Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le blog de Frédéric Delorca

Candide au Sri Lanka

7 Mai 2009 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Le monde autour de nous

J'ai reçu un texte vigoureux et bien argumenté ce matin de Jean-Pierre Page sur le Sri-Lanka, un sujet qu'il connaît particulièrement bien. Un texte anti-impérialiste, et à la mesure de la désinformation (ou de la sous-information, valant désinformation et réduction aux clichés) que nous avons sur cette île. J'ai posté ce texte sur le blog de l'Atlas alternatif, mais en même temps je trouve sur Facebook des points de vues de gens sensibles au sort de la minorité tamoule qui, tout en dénonçant le terrorisme des Tigres, ne sont pas aussi élogieux à l'égard du système politique sri-lankais. Par exemple un certain jeune homme qui dit se nommer Nich Sh*. L'anti-impérialisme supposant la dénonciation des manipulations sans prendre partie sur la politique intérieure des Etats, il ne s'agit pas de distribuer les bons ou les mauvais points. Il importe seulement de dénoncer notre propre simplisme, en tant qu'il peut lui aussi être manipulé. Ce faisant, il faut accepter de jouer les candides, et c'est dans l'esprit du candide que j'ai adressé un mail à ce M. Shah. Voyons ce qu'il répondra.
Lire la suite

A l'ambassade d'Ouzbékistan

6 Mai 2009 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Le monde autour de nous

Un reliquat de l'époque où nous avions manifesté notre solidarité avec la République d'Ouzbékistan lorsqu'elle a fermé les bases militaires étatsuniennes sur son territoire (du temps de W Bush) : il arrive encore que le Dissident internationaliste, le patron du Samizdat et moi-même soyons invités à des briefings à l'ambassade d'Ouzbékistan à Paris. Ce fut le cas ce soir à l'invitation du nouvel ambassadeur M. Aolev et à l'occasion de la publication d'une brochure du président Karimov sur la crise financière.

L'Ouzbékistan, qui a toujours défendu le dirigisme étatique dans la transition vers le capitalisme, pavoise aujourd'hui - son système économique mixte lui permet de conserver un taux de croissance acceptable dans la tourmente. Son président a tenu à le faire savoir, et un certain nombre de personnalités (des universitaires, un cadre d'entreprise français) sont venus commenter l'ouvrage et vanter la clairvoyance du leader de ce pays.

Le Dissident internationaliste, le patron du Samizdat et moi-même faisions peut-être un peu tâche avec nos looks de journalistes free lance. A l'heure de la dégustation du plov autour d'une grande table, le Dissident internationaliste s'est même vu reprocher par un plus grisonnant que lui d'avoir trop bavardé pendant le discours du président. On nous en blâmait aussi en Transnistrie. On ne se refait pas. Je n'aurais jamais pu mener une vie de diplomate.

Ensuite nous avons eu droit à une conversation à trois (le patron du Samizdat  s'était éloigné, je ne sais plus pourquoi) avec un secrétaire de l'ambassade : un tour d'horizon informel sur l'Afghanistan, l'Iran, le Proche-Orient. Les diplomates ouzbeks ont une grande tradition d'hospitalité qui, paraît-il, existe aussi chez leur peuple. Ils sont en outre toujours très convaincants quand ils proclament leurs idéaux de paix, de dignité nationale, et de prudence dans les mesures économiques. L'ambassadeur fut notamment brillant, après les interventions des universitaires, dans une improvisation inattendue sur la politique de l'eau. Les nations des oasis savent aller à ce qui leur est essentiel.

Lire la suite

Quelque part à Chisinau

5 Mai 2009 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Transnistrie

A Chisinau (où je n'ai jamais mis les pieds), au 18 de la rue Sfatul Tarii (je trouve l'adresse sur Internet), il y a une Alliance française.  Dans cette Alliance française, il y a, je suppose, des tas de Pénélopes et de Cendrillons qui s'ennuient, et qui rêvent de Paris - Victor Hugo, "Moulin Rouche", Napoléon, messieurs très galants. Toujours amusant cet univers des Alliances françaises, univers de jeunes gens fauchés, aux têtes remplies de rêves. Des rêves construits sur une connaissance très superficielle de notre hexagone (j'ai vu deux filles d'Europe de l'Est choir du haut de leurs rêves en arrivant à Paris, une Lettonne et une Bulgare, c'est toujours un spectacle triste).

Et puis il y a une médiathèque. Et, dans cette médiathèque, des fonctionnaires qui surfent sur le Net, je suppose, ou qui écoutent RFI. Ah la grande histoire d'amour entre RFI, les ambassades, les consulats, les centres culturels, les alliances françaises ! Tout ce vieil héritage gaullien souverainiste, qui coûte cher, que les libéraux veulent liquider - qu'ils ne font que rogner quand ils peuvent, en coupant les budget, en virant Labévière.

A la médiathèque de l'Alliance française de Moldavie, on sait que la Moldavie ne va pas très bien, qu'elle est dans une impasse. Et on sait que les jeunes gens qui apprennent la langue de Molière, pensent parfois à cette petite république sur les bords du Dniestr gardée par des chars russes, et se disent que, s'il n'y avait pas les chars russes, la Moldavie percevrait des impôts sur les combinats soviétiques de cette république - qu'elle aurait allègrement privatisés, et serait donc un tout petit peu moins pauvre.

A la médiathèque il y a une dame, qui s'appelle Sylvia, et qui a un nom moldave ou roumain. A 14 h 50 (heure de Paris), il faisait beau à Chisinau (20 °C), et Mme Sylvia a envoyé un mail à mon éditeur, pour lui dire que les gens de l'Alliance sont "vivement intéressés par le livre de Frédéric Delorca « Transnistrie : Voyage officiel au pays des derniers Soviets »" et voudraient se "renseigner sur les modalités d’acquisition". Ce n'est pas tous les jours qu'un livre en langue française s'intéresse à ces combinats soviétiques sur les bords du Dniestr, ni même un livre occidental en général. Alors si l'on peut apprendre le français en découvrant par la même occasion ce qui peut se dire en France de la petite république protégée par les chars russes, pourquoi pas ?

Je pense qu'on a tenu ce raisonnement à la médiathèque de Chisinau. Mon éditeur, lui, était satisfait. Il voit que ses livres sont visibles. On les remarque. On les remarque même plus que ceux du Temps des Cerises, me semble-t-il. Et ainsi tout le monde est content.
Lire la suite

La lenteur des esprits

4 Mai 2009 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Ecrire pour qui pour quoi

J'ai mis ce matin en ligne sur le blog de l'Atlas alternatif une brève intervention télévisée de Jean Bricmont, préfacier de l'ouvrage, qui synthétise assez bien le point de vue de nos milieux sur le monde où nous vivons. Je trouve dommage que nous devions dépenser tant d'énergie et tant de temps, pendant de années, à faire passer un message aussi simple, un message de bon sens. C'est comme notre combat pour les droits du peuple palestinien. Je ne comprends pas que les mentalités tardent à évoluer sur tous ces points, et que l'on se heurte à tant de mauvaise foi, tant de bêtise et de lâcheté aussi (je pense aux journaux qui rechignent à véhiculer nos analyses, aux petits esprits qui trouvent utile de diffamer en catimini nos amis pour empêcher la publication de nos ouvrages). Nos sociétés ne sont que très peu démocratiques. Les censures, les refus d'analyser et de discuter honnêtement y sont les réflexes dominants. Chomsky a bien analysé le rôle des propagandes dans les sociétés où l'autorité ne vient plus d'en haut. On crée des réflexes grégaires à coup d'images réductrices et d'informations fausses, et cela crée le même obscurantisme que dans les sociétés traditionnelles. Peut-être même un obscurantisme bien pire : chargé d'une sorte d'hystérie, et d'une peur de celui qui ne pense pas comme la majorité des grands médias, comme si le dissident était un ennemi de l'espèce humaine. Tout cet abrutissement collectif fait froid dans le dos.
Lire la suite

Béatrice Guelpa : Gaza, debout face à la mer

4 Mai 2009 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Lectures, #Proche-Orient

Voici mon compte-rendu du livre de Béatrice Guelpa : Gaza debout face à la mer, publié sur le site Parution.com

 

Pour le lire cliquez sur http://www.parutions.com/index.php?pid=1&rid=4&srid=84&ida=10837

Béatrice Guelpa   Gaza debout face à la mer - Le défi de Jawdat Khoudary
Zoé Editions 2009 /  16 € - 104.8 ffr. / 122 pages
ISBN : 978-2-88182-645-0
FORMAT : 14cm x 21cm

L'auteur du compte rendu : Romancier, essayiste, docteur en sociologie, Frédéric Delorca a publié entre autres, aux Editions du Cygne, Transnistrie : Voyage officiel au pays des derniers Soviets (2009).
Imprimer


Comment faire comprendre à l’opinion publique occidentale étourdie par le flux de clichés médiatiques quotidiens que les habitants de Gaza sont des individus, qui ont tous leurs trajectoires, leurs singularités, qu’il ne s’agit pas d’un troupeau conforme à quelques stéréotypes, mais d’êtres humains, c’est-à-dire de personnes qui réfléchissent, qui défendent leur dignité, qui préparent l’avenir de leurs enfants, malgré l’embargo et les bombes, et malgré notre lâche indifférence ? Telle est l’interrogation en arrière-plan du dernier livre de la journaliste suisse Béatrice Guelpa.

La voie choisie par l’auteur est originale et difficile. Il s’agit d’un portrait, celui de Jawdat Khoudary, homme d’affaire gaziote né en 1960, collectionneur de pièces d’art antiques qu’il a découvertes lui-même dans le sous-sol de sa ville. L’idée du livre semble être née à l’occasion de l’exposition de sa collection au musée d’art et d’histoire de Genève en 2007. La biographie de Khoudary est ainsi déclinée, d’une décennie l’autre, de l’époque de l’administration égyptienne à celle du gouvernement par le Hamas, en passant bien sûr par l’occupation militaire israélienne, et les lueurs d’espoir des premiers pas de l’Autorité palestinienne, il y a quinze ans.

En parcourant les confessions de ce collectionneur, on ne peut manquer de songer au livre d’entretien que Georges Malbrunot a consacré au vieux lion Palestinien leader du Front populaire de libération de la Palestine, Georges Habache (voir notre recension dans ces colonnes).

Rien ne peut être plus opposé que les parcours de ces deux hommes qui naissent pourtant sur le terreau d’une même injustice et d’un même désespoir. Là où Habache défendait la résistance armée, Khoudary la sublime dans l’amour des belles œuvres et dans la volonté d’offrir à ses concitoyens la réappropriation de leur passé, et la dignité d’une identité retrouvée, en construisant pour eux un musée, le mat’haf, qui donne même aux plus pauvres pendant quelques semaines l’impression d’une normalité retrouvée, malgré l’embargo et malgré la guerre.

Béatrice Guelpa a conscience qu’elle marche sur une corde raide quand elle nous transporte dans la villa cossue de son hôte parmi les beaux meubles et les jardins plantés de citronniers. Le risque du déni de la réalité gaziote, de la fuite dans un passé trois fois millénaire idéalisé est présent à chaque ligne. Mais ce rêve de calme et de beauté n’est là que pour dénoncer, par effet de contraste, l’asphyxie qui lui est imposée. C’est un rêve avec un pistolet sur la tempe. On s’en rend compte notamment lorsque Khoudary évoque toutes les fois où son groupe financier a failli faire faillite, et non seulement les risques de confiscation de ses chapiteaux de colonnes et de ses statues grecques par l’armée israélienne, mais aussi le danger que sa collection faisait planer sur sa survie physique et celle de sa famille. Gaza paie un prix exorbitant pour toute chose, même pour conquérir le droit à la conservation de son patrimoine.

L’épée de Damoclès qui pèse sur les rêves de cette enclave assiégée se révèle dans toute son horreur à partir de fin décembre 2008, quand les raids de l’aviation israélienne font tout basculer dans le cauchemar. L’esthète qui, jusqu’alors, prônait le compromis avec Israël, et plaçait le développement économique au dessus de tout, doit faire le constat que l’envahisseur ne veut pas seulement «éradiquer le Hamas», mais aussi punir collectivement la population, la démoraliser, anéantir son potentiel économique (comme jadis l’OTAN en Serbie - les chiffres sont du reste comparables 700 grammes de bombes par habitant sur trois semaines, 1,25 kg pour les Serbes en dix semaines il y a dix ans, mais le pays était plus vaste). Béatrice Guelpa mentionne fidèlement les maisons d’habitation, les fermes et les usines bombardées, et même le zoo (comme dans Underground de Kusturica), bombes à fragmentation, au phosphore, l’American school détruite, vestige du temps où les États-Unis aidaient la Palestine à former ses cadres, la soif de vengeance d’une jeunesse qui ne parle plus que de «djihad».

Elle termine son beau récit sur une note d’espoir : Jawdat Khoudary nourrissant ses enfants. Mais nul n’est dupe en refermant le livre : debout face à la mer, Gaza est surtout dos au mur. Le chemin de la liberté, de la paix et de la prospérité y est plus que jamais hérissé de fils de fer barbelés.

Frédéric Delorca
( Mis en ligne le 04/05/2009 )

Lire la suite

Le "Front de gauche" ne va pas bien

3 Mai 2009 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #La gauche

J'ai nourri quelque espoir, il y a quelques mois, lors de la formation du Front de gauche. J'appréciais notamment en son sein le MPEP qui osait poser la question incontournable de la sortie de l'UE.

Mais l'évolution de Mélenchon et du PC n'est pas des plus encourageantes en ce moment. Sur l'UE ils font mine de croire à "une autre Europe" alors qu'aucun indice ne plaide dans ce sens (ce genre d'incantation, qui ne se fonde sur aucune stratégie crédible devient à la longue irresponsable et malhonnête car elle détourne les gens de la construction d'un projet alternatif urgent - celui qui passe par la sortie de l'UE). Et Mélenchon qui avait été très bon sur le Tibet et le Kosovo, se répand en insultes contre Ahmadinejad (dont le discours de Genève était pourtant irréprochable), et adopte une position faible face à Israël (à l'heure où même le Département d'Etat américain s'inquiète du fait que le Quai d'Orsay est dominé par les néoconservateurs).


Dans ma région gasconne le PC abandonne les clés de la boutique à un spécialiste de la guerre civile espagnole qui n'a pourtant guère la cote dans l'opinion publique locale et suscite bien des controverses (comme me le disait le Scientifique belge, c'est au moment où le PC renonce le plus clairement à la révolution qu'il commémore la seule époque de son histoire où il était révolutionnaire : 1936 - encore son côté révolutionnaire pendant la guerre d'Espagne est il très contesté par les poumistes et les anars). En Seine-Saint-Denis il s'en remet à des figures montantes pour le moins contestables (mais on avait vu la même chose à Paris avec le phénomène Clémentine Autain). Sur le plan théorique triomphent en son sein des penseurs d'un communisme parfaitement abstrait (Spire, Badiou, Zizek).

On peine à trouver là les signes d'une stratégie lucide et courageuse.

Lire la suite

D.H. Lawrence

2 Mai 2009 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Les rapports hommes-femmes

Je suis enclin à créditer les romanciers d'une plus grande honnêteté que les théoriciens (ce pourquoi j'ai écrit un roman avant de tenter la moindre systématisation de mes théories, bien que celle-ci soit également nécessaire).

Aussi lorsque je lis, sous la plume de DH Lawrence, dans sa préface de 1929 à L'Amant de lady Chatterley, "je veux qu'hommes et femmes puissent penser les choses sexuelles pleinement, complètement, honnêtement et proprement. Même si nous ne pouvons pas agir sexuellement à notre pleine satisfaction, sachons au moins penser sexuellement avec plénitude et clarté", je suis plus enclin à croire en sa profondeur qu'à celle des mouvements psychanalytiques qui lui sont contemporains. Voyez le choix des termes, si lumineux, si apollinien, si confiants dans la force de la pensée, et en même temps modestes, réalistes. N'est-ce point autrement plus doux et fécond qu'un Wo Es war soll Ich werden ?
Lire la suite

L'extrême centre

2 Mai 2009 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #La droite

Longtemps j'ai cru que la nouvelle orientation du Modem n'était qu'un rideau de fumée, comme le décrit Marianne2 cette semaine. En même temps l'aspiration à une "radicalité centriste", l' "extrême-centre", malgré sa légèreté idéologique, promue depuis 30 ans par Jean-Fançois Kahn, a parfois donné de bons résultats : elle nous a soustraits à la dictature belliciste en 1999 par exemple. Je n'ai jamais voulu caricaturer les phénomènes politiques, de l'extrême-gauche à l'extrême-droite, ni les concevoir trop facilement comme de vulgaires pièges, car ce serait prendre les gens qui s'y engouffrent pour des abrutis. Je m'interdis ce genre de mépris facile. Quand une catégorie de gens révoltés choisissent une option, on peut espérer qu'ils ne feront pas qu'épuiser leur énergie dans ladite option mais aussi parviendront à l'infléchir dans le sens du projet social qu'ils veulent mettre en oeuvre. Voilà pourquoi en ce moment les anti-systèmes du Modem (ceux qui le sont sincèrement) m'intriguent. Je m'intéresse à ce qu'ils pourront éventuellement faire de leur mouvement.
Lire la suite
<< < 1 2 3 4 5 > >>