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Le blog de Frédéric Delorca

L'Arménie à Soukhoumi et Soukhoumi en Guadeloupe

2 Avril 2025 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Abkhazie

La revue France-Arménie me demande ce matin une photo d'un monument arménien en Abkhazie. Je retrouve dans mes archives celle de la statue d'Archag Tchobanian devant l'école arménienne de Soukhoum où nous avions effectué du contrôle électoral en décembre 2009. Mais ma photo est floue.

Du coup, en effectuant quelques recherches sur le Net, je tombe sur une conférence de cet Archag Tchobanian, le mardi 9 mars 1897. a donnée à la société de Géographie, 184 boulevard Saint-Germain (notez que cette noble institution existe toujours à la même adresse qu'elle partage avec l'école de l'IPAG - à l'époque l'immeuble était flambant neuf et n'avait que 18 ans...).

La conférence était introduite par le grand Anatole France. France présente Tchobanian comme un ambassadeur de la culture française parmi les Arméniens de Constantinople auprès desquels il traduisait beaucoup de livres dès sa jeunesse. "Durant son exil en France, il révéla les massacres atroces et méthodiques dans lesquels périrent trois cent mille Arméniens (en 1895) par l’ordre du sultan, monstre de puissance et de faiblesse, despote fou d’épouvante" rappelle France. En 1896 (Tchobanian n'avait que 24 ans) il a publié les Lettres d'Arménie préfacées par Clemenceau. Par cet exposé, conclut France "nous reconnaîtrons que ce peuple, intelligent et héroïque, enclin à embrasser les idées les plus hautes du monde occidental, a droit par son génie autant que par ses malheurs à la sympathie des peuples d’où sont sorties les idées de justice et de liberté."

Tchibanian prend la parole. Il détaille la liste des personnalités qui se sont intéressées aux massacres des Arméniens : le Père Charmetant, Clemenceau, Rochefort, Drumont, Séverine,  Bauër,Bergerat et  Anatole Leroy-Beaulieu, L. Marillier, P. Quillard   M. Albert Vandal, et à la Chambre, les députés Denys Cochin, de Mun et Jaurès. Puis il vante la "race arménienne aryenne", résistante, industrieuse, par opposition aux Turcs oisifs. "’Egypte, dit Tchobanian, dut sa transformation administrative à •un Arménien, Nubar Pacha. En Perse, en Pologne, en Hongrie, les Arméniens jouèrent et jouent encore un rôle trèsjunportant dans le commerce, les arts et l’administration. En Russie, l’Arménien a produit des guerriers de premier ordre". Puis il présente l'histoire de la littérature et des arts arméniens. Trente ans plus tard il donnera une conférence sur la femme arménienne et sur les atrocités infligées par les Turcs notamment à travers le témoignage d'Astlik Bizian. Ce travail de conférencier, Tchobanian le déployait d'Epinal (Vosges) à Vienne (Isère). Entretemps il était revenu en Arménie en 1908 à la faveur de la révolution turque, puis avait dû reprendre son combat en exil.

Ce soir je découvre que Pointe-à-Pitre en Guadeloupe est jumelée avec Soukhoumi. Ce fut une initiative du maire communiste Henri Bangou, lors du vingtième anniversaire de la Fédération mondiale des villes jumelées-cités Unies. A l'occasion de cet anniversaire la fédération avait tenu son IXe congrès en Guadeloupe en novembre 1977. Il y a d'ailleurs une rue de Soukhoumi (parallèle à la rue Lucien Parize) à Pointe-à-Pitre.

 

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