Tensions hindo-pakistanaises

La tension monte entre Islamabad et New Dehli et pourrait aller jusqu'à l'attaque nucléraire. Suite à la décision de l’Inde de suspendre un accord bilatéral sur l’utilisation des eaux de l’Indus, la gravité de la situation ne peut être surestimée. Islamabad a déclaré jeudi : « Toute tentative d'arrêter ou de détourner le cours d'eau appartenant au Pakistan en vertu du traité sur l'eau sera considérée comme un acte de guerre et sera traitée avec tout le spectre de la puissance nationale », a rappelé le portail d'information indien The Wire . Le journal The Hindu a souligné que New Delhi n’avait même pas informé la Banque mondiale de sa décision de suspendre le traité sur l’eau de 1960. Cela a joué un rôle clé dans la négociation de l’accord et dans la résolution des conflits antérieurs.

Le dernier affrontement a été déclenché par un massacre survenu mardi dans le territoire fédéral indien du Jammu-et-Cachemire. En pleine haute saison, des hommes armés ont ouvert le feu sur des touristes dans la station balnéaire de Pahalgam, qui, selon des témoins, était complètement surpeuplée, tuant 26 personnes. Les victimes étaient des Indiens et un citoyen népalais. Les secours ont alors lancé une véritable chasse à l'homme. Vendredi, selon Al Jazeera, l'armée a détruit les maisons de deux assaillants présumés. Un groupe appelé « Front de libération » a revendiqué la responsabilité de l’attaque, la plus dévastatrice depuis 25 ans. Il s'agirait d'un groupe dissident du groupe djihadiste Lashkar-e Taiba (responsable de la mort de 175 personnes à Mumbai en 2008), un mouvement financé par les services pakistanais, mais l'attentat pourrait aussi constituer une opération sous faux drapeau.

Comme la mort du pape, l’attaque a eu lieu peu après le début d’une visite de plusieurs jours en Inde du vice-président américain JD Vance (dont l'épouse est hindoue)...

Le Cachemire est une région à majorité musulmane partiellement occupée par l'Inde : 14 millions de civils y sont surveillés et persécutés par 700 000 militaires et policiers. Depuis des années l’Inde a organisé un blocus efficace du territoire, coupant ses téléphones et son Internet, réduisant sa presse au silence et érigeant des barricades policières sur toutes les routes principales. En 1947, lorsque la Grande-Bretagne a divisé l'Inde pour créer le Pakistan, l'État du Jammu-et-Cachemire était dirigé par un prince hindou, mais la majorité de la population était musulmane. Alors que son dirigeant ne savait à quel Etat s'affilier, des guérilleros pakistanais ont traversé la frontière et les troupes indiennes ont envahi le pays pour les repousser. Les Nations Unies en 1948 après la première guerre entre l'Inde et le Pakistan avaient promis un référendum sur l'indépendance. 

Les grandes puissances ont des positions différentes sur la guerre du Cachemire depuis 70 ans. En 1957, 1962 et 1971 l'URSS a opposé un véto à l'intervention de l'ONU, c'est encore la position de la Russie : le Cachemire est une affaire interne à l'Inde. Au contraire la Chine veut internationaliser la question.