long de son histoire. Et les crimes du nazisme ne doivent pas vouer à l'opprobre l'ensemble de la culture allemande.
Il en va de même pour les traits masculins qui, n'en déplaise aux constructivistes radicaux, ne sont pas seulement des constructions culturelles - la testostérone est bien une hormone prédominante chez les hommes et qui entraîne des caractéristiques de comportement partout et à toutes les époques.
La culture masculine est une culture qui a sa noblesse propre, et dont les caractéristiques doivent être valorisées.
J'entends bien que sous des cieux démocratiques, alors que les machines prennent en charge les travaux pénibles, et qu'un niveau d'intellectualisation supérieur est impliqué par la complexification des pratiques sociales, tout un pan de la culture masculine est aujourd'hui disqualifié : celui qui est lié à la brutalité, à l'agressivité physique, musculaire, une certaine grossièreté virile pour parler vite.
Mais il est d'autres traits dominants du caractère masculin qui me paraissent précieux et dont il faut défendre la place dans la société contemporaine : c'est notamment le cas de cette propension que nous, les hommes, avons, à explorer des territoires nouveaux, à conquérir des espaces vierges. La psychologie évolutionniste l'impute au partage des rôles dans la préhistoire entre un homme chasseur et une femme plus préoccupée par le soin de la progéniture. J'ignore si c'est vrai. D'autres parlent de "néoténie psychique" qui fait que l'homme reste plus enfant et plus aventurier (un thème aussi controversé, un prof au Collège de France l'a contesté récemment, mais son livre très "politiquement correct" ne me convainc pas). Je pense pour ma part que cet esprit de découverte que nous avons existe, il est plus ancré chez nous que chez les femmes, et nous le maîtrisons bien mieux, avec plus de style, plus de constance que les femmes. C'est ce qui fait que nous sommes plus portés vers la philosophie et vers la création de très haut niveau (en matière musicale, en peinture etc). Il nous confère une haute capacité d'abstraction, que nous payons ensuite, certes, d'une certaine inaptitude à prendre soin de détails du quotidien, mais c'est une inaptitude que nous devons assumer fièrement : il n'y a aucune raison pour qu'on nous culpabilise pour ce trait essentiel de notre être. Je crois que cet esprit de conquête qui se sublime si bien sur le terrain des idées et de l'abstraction, est lié à nos caractéristiques sexuelles. Le mâle a une sexualité tournée vers l'extérieur, qui le voue à pénétrer des espaces, tandis que la femelle, qui accueille en son intériorité, est nécessairement plus attentive à la défense et à l'organisation de celle-ci (même si on trouvera toujours des contre-exemples individuels de femmes plus masculines, plus conquérantes, et de mâles féminisé très attentifs à leur petit espace quotidien, ce qui est bien sûr tout aussi légitime, mais minoritaire...).
Je ne vois pas l'intérêt que l'on trouve à nier ces caractéristiques, ces différences. Je crois qu'il faut au contraire les valoriser, leur accorder toute leur place dans la culture contemporaine.
J'entends bien que les femmes sont assez peu prêtes à accepter les hommes tels qu'ils sont, et à valoriser leurs particularités. Après avoir fait admettre leurs propres traits culturels, elles s'enferment dans un dogmatisme étonnant que reflète toute une littérature féminine contemporaine hostile aux hommes soit disant irresponsables, volages, tête en l'air, peu précautionneux, incapables d'assumer leurs engagements etc.
Je ne sais si ce dogmatisme féminin "mysandre" (comme on dit dans le beau langage) durera encore longtemps. Si tel est le cas, il pourrait vouer les deux sexes à une logique d'apartheid, ce qui est déjà largement le cas aujourd'hui et l'a été souvent dans l'histoire du monde : le confucianisme faisait de la séparation des sexes une règle absolue, Montaigne en a fait l'éloge, et de fait l'organisation sociale traditionnelle créait beaucoup moins d'interactions entre hommes et femmes que la société actuelle. L'important est en tout cas d'accepter les choses sans tabou, de ne pas se laisser impressionner par un terrorisme intellectuel, terrorisme du ressentiment, qui tente de vous culpabiliser dès que vous essayez d'être fier de ce que vous êtes. La fierté masculine est aussi légitime que la fierté féminine. Il faut construire et reconstruire sans relâche de l'imaginaire viril autour de cette fierté et lui laisser occuper une place dans ce qui est transmis aux enfants. Rien ne serait plus bancal et médiocre qu'un monde qui ne reconnaisse plus que la légitimité exclusive des valeurs féminines.
Quand le porno n'était pas encore du gonzo
Pardon aux yeux sensibles qui ne souhaiteraient pas s'abîmer sur d'aussi viles considérations, mais je dois dire un mot de ce thème qui préoccupe beaucoup de jeunes gens : le porno a-t-il régressé ou progressé sur un plan qualitatif dans le monde occidental ?
Je regardais récemment des films de Vintage des années 1970-80. C'était le temps où le porno racontait des histoires, même des histoires kitsch, stéréotypées, c'était sans importance. La libération sexuelle était encore entourée d'une petite dose d'aura mystique. Une petite musique accompagnait obligatoirement toute scène d'accouplement. Les dames avaient un pubis normalement velus, les poitrines n'étaient pas siliconées, les ventres pas tatoués, il n'y avait pas de piercing inopportun, les hommes ne s'épilaient pas. Ils bandaient déjà avant le début de la fellation, ce qui traduisait malgré tout un certain enthousiasme perdu chez les acteurs du X, ou du moins une moindre surexploitation...
C'était aussi le temps où il y avait encore des lieux pour la pornographie : ces improbables cabines de sex shops à pièce de la rue saint denis qui puaient l'eau de javel (c'est étrange d'ailleurs qu'elles existent encore, tels des vestiges du vieux Pairs), les boutiques de locations de vidéos. Le X procédait d'une certaine extériorité spatiale, il fallait au moins se lever et atteindre son magnétoscope pour visionner une nouvelle cassette. Tout n'était pas donné sur votre écran d'ordinateur entre deux discours d'Asselineau et au milieu de l'élaboration d'un tableau Excel.Le X avait un statut "territorialisé" dans une existence organisée en sphères séparées.
Bon, je ne nie pas que des progrès importants ont été accomplis dans la technique de la prise d'images et l'art de mettre en scène les corps comme le montreront les deux clips suivants (exercice de collégiens, rédaction pour la semaine prochaine : comparez ces deux vidéos à 30 ans d'intervalle). Mais bon justement, à force de maîtriser la technique, on fait toujours la même chose, on ne différencie plus beaucoup du X italien du X étatsunien, on ne risque plus d'être surpris par une parodie de peplum antique ou une scène dans un monastère (le contexte culturel ou même émotionnel est devenu à ce point superflu). Seule la fascination pour l'éclat des corps compte selon une chorégraphie parfaitement stéréotypée. Un peu triste quand même.
Amours russes
Je lis ce matin par hasard dans Ria Novosti :
"Un ... de mes vieux amis, un journaliste télé de 33 ans, m'a récemment parlé d'une collègue qu'il aimait bien. Il lui a demandé de sortir avec lui à l'ancienne, un mercredi pour le vendredi. Et il le lui a demandé en personne, pas par Facebook ou par sms. Il avait déjà pensé à son restaurant favori auquel il voulait l'emmener. " Pourquoi ne va-t-on pas simplement chez toi ou chez moi pour coucher ensemble ?", répondit la fille. Horrifié, mon ami a abandonné l'idée complètement. " Dans ces conditions, cela n'avait aucun attrait pour moi ", dit-il. " Je voulais d'abord la connaître".
Je ne sais pas exactement ce qui a motivé la conduite de cette fille – s'il s'agissait d'un appétit sexuel vorace ou du fait que, tout simplement, elle n'était pas intéressée par mon ami sauf bizarrement pour coucher immédiatement avec lui.
Quoi qu'il en soit, je pense qu'au fond d'elle-même, cette fille tout comme les autres consommateurs de relations rapides, recherchent l'amour et rêvent de trouver LA bonne personne. En réalité, aujourd'hui, nous recherchons l'amour plus que jamais dans l'histoire de l'humanité quand l'amour n'était pas un ingrédient du mariage et que les gens avaient de faibles attentes et un choix drastiquement réduit.
Peut être aussi est-il vrai que ma génération est un peu perdue sans entremetteuses de confiance autour de nous à l'exception des réseaux sociaux et de leur myriades de gens (seulement virtuellement) disponibles."
Dans ce pays où la natalité est en berne, on se torture beaucoup l'esprit sur le thème "est-ce qu'il y a de l'amour chez nous ?", ou "est-ce qu'on a la bonne façon de s'aimer ?". A preuve encore ce sondage de février 2009, et les multiples articles sur la disparition ou la réapparition de l'amour entre le Dniestr et Sakhaline. Signe aussi du fait qu'ils se demandent encore quelle est la "bonne attitude" à adopter devant le monde de la consommation et du libéralisme qu'ils connaissent depuis moins longtemps que nous. Ils veulent des cours là-dessus, du coaching, ils ont peur d'avoir faux. Ils se demandent comment font les Français, et les autres occidentaux. Le symptome d'une faiblesse intrinsèque. Les Etatsuniens, eux, ne se posent pas ce genre de question. Ils font du consumérisme décomplexé (du moins sur les campus des facs, pour le prolo du Mississipi ou pour le quadra en famille ça doit être plus compliqué, mais eux non plus ne se demandent pas comment font les Russes et les Français).
Un géographe qui voudrait se faire nom devrait publier un Atlas de l'amour dans le monde, si ça n'a déjà été fait.
La ley del deseo
Je ne sais pas pourquoi quand j'ai cliqué sur mon blog, la barre en haut me proposait des blogs que j'étais susceptible "d'aimer aussi". Le premier blog de la liste était celui-ci, "le blog de Ludivine". Rien à voir pourtant avec le présent blog. Pourquoi Overblog le propose-t-il ? J'en ai lu les premières pages. Je l'ai trouvé horrible. Je trouve atroce que des gens puissent s'infliger pendant 15 ans ce que cette femme raconte. Certains passages me rappellent quelques souvenirs personnels. Mais heureusement je ne suis jamais allé aussi loin que ce qui nous est raconté là. En même temps on ne peut pas dire que ça n'arrive qu'aux autres, que ce ne sont pas que des histoires de paumés. Nous sommes nombreux à pouvoir être hapés dans les engrenages décrits là, à ne pas pouvoir dire "ce ne sera jamais moi". Le plus étrange est que beaucoup vous diront qu'on n'a pas "vraiment vécu" si l'on n'a pas connu au moins une part de la folie que ce blog raconte. Et pourtant je connais beaucoup de gens qui vivent très bien sans ça, qui ne comprendraient même pas qu'on puisse se torturer dans des schémas de cette sorte. Affaire d'hormones, de construction de l'enfance. Qui est le plus homme ? Celui qui collectionne des maitresses sur fond de mensonge ou celui qui élève tranquillement ses gosses en allant bricoler au fond de son jardin quand la vie de famille lui pèse un peu trop ? Qui est le plus femme ? La bonne mère sans histoire ? La croqueuse d'hommes qui collectionne les vîts ? L'éternelle maîtresse de l'homme éternellement fuyant comme cette Ludivine et ses fantômes atroces ? "Tout est dans la nature, même l'anti-nature" comme disait le divin Marquis. Certains destins humains font quand même froid dans le dos.
MacKinnon prend des rides
On se souvient du travail considérable de la féministe MacKinnon pour attiser la haine anti-serbe pendant la guerre de Bosnie à propos des viols commis par les paramilitaires au cours de ce conflit (une campagne qu'a relayée en France Mme Elizabeth Badinter). On peut dire que, par delà le contexte balkanique, l'action de MacKinnon a ancré dans l'opinion publique une certaine vision de la condition féminine au milieu des guerres, ce qui a fait le délice des chercheurs en Gender Studies. Le conflit des Grands Lacs aussi a donné matière à réflexion dans ce sens.
Mais aujourd'hui ressortent des informations pour le moins intriguantes. "Une étude menée par des scientifiques américains parmi la population de l’Est du Congo remet en question l’image traditionnelle des violences sexuelles exercées par les hommes contre les femmes" apprenait-on le 9 août dernier sur le site IRIN.
Voici encore ce qu'on y lit :
"Selon l’article publié dans le Journal de l’Association médicale américaine (JAMA) le 4 août, les enquêteurs ont fait du porte à porte afin d’interroger près de 1 000 villageois au Nord et au Sud-Kivu et en Ituri en mars dernier. Contrairement aux études qui s’appuient sur des survivants de violences sexuelles bien identifiés, cette étude avait pour but d’évaluer les effets du problème sur l’ensemble de la population de l’Est du Congo.
Les résultats confirment que les violences sexuelles sont couramment utilisées contre les civils – y compris les hommes – depuis le début de la guerre dans la région, vers le milieu des années 1990. Près de 40 pour cent des femmes et plus de 23 pour cent des hommes interrogés ont signalé avoir été victimes d’agressions sexuelles, le viol principalement.
C’était la première fois qu’une étude demandait à des survivants le sexe de leur agresseur : 41 pour cent des femmes et 10 pour cent des hommes ayant survécu à des violences sexuelles liées au conflit ont dit que l’agresseur était une femme."
Les femmes ne sont donc pas les seules victimes des guerres, et les hommes ne sont pas les seuls agresseurs. Voilà qui donne à réfléchir. Cela me rappelle les propos très censés de de Nira Pancer qui dans son livre "Sans peur et sans vergogne : De l'honneur et des femmes aux premiers temps mérovingiens" rappelait que si le statut des femmes dans la noblesse franque était précaire, il fallait rappeler que c'est l'ensemble des statuts sociaux des deux genres qui étaient à l'époque instables et mal définis. Replacer les choses dans un contexte élargi a toujours du bon.