Le dossier Durban II
Il y a peu un lecteur honnête ici a attiré mon attentation sur les relents d'extrême droite de la charte du Hamas, et je lui en ai donné acte en trouvant cela condamnable. Concernant le discours d'Ahmadinejad, il me semble à la lecture de la dépêche de l'AFP que ceui-ci faisait bien la distinction entre antisémitisme et antisionisme. Je m'étonne donc de cette surréaction européenne, sous réserve évidemment d'une lecture plus complète dudit discours. Je vois déjà sur Facebook des gens de la rive Sud de la Méditerranée s'indigner de cette nouvelle déformation du propos du représentant iranien, et de cette nouvelle polarisation en défense du sionisme.
Il semble en fait que l'Iran ne fasse que focaliser un malaise, déjà des défenseurs de la laïcité (la désagréable Mme Fourest sur son blog) et du féminisme avaient fait pression pour pousser la France à une stratégie de rupture, notamment à l'occasion du discours du président iranien.
Tout cela n'inspire rien de bon. Qu'on aime ou qu'on n'aime pas le regain du machisme dans les sociétés du Sud, ou leur insistance à condamner le sionisme, les relations internationales impliquent qu'on négocie, c'est à dire qu'on reconnaisse à l'autre le droit de penser différemment, pour essayer d'arriver avec à quelques points d'entente magré tout. Tout indique depuis plusieurs semaines que la Russie, sur ce dossier, comme sur celui du nucéaire nord-coréen joue un rôle médiateur et pacificateur. Pourquoi la France, qui se veut humaniste et universaliste, ne pourrait-elle pas, elle aussi, un jour jouer ce rôle ?
nb : voir aussi dans le même sens que mon article, une réaction "à chaud" sur le site des Indigènes de la République
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Conférence sur le racisme: Ahmadinejad critique Israël, l'UE quitte la salle - AFP
Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a qualifié Israël de "gouvernement raciste" lundi à Genève lors du premier jour de la Conférence de l'ONU sur le racisme, provoquant le départ des Européens présents.
"Après la fin de la Seconde guerre mondiale, ils (les Alliés, ndlr) ont eu recours à l'agression militaire pour priver de terres une nation entière sous le prétexte de la souffrance juive", a expliqué M. Ahmadinejad.
"Ils ont envoyé des migrants d'Europe, des Etats-Unis et du monde de l'Holocauste pour établir un gouvernement raciste en Palestine occupée", a-t-il lancé dans une claire allusion à Israël.
"Des efforts doivent être fait pour mettre un terme aux abus des Sionistes et de (leurs) partisans", a poursuivi le président iranien, provoquant le départ de la salle du siège de l'ONU des 23 représentants européens présents sous les huées des participants.
"Dés lors qu'Israël était stigmatisé à la tribune par le président iranien, nous en avons tiré les conséquences en nous retirant de la salle pour bien marquer notre rejet absolu de tels propos", a expliqué l'ambassadeur de France Jean-Baptiste Mattéi.
"Nous devions être vigilants sur tout dérapage", a-t-il ajouté. "Cette conférence ne doit pas devenir une tribune anti-israélienne. Nous l'avons dit depuis le départ", a-t-il encore souligné.
A l'issue de ce discours de plus de 30 minutes, l'ONU a dénoncé "le langage" utilisé par le président iranien.
"Nous déplorons fortement le langage utilisé par le président iranien. De notre point de vue, le discours était totalement déplacé pour une conférence destinée à faire fleurir la diversité et la tolérance", a indiqué à l'AFP le porte-parole de la Haut commissaire de l'ONU pour les droits de l'homme, Navi Pillay.
Quelques heures avant, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon avait mis en garde M. Ahmadinejad contre tout amalgame entre sionisme et racisme, lors d'une rencontre en tête-à-tête.
Les pays européens présent avaient prévenu qu'ils quitteraient la salle si M. Ahmadinejad, connu pour ses diatribes anti-israéliennes, proférait "des accusations antisémites".
La Conférence de l'ONU sur le racisme qui doit assurer le suivi de celle organisée en 2001 à Durban en Afrique du Sud s'est ouverte lundi à Genève dans un climat tendu en l'absence d'une dizaine de poids lourds occidentaux dont les Etats-Unis, le Canada, Israël, l'Allemagne, l'Italie, l'Australie et la Pologne.
La plupart de ces pays ont expliqué renoncer à participer en raison de la présence du président iranien, craignant des dérapages similaires à ceux qui avaient entaché la réunion de 2001.
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Durban II : les espoirs du Haut Commissaire aux Droits de l’Homme
dimanche 19 avril 2009 (10h05)
Alors que 103 Etats ont annoncé leur participation au sommet de Genève sur le suivi de Durban I, voilà que les Etats-Unis font volte-face après avoir clairement laissé entendre qu’ils seraient présents ! Ils estiment que "leurs craintes de parti pris anti anti-israëlien et anti occidental n’ont pas été prises en compte..." Ils disaient exactement le contraire, il y a quelques jours à propos des avancées du texte proposé. Du coup, on ne connaît toujours pas quels pays occidentaux décideront de se joindre à cette conférence qui s’ouvre lundi, au risque de se couper de l’ONU à travers l’une de ses composantes essentielles. Mais n’est-ce pas le but poursuivi par nombre d’Etats libéraux que de discréditer l’institution mondiale sous prétexte qu’ils n’y sont pas majoritaires ? Nous reproduisons ci-dessous l’interview de la Haut Commissaire aux Droits de l’Homme, madame Navanethem Pillay, réalisée le 2/4/09 par la "Tribune des Droits humains" de Genève. Ce point de vue n’a guère intéressé la plupart des médias français impliqués dans une campagne visant à faire échouer la conférence mondiale sur le racisme, les discriminations, la xénophobie et la tolérance. Nous avons seulement modifié le titre qui était :"Il serait salutaire que la Suisse préside Durban II". Comme quoi l’objectivité de l’information est une notion toute relative. On a le droit, dans un but de manipulation de l’opinion, de condamner un texte qu’on n’a pas lu, de caricaturer, de dénigrer ou de taire des points de vue -même les plus officiels- qui ne vous plaisent pas, et de jouer des affinités dont on dispose dans les "grands" médias. La campagne de dénigrement entreprise en France pour que cette conférence ne puisse se tenir a donné lieu à des excès verbaux dont certains n’étaient pas plus raffinés que ceux, indéfendables, entendus en 2001, hors séances officielles, à Durban, en Afrique du Sud.
Madame Pillay y était. Originaire de Durban, elle est devenue depuis juillet 2008, Haut Commissaire aux Droits de l’Homme. Elle fut la première avocate non blanche à ouvrir un cabinet à Durban en 1967 car elle ne pouvait espérer être embauchée par des blancs ! Elle défendit les militants de l’ANC engagés dans le combat contre l’apartheid. Après l’abolition, elle fit inclure dans la constitution d’Afrique du Sud une clause d’égalité qui interdit la discrimination fondée sur la race, la religion et l’orientation sexuelle. En 1995, elle devint juge à la Haute Cour d’Afrique du Sud, ainsi qu’au tribunal pénal international pour le Rwanda. En 1999, elle fut nommée par l’assemblée générale de l’ONU présidente du tribunal pénal international. Depuis 2003 , elle siège à la Cour pénale internationale, jusqu’à sa récente nomination comme Haut Commissaire où elle a remplacé la canadienne Louise Arbour.
Elle aborde ici les enjeux de cette conférence qui se tient à Genève et "la désinformation continue au sujet de Durban I" : R.F
La Conférence de suivi de Durban suscite des commentaires acerbes. Comment appréhendez-vous ce sommet ?
La Conférence revêt pour moi une importance majeure. Durban est ma ville d’origine et ayant souffert de l’apartheid, le racisme est une question essentielle à mes yeux. Il a fallu beaucoup de temps pour faire tomber ce régime, mais maintenant nous apprécions ce que signifie le plein respect de la dignité de chacun. Ma perception des enjeux de Durban II est donc très liée à mon histoire personnelle.
D’où vient la vive polémique autour du sommet de Genève ?
Beaucoup de monde m’a dit, quand je suis arrivée au Haut-Commissariat aux droits de l’homme, que la Conférence d’examen de Durban serait un désastre. J’ai fait alors mes propres recherches. Depuis huit ans, je constate une désinformation continue au sujet de Durban I. Je suis frappée de voir à quel point les médias de nombreux pays ont continué à répandre cette fausse image du sommet de 2001 qui aurait été orchestré contre les juifs et contre Israël. Beaucoup d’Etats européens et les Etats-Unis sont restés sur cette impression. Ils m’ont officiellement dit que la Conférence de suivi allait finir comme Durban I et qu’elle serait dominée par la haine d’Israël. Mais à bien regarder la déclaration et le programme d’action de Durban I, le document est très global et aborde toutes les formes de discrimination raciale, de xénophobie et d’intolérance. Il a été adopté par 189 Etats à l’exception des Etats-Unis et d’Israël. Ce qui m’a surpris, c’est de voir plusieurs pays occidentaux menacer de se retirer de Durban II alors qu’il n’y avait encore aucun projet de déclaration sur la table.
A trois semaines de la conférence, quel message souhaitez-vous transmettre à ces Etats occidentaux ?
Les gouvernements qui envisagent un retrait de la conférence ne devraient pas oublier qu’ils ont des comptes à rendre à leurs citoyens, surtout dans les pays démocratiques. Les discriminations existent dans tous les pays. Et les actes de racisme ne concernent pas que les pays du Sud, ils touchent le Nord également. Le phénomène des migrations est un bon exemple.
Où en est-on dans l’élaboration d’un projet de déclaration ?
Nous avons un bon texte que la plupart des Etats soutiennent. Je ne connais aucune objection à ce document à ce stade.
Que pensez-vous du concept controversé de diffamation des religions, cher à l’Organisation de la conférence islamique, mais qui ne figure plus dans le présent projet de déclaration ?
Je comprends la préoccupation liée à la diffamation des religions. Mais le droit international existant prévoit les instruments pour condamner l’incitation à la haine raciale et religieuse. Par ailleurs, la liberté d’expression est l’un des droits de l’homme les plus fondamentaux et doit être respecté. Voilà pour le principe général. Il y a toutefois des traités qui permettent de déroger à ce principe. Les Etats ont dû cadrer la liberté d’expression. Il y a des codes nationaux en Europe qui considèrent le blasphème comme un délit.
Qu’est-ce qui fera que Durban II sera un succès ou un échec ?
Une participation du plus grand nombre d’Etats sera un élément du succès de la conférence. Par ailleurs, il s’agit ici d’une conférence de suivi. Il importera de vérifier dans quelle mesure la Déclaration et le Plan d’action de Durban ont été mis en œuvre, quels ont été les meilleurs moyens utilisés pour combattre le racisme. A mon avis, ce plan d’action a été intégré par de nombreux Etats dans leurs propres plans d’action nationaux. Mais après les terribles attentats du 11 septembre 2001, quelques jours après Durban I, les défis auxquels nous sommes confrontés sont plus difficiles. Dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, il y a eu des violations des droits de l’homme, de l’islamophobie et des discriminations contre les gens de couleur. La mondialisation et les migrations de même que la crise économique et financière compliquent la mise en œuvre de Durban I.
Craignez-vous de subir le même feu de critiques que l’un de vos prédécesseurs, Mary Robinson ?
Je n’ai aucune peur. Il s’agit ici d’une conférence de suivi. C’est moins sensible. Je m’inscris en faux quant à Mary Robinson. A Durban en 2001, elle a au contraire été une vraie héroïne en s’opposant aux visions maximalistes des ONG.
Dans le processus de Durban, qu’attendez-vous de la Suisse ?
Il serait salutaire de voir la Suisse prendre l’initiative d’assurer le succès de la conférence en proposant d’assumer la présidence du sommet. Pour l’heure, cela n’est pas intervenu, bien que nous ayons exhorté le gouvernement suisse à agir dans ce sens. Mais nous comptons sur un large soutien de la Suisse qui nous a déjà beaucoup aidés.
Au sujet du Conseil des droits de l’homme, les Etats-Unis souhaitent faire acte de candidature.
Je salue la décision du président Barack Obama. Elle est en droite ligne avec sa décision de fermer la prison de Guantanamo. Même si je ne sais pas quelle sera leur attitude au Conseil s’ils sont élus, je pense que c’est une très bonne chose que les Etats-Unis deviennent membre.
Cette annonce peut-elle avoir un impact sur d’autres Etats ?
C’est triste à dire, mais les mauvaises pratiques en matière de respect des droits de l’homme dans le cadre de la lutte antiterroriste tel qu’on a pu le constater au cours des huit dernières années aux Etats-Unis, avec la détention sans procès par exemple, ont fait des émules auprès de pays moins respectueux des droits humains. J’espère que par leur nouvel engagement, les Etats-Unis auront une influence positive sur ces mêmes Etats.
La Conférence de suivi de Durban suscite des commentaires acerbes. Comment appréhendez-vous ce sommet ?
La Conférence revêt pour moi une importance majeure. Durban est ma ville d’origine et ayant souffert de l’apartheid, le racisme est une question essentielle à mes yeux. Il a fallu beaucoup de temps pour faire tomber ce régime, mais maintenant nous apprécions ce que signifie le plein respect de la dignité de chacun. Ma perception des enjeux de Durban II est donc très liée à mon histoire personnelle.
D’où vient la vive polémique autour du sommet de Genève ?
Beaucoup de monde m’a dit, quand je suis arrivée au Haut-Commissariat aux droits de l’homme, que la Conférence d’examen de Durban serait un désastre. J’ai fait alors mes propres recherches. Depuis huit ans, je constate une désinformation continue au sujet de Durban I. Je suis frappée de voir à quel point les médias de nombreux pays ont continué à répandre cette fausse image du sommet de 2001 qui aurait été orchestré contre les juifs et contre Israël. Beaucoup d’Etats européens et les Etats-Unis sont restés sur cette impression. Ils m’ont officiellement dit que la Conférence de suivi allait finir comme Durban I et qu’elle serait dominée par la haine d’Israël. Mais à bien regarder la déclaration et le programme d’action de Durban I, le document est très global et aborde toutes les formes de discrimination raciale, de xénophobie et d’intolérance. Il a été adopté par 189 Etats à l’exception des Etats-Unis et d’Israël. Ce qui m’a surpris, c’est de voir plusieurs pays occidentaux menacer de se retirer de Durban II alors qu’il n’y avait encore aucun projet de déclaration sur la table.
A trois semaines de la conférence, quel message souhaitez-vous transmettre à ces Etats occidentaux ?
Les gouvernements qui envisagent un retrait de la conférence ne devraient pas oublier qu’ils ont des comptes à rendre à leurs citoyens, surtout dans les pays démocratiques. Les discriminations existent dans tous les pays. Et les actes de racisme ne concernent pas que les pays du Sud, ils touchent le Nord également. Le phénomène des migrations est un bon exemple.
Où en est-on dans l’élaboration d’un projet de déclaration ?
Nous avons un bon texte que la plupart des Etats soutiennent. Je ne connais aucune objection à ce document à ce stade.
Que pensez-vous du concept controversé de diffamation des religions, cher à l’Organisation de la conférence islamique, mais qui ne figure plus dans le présent projet de déclaration ?
Je comprends la préoccupation liée à la diffamation des religions. Mais le droit international existant prévoit les instruments pour condamner l’incitation à la haine raciale et religieuse. Par ailleurs, la liberté d’expression est l’un des droits de l’homme les plus fondamentaux et doit être respecté. Voilà pour le principe général. Il y a toutefois des traités qui permettent de déroger à ce principe. Les Etats ont dû cadrer la liberté d’expression. Il y a des codes nationaux en Europe qui considèrent le blasphème comme un délit.
Qu’est-ce qui fera que Durban II sera un succès ou un échec ?
Une participation du plus grand nombre d’Etats sera un élément du succès de la conférence. Par ailleurs, il s’agit ici d’une conférence de suivi. Il importera de vérifier dans quelle mesure la Déclaration et le Plan d’action de Durban ont été mis en œuvre, quels ont été les meilleurs moyens utilisés pour combattre le racisme. A mon avis, ce plan d’action a été intégré par de nombreux Etats dans leurs propres plans d’action nationaux. Mais après les terribles attentats du 11 septembre 2001, quelques jours après Durban I, les défis auxquels nous sommes confrontés sont plus difficiles. Dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, il y a eu des violations des droits de l’homme, de l’islamophobie et des discriminations contre les gens de couleur. La mondialisation et les migrations de même que la crise économique et financière compliquent la mise en œuvre de Durban I.
Craignez-vous de subir le même feu de critiques que l’un de vos prédécesseurs, Mary Robinson ?
Je n’ai aucune peur. Il s’agit ici d’une conférence de suivi. C’est moins sensible. Je m’inscris en faux quant à Mary Robinson. A Durban en 2001, elle a au contraire été une vraie héroïne en s’opposant aux visions maximalistes des ONG.
Dans le processus de Durban, qu’attendez-vous de la Suisse ?
Il serait salutaire de voir la Suisse prendre l’initiative d’assurer le succès de la conférence en proposant d’assumer la présidence du sommet. Pour l’heure, cela n’est pas intervenu, bien que nous ayons exhorté le gouvernement suisse à agir dans ce sens. Mais nous comptons sur un large soutien de la Suisse qui nous a déjà beaucoup aidés.
Au sujet du Conseil des droits de l’homme, les Etats-Unis souhaitent faire acte de candidature.
Je salue la décision du président Barack Obama. Elle est en droite ligne avec sa décision de fermer la prison de Guantanamo. Même si je ne sais pas quelle sera leur attitude au Conseil s’ils sont élus, je pense que c’est une très bonne chose que les Etats-Unis deviennent membre.
Cette annonce peut-elle avoir un impact sur d’autres Etats ?
C’est triste à dire, mais les mauvaises pratiques en matière de respect des droits de l’homme dans le cadre de la lutte antiterroriste tel qu’on a pu le constater au cours des huit dernières années aux Etats-Unis, avec la détention sans procès par exemple, ont fait des émules auprès de pays moins respectueux des droits humains. J’espère que par leur nouvel engagement, les Etats-Unis auront une influence positive sur ces mêmes Etats.
De : Fredon René: Bellaciao
Extrait de "Choses vues" de Victor Hugo

L'ANC au pouvoir
Somalie : d'une piraterie à l'autre
Je lis dans Democracy now ce matin un article intéressant sur la Somalie.
Le député du congrès des USA du New Jersey Donald Payne a fait une brève visite à Mogadiscio lundi et son avion a été visé par des tirs de mortier pendant qu'il quittait le pays. L'ancien ambassadeur des USA aux Nations Unies John Bolton a déclaré sur Fox News le week-end dernier que les USA devraient assembler une citation pour envahir la Somalie. En attendant, la pêche et le petit business local le long de la côte somalienne souffrent de la présence navale américaine et internationale accrue dans leurs eaux.
Surtout Democracy now interviewe Mohamed Abshir Waldo, analyste kenyan d'origine somalienne. Selon lui, la piraterie au large de la corne de l'Afrique est une réponse au pillage dont celle-ci a fait l'objet. Dans les annés 1990 les eaux somaliennes ont été envahies par des flotilles de pêche illégales espagnoles, italiennes, françaises, britaniques, grecques, puis russes et même maintenant norvégiennes, ainsi que des pays riverains de la Mer rouge. Les pêcheurs somaliens ont porté plainte et ont fait appel aux Nations Unies, et à l'Union européenne sans résultat. Les seigneurs de la guerre locaux et la mafia italienne étaient aussi de la partie. L'Organisation pour l'alimentation et l'agriculture des Nations Unies (la FAO) a estimé que 700 navires d'appartenance étrangère se livraient à de la pêche non autorisée dans les eaux somaliennes en 2005. Mohamed Abshir Waldo dénonce aussi le déversement de déchets toxiques (y compris nucléaires) sur ces côtes. La piraterie somalienne est aujourd'hui le fruit de la destruction de l'écosystème le long de la côte somalienne et de l'appauvrissement des pêcheurs.
La logique répressive que le président américain Obama et ses alliés veulent aujourd'hui impulser est tout aussi néfaste à la survie des derniers pêcheurs locaux et des communautés villageoises côtières qui, tout en condamnant les actions des pirates, voient les patrouilles militaires compromettre encore plus leurs dernières chances de survie économique dans la zone, et pousser leurs propres enfants à faire le choix de la piraterie. Tous les ingrédients d'un cercle vicieux sont réunis. Merci le capitalisme et l'économie dérégulée !
La complexité

Je ne me suis jamais rendu à Cuba. J'ignore à quel point les gens y souffrent de la dictature ou, au contraire, voient dans leur gouvernement une structure honnête qui oeuvre à leur émancipation, à quel point la pauvreté écrase les gens, ou si les gens s'en accommodent. Je reçois des échos divergeants là dessus, je donne la parole à ceux qu'on entend le moins tout en restant assez agnostique sur l'ensemble du tableau (l'agnosticisme préserve du dogmatisme). Et je prends aussi en compte les hommages que l'Amérique latine, l'Afrique du Sud, le Sri Lanka, rendent à Cuba comme île résistante qui sert la défense de leur propre liberté. J'ai peut-être déjà raconté sur ce blog mon expérience de stagiaire d'ambassade voyant, dans un congrès d'Izquierda unida à Madrid en 1994, toutes les représentations diplomatiques du Tiers-Monde, y compris le représentant du président (si pro-occidental) gabonais Omar Bongo assis à côté de moi faire une standing ovation au nom du "Parti communiste de Cuba" (à la grande surprise des délégations occidentales un tantinet horrifiées) pour se rendre compte de ce que ce pays représente dans le mouvement des non-alignés. Tout cela est à prendre en compte. Mais pourquoi ces éléments sonnent-ils si désagréablement aux oreilles de certains ?
Forbidden paperelle

Les prochaines élections européennes

A gauche on attend qu'un parti responsable franchisse enfin le Rubicon et prône la sortie de l'Union européenne. Au lieu de cela on parle encore d' "Europe sociale", comme si l'on pouvait sérieusement penser que la commission, ou même le Conseil deviennent des instances anti-libérales. Hier le patron de presse islandais Jónas Kristjánsson, naguère fervent européiste, a reconnu que, bien que son pays soit au bord de la faillite financière, il y a peu de chances qu'il veuille rejoindre l'Union. L'UE n'est pas attractive, et M. Barroso s'est réjoui trop vite au début de l'année quand il espérait annexer rapidement cette petite île. Voilà un pays de 300 000 habitants qui a plus de confiance en lui-même que la France.
En France, on annonce que près de 66 % des électeurs pourraient s'abstenir d'aller voter pour l'élection des députés au Parlement européen. Juste réponse du berger à la bergère : vous méprisez notre réferendum, nous méprisons vos élections.
Reste à transformer le ressentiment ambiant en énergie positive. Elaborer un programme audacieux de sortie de l'UE, de recomposition d'une confédération européenne sur les bases de la souveraineté populaire, et mettre en oeuvre un protectionnisme économique et une régulation drastique des marchés, un système d'échange coopératif avec les pays les plus pauvres. On ne peut pas éternellement laisser pourrir la situation.