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Igor Smirnov décoré en Transnistrie
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Du temps où j'étais en Transnistrie, le président était Igor Smirnov, et déjà son Soviet suprême était présidé par l'opposition. Son clan a été expulsé du pouvoir juste après, mais il semble que tout cela soit demeuré très consensuel, puisque l'ancien président qui a maintenant 82 ans s'est vu décerner il y a trois semaines, le 23 octobre, l'Ordre de G. A. Potemkine-Tavrichesky, par l'actuel président Vadim Krasnosselski. "Je souhaite que Dieu vous bénisse, que vous soyez témoins de la reconnaissance de la République Moldave Pridnestrovienne et que vous vous réjouissiez des fruits de votre activité" a dit le président.
Par contre, pour éviter les dissensions, des sujets qui fâchent restent dissimulés à l'opinion transnistrienne. Ainsi il ne filtre rien de l''enquête sur l'assassinat à son domicile en juillet dernier du responsable communiste Oleg Horjan/Khorzhan. Alors que le président transnistrien continue de soutenir qu'il n'y a pas eu de mobile politique au merutre, l'ancien député communiste moldave Mark Tkaciuk avait souligné dès juillet que la victime a été torturée et qu'on lui a coupé la langue, ce qui rend la piste du crime crapuleux peu probable. Affaire à suivre...
Voronine sur l'orthodoxie et assassinat de Horjan
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En Moldavie, on peut être communiste et chrétien, à preuve le président du parti communiste moldave (qui fut très puissant dans les années 2000) Vladimir Voronine, qui s'indigne (en tant que paroissien, certes et non en tant que communiste) de ce que le métropolite de Bessarabie (dépendant de l'église de Roumanie), ait qualifié la métropole de Moldavie de "structure d'occupation" à le solde des Russes. "L'attaque contre la métropole moldave est une tentative évidente non seulement de provoquer un conflit religieux selon les lignes ukrainiennes, mais aussi de détruire le dernier bastion de l'État moldave, a-t-il déclaré. Nous ne permettrons pas l'ingérence étrangère dans nos valeurs spirituelles sacrées ! Nous défendrons notre foi, nous défendrons l'Église moldave,"
Pendant ce temps on apprend que le leader du parti communiste de Transnistrie, Oleg Horjan, 47 ans, qui oeuvrait au rapprochement avec Chisinau a été assassiné, dans la nuit de dimanche à lundi. Les socialistes moldaves qui collaboraient avec lui restent prudents sur cette affaire tant que l'enquête policière est en cours.
Victoire du parti Shor en Gagaouzie
Un sujet directement en rapport avec mes travaux sur la Transnistrie :
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Les députés de l'Assemblée populaire de Gagaouzie (PSG), région turque chrétienne de Moldavie, réunis en séance extraordinaire ont approuvé mardi dernier les résultats de l'élection du bashkan (présidente).
Le deuxième tour des élections dans cette région autonome s'est tenu dimanche 14 mai. La candidate du parti de l'oligarque Ilan Shor (un des principaux opposants aux européistes qui dirigent la Moldavie) Evgenia Gutsul (ou Hutsul selon les transcriptions) l'a emporté avec un score de 52,36% des suffrages (taux de participation 57 %). Elle s'est immédiatement prononcée en faveur du renforcement des relations entre la région et la Russie, et l'un des premiers pas dans cette direction est l'ouverture d'un bureau de représentation de l'autonomie à Moscou, une annonce qui déjà fait grincer des dents à Chisinau.
La fondation américaine Carnegie avait remarqué pendant la campagne qu'il n'y avait pas de candidat véritablement pro-européen dans cette région russophile exaspérée par la crise économique dans laquelle l'a plongée la politique de sanctions à l'égard de Moscou.
Tentative d'assassinat du président transnistrien
Selon le ministère de la Sécurité d'État de Transnistrie, les forces de sécurité ont arrêté un homme aux ordres du régime de Kiev qui aurait tenté d'assassiner le président Vadim Krasnoselsky (une bombe placée sous sa Land Rover, avec 8 kg d'explosif). Il aurait plaidé coupable. L'individu a eu des démêlées avec la justice pour proxénétisme et vivrait pour cela sous le nom de sa mère. Né en 1979, il aurait été recruté par le SBU ukrainien et se serait installé en 2011 à Odessa.
Au même moment une statue de Lénine est vandalisée à Anenii Noi, bourgade de 11 000 habitants en Moldavie.
La Transnistrie menacée ?
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Moscou annonce une prochaine opération sous faux drapeau ukrainienne contre la Transnistrie avec des saboteurs du bataillon Azov déguisés en troupes russes. Kiev accuse Poutine de préparer une attaque depuis Tiraspol contre la Moldavie ou contre l'Ukraine.
Dans Junge Welt le spécialiste de l'Europe de l'Est Reinhard Lauterbach analyse : la Russie ne peut réaliser aucune jonction avec la Transnistrie tant qu'Odessa reste entre les mains de Zelensky. L'Ukraine peut-elle être tentée de "régler" par l'invasion le problème transnistrien ? Sans l'aval de Chisinau c'est peu probable. Et la présidente moldave Maia Sandu donnerait cet aval seulement si elle pensait pouvoir rester au pouvoir (mais l'opinion publique dans son pays reste très partagée entre pro-européens et pro-russes). "Et puis, la Moldavie a jusqu'à présent bénéficié du fait d'être sur le même gazoduc que la Transnistrie et d'y puiser son électricité, produite à partir de gaz russe impayé". Mais l'esprit aventurier de Kiev pourrait trouver quelque avantage à tenter malgré tout quelque chose, d'autant que les forces russes stationnées sur les bords du Dniestr ont un armement assez ancien.
La Rand corporation, conseillère du gouvernement américain, en 2019 trouvait peu rentable pour Washington de renverser le régime pro-russe de Transnistrie. Mais aujourd'hui une opération ukrainienne permettrait à Zelensky de compenser ses revers sur le front oriental. Chisinau pour l'instant dément que Kiev puisse tenter un sabotage et parle de "psy op" de la part de Moscou.
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Cependant le démenti est-il crédible alors que le gouvernement de Chisinau lui-même s'enferme dans une rhétorique de plus en plus guerrière ? Au début de ce mois, le parlement moldave a adopté une loi qui introduit dans le code pénal des sanctions des délits de « séparatisme », « complot contre la Moldavie », « création d'une structure d'information illégale » (ce qui cible clairement la Transnistrie), et le 13 février Maya Sandu en déplacement en Roumanie a accusé Moscou de chercher à la renverser. Un durcissement sur fond de crise économique qui a provoqué dimanche la descente dans la rue de milliers de manifestants avec le soutien notamment de Shor, le parti de l'oligarque Ilan Șor (un des 3 poids lourds de la politique moldave, et qui monte dans les intentions de vote), lequel vient de sortir du collimateur des juges moldaves.
Crise énergétique en Moldavie et Transnistrie
Le président transnistrien Vadim Krasnoselsky, a adressé ce jour 22 novembre aux secrétaires généraux de l'ONU et de l'OSCE une lettre dans laquelle on lit notamment :
"En octobre 2022, pour des raisons indépendantes de la volonté de la partie pridnestrovienne, les volumes d'approvisionnement en gaz naturel de la Moldavie et de la Pridnestrovié ont été réduits. Dans ces conditions, les dirigeants moldaves, en violation flagrante des obligations contractuelles, ont pris la voie du retrait illégal d'une partie du gaz naturel fourni destiné à la Pridnestrovié. Donc, à l'heure actuelle, au lieu des 3,9 millions de mètres cubes prévus par le contrat. m de gaz par jour, notre république ne reçoit pas plus de 2,3 millions de mètres cubes. m par jour.
Dans le cadre des actions illégales du gouvernement moldave, depuis le 21 octobre 2022, l'état d'urgence dans l'économie a été introduit en Pridnestrovié, les entreprises industrielles de base ont été arrêtées, les transports publics ont été arrêtés et la température dans les locaux des équipements sociaux a été abaissé dans les conditions du début de la saison de chauffage. L'approvisionnement en électricité de la Moldavie, qui était la source de revenus la plus importante pour le budget transnistrien, a été contraint de s'arrêter."
Krasnoselsky y souligne aussi que la frontière transnistro-ukrainienne est fermée depuis février et que Tiraspol reste neutre dans le conflit entre Kiev et Moscou.
La crise énergétique est loin de ne frapper que la Transnistrie/Pridnestrovie. La situation de la Moldavie n'est pas non plus reluisante.
L'électricité fait défaut. La Roumanie a déjà fixé un prix plafonné à 450 RON par MWh pour l'électricité vendue à la Moldavie dans le cadre de contrats bilatéraux - mais de tels contrats sont rares, et finalement, le négociant en électricité moldave Energocom a dû exploiter le marché journalier plus cher afin d'acheter de plus gros les montants. En octobre, une capacité de transfert vers la Moldavie (Isaccea-Vulcanesti) a été mise en service, tandis que la Roumanie dispose également d'une capacité de 125 MW vers l'Ukraine, qui peut être allouée à la Moldavie, mais elle a été suspendue provisoirement le 15 novembre du fait du bombardement des infrastructures ukrainiennes par les russes.
Du côté du gaz, le russe Gazprom n'a livré en novembre que 51% des montants contractuels, et la part dédiée à la Moldavie proprement dite (la région sans la Transnistrie) est d'environ un tiers - 54 millions de mètres cubes - quelque 36% du montant contractuel. Le prix du gaz a été multiplié par 7 en un an. La présidente moldave était hier à Paris pour une réunion de la plateforme de soutien à son pays, organisée par la France, l’Allemagne et la Roumanie.
Les hommes d'affaires et politiciens en fuite Vlad Plahotniuc (Parti démocrate en ce moment plutôt à gauche) et Ilan Shor (qui finance la droite), eux, tirent profit, dit la presse roumaine, des pénuries pour organiser des rassemblements de masse contre le gouvernement pro-UE à Chisinau, prétendument sous la coordination d'agences russes. Signe des temps, Marcel Ciolacu, du parti social démocrate roumain, président de la chambre des députés, en compagnie de l'ex-ministre de la défense Vasile Dîncu ont assisté hier au congrès du Parti démocrate moldave de Plahotniuc qui fait bloc derrière le maire de Chisinau Ion Ceban, officiellement pro-européen, mais qui pourrait être plus proche de Moscou que l'actuelle présidente moldave Maia Sandu.
Alerte en Transnistrie
Le 25 avril dernier à 17h45, des inconnus, se trouvant à l'intersection des rues Manoilova et Karl Marx, ont tiré 3 fois sur le bâtiment du ministère de la Sécurité d'État à Tiraspol avec un lance-grenades antichar. Puis dans la nuit du 26 avril, un groupe de personnes non identifiées sont entrées dans le village de Mayak, district de Grigoriopol pour y déposer des mines, deux ont explosé à proximité des antennes régionales de radio, dix ont été neutralisées par les forces de l'ordre. Le 27 (aujourd'hui) des tirs sont signalés dans la zone des entrepôts de Kolbasna principal stock d'armes (20 tonnes) de la 14e armée interarmes (russe) stationnée sur les bords du Dniestr. Les autorités transnistriennes font aussi état d'une attaque aérienne par drone contre une unité militaire à Tiraspol. Des drones en provenance d'Ukraine auraient aussi été vus au dessus de Kobalsana.
Des analystes russes estiment que les forces armées ukrainiennes qui ont perdu le plus grand entrepôt de Balakliya (région de Kharkiv/Kharkov), pourraient être tentées de vouloir compenser leurs pertes par la conquête de Kobalsana voire de la totalité de la Transnistrie, pour peu que le gouvernement moldave leur accorde son feu vert.
Moldavie-Transnistrie : les rapports se tendent
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Bien qu'elle ait proclamé sa neutralité entre l'OTAN et la Russie (neutralité inscrite dans sa constitution), la Moldavie (qui dépend entièrement de Moscou pour son énergie), à mesure que le conflit ukrainien s'éternise, durcit sa position çà l'égard de la Russie (interdiction de la lettre Z, du ruban de Saint-Georges, symbole de la victoire soviétique sur le nazisme, des fêtes du 9 mai) impose des contraintes économiques croissantes à l'entité sécessionniste transnistrienne (Pridnestrovie).
La direction de l'usine métallurgique moldave (Uzina Metalurgică Moldovenească SA), la plus grande entreprise de Transnistrie (redevenue rentable en 2017 seulement grâce à la fourniture de gaz russe à prix cassés), a demandé à l'UE d'influencer Chisinau, qui a interdit l'exportation et l'importation de ses produits. L'usine est l'une des principales sources de revenus de la Pridnestrovie, ses recettes en devises représentent environ la moitié du budget de la république (dans un commerce structurellement déficitaire).
Tiraspol (qui a accueilli 30 500 réfugiés ukrainiens, ce qui représente un dixième de la population de l'entité, même proportion qu'en Moldavie où il y en a 360 000) a également fait appel à l'OMS pour se plaindre du manque de médicaments, car Chisinau "refuse de délivrer des permis pour l'importation de nouveaux lots de médicaments et retarde les marchandises qui ont déjà atteint la frontière".
Les observateurs et les experts notent que le changement de position des responsables moldaves a suivi immédiatement la visite à Chisinau de la représentante américaine à l'ONU Linda Thomas-Greenfield , qui a promis que les États-Unis fourniraient une aide supplémentaire à la Moldavie d'un montant de 50 millions de dollars.
Le ministre des Affaires étrangères et de l'Intégration européenne moldave Niku Popescu a cependant eu la sagesse de préciser que son pays ne demandait pas d'armes à l'OTAN pour ne pas augmenter les tensions dans la zone. Le président de Moldovagaz affirme que la Russie en représailles contre le nouveau positionnement de Chisinau a doublé le tarif de son gaz en avril, de sorte que la Roumanie (qui livre des armes à l'Ukraine) tente en ce moment de compenser le manque à gagner pour ce pays, en complément d'une assistance financière internationale déjà significative obtenue début avril à Berlin.
Par ailleurs, pour mémoire, conformément à l'hystérie anti-russe ambiante, l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe, l'APCE, a adopté le 15 mars une résolution dont un des amendements désigne la région séparatiste moldave de Transnistrie comme territoire occupé par la Russie (qu'elle a expulsée de son organisation), alors qu'elle avait toujours manifesté plus de réalisme sur la complexité du sécessionnisme transnistrien. Un élu centriste alsacien a participé à la présentation de cet amendement lamentable. Aucun élu de cette assemblée ne s'y est opposé. Dans cette enceinte aussi la bêtise est très contagieuse.
Une bizarrerie à propos de mes publications sur l'Ukraine, et un point sur la situation des réfugiés en Moldavie-Transnistrie
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Il y a deux ans, j'avais relayé avec beaucoup de précaution le propos du député en exil Alexey Zhuravko (Jouravko) selon lequel 1,5 à 3 millions de dollars ont été alloués sur le budget américain pour la construction de bio-laboratoires en Ukraine. Puis comme l'information ne paraissait pas plus étayée que cela, j'ai assez vitre supprimé ce billet. Néanmoins, il semble que le lien URL qui portait des mots du titres soit resté stocké sur Bing et Google puisque diverses personnes hier se sont connectées à ce blog pour le rechercher. Du coup j'ai décidé de republier ce billet avec la même adresse qu'en 2020 ici, vu que déjà à l'époque j'avais émis des doutes sur la véracité de cette information. Ainsi les gens qui veulent absolument lire ce billet auront tous les tenants et aboutissants dans cette affaire.
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On peut se demander quand même quelle officine a eu l'idée de lancer des recherches hier sur les armes bactériologiques en Ukraine pour atteindre mon blog. Je doute que ce soient les grands médias qui ne réfléchissent pas aux questions militaires au delà des communiqués officiels qu'on leur livre, ni des particuliers - car il est rare que ceux-ci poussent leurs investigations pour tomber sur un site aussi petit et mal référencé que le mien.
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Les médias du coup recommencent à s'intéresser à la Transnistrie (allié de la Russie où vivent 100 000 Ukrainiens). Et si l'armée russe envisageait une jonction avec ses forces de maintien de la paix basée sur les bords du Dniestr ? Le président de ce pays Vadim Krasnoselsky a clairement démenti toute menace d'attaque contre son pays aussi bien que tout plan pour qu'une offensive soit lancé à partir de son territoire (ce qui était aussi l'avis auparavant de l'eurodéputée tchèque Radka Maksova). Pour le moment elle n'a reçu qu'une centaine de réfugiés ukrainiens dans ses centres d'hébergement temporaire, malgré le rétablissement de la ligne de bus Odessa-Tiraspol, alors que la Moldavie, elle, dit recevoir des bus bondés et où des queues de voitures allant jusqu'à 15 km se sont formées aux check-points frontaliers (un groupe Facebook recueille l'aide en leur faveur ici). Les animaux ne sont pas oubliés puisqu'un vétérinaire polonais délivre à Chisinau des soins gratuits pour les chiens venant d'Ukraine (sic) et l'Union Cynologique de Moldavie offre de la nourriture gratuite pour ces chiens réfugiés. Les Moldaves semblent être très généreux et proposent spontanément leur aide malgré leur pauvreté (voir le groupe FB).
Transnistrie, Biélorussie : échange avec un reporter
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Je déjeunais tout-à-l'heure avec un jeune reporter free lance, collaborateur occasionnel du Monde Diplomatique, qui a emprunté à son tour, 14 ans après moi, le chemin de la Transnistrie - Novosti PMR, le journal local transnistrien lui avait consacré un article élogieux le 21 mai, il y a un moi, voyez ici, ça peut très bien se lire avec le traducteur automatique de Google. Il a mené une enquête auprès de la jeunesse transnistrienne sur leur conception de l'identité de leur pays. A priori tous sont loyaux à l'Etat transnistrien, mais trouveraient plus confortable que leur pays devienne une région autonome de la Moldavie, comme la Gagaouzie... Rien de très nouveau de ce point de vue par rapport à 2007.
Ce journaliste me disait qu'il avait l'impression d'un niveau de vie similaire dans les villages transnistriens et dans les villages moldaves. Il m'a expliqué que le gouvernement moldave devait accorder des subventions spéciales aux habitants des bourgs frontaliers pour que leurs habitants ne s'installent pas de l'autre côté du Dniestr où par exemple le prix de l'électricité est sensiblement plus cher. D'après lui la gauche serait en passe de remporter les élections en Moldavie, confirmant le mouvement de balancier dans ce pays entre pro-européens et pro-russes. Le journaliste m'a dit avoir été étonné de constater que la Moldavie ne donnait pas une impression d'échec économique comparable à l'Albanie.
Nous avons aussi échangé sur la Biélorussie qu'il connaît bien, et l'affaire du détournement de l'avion de Ryan Air qu'on évoquait récemment sur ce blog. Il attirait mon attention sur le fait qu'il y avait eu en fait deux mails du Hamas, dont un adressé aux Lituaniens avant que l'avion ne soit contraint de se poser à Minsk. Donc que les mails soient faux ou pas, le timing n'est pas exactement celui décrit par les journalistes du Spiegel, et l'hypothèse d'un coup monté contre Loukachenko tient la route, d'autant que lorsque le journaliste Protassevitch, il était perdu dans la foule, des photos le montrent, et les autorités biélorusses ne savaient même pas qu'il était à bord. Je lui ai signalé que le président russe Vladimir Poutine dans une interview à NBC la semaine dernière avait lourdement incité les journalistes occidentaux à questionner le pilote plutôt que de répéter bêtement la propagande du Département d'Etat américain. C'est effectivement du bon sens.
Sur les relations biélousso-ukrainiennes, Loukachenko, m'apprenait mon interlocuteur, a pris langue avec la République de Lougansk (ce qui pourrait valoir début de reconnaissance) et l'a autorisée à enquêter à Minsk sur les activités de Protassevitch dans le cadre du bataillon néo-nazi Azov dans le Donbass... Une affaire qui n'arrangera pas forcément ses parrains occidentaux...
A propos de la gestion de la crise du Covid par Loukachenko, le reporter me faisait savoir que grâce au bon système de santé biélorusse, les patients bénéficiaient d'une bonne prise en charge dans les hôpitaux, avec même des ambulances qui venaient les chercher chez eux, et que la politique des masques avait été comparable à celle en vigueur à Berlin (masques en intérieur mais jamais à l'extérieur), d'autant que la Biélorussie dès le début de l'année s'étaient mis à en fabriquer (là bas on n'hésitait pas à réquisitionner les usines, ce que la France n'avait pas osé faire) de sorte qu'il y avait eu assez peu de morts, et sans confinement...
Elections au Soviet Suprême de Transnistrie : le monopole de Sheriff
Mauvaise nouvelle pour la démocratie en Transnistrie : selon le quotidien russe Kommersant, les élections législatives du 29 novembre ont conduit à l'élection de 33 députés liés au trust financier "Shériff" sur 33... 29 sont membres du parti "Renouveau" créé par Shériff, et 4 sont des chefs d'entreprise liés à cette holding. Il n'y a même plus l'illusion d'une opposition fictive... "Le président de la République Vadim Krasnoselsky, qui a remporté les élections en 2016, ajoute le journal, est également arrivé au pouvoir avec le soutien financier, médiatique et politique du shérif, la holding contrôle désormais toutes les branches du gouvernement: les tribunaux de Transnistrie ne prennent pratiquement pas de décisions qui ne sont pas coordonnées avec cette structure d'entreprise ..."
Selon Anatoly Dirun, directeur du "Sciences Po" local qui a essayé de se présenter comme candidat indépendant à Tiraspol, les candidats sans-parti ont été délibérément empêchés de se présenter. D'où un taux de participation faible (27,7 %), même si le Covid a aussi conduit les gens à rester chez eux. Pour beaucoup d'observateurs ce déclin du pluralisme en Transnistrie risque d'affaiblir le pays face aux attaques prévisibles de la nouvelle présidente européiste de Moldavie Maia Sandu.
Les élections moldaves inquiètent la Transnistrie
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Une fois de plus les élections moldaves inquiètent les Transnistriens. Des élections présidentielles ont eu lieu en Moldavie. La pro-européenne Maia Sandu a battu le président sortant socialiste pro-russe Igor Dodon au premier tour des élections le 1er novembre dernier. Sandu a obtenu 36,16% des voix, Dodon - 32,61%. Le deuxième tour aura lieu le 15 novembre. Le directeur du service russe de renseignement extérieur, Sergueï Narychkine, a déclaré que Washington préparait une autre révolution de couleur en Moldavie si Igor Dodon remportait les élections. L'ex-ministre des affaires étrangères de Transnistrie Nina Chevtchouk, épouse du président de la République déchu, qui vit en Russie maintenant explique à Pravda.ru que les Transnistiens redoutent que l'élection de la pro-européenne ne perturbe le droit de circulation des Transnistriens à Chisinau, surtout ceux qui son d'ethnie moldave, un droit qui avait déjà été malmené par la crise du Covid 19. Elle dément en outre l'accusation roumaine d'ingérence transnistrienne dans les affaires moldaves : selon elle seulement 16 000 transnistriens, principalement des personnes âgées, votent encore aux élections moldaves.
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Des nouvelles de la Transnistrie

Mail reçu ce soir :
" Bonjour Monsieur,
Je me permets de vous écrire pour vous féliciter de votre passionnant livre sur la Transnistrie, que j'ai acheté et lu suite à mes vacances passés dans cette république. Personnellement, j'ai adoré mon séjour de plusieurs jours à Tiraspol et à Bendery. Je n'ai rencontré que des personnes extrêmement sympathiques (je parle russe, cela aide assurément) et l'impression que j'ai ressentie, c'était que la vie semblait paisible et très calme. Tiraspol est une capitale extrêmement propre et agréable. J'ai été très intéressé par votre livre, d'autant que les informations souvent fausses et anciennes que nous trouvons sur internet ne sont pas très objectives. D'autre part, je n'ai ressenti absolument aucun problème d'insécurité en Transnistrie, pas plus en Moldavie d'ailleurs (j'ai visité Chisinau, la Gagaouzie) et l'Ukraine (Odessa). Voilà, cher Monsieur, quelques impressions "en vrac" de mes vacances d'octobre-novembre dans cette partie d'Europe injustement oubliée, voire même diabolisée.
Je vous souhaite une bonne soirée,
Bien cordialement, "
Fin de la crise politique en Moldavie

Au début du mois de juin la Moldavie s'est retrouvé avec un gouvernement du Premier ministre Pavel Filip soutenu par l'oligarque Vlad Plahotniuc et la cour suprême, et l'autre regroupant les socialistes pro-russe de l'ex-président Dodon et le bloc AKUM derrière Maia Sandu (AKUM). C'est finalement cette dernière qui a été reconnue comme unique Premier ministre légitime avec le soutien des ambassades de la Fédération de Russie et des États-Unis.
Avant cette stabilisation, Filip avait cru pouvoir, le 11 juin, décider que Chisinau déplacerait son ambassade en Israël de Tel Aviv à Jérusalem semble-t-il pour séduire Trump (communiqué 21 juin) mais l'entretien de l'ambassadeur américain avec Plahotniuc (Kommersant du 14 juin) n'aura pas permis pour autant à Filip d'acquérir une légitimité aux yeux de Washington. Selon la même revue qui citait Dmitri Kozak, vice-Premier ministre de la Fédération de Russie, l'oligarque avait aussi promis secrètement à Moscou un fédéralisation de la Moldavie pour règler le problème transnistrien.
"En examinant le contenu de l'enveloppe, j'ai été étonné de voir les propositions du parti démocrate ouvertement anti-russes visant à modifier le cours politique de la République de Moldova par le biais d'une réorientation à l'égard de la Russie et du règlement du conflit transnistrien fondé sur la fédéralisation de la République de Moldavie", a déclaré M. Kozak. Toutefois, selon ses allégations, le vice-Premier ministre russe aurait recommandé aux socialistes et au président de la République de Moldova, Igor Dodon, "de ne pas prendre en compte les propositions secrètes de Vladimir Plahotniuc ou d'autres partis". Dans l'interview, Kozak insiste sur le fait que la formation d'une coalition parlementaire et d'un nouveau gouvernement à Chisinau n'est pas le choix de Moscou, mais un problème interne à la République de Moldavie. Selon Dmitri Kozak,
La Moldavie a donc choisi la voie suggérée par Washington et Moscou : organiser de nouvelles élections, mais sur une autre base législative et disposer d'un autre pouvoir exécutif pour jouir de la confiance de tous, avec, dans l'intervalle, la création d'une coalition temporaire entre européistes et pro-russes.
Après son échec Plahotniuc s'est réfugié en Suisse où vivent sa femme et ses enfants. De même certains caciques liés à l'oligarques que Maia Sandu a menacé de traduire en justice ont fait leurs bagages.
Plahotniuc représente une force politique importante. Il a financé des médias plutôt anti-européistes (alors que l'oligarque Victor Topa soutenait les pro-occidentaux). Il aurait aussi contrôlé la justice depuis l'époque du président pro-russe Voronine sous lequel il avait commencé à amasser sa fortune dans les grands trusts étatiques, ce qui explique le soutien que lui a apporté la Cour suprême. L'entente entre les socialistes et l'oligarque s'était manifestée en 2017 avec le vote commun d'une réforme électorale introduisant une moitié de scrutin uninominal comme en Allemagne, mais la rivalité entre les deux forces était restée très vive, avec la suspension du président Dodon par la cour constitutionnelle pro-Plahotniuc en janvier 2018, ce qui explique le ralliement final des socialistes à Sandu.
En décembre 2016 l'oligarque était devenu numéro 1 du parti démocrate (officiellement lié à l'Internationale socialiste) parti relancé dans les années 2000 par un ex-poulain de Voronine.
Il semble que par delà son discours prônant la neutralité à l'égard de Moscou et ses alliances ponctuelles avec les socialistes il soit en fait depuis trois ans proche du clan Soros-Clinton. Début juin 2016, le New York Times avait présenté une photo le représentant aux côtés de Victoria Nuland, ex collaboratrice de Madeleine Albright et secrétaire d'État adjointe d'H. Clinton pour l'Eurasie. Steve Nicandros membre de l’Atlantic Council (qui coopère avec l'Open Society de Soros) et fondateur de la société Frontera qui cherche du gaz dans le sous-sol moldave avait joué les intermédiaires, En 2017 le gouvernement ukrainien entièrement dépendant de Soros avait accusé les services secrets russes d'être derrière un groupe qui préparait l'assassinat de Plahotniuc.

En 2017 également Plahotniuc a été blacklisté au Etats-Unis à l'initiative des députés républicains Randy Weber et Trent Franks pour avoir, en 2014 organisé le vol d'un milliards de dollars à trois banques moldaves, dont des prêts du FMI ! Le vote de cette loi a nourri des débats sur la question de savoir si l'oligarque avait utilisé Moscou pour blanchir cet argent, sur celle du lien entre Plahotniuc et la traite des blanches, et, enfin sur l'engagement (contre finances) de l'ambassadeur trumpien en Allemagne Ric Grenell au soutien des déclarations pro-occidentales du magnat.
La coalition entre socialistes et pro-occidentaux annonce-t-elle la fin de l'empire de Plahotniuc en Moldavie ?
Spartiate Transnistrie
Je suis un peu en panne d'inspiration sur les sujets d'actualité... L'entrée en vigueur des sanctions de Trump contre l'Iran, les querelles intestines au Liban, la tentative d'assassinat de Maduro, les élections présidentielles du Zimbabwe, celles du Mali, la réconciliation érythréo-éthiopienne, la détresse des Yézidis qui ne récupèrent toujours pas leurs femmes réduites en esclavage ni leurs maisons dans la plaine de Ninive... Je crois que je me répèterais beaucoup en commentant ces sujets.

Je jette donc un coup d'oeil à l'actualité transnistrienne, pays dont je n'ai pas parlé depuis plus d'un an. Je dois cela aux gens qui ont acheté mon livre sur ce pays il y a dix ans.
"Novosti PMR" aujourd'hui nous parle des jeux de l'armée "Commonwealth Warrior-2018" qui vont opposer six équipes - des représentants des forces de l'ordre de la république et du groupe opérationnel des troupes russes. Dans ce pays la on ne s'occupe pas trop de #JeSuisCute ou de #MeToo. Là c'est plutôt l'ambiance virile militaire qui prédomine parce qu'il faut toujours être prêt à repousser une attaque moldave... Il y a beau y avoir des négociations permanentes avec Chisinau sur des points techniques de coopération frontalière, la situation reste celle d'un conflit gelé.
La liste des activités culturelles officielles des deux prochains mois en dit long sur la culture transnistrienne "mainstream" :
La célébration du jour de la formation du 55e régiment de Podolsk : Ce régiment qui est l'ancêtre de la 14e armée qui a sauvé la Transnistrie de l'écrasement par les nationalistes moldaves en 1991, a combattu en 1811-1813 de la Finlande jusqu'à Laon (Picardie), dans le Caucase en 1841, contre les Turcs, contre les Japonais, les Allemands etc Il est basé à Bendery. En 1912 les habitants de la localité ont célébré sa victoire sur Napoléon et l'annexion russe de la Bessarabie et a inauguré un monument (un obélisque surmonté d'un aigle de bronze) qui est aujourd'hui l'épicentre des cérémonies militaires (je l'avais vu le 3 juillet 2007 juste après la visite du musée de Bendery que je raconte dans le livre).
Des événements festifs commenceront le soir du 29 août à Bendery : dépôt de gerbes, défilé, reconstitution de batailles.
Puis les principaux événements consacrés à la fête de la République auront lieu du 30 août au 2 septembre. Nous parlons de la cérémonie des citoyens dignes de la république, une grosse tête conférence de presse de l'Etat, une réunion solennelle et un concert, ainsi que les points de vacances d'état principaux traditionnels du programme - pose des fleurs à la flamme éternelle et la parade militaire.L'innovation de cette année sera la levée des drapeaux des villes et des districts de la république. Pour la première fois au même moment, ils s'élèveront immédiatement après avoir levé le drapeau national de la Transnistrie et le drapeau tricolore russe. "Le Président a attiré l'attention sur le fait que cette honorable mission devrait être confiée aux habitants de chaque ville et région de Transnistrie". Selon le président Vadim Krasnoselsky (au pouvoir depuis 2016, lorsqu'il avait battu Chevchouk de haute lutte), cela devrait être "des citoyens dignes de ce nom qui ont fait preuve de dynamisme et ont fait leurs preuves dans différentes sphères d’activité et de société". Une ambiance qui aura sans doute un côté irrésistiblement "IIIe République"...
Le 1er septembre, sera la "Journée de la connaissance" pour le début de l'année scolaire..
Les 7 et 9 septembre, rencontres de jeunes "Les héritiers de la victoire" sur le site du complexe de santé "Dniester Dawns". Elles rassembleront plus de trois douzaines d’équipes représentant les écoles supérieures et secondaires, les unités militaires, le mouvement des cadets et du "mouvement Suvorov" (je ne sais pas ce que c'est) ."Les participants au rallye participeront à des entraînements physiques et spéciaux, démontreront des capacités dans des activités de reconnaissance et d’autres activités militaires, précise le programme officiel. Traditionnel pour ce genre de rallyes est le concours de construction et de chansons. Une attention particulière sera portée à la vérification du niveau de connaissance de l’histoire de la Transnistrie et de la Grande Guerre patriotique." Néanmoins le président de la République Vadim Krasnoselsky veut autoriser un peu de détente le soir, des concert, et "peut-être des discothèques de jeunes". On ne sait pas si ce sera dans le genre bal populaire ou avec des morceaux de Miley Cyrus et Jay Z...
Parallèlement au rassemblement des participants du mouvement "Les héritiers de la victoire" le 8 septembre, l'action traditionnelle "Président pour un mode de vie sain" aura lieu. L'événement se déroule sous la forme d'une régate. Les participants partiront de Bendery, et finiront dans le camp "Jeunesse" (le village de Merenesti). Dans la seconde moitié du même jour, l'inauguration du stade Bendery "Dynamo" aura lieu. Il est prévu d'organiser une excursion, un programme de concerts, un défilé des élèves des écoles de sport de la ville et des démonstrations des performances des athlètes.
J'avais souligné le côté spartiate de l'Abkhazie dans mon livre sur ce pays, j'aurais pu en dire autant de la Transnistrie...
A propos de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud où l'on célèbrera demain le dixième anniversaire de l'agression géorgienne, le président transnistrien Vadim Krasnoselsky a reçu les représentants de ces deux républiques aujourd'hui. Echanges de bons procédés entre tous ces confettis de l'empire soviétique désormais coupés de leur mère patrie. Il y a peu le président polonais est revenu de Tbilissi en dénonçant "l'occupation russe" d'une partie du territoire géorgien (l'Ossétie du Sud). Le vice président russe, lui, a mis en garde une fois de plus contre une éventuelle adhésion de la Géorgie à l'OTAN et les risques qu'elle ferait planer sur la paix mondiale. Les analystes estiment que dans ce cas là la Russie annexerait l'Ossétie du Sud, ce qui est un minimum. Il paraît qu'à l'hôtel Aist de Tiraspol en décembre 2014 les citoyens abkhazes et sud-ossètes bénéficiaient de tarifs préférentiels quand Géorgiens et Occidentaux payaient le prix fort !
Est-ce qu'on s'amuse quand même un peu en Transnistrie ? Quand je m'y étais rendu en 2007 j'avais trouvé que la jeunesse (qui a toujours une double nationalité et voyage donc en Moldavie, en Ukraine et en Russie) paraissait aussi ouverte aux modes occidentales. Est-ce toujours le cas ? Si vous avez des témoignages à ce sujet n'hésitez pas à les poster.