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Le blog de Frédéric Delorca

Reconnaissance des Républiques populaires du Donbass par Pyongyang et une analyse marxiste intéressante à leur sujet

13 Juillet 2022 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Peuples d'Europe et UE

Après la Syrie, la Corée du Nord reconnaît la République populaire de Donesk ainsi que par la même occasion celle de Lougansk.

On notera que circule en ce moment dans divers milieux communistes "classiques" (par là, j'entends héritiers du soviétisme du XXe siècle) une déclaration de l'Union des communistes d'Ukraine (une groupe marxiste-léniniste né à Lougansk en 1992, et interdite d'activité sur le sol ukrainien par le régime de Kiev depuis 2014) dont voici un extrait intéressant à propos du Donbass :

"Bien que même les participants à cette confrontation (entre le Donbass et Kiev) n'aient pas été conscients de sa nature de classe, mais aient plutôt vu le côté interethnique, il était caractéristique que tous les groupes oligarchiques aient soutenu le gouvernement post-Maïdan et aient donné une apparence de légitimité à ce gouvernement, par leur députés parlementaires alors que pas un seul oligarque, même du groupe de Ianoukovich, n'a fait défection aux côtés des Républiques populaires de Donetsk et de Lougansk.

Dans leur composition sociale, en particulier dans l'ossature de leurs formations armées, les républiques du Donbass étaient de nature prolétarienne. Mais dans leur forme politique, elles étaient des républiques bourgeoises et exprimaient les intérêts à la fois de la bourgeoisie et du prolétariat, qui n'acceptaient pas le nationalisme anti-russe radical du gouvernement post-Maïdan et son cours pro-occidental.

(...)

La bourgeoisie russe a adopté une position contradictoire à l'égard des deux Républiques  populaires : d'une part, elle a fourni une aide militaire et économique aux républiques du Donbass, mais d'autre part, elle ne les a pas reconnues politiquement et ne les a pas incorporées dans le Fédération comme la Crimée, tandis qu'elle alla reconnaître la légitimité du régime fantoche pro-fasciste Tourtchinov-Porochenko-Zelensky et signa les accords de Minsk avec ce régime. Cela n'a pas apporté la paix aux républiques populaires et a fait de la guerre un état latent sur la ligne de contact pendant huit ans, permettant ainsi au gouvernement ukrainien de créer une armée forte et motivée par les nazis qui est devenue une menace non seulement pour les Républiques populaires mais aussi pour la Russie elle-même.

L'incohérence interne de la position de l'État bourgeois russe à l'égard des républiques populaires et du gouvernement post-Maïdan tient au fait que ses intérêts économiques étaient étroitement liés à la fois au capital occidental et au capital oligarchique ukrainien. Les politiciens russes ont réprimandé les "autorités de Maidan", tandis que les oligarques russes ont profité avec les oligarques ukrainiens de l'utilisation de pipelines à travers l'Ukraine (le pipeline d'ammoniaque de Togliatti à l'usine portuaire d'Odessa n'a suspendu son fonctionnement que le 24 février 2022), la revente de charbon du Donbass à l'Ukraine dans le cadre du programme "Rotterdam+", revente de produits métallurgiques et autres.

Exactement de la même manière, les oligarques ukrainiens, par la bouche de leurs politiciens, maudissaient « l'agresseur russe », tout en continuant à faire des profits communs. Ce sont les intérêts économiques de la bourgeoisie russe qui expliquent, tout d'abord, pourquoi les républiques populaires se sont si activement opposées aux demandes des travailleurs du Donbass de nationaliser les entreprises appartenant aux oligarques ukrainiens, et pourquoi l'opération militaire contre le régime fantoche pro-fasciste en Ukraine a été retardée. Et ce n'était que secondairement en raison de la nécessité d'acheter le réarmement de l'armée russe qu'elles ont suivi cette politique."

Le texte a le mérite de rappeler la structure profondément ouvrière des Républiques du Donbass, ce qui explique largement pourquoi la presse occidentale (y compris l'intelligentsia soi-disant de gauche) ne s'y sont jamais intéressés. Mais dépendantes de intérêts de la classe dirigeantes moscovites, elles n'ont pu renationaliser les industries soviétiques privatisées par les oligarques.

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