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Le blog de Frédéric Delorca

La prière musulmane aux Invalides et le luciférisme de Jenkins

6 Juin 2019 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Grundlegung zur Metaphysik, #Colonialisme-impérialisme

Vingt ans après la participation criminelle de la France au bombardement de la Serbie, le 22 mai dernier, l’ambassade de l'entité kosovare en France a organisé  à l'église Saint Louis des Invalides un concert en hommage aux victimes du conflit au Kosovo. « Sans considération ethnique et pour rendre hommage à la France et à l’armée française qui ont contribué à la paix dans les Balkans », a expliqué l’ambassadeur Qëndrim Gashi, comme l’ont rapporté Le Figaro puis l'ex-colonel Georges Michel sur le site Boulevard Voltaire. La Philharmonie du Kosovo, sous la direction de Baki Jashari, interpréta l’œuvre de Karl Jenkins, L’Homme armé : une "messe pour la paix", composée en 1999. C'est une œuvre qui se veut universelle à laquelle il a été reproché d'inclure un appel à la prière islamique, ce qui choque en un lieu consacré au culte chrétien. 

Le 1er juin plusieurs militaires français ont adressé une lettre ouverte de protestation à l'évêque aux armées françaises.

Beaucoup peuvent être tentés de faire jouer un réflexe islamophobe dans cette affaire, mais il faut bien comprendre que cet appel à la prière dans un lieu chrétien, tout comme le projet de globalisation clintonien dans lequel la guerre du Kosovo servit de "grande messe"(*), n'ont rien à voir avec une main tendue à l'Islam. C'est d'un projet occultiste qu'il s'agit - à deux pas de la dépouille de Napoléon, très liée aussi à l'occultisme.

Pour en saisir l'esprit, il faut se reporter à cette oeuvre musicale de Karl Jenkins, "L'homme armé" jouée aux Invalides. C'est une messe "multireligieuse", syncrétique, qui a déjà été aussi produite à la cathédrale de Malines en Belgique pour commémorer la fin de la Grande Guerre en novembre dernier par 180 chanteurs en collaboration avec le Mechelen Chamber Orchestra (cf presse locale), ou encore à Pristina en mars 2015 alors que l'Orchestre Philharmonique du Kosovo et son Choeur célébraient leur 15e anniversaire. Son origine remonte à l'été 2000 et elle a été interprétée depuis lors près d’un millier de fois, "soit environ deux fois par semaine, quelque part dans le monde," (sic) affirme son auteur (ce qui confine au martelage mainstream, typique des grandes opérations de propagande de notre époque). L'oeuvre est basée sur la messe catholique, mais son texte contient également des poèmes d'autres religions et sources historiques, notamment la fameuse prière musulmane qui fait débat, des extraits de la Bible et du poème indien Mahabharata, ainsi que des vers d'écrivains francs-maçons comme Rudyard Kipling et Alfred Lord Tennyson, ainsi que le Kaddish juif (bizarrement, cela n'a pas choqué les consciences chrétiennes autant que la référence musulmane, ce qui n'eût pas été le cas il y a quelques décennies au temps des grandes polémiques entre judaïsme et catholicisme).  C'est un projet qui célèbre le monde lucifiérien de la culture unifiée et indifférenciée, et la religion unique dont le pape se fait lui-même le promoteur en engageant beaucoup de dialogues avec divers praticiens de l'occultisme, stars du Nouvel Ordre Mondial, comme Kathy Perry et Deepak Chopra (mais il est vrai que le diocèse aux armées, dont l'évêque est un ancien de Sciences Po comme moi, a plaidé l'ignorance et a organisé une messe d'expiation juste après pour effacer la "profanation").

Karl Jenkins est un compositeur gallois New Age dont les oeuvres servent dans sa région natale à la méditation de cercles théosophiques inspirés par la médium luciférienne Mme Blavatsky. Il a été dans les années 70 saxophoniste du groupe psychédélique Soft Machine. Il s'est fait connaître au grand public au niveau internationale en 1995 avec sa composition musicale Adiemus pour une publicité de la compagnie aérienne américaine Delta Airlines. L'étudiant musicologue Brian Barone cite l'analyse du chercheur Timothy D. Taylor dans son livre de 2007 "Au-delà de l'exotisme: la musique occidentale et le monde" , selon laquelle l'objet d'Adiemus semble être "de créer une sorte de son non identifiable qui peut être considéré comme la musique du monde, ou mieux peut-être, n’importe quelle musique du monde". Autrement dit, il s'agit de célébrer ici un mélange indistinct de cultures qui les fusionne dans un maelström comme la religion unique luciférienne annoncée par les théosophes. Concernant les paroles d'Adiemus, Jenkins a expliqué un jour: "Le texte en Adiemus est écrit phonétiquement, les mots étant considérés comme un son instrumental. La voix humaine est l'instrument le plus ancien et, en éliminant la distraction des paroles, nous espérons créer un son universel et intemporel". “Adiemus” n'est pas du tout un langage. C'est une espèce d'espéranto sans signification.

Brian Barone remarque ceci : Jenkins est loin d'être le premier compositeur à s'être essayé à ce genre d'invention verbale. Il cite l'exemple le plus connu : dans la scène «Pandemonium» de son opéra de 1846  La Damnation de Faust , le compositeur Hector Berlioz a une chorale de «diables et damnés» dans des phrases obscures et apparemment infernales comme « Irimiru Karabrao ! ” Et“ Tradioun Marexil firtrudinxé burrudixé. ”Dans une note au livret publiée, Berlioz explique que «cette langue est celle que Swedenborg a appelée la "langue infernale" et qu'il croyait être utilisée parmi les démons et les damnés». Swedenborg, est un médium suédois du dix-huitième siècle, qui pratiquait la canalisation des esprits. On est donc bien dans l'imitation pure de la langue des damnés (inverse du don de parler en langues des apôtres du Christ), la langue de la Tour de Babel et du monde de l'Antéchrist aux nations mélangées annoncé par l'Apocalypse de Jean.

Le mouvement d'unification des religions et des cultures auquel participe Jenkins, est un projet ancien de la franc-maçonnerie - en fait il remonte à la "Nouvelle Atlantide" de Francis Bacon au XVIe siècle. Il ne vise pas du tout à islamiser l'Europe, mais à fusionner les religions en marginalisant ceux qui, au sein d'entre elles, s'opposent à cette unité, quitte à provoquer des guerres entre ceux-ci (diviser pour régner). Ceux qui s'opposent à son déploiement dans les lieux de culte chrétiens font le jeu du système qui peut les stigmatiser comme "intolérants" voir "racistes", alors qu'ils agiraient plus efficacement à démasquant tout le mouvement luciférien d'instauration d'une dictature mondiale uniformisatrice qui est le but véritable de ce genre de concert.

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(*) Bill Clinton lui-même l’avait dit à propos du rapport entre le Kosovo et la globalisation : "Si, nous voulons des relations économiques solides, nous permettant de vendre dans le monde entier, il faut que l’Europe soit la clé... C’est de cela qu’il s’agit avec toute cette chose du Kosovo" The Nation 19 juin 1999   

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