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Le blog de Frédéric Delorca

Syrian Girl (Mariam Susli) et le déclin du nationalisme arabe

27 Décembre 2024 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Proche-Orient, #Divers histoire, #Débats chez les "résistants", #Le monde autour de nous

A un certain moment dans mon livre sur Cuba, je m'amuse à comparer ce qu'un Que-sais-je? du début des années 1980 que j'avais dans ma bibliothèque d'adolescent, reflet de la doxa universitaire de l'époque, disait sur ce pays, avec l'idéologie actuelle. Il y avait aussi sur mes étagères un livre sur l'Irak, un sur la Libye, un sur la Syrie.

C'était une époque où les Etats-nations comptaient pour assurer aux gens la sécurité et le progrès matériel ou intellectuel, et tous ceux qui voulaient le bien des pays "en voie de développement" comme on disait, souscrivaient naturellement à leur légitimité dans le cadre de l'ordre "post-colonial" instauré en 1945 par l'ONU, même si on ne savait pas très bien quelles frontières donner à ces Etats (fallait-il créer une "nation arabe" comme l'avait tenté Nasser, une nation panafricaine etc ?).

L'influenceuse Mariam Susli alias "Syrian Girl" qui fut pendant des années une militante active de la défense d'Assad sur les réseaux sociaux et le demeure, petite fille d'un général de l'armée syrienne qui combattit en 1973, a quelque chose d'attachant parce qu'elle est restée profondément attachée à cette tournure de pensée et a sacrifié les meilleures années de sa très jeune vie (ainsi que le souligne Patrick Henningsen à la fin de l'interview ci-dessous). On retrouve d'ailleurs le même état d'esprit chez la journaliste proche du parti socialiste nationaliste syrien libanais Ghadi Francis.

C'est très touchant, à l'heure où la Syrie envahie par les HTC (c'est à dire les Turcs, Syrian Girl parle même de nouvelle invasion turco-mongole à cause de la présence turkmène et ouïghoure dans ces milices, en référence à la catastrophe pour le monde arabe à l'époque du sac de Bagdad par le petit fils de Gengis Khan) au Nord, et Israël au Sud, disparaît de la carte et où on redoute que le Proche-Orient ne soit plus comme au XIXe siècle qu'un champ de luttes entre empires (néo-ottoman, persan, russe et occidental).

Je vous laisse écouter Mariam Susli en anglais ci-dessous, notamment sa remarque savoureuse sur le fait qu'en 2019 Trump s'est vanté d'avoir sauvé la poche d'Idlib et ses terroristes, ce qu'elle rapproche du fait qu'il fut aussi le caniche de Fauci sur la question des vaccins (Trump fut le sauveur d'HTC comme il le fut de Bill Gates).

On a vraiment l'impression que le nationalisme arabe disparaît et avec lui les Arabes eux-mêmes qui, dominés par des milices sectaires dans de nombreux pays, finissent par être totalement vassalisés. Ils ne peuvent compter que sur Ansarallah au Yémen pour sauver encore leur honneur en bombardant avec des missiles étonnamment sophistiqués l'entité qui écrase les Palestiniens.

Le flambeau du sens de l'Etat nation dans le monde arabe ne paraît conservé que plus à l'Ouest, en Algérie. Et encore il y subit des assauts : accusations de financement de djihadistes par la France, prix Goncourt suspect accordé à un plagiaire de dossiers médicaux etc.

L'histoire n'est jamais figée, mais le ressac du nationalisme est assez spectaculaire en ce moment. Il ne l'est pas seulement dans le monde arabe d'ailleurs mais partout sur la planète. Tout le monde, dans l'intelligentsia du moins, semble accepter le retour des empires et le musèlement des peuples. C'est très étrange. Un symptôme de plus de la trahison des clercs.

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