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Le blog de Frédéric Delorca

Articles avec #peuples d'europe et ue tag

Assassinat d'une députée dans le Donbass

7 Décembre 2022 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Peuples d'Europe et UE

Maria Pirogova, membre depuis 2018 du Conseil populaire (parlement) de la République populaire de Donetsk a été tuée hier dans la capitale de cette république devant la maison de la jeunesse par un tir de missile de l’armée ukrainienne.  Sept autres civils de cette ville au moins ont été tués ce jour là.

« En 2014, alors qu’elle n’avait que 29 ans, elle a commencé à aider les gens. Elle rassemblait des choses, les livrait elle-même aux personnes dans le besoin, et n’avait pas peur d’aller dans les endroits les plus dangereux pour aider les autres », a écrit le président par intérim Denis Pouchiline sur sa chaîne Telegram, faisant l’éloge de la défunte politicienne comme étant « l’incarnation de la gentillesse » avec un « talent exceptionnel pour faire le bien. » Selon le maire de la ville, Aleksey Kulemzin, les troupes ukrainiennes ont frappé un centre d’affaires, un marché, l’arène du Donbass, un complexe sportif, plusieurs centres commerciaux, une gare routière, une cathédrale, le bureau du procureur local et plusieurs immeubles résidentiels. Cela arrive presque quotidiennement.

Pirogova s'était investie dans des actions humanitaires dans la région au cours des jours précédents. Elle était diplômée de l'école de musique (on peut entendre une de ses performences ici), et avait épousé un membre des paramilitaires du Donbass Alexander Hereskulov, 30 ans.

Les partisans du régime de Kiev célèbrent la mort de cette jeune femme comme un "juste karma" (sic) parce que sa mère, Maya, une journaliste à la télévision s'était réjouie du "nettoyage" de Marioupol au moment de la prise de la ville. Maya Pirogova avait déjà été pointée du doigt en mars 2021, quand le gouvernement de Kiev tirait prétexte de sa présence dans la délégation du gouvernement de Donetsk pour refuser de négocier.

L'image du bombardement est ici. Elle laisse entrevoir la possibilité d'une frappe "ciblée".

Ce ne serait pas la première dans ce cas. Quatre des hauts responsables pro-russes dans le Donbass ont été tués dans des explosions en une journée en septembre, lors d'une vague d'assassinats.

Le mois dernier, l'administrateur pro-russe de Kherson  a été tué dans un mystérieux "accident de voiture".

Vladimir Poutine a décerné aujourd'hui à Maria Pirogova l'Ordre du courage à titre posthume.

Vadim Lobuzov, un rockeur, et le juge Viktor Isaev ont aussi été tués à Donetsk le 6 décembre.

 

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L'Arme et la Paix n°45, dossier sur l'Ukraine avec notamment mon article

6 Décembre 2022 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #ICD, #Actualité de mes publications, #Peuples d'Europe et UE

On trouvera dans le dernier numéro de l'Arme et la Paix, Journal biannuel édité par l’association Initiatives Citoyenneté Défense (novembre 2022) gratuitement accessible ici un intéressant dossier sur la guerre d'Ukraine.

Au nombre des contributions, une interview du lieutenant-colonel de réserve Maurice Pytkiewicz, un article de Jacques Fath, et une analyse de votre serviteur que j'ai intitulée "La plaie ukrainienne, le résultat de tendance lourdes".

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L'amitié serbo-azerbaïdjanaise

26 Novembre 2022 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Peuples d'Europe et UE, #Le monde autour de nous

L'Azerbaïdjan n'a pas bonne presse en France du fait de son conflit avec l'Arménie (voye par exemple la prise de position de M. Estrosi ici). Pour autant, si la guerre qui oppose ces deux pays autour de l'avenir du Karabakh présente des aspects très violents que l'on n'a pas manqué de dénoncer sur ce blog, on ne peut négliger le fait que la donne est assez complexe. Il n'y a pas d'un côté les gentils et de l'autre les méchants. Les Arméniens qui se sentent à l'étroit dans leurs frontières actuelles ne sont pas dépourvus de visées expansionnistes, du côté du Caucase notamment. Et, si l'Azerbaïdjan présente l'inconvénient sérieux d'être une dictature, son rôle ne peut être réduit à celui de simple valet de l'impérialisme américano-sioniste comme parfois l'Iran l'a laissé entendre.

Un élément de nuance au thème de l'alignement de Bakou sur Washington est par exemple la grande amitié qui lie la Serbie à l'Azerbaïdjan. Les visites mutuelles de chefs d'Etat entre les deux pays se sont multipliées, et celle du président Ilham Aliev à Belgrade cette semaine fut l'occasion de le rappeler, avec l'inauguration le 23 novembre d'un monument à la mémoire de son père, Heydar Aliyev, ex dignitaire soviétique qui avait visité la Yougoslavie au nom du Politburo du PCUS en 1986. L'amitié entre les deux peuples remonte notamment à la participation de la 223e division de l'Armée rouge, formée d'Azerbaïdjanais, à la libération de Belgrade de l'occupation fasciste en 1944. Les deux pays sont engagés dans un partenariat stratégique pour un couloir énergétique, et Bakou refuse toujours de reconnaître le soi-disant Etat du Kosovo.

On notera aussi que Bakou, qui, comme Belgrade, entretient de bons rapports avec Poutine pour le maintien de la paix au Karabakh, n'a pas pris part aux votes de l'ONU sur l'Ukraine en mars et en octobre.

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Crise énergétique en Moldavie et Transnistrie

22 Novembre 2022 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Peuples d'Europe et UE, #Transnistrie

Le président transnistrien Vadim Krasnoselsky, a adressé ce jour 22 novembre aux secrétaires généraux de l'ONU et de l'OSCE une lettre dans laquelle on lit notamment :

"En octobre 2022, pour des raisons indépendantes de la volonté de la partie pridnestrovienne, les volumes d'approvisionnement en gaz naturel de la Moldavie et de la Pridnestrovié ont été réduits. Dans ces conditions, les dirigeants moldaves, en violation flagrante des obligations contractuelles, ont pris la voie du retrait illégal d'une partie du gaz naturel fourni destiné à la Pridnestrovié. Donc, à l'heure actuelle, au lieu des 3,9 millions de mètres cubes prévus par le contrat. m de gaz par jour, notre république ne reçoit pas plus de 2,3 millions de mètres cubes. m par jour.

Dans le cadre des actions illégales du gouvernement moldave, depuis le 21 octobre 2022, l'état d'urgence dans l'économie a été introduit en Pridnestrovié, les entreprises industrielles de base ont été arrêtées, les transports publics ont été arrêtés et la température dans les locaux des équipements sociaux a été abaissé dans les conditions du début de la saison de chauffage. L'approvisionnement en électricité de la Moldavie, qui était la source de revenus la plus importante pour le budget transnistrien, a été contraint de s'arrêter."

Krasnoselsky y souligne aussi que la frontière transnistro-ukrainienne est fermée depuis février et que Tiraspol reste neutre dans le conflit entre Kiev et Moscou.

La crise énergétique est loin de ne frapper que la Transnistrie/Pridnestrovie. La situation de la Moldavie n'est pas non plus reluisante.

L'électricité fait défaut. La Roumanie a déjà fixé un prix plafonné à 450 RON par MWh pour l'électricité vendue à la Moldavie dans le cadre de contrats bilatéraux - mais de tels contrats sont rares, et finalement, le négociant en électricité moldave Energocom a dû exploiter le marché journalier plus cher afin d'acheter de plus gros les montants. En octobre, une capacité de transfert vers la Moldavie (Isaccea-Vulcanesti) a été mise en service, tandis que la Roumanie dispose également d'une capacité de 125 MW vers l'Ukraine, qui peut être allouée à la Moldavie, mais elle a été suspendue provisoirement le 15 novembre du fait du bombardement des infrastructures ukrainiennes par les russes.

Du côté du gaz, le russe Gazprom n'a livré en novembre que 51% des montants contractuels, et la part dédiée à la Moldavie proprement dite (la région sans la Transnistrie) est d'environ un tiers - 54 millions de mètres cubes - quelque 36% du montant contractuel. Le prix du gaz a été multiplié par 7 en un  an. La présidente moldave était hier à Paris pour une réunion de la plateforme de soutien à son pays, organisée par la France, l’Allemagne et la Roumanie.

Les hommes d'affaires et politiciens en fuite Vlad Plahotniuc (Parti démocrate en ce moment plutôt à gauche) et Ilan Shor (qui finance la droite), eux, tirent profit, dit la presse roumaine, des pénuries pour organiser des rassemblements de masse contre le gouvernement pro-UE à Chisinau, prétendument sous la coordination d'agences russes. Signe des temps, Marcel Ciolacu, du parti social démocrate roumain, président de la chambre des députés, en compagnie de l'ex-ministre de la défense Vasile Dîncu ont assisté hier au congrès du Parti démocrate moldave de Plahotniuc qui fait bloc derrière le maire de Chisinau Ion Ceban, officiellement pro-européen, mais qui pourrait être plus proche de Moscou que l'actuelle présidente moldave Maia Sandu.

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L'inquiétante ruée vers le lithium

30 Octobre 2022 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Le monde autour de nous, #George Soros, #Bill Gates, #Peuples d'Europe et UE

Le lithium est partout : dans les smartphones, les voitures électriques, les panneaux solaires, et même les sous-marins chinois. Résultat : la demande mondiale de lithium était d'environ 350 000 tonnes en 2020, elle sera six fois plus importante en 2030.

La filière lithium-batteries est un El Dorado, et pourrait le rester, sauf si une alternative à ce métal est trouvée - George Soros, grand financeur du Parti démocrate américain, de la woke culture, et des révolutions de couleur, a investi 4,6 milliards de dollars dans une start up qui travaille sur les batteries à semi-conducteurs en 2021, avant d'acheter des parts dans l'entreprise Tesla de son soi-disant adversaire politique Elon Musk (lequel vient de racheter Twitter), qui construit des voitures électriques, ce que Bill Gates se refuse toujours à faire. D'ailleurs Soros ne se contente pas de financer la recherche : il a aussi des parts dans la firme minière australienne Piedmont lithium Inc fournisseur de Tesla qui travaille au Ghana, en Caroline du Nord,  au Québec (il sera intéressant de parler dans un autre article de son bras de fer avec un géant israélien du diamant autour de la mine de Simandou en Guinée, mais c'est un autre sujet). La Chine qui raffine 65 % du lithium mondial mais moins de 25 % des ressources en minerais cherche à acquérir des mines en Amérique du Sud (Ganfeng a investi en Argentine) et en Afrique (Sinomine Resource au Zimbabwe).

Problème : il faut extraire le lithium des cailloux ou des fluides, et cela ne va pas sans poser de grosses difficultés.

La mine de lithium de Jadar (cédée à Rio Tinto) en Serbie (qui vient de recevoir 160 millions d'euros de l'UE en remerciement de son vote anti-russe le 12 octobre à l'ONU sur l'Ukraine), provoque le scandale vu le risque de destruction d'un écosystème et d'expropriation des paysans.

Aux Etats-Unis (2 % de la production mondiale), on l'exploite au Nevada, le nouveau projet minier de lithium le plus proche d'aboutir, Thacker Pass, dans le même Etat se trouve sur une terre sacrée des Indiens et nuirait aux éleveurs locaux. Des actions en justice sont en cours.

Au Chili, en Argentine, en Bolivie (qui prétend fabriquer des batteries et pas seulement fournir des minerais), pour extraire 1 tonne de lithium, il faut 1 million de litres d'eau (2 millions dit même Euronews), et pour une batterie d'une voiture électrique Zoe il faut la consommation d'eau de 500 personnes pendant un an, selon François-Xavier Piètri, éditorialiste Economie sur divers grands médias. Dans cette partie du monde en effet (près de 60 % de la production mondiale de lithium brut), il est extrait de salines (et non de la pierre comme en Australie).

Au sein de l'Union européenne qui dépend beaucoup des importations transocéaniques en la matière (ce qui est aussi funeste pour l'environnement), les réserves commencent à être évaluées avec la publication en 2021 par le projet GeoERA de cette carte.

La Tchéquie est en pointe. En France, la presse officielle vante ses propres réserves de lithium : " La France compte être plus vertueuse (que l'Amérique du Sud), explique France Info, avec notamment un projet dans l'Allier sur une ancienne carrière, ou en Alsace (qui ne figure pas sur la carte ci-dessus), où la solution pourrait venir de la géothermie (...) Aujourd'hui, l'eau chaude des sous-sols est puisée, transformée en énergie et réinjectée. Une technologie à l'étude permettrait de capter les atomes de lithium, avant de renvoyer l'eau dans le sol."

A supposer que le problème du coût en eau puisse être résolu, il y a aussi celui du recyclage. En ce moment la réglementation européenne n'oblige à recycler qu'à hauteur de 50 % d'une batterie, ce qui ne rend pas le recyclage viable économiquement. La question va devenir épineuse en 2030 quand la politique autoritaire en faveur des voitures électrique conduira la France à devoir recycler 2 millions de tonnes de batteries. Aujourd'hui après calcination et destruction, ces batteries laissent toujours 2 % de résidus que l'on finit par enterrer. On voit le risque environnemental quand cela portera sur des millions de tonnes.

N'y a-t-il pas là un effet pervers de l'emballement politique pour le tout-électrique et la diabolisation du carbone alors que rien n'est prévu pour la gestion à long terme des conséquences de ces investissements désordonnés ?

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