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Le blog de Frédéric Delorca

Un déçu du Diplo

15 Mai 2025 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Le quotidien, #La gauche, #Débats chez les "résistants"

Echange de mails hier avec Vladimir Caller, dont j'ai vanté le dernier livre sur l'Ukraine dans les pages de la revue de l'association Initiative Citoyenneté Défense.

Il avait l'air assez affecté de n'avoir pas pu obtenir par notre canal habituel (celui par qui j'ai obtenu la recension du livre de Békir Ashuba sur l'Abkhazie et du livre de Pierre Piccinin sur le Donbass), une recension au sein du Monde Diplomatique. Le prétexte officiel du véto de la normalienne responsable du secteur ex-URSS -  « ... ils disent vouloir faire une pause sur les recensions concernant les livres qui parlent du conflit ukrainien » - lui a déplu. "Si un journal veut faire une pause sur un sujet X pourquoi alors cibler des micro-textes (les récensions en dernières pages) tout en publiant des maxi-articles ? " écrit-il.

Vladimir a des désaccord politiques avec le Monde Diplomatique. Le 18 novembre 2024 à la conférence « États-Unis, L’empire fracturé » à l'Université libre de Bruxelles il avait fait part à Serge Halimi  de son désaccord quant à son appréciation du comportement politique de Sanders et Chomsky par rapport à Biden. En désaccord aussi avec ce journal sur la Syrie, il avait préparé un courrier pour critiquer la position d'Akram Belkaid sur la chute d'Assad formulée dans le numéro de janvier dernier "Syrie, l'année zéro de l'après-dictature", "article qui aurait pu, sans problème, être publié au Libé", comme il dit. Son ami M. Lemoine lui a clairement laissé entendre qu'on ne peut à la fois critiquer un journaliste de ce mensuel et demander une recension.

Vladimir, qui a 82 ans, appartient à une génération pour qui Le Monde Diplomatique compte. Cela dit certains jeunes le lisent aussi bien sûr (j'en ai vu un dans un café à Marseille le mois dernier). Mais comme je l'ai déjà raconté dans divers livres, c'est il y a 20 ans qu'on se battait encore pour figurer dans ses pages. La plupart des moins de 40 ans même de gauche accordent beaucoup d'importance aux chaînes vidéos sur YouTube, et aux réseaux sociaux, plutôt qu'aux articles interminables, professoraux et assommants du Diplo.

Je comprends qu'il soit déçu. Car il considère son ouvrage comme un testament politique. Il voulait utiliser cette recension comme arme pour aller porter le fer dans les débats à la fête Manifesta du Parti du Travail de Belgique qui aurait présenté son ouvrage l'été prochain.

Je lui avais déjà laissé entendre qu'il était peu probable qu'ils sortent plusieurs recensions sur l'Ukraine. En outre les recensions des livres de mes amis bénéficiaient de circonstances très particulières : leur auteur avait fait des reportages sur les lieux mêmes où ces auteurs avaient mené des actions héroïques. Une sorte de "solidarité d'anciens combattants" les unissait. Et d'ailleurs on remarquera qu'elles n'ont été placées dans le Diplo qu'au prix d'un effacement complet de mon nom comme préfacier et contributeur dans ces livres ! Je sais que le Diplo est fait comme ça. Comme je le disais à l'animateur de Comaguer le 30 avril, cela remonte aux bras de fer entre Catherine Samary et Diana Johnstone. La nouvelle génération n'a pas fait mieux. Ils ont tort bien sûr, car ils ne devraient jamais se mettre à dos de vieux militants qui croient en son institution comme Vladimir Caller. Mais ils ne sont pas à une injustice près comme n'était pas à une injustice près l'éditeur de l'Atlas alternatif qui n'avait tenu aucune de ses promesses à l'égard du livre qu'il venait de publier.

Il est dans l'ADN du militantisme politico-intellectuel de causer beaucoup de dégâts colatéraux sur son chemin. Je ne vous parle même pas du grand nombre d'anonymes qui sont sortis de réunions politiques de la gauche de la gauche avec le sentiment qu'ils n'auraient jamais la place dans ce milieu où les luttes de chapelles et la marche triomphale des égos comptent plus que l'ouverture authentique aux autres.

Le Diplo a publié en 2011 une recension de mon livre sur l'Abkhazie, mais ce fut un simple accident. Evelyne Pieillier ne me connaissait pas et ignorait que l'Atlas alternatif avait été ostensiblement boycotté par le Diplo six ans plus tôt. Elle s'était laissée porter par une sincère et ingénue curiosité pour un pays qu'elle ne connaissait pas. Ces sentiments purs sont rares dans ce mouvance et il est découragé d'en faire le ressort de son action sur le long terme.

A titre de consolation il lui a été proposé une vidéo de la chaîne YouTube du Grand Soir sur son livre. Grand honneur s'il en est (ça fait belle lurette que Le Grand Soir ne cite plus mon nom... je ne m'en plains pas d'ailleurs)... Je l'ai encouragé à accepter.

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