Esclaves sexuelles de Daech et de Boko Haram
11 Janvier 2017 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Aide aux femmes yezidies, #Les rapports hommes-femmes
Entre un article sur deux joggeuses aux seins lourds et un autre sur les malheurs d'une top model irlando-thaïlandaise (sic), Newschicken raconte comment un djihadiste priait avant de violer son esclave yézidie de 12 ans et lui expliquait, quand elle le suppliait d'arrêter (ne serait-ce que parce que son corps n'était pas biologiquement compatible avec les mensurations d'un homme mur), qu'il faisait un acte de foi et même un rituel sacré. Cette façon voyeuriste qu'a la presse people de nous parler des esclaves sexuelles de Daech est de plus en plus gerbante, mais pas plus au fond que les grand messes de charité sous la présidence d'Amel Clooney où tout le monde se donne bonne conscience...
Moi j'ai vraiment l'impression d'avoir raté mon "tiqqun" sur les Yézidis. On voit que quelque chose de particulièrement négatif dans la nature humaine (dans son sadisme comme dans sa religiosité) s'est joué autour des yézidis, comme jadis dans la shoah autour des juifs quoiqu'à une échelle numériquement moindre et personne n'arrive à y apporter une réponse correcte. La thèse des identitaires chrétiens "le vrai visage de l'Islam s'est révélé là" ne me convainc pas, même s'il est vrai que le fait que le Coran autorise la réduction en esclavage de la femme idolatre n'est pas complètement étrangère à cette affaire, c'est le moins qu'on puisse dire. Le cauchemar continue pour ces femmes en exil aussi, outre les effets de leur dépression.Une photo circule sur le web où l'on voit des petites réfugiées musulmanes syriennes de Deir ez-Zor montrer du doigt comme "kafir" (infidèles) les petites yézidies devant le camp de Cherso en Grèce. La localisation du camp qui accueille des femmes Yezidies en Allemagne est tenue secrète pour ne pas attirer la violence des islamistes. Les camps brûlent, soit à l'initiative de l'extrême droite comme à Chios en novembre, soit du fait des migrants eux-mêmes comme à Lesbos en septembre.
Je pense beaucoup à ce sikh britannique Ravinder Singh et sa Khalsa Aid. Il était récemment dans les camps yézidis où il fait très froid et où sévit une épidémie dont on a déjà parlé dans ce blog (Khalsa y aide 400 personnes, aidez les vous aussi !) distribuant de l'aide aux femmes prises en charge par le centre de la "nouvelle vie" (Jinda Center) de l'ONG Wadi à Dohuk, et son assoce est partout où il y a de la souffrance, en Syrie, au Yémen...Début janvier son coreligionaire ancien kickboxeur Kanwar Singh était parmi les réfugiés en Turquie. Ce groupe célébrait le 5 janvier le 350e Gourou Gobind Singh Ji un grand réformateur de leur congrégation qui dit vouloir aider toute l'humanité par delà ses croyances. "Les Sikhs sont les Yézidis de l'Inde" écrivaient-ils sur Twitter le 31 décembre.
La petite préface que je m'apprête à écrire cette année pour le livre de Nurcan Baysal (qui elle aussi fait un travail formidable dans les camps du Kurdistan turc) sur le massacre des yézidis n'aura pas le même impact que leur action sur le terrain. D'autant que l'éditeur chez lequel je le ferai paraître est minuscule...
Et puis, tant qu'à me pencher sur les horreurs que la "male attitude" fait subir aux femmes, j'aurais dû inclure dans mes billets les esclaves de Boko Haram en Afrique qui subissent le même sort que les yézidies. Après tout n'avais-je pas parlé des viols de masse au Kivu autrefois ? Sur les 276 filles de l'école de Chibok au Nigéria en 2014 enlevées par les djihadistes une vingtaine ont été libérées en octobre dernier, et 57 se seraient échappées. Les autres restent prisonnières et en étaient avant hier à mille jours de captivité. "Bring Back Our Girls" a encore du pain sur la planche. C'est la partie émergée de l'iceberg. Selon The Independent du 4 avril dernier, elles seraient des milliers, parfois âgées de seulement 8 ans, cachées dans les forêts du "califat". Quand les soldats nigérians les "libèrent" souvent ils brûlent leurs huttes avant même de les en avoir sorties, ou leur tirent dessus. Les camps qui les accueillent ne sont pas administrés par l'ONU comme pour les yézidis, mais par l'armée nigériane. La population se méfie d'elles. On les dit intoxiquées par la propagande de Boko Haram. Certaines se font exploser sur des places de marchés après avoir été libérées... Syndrome de Stockholm, servitude volontaire... ou peut-être sont-elles encore menacées et objet de chantage par la secte après leur libération... Boko Haram a tué 30 000 personnes depuis 2009 et 2,6 millions sont déplacées. Un puits de souffrance sans fond...
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