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Le blog de Frédéric Delorca

Integrity Initiative : la pieuvre anglaise des faiseurs de guerres atlantistes

21 Septembre 2019 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Débats chez les "résistants", #Colonialisme-impérialisme, #Grundlegung zur Metaphysik, #Les Stazinis, #Les régimes populistes, #George Soros

Il y a près d'un an,  le 23 novembre 2018, des hackers du groupe Anonymous, révélaient l'existence d'un  programme lancé à l’automne 2015 par l’Institute for Statecraft, une entreprise basée en Écosse, faussement enregistrée comme association de charité, qui compte parmi son personnel un grand nombre d’anciens militaires et membres des services de renseignement : « Integrity Initiative ». L'Université libre de Bruxelles a co-parrainé ce lancement. Le but affiché de ce programme : « contribuer à changer l’attitude envers l’influence maligne et la désinformation russes », encourager les États-Unis à « reconfirmer leur rôle dominant via l’OTAN et le soutien à l’Union européenne ».

Il était censé ouvrir des agences en Arménie, Moldavie, Géorgie, Suède, au Monténégro, à Malte, aux États-Unis et au Canada, ainsi qu’en Estonie, Pologne, Slovaquie, Roumanie, Bulgarie, et Autriche afin d'aider les citoyens à « mieux comprendre la menace russe », via la fourniture d’informations, y compris par le biais des réseaux sociaux., c'est à dire bombarder les réseaux sociaux d'intox et de fake news anti-russes pour préparer la troisième guerre mondiale.

Selon David Miller, professeur en sociologie politique à l'université de Bristol, l'Institute for Statcraft est typiquement un appendice de l'appareil militaire et de renseignement britannique. Son patron Chris Donnelly est devenu colonel des services de renseignements au début même du projet (voir aussi des détails sur son staff ici). Le ministère des affaires étrangères britannique a confirmé lui avoir versé 1,9 millions de livres pour l'année 2017-2028. Il reçoit aussi de l'argent du Département d'Etat américain, du gouvernement lituanien, de Facebook...

L'Integrity Intiative ne se contente pas d'un travail de propagande ni de payer des journalistes (voir liste de ses clients et de ses dons). Il s'ingère aussi dans les affaires des Etats pour déboulonner les personnalités jugées pro-Kremlin. Ainsi a-t-il lancé l' "opération Moncloa" une campagne contre la candidature du colonel Pedro Baños, auteur de best sellers en géostratégie, au poste de directeur du Département de la sécurité nationale auprès du premier ministre espagnol comme le montre un document interne du Integrity Initiative du 7 juin 2018. Le "think tank" a contacté les réseaux sociaux, El Pais et El Mundo avec un dossier sur Pedro Baños. Quatre jours après la rédaction de ce document, un article d'El Mundo signalait que le colonel Baños était accusé d'antisémitisme au Royaume-Uni par par l'écrivain Jeremy Duns (un écrivain de romans d'espionnage spécialiste de la délation, et bossant sans doute lui-même pour le MI6). Baños n'a jamais caché sa sympathie pour Trump et pour Poutine. Les accusations lancées ou véhiculées par le projet Integrity Initiative n'ont pas seulement bloqué sa nomination : en juin dernier, le très puissant éditeur Penguin Random House a retiré la traduction anglaise de son livre "C'est comme ça qu'on domine le monde" dans lequel il met en cause le pouvoir de la famille Rothschild.

Les requins de l'Integrity Intiative se sont aussi attaqués à Jeremy Corbyn, le leader travailliste anti-OTAN. En novembre 2018,  sur Twitter ils le traitaient d' "idiot utile" par son "anti-occidentalisme viscéral" qui ferait le jeu du Kremlin. A propos de Corbyn notons que vient de sortir chez Pluto Press "Bad News for Labour: Antisemitism, the Party & Public Belief " Greg Philo, Mike Berry, Antony Lerman, Justin Schlossberg and David Miller sur la manière dont fut montée à son sujet une réputation d'anti-sémitisme. Pas étonnant que figure sur les cartons d'invitation du projet Integrity Initiative  et de l'Institute for Statecraft la députée travailliste Ruth Smeeth, ancienne secrétaire de Tom Watson, l'homme qui fut à l'avant-garde de la campagne contre Corbyn sur le thème de l'antisémtisme dans son parti.

Chris Williamson, député travailliste de Derby, a demandé une enquête sur le projet Integrity Initiative, et l'Institute for Statecraft dont, selon le journaliste du site alternatif Open Democracy (à ne pas confondre avec l'Open Society de Soros) Mohammed Elmaazi pour Thegrayzone.com, l'adresse est enregistrée dans une usine de bois à l'abandon en Ecosse. En réalité les bureaux de l'institut sont à Londres, dans le quartier du Temple (un lieu chargé de connotations ésotériques templières) plus précisément dans les locaux du bien nommé Bulldog Trust, qui a appartenu à la famille milliardaire rosicrucienne Astor. A deux immeubles de cette bâtisse se trouve le International Institute for Strategic Studies - think tank pro-ingérence depuis 1997 financé entre autres par Soros et par la Smith Richardson Foundation (des héritiers de l'empire Vick) qui finance aussi l'Integrity Initiative et qui a été derrière le Project for a New American Century dont sortit notamment la guerre d'Irak de 2003. On est là au coeur du néo-conservatisme euratlantiste.

Syriapropagandamedia.org a dressé un dossier noir de l'Integrity Initiative. Il souligne que ce programme travaille avec le gouvernement révisionniste de Lituanie et qu'il a défendu le bataillon néo-nazi Azov en Ukraine. C'est leur think tank qui a accueilli à Londres en 2016 des militaires venus de Kiev et organisé le propagande médiatique autour de leurs prétendues révélations sur les armes de Poutine. Un des membres de l'Integrity Initiative Victor Madeira a organisé en Macédoine un colloque contre l'église orthodoxe russe en novembre 2018.

Le groupe livre aussi des liens sur les contacts de l'Integrity Initiative en France, mais les liens avec les docs PDF fuités ne fonctionnent plus. Dans la présentation il est mentionné Avisa Partners, qui al'air d'être aussi une excroissance des services secrets, mais en France cette fois-ci.  François-Charles Timmerman, responsable de la section diplomatie d'affaires d'Avisa Parteners est un officier de St Cyr, un document confidentiel intitulé "Combatting Russian disinformation" le présente comme un ancien membre de la DGSE, un ancien chef d'état major de Chirac et un ancien ministre de l'industrie de Sarkozy en font partie. Mais les autres liens ne permettent pas de mieux cerner les tentacules de l'Initiative Integrity Project en France. Novaramedia en décembre dernier mentionnait l'ancienne directrice du Monde aujourd'hui journaliste au Guardian Nathalie Nougayrede parmi les "clusters" - groupes de publicistes - qui gravitent autour de ce projet.

Max Blumenthal pour Grayzone raconte aussi comment le Integrity Initiative s'est implanté aux Etats-Unis et coordonne là bas une campagne anti-Trump en colportant des ragots sur la collusion de la droite américaine avec les Russes.

Le rôle des services secrets britanniques dans cette opération Integrity Initive apporte de l'eau au moulin de ceux qui affirment que le coeur du système financier et d'espionnage qui prépare le gouvernement mondial (et la guerre qui doit faciliter son installation) se trouve non pas à Washington ni à New York, mais à Londres d'où partit le pouvoir des Rothschild au XIXe siècle, et les plus ambitieux projets d'impérialisme mondial autour du groupe maçonnique de la Table Ronde. De quoi alimenter une fois de plus les débats sur l'idée que le "Deep State" américain ne serait qu'une succursale de la Couronne britannique et du système bancaire qui la soutient depuis le XVIIe siècle...

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