Les cheminots ne respectent pas les droits de l'Homme
Le secrétaire d'Etat M. Estrosi a dit tout haut, ce que le système bourgeois pense plus ou moins bas à propos des agents de la SNCF (qu'il comparait à des agents qui auraient fait la grève du déblaiement après le tremblement de terre d'Haïti, parce qu'ils ont refusé de reprendre le travail malgré l'irruption d'un volcan en Islande):
"Il y en a qui (...) alors qu'il y avait une situation exceptionnelle, un phénomène naturel, et qu'il y avait un devoir de solidarité, la nécessité de respecter les droits de l'homme tout simplement, ont continué à avoir un comportement de repli sur eux-mêmes".
Il y a dans cette phrase une vieille antienne bourgeoise du 19ème siècle : les mouvements de masse méprisent les valeurs individuelles de la déclaration des droits de l'homme, le droit de chacun à la propriété, à la sûreté, la liberté d'aller et venir.
Et puis, il y a une autre couche dans cette phrase, plus contemporaine, plus apocalyptique : la notion de crime contre notre espèce. Voyez, ces gens ne sont pas des philanthropes (à la différence des rois héllenistiques). Le monde est à feu et à sang, il y a des volcans partout, des tremblements de terre, presque des cadavres dans les rues, et ces messieurs de la SNCF ne sont pas "solidaires", ils laissent ces pauvres (petits bourgeois) vacanciers au milieu du chaos volcanique pour défendre leur petit droit corporatiste à... (leur droit à quoi au fait, on ne sait même plus pour quoi les agents de la SNCF faisaient grève).
Evidemment l'argument du secrétaire d'Etat est ridicule. Mais je me demande si 20 ans d'apocalyptisme compassionnel dans les représentations médiatiques ne finissent pas par le rendre crédible aux yeux de beaucoup de gens.
Tout cela prêterait à sourire sur la bêtise de notre époque, s'il ne se profilait pas derrière ces propos ridicules de M. Estrosi une affaire plus grave : le démantèlement progressif d'un service public français qui depuis 1945 avait accompli des merveilles. Car c'est bien de cela qu'il s'agit. Derrière la volonté de briser la caste des cheminots et leur "culture de la grève", il y a le souci de pouvoir enfin "faire ce qu'on veut" avec la SNCF : la soumettre toujours plus à des logiques commerciales, investir moins dans ses infrastructures, pour ne pas trop peiner ses futurs actionnaires, faire du business sur son dos et sur celui de ses passagers (pardon ! de ses "clients" !). Que nos services publics ne soient plus que des "utilities" comme disent les Anglo-saxons, sur lesquelles on se fera du pognon.
Voulez-vous que je vous raconte la triste histoire de la jolie gare Saint Lazare au bord de l'implosion ?
Dans la même logique une postière hier, apparemment très motivée, fraîchement formée par les écoles du Parti (le Parti du fric), me montrait, sourire aux lèvres son nouveau bureau de poste, sans guichets, au milieu duquel trônaient les "produits" (enveloppes pré-affranchies, cartons à colis) très chers que nous sommes instamment incités à regarder (et acheter) avant d'aller poster nos lettres. Tout pour les produits ! Tout pour le profit ! Ca c'est solidaire et respectueux des droits de l'homme !
A propos de "Le boycott d'Israël est-il de gauche ?" d'Eric Marty
Vous le savez, je m'abstiens d'attaquer trop souvent l'Etat d'Israël, parce que je ne trouve pas légitime la polarisation intellectuelle sur ce sujet (et même dans beaucoup de cas cette polarisation est malsaine). Il y a beaucoup d'autres problèmes en ce bas monde que ceux du Proche-Orient, et ceux qui se laissent obséder par ces derniers ne rendent pas service à l'intelligence.
En outre j'apprécie plus que tout les débats sereins sur les grands sujets de notre temps. Plus l'argument remplace l'invective plus nous pouvons avancer (même s'il est vrai que la brièveté des billets sur Internet ne rend pas toujours la chose possible).
C'est pourquoi j'apprécie particulièrement l'article d'Eric Marty "Le boycott d'Israël est-il de gauche". On y trouve exposés en des termes pondérés et sereins (ce qui est loin d'être toujours le cas chez les partisans d'Israël) les raisons pour lesquelles selon l'auteur Israël ne doit pas être boycotté. J'invite donc les gens à lire cet article.
Evidemment je ne suis pas d'accord avec le point de vue qu'il expose. Par exemple quand il explique qu'il n'y a pas eu de viols systématiques de civils ni de meurtres de masse et "donc" pas de crimes de guerre à Gaza : cette vision trop restrictive des crimes de guerre n'est pas acceptable et n'a jamais correspondu à la définition classique du terme. Viser délibérément des usines, des centrales électriques, des bibliothèques, et même un zoo, c'est s'en prendre à des civils, donc c'est un crime de guerre tout aussi grave que de violer des femmes. De même je trouve très grave sur le principe d'écrire "jamais la Cisjordanie n'a connu une évolution politique et économique aussi prometteuse". L'auteur parle ici d'une région sous occupation militaire. Je ne vois pas quelle "évolution politique prometteuse" peut connaître une région qui ne dispose d'aucune souveraineté politique. Que peut-il y avoir de "prometteur" dans le fait que quelqu'un d'autre décide pour vous de votre avenir ? N'est-ce là pas légitimer la mise sous tutelle d'autrui, et son infantilisation ?
Bien sûr le passage le plus contestable est celui selon lequel "ce peuple et cet Etat ont su, par le passé, montrer, en restituant le Sinaï et Gaza, qu'aucun projet colonial ne pouvait leur être imputé comme fait de structure". Evidemment l'argument ne convainc pas. D'abord parce qu'il y a la Cisjordanie justement : avec sa toile d'araignée de colonies. Que pèse la restitution du Sinaï (ou même le démantèlement des colonies de Gaza) face à cette réalité ? Et si Israël n'a pas de projet colonial, alors pourquoi n'a-t-il pas saisi la chance des accords d'Oslo dans les années 1990 pour geler la colonisation cisjordanienne ? Et puis, plus profondément, il y a le principe même de la création d'un Etat juif en terre arabe, qui est le principe de la création d'Israël, qui est ici à interroger. N'est-il pas colonial dans son essence ? Bien sûr c'est l'argument constant de tous les colonialistes de dire "nous n'avons pris les terres de personne", "il n'y avait personne quand nous sommes arrivés", "les gens avaient quittés leurs fermes d'eux-mêmes et on s'est contentés de s'installer là". Mais ça ne tient jamais la route. J'attends toujours qu'on me démontre que les fondateurs d'Israël n'ont pris les terres de personne.
Je pense que le meilleur argument qui puisse aller dans le sens des sionistes est de dire qu'il ne sont pas "rendus compte" qu'ils colonisaient et qu'ils spoliaient en 1947. On sortait de ma guerre, des millions de gens étaient morts, dans la shoah, mais aussi dans les diverses opérations militaires. La vie et la propriété n'avaient plus guerre de prix. Des peuples entiers avaient été déplacés (par exemple par Staline). Et donc l'expropriation de quelques centaines de milliers d'Arabes du mandat britannique de Palestine n'étaient qu'une injustice parmi mille autres. C'est d'ailleurs pourquoi bien peu de gens la trouvèrent scandaleuse à l'époque.
La "malchance" de cette colonisation occidentale (car elle était essentiellement occidentale, puisque les Juifs venaient d'Europe et d'Amérique, et avec le soutien de l'Ouest, c'est qu'elle fut contracyclique : elle intervenait alors que partout ailleurs les autres colonisations occidentales allaient être battues en brèche. Ainsi, plus l'Occident reculait dans le Tiers-Monde, plus l'installation d'Israël choquait. La machance d'Herzl est que son projet fut trop tardif. Celui des nationalistes basques, ou corses le fut aussi au regard du grand éveil des nations de la première moitié du 19ème siècle mais les Basques et les Corses du 20ème siècle pouvaient au moins se prévaloir d'une rhétorique anticoloniale qui suivait l'air du temps. Le nationalisme sioniste a été trop tardif, et son colonialisme trop "voyant" et trop décalé par rapport au monde de Bandoung issu de la décolonisation.
Israël a sans doute fait beaucoup d'efforts pour rester démocratique et, sur divers points, ouvert. Mais il n'a pas su effacer le péché de colonialisme, qui est dans son essence, et qui reste aujourd'hui un ressort essentiel de son fonctionnement. Nous pourrions à la rigueur aujourd'hui qu'il ne s'agit que d'un reliquat colonial parmi d'autres comme le Sahara occidental, ou la Nouvelle Calédonie, ou Mayotte, et le traiter sur le même mode. Evidemment, comme l'écrit Vijay Prashad dans un texte récent, le problème va un peu au delà puisque maintenant nos élites mobilisent beaucoup d'argent et surtout beaucoup de censure intellectuelle pour sacraliser l'existence de ce colonialisme à contre-temps, et même en faire le fer de lance de la civilisation face au reste du Proche Orient qui serait voué à l'obscurantisme. D'une certaine façon c'est parce que notre société dépense tant d'énergie à justifier la colonisation en Palestine que nous devons en permanence rappeler que cette réalité-là (le colonialisme) ne peut plus être une valeur de l'Occident, et donc, en permanence, critiquer le discours dominant qui voudrait faire d'Israël l'avant-poste des valeurs occidentales au Proche-Orient.
Particularismes et universalisme
Mon article sur Lady Gaga et Nabe a été repris sur une sorte de liste confidentielle consacrée à cet écrivain. Du coup je crois que cela m'a attiré quelques nouveaux lecteurs dont cette personne qui m'explique que Nabe a toujours refusé d'être un intellectuel.
Je pense que dans son cas comme dans d'autres c'est l'articulation entre intellectuel et universel qui lui pose problème (par delà même les cas risibles de BHL, Finky and co). Une articulation qui a été voulue par la gauche (mue depuis 1789 par un universalisme que certains disent abstrait) mais on voit bien à la fois le risque d'imposture qui soustend l'appropriation de l'universel, et la difficulté permanente de la mise en empathie entre l'universel et les particularismes - par exemple entre un précepte apparemment utile à l'ensemble de notre espèce, et les différentes volitions ponctuelles qui en contredisent le respect.
Personnellement, comme je l'ai souvent dit sur ce blog, je me suis réconcilié avec la notion d' "intellectuel" du temps où j'ai connu des Serbes qui en pleine guerre attendaient de Chomsky et de Bourdieu qu'en qualité d'intellectuels justement ils viennent briser le mur du mensonge qui avait conduit au bombardement de leurs villes.
J'y ai ressenti comme une façon de revivifier ce concept passablement usé en France par les "nouveaux philosophes" et je pensais comme eux, qu'un intellectuel, indexé l'universel, leur serait plus utile qu'un écrivain rivé à ses particularismes comme Besson par exemple.
Mais je sais que ce point de vue est contestable. L'intellectuel et la baudruche parfois ne font qu'un là où l'écrivain particulariste garde le mérite de n'avoir jamais témoigné que de phénomènes partiels, locaux, plus "vrais", que des grandes analyses universelles.
Prenez mon dernier livre sur l'Abkhazie, dont j'ai reçu les exemplaires ce matin, c'est un livre tout entier enraciné, par sa méthode narrative, dans les petites vérités locales. Il essaie de s'en extraire par le dialogue (les interiews en deuxième partie) et les lectures (l'analyse géopolitique à la fin) mais le mouvement interne du livre ne laisse jamais de rappeler le particularisme qui préside à sa rédaction (particularisme qui ressurgit dans la conclusion, et dans la formulation du sous-titre "à la découverte").
A peine mon éditeur avait-il diffusé l'annonce de sa sortie qu'une collaboratrice d'un journal qu'ailleurs j'ai nommé "le Mensuel de gauche" en a demandé un exemplaire en service de presse. J'ai été presque mal à l'aise. Je me demande si elle va s'y retrouver dans le particularisme de la démarche (là où justement les journalistes s'attendent maintenant à des livres d' "intellectuel", même de piètres ou de sous-intellectuels). Je sais combien la commentatrice de l'IHEDN m'a reproché mon subjectivisme dans le livre sur la Transnistrie. Ce nouveau concept que j'essaie d'imposer du livre mi-témoignage mi-analyse (sans verser dans la "romanquête" ou le "docufiction") n'a toujours pas de statut possible dans l'univers médiatique des "experts" tel qu'il s'est construit depuis 50 ans, et n'en aura peut-être jamais. Il vise justement à concilier le meilleurs du particularisme et de l'universalisme, dans un dialogue critique entre les deux, et une tension permanente. C'est un pari difficile à tenir.
La gauche, ça ne tient pas debout
Je suis désolé d'en arriver à ce constat une fois de plus sur ce blog, mais je ne vois rien qui tienne debout à gauche de la gauche.
Une de mes connaissances, une blogueuse proche du Front de Gauche, à qui je disais que son activité sur Internet (comme la mienne) ne servait à rien du tout et n'avait aucune conséquence dans l'espace réel, me répondait cet après-midi :
"Si plein de conséquences (sans parler que les gouttes d'eau font les fleuves) je suis lue par 150.000 personnes par mois, c'est pas mal, j'ai plein de lecteurs, 3 blogs au Top etc.
Le Front anti-impérialiste en question
Je le confesse : je lis assez peu le site du Comité Valmy. Et c'est un tort. J'y trouve aujourd'hui une déclaration du Parti communiste brésilien (différent du Parti communiste du Brésil, avec lequel travaillent certains de mes petits camarades). Je lis ceci : "Pour le PC Brésilien, plutôt un Front Anti-Impérialiste Mondial et le renforcement de la coopération entre PC qu’une Vème Internationale". Le front anti-impérialiste... Une idée populaire dans le tiers-monde, et à droite de la droite en Europe.
Ca marche dans certains pays en guerre (en Palestine par exemple entre le FPLP anti-impérialiste de gauche laïque et le Hamas fondamentaliste). Mais à l'échelle mondiale, je ne vois pas du tout comment on peut mettre dans le même front, tout ce qu'il y a d'anti-impérialiste : Chavez, les naxalistes indiens, le Parti communiste marxiste léniniste indien le Hezbollah, Al Qaida, le Parti radical de Serbie, la junte brimane, le gouvernement soudanais, les rebelles du delta du Niger, les Hutus du Forces Démocratiques de Libération du Rwanda, la Corée du Nord, le parti communiste de Russie, le Baas irakien et le Baas syrien, les gaulliste français, les nationalistes de gauche basques et corses, le NPA, les trostkystes, les anars, les chomskyens.
Beaucoup de ces mouvements sont en guerre les uns contre les autres. Des luttes à mort. Et puis qui est vraiment anti-impérialiste ? Des bons électeurs du parti socialiste français voire du Modem lisent l'Atlas alternatif et d'estiment anti-impérialistes sans cesser pour autant d'être des centristes.
Je veux bien qu'on doute de l'Internationale façon Chavez, mais le front anti-impérialiste est encore moins viable. L'anti-impérialisme n'est pas une valeur politiquement structurante. Ce n'est pas elle qui peut créer des clivages solides à partir desquels on peut fonder un programme d'action. C'est pourquoi il faut revenir au clivage gauche-droite. A la rigueur ce clivage peut être mis entre parenthèse pour une action comme la sortie de l'Union européenne ou de l'OTAN ainsi que le suggèrent certains gaullistes. Mais il reste structurant pour tout le reste de la vie politique, malgré la grande faiblesse idéologique de la gauche et sa très forte propension à trahir ses valeurs.
Ca ne signifie pas qu'il faille passer sous le tapis les guerres impériales ou l'ordre économique mondial quand on est un élu local qui doit voter un budget avec les socialistes, ou quand on est un simple électeur appelé à voter un second tour. Il faut au contraire harceler les partis sur ces questions et s'abstenir de voter quand ils ne les prennent pas en compte. Mais militer pour une grande union des forces antisystémiques au niveau mondial serait une grave erreur.
A propos du blog de l'Atlas alternatif
Le réseau "Atlas alternatif" sur Facebook compte 2850 amis. Parmi eux, des eurodéputés d'Europe écologie et du Front de gauche, des journalistes, des responsables nationaux de partis, des socialistes, quelques rescapés du Modem, et quelques brebis égarées dieudonistes. Tous apparemment satisfaits de recevoir via Facebook des actualisations du "Blog de l'Atlas alternatif" qui donnent des nouvelles sur l'actualité internationale sous un angle anti-impérialiste.
Le blog par ailleurs a 250 abonnés.
Difficile malgré tout de connaître son impact réel.
Dans l'ensemble les gens sur Facebook reprennent ou commentent assez peu les articles. On retrouve la même indifférence à l'égard de l'Atlas alternatif sur Facebook que sur le reste d'internet où à encore personne ne reprend ce blog ou ne le cite - règne absolu de la passivité, pas de culture de la reprise et de la diffusion des infos.
Peut être est-ce pace que des Dérens ou des Samary ont fait une pub négative à l'Atlas ?
Seuls Michel Collon, le Comité Valm et quelque sites pro-palestiniens ont parfois cité certains de mes articles (les plus repris ayant été sans doute celui sur l'Arctique et celui sur la Colombie).
Pourtant 450 personnes sur Facebook ont quand même cliqué pour que l'Atlas soit dans toutes les bibliothèques municipales mais il est vrai qu'un clic ne leur coute rien.
Le site ne fait que 50-60 lecteurs par jour au lendemain des publications d'articles (il en faisait 150 l'an dernier) et puis ça retombe à 25-35 en temps norma (stagnation, ronronnement). Certains qui sont inscrits depuis longtemps se réabonnent. Ils ont dû changer d'adresse email entretemps. Je suppose que sur les 250 abonnés beaucoup ont disparu du paysage du fait qu'ils ont changé d'adresse email. Problème de la fluidité d'internet et de l'absence de persévérance des gens
Raoul Marc Jennar ancien contributeur de l'Atlas vient de quitter le NPA où il avait été tete de liste. Il fait partie de ces gens qui ne mettent même pas dans leur bibliographie qu'ils ont contribué à l'atlas et qui ne le font pas connaître dans leur réseau. Bizarre
Est-ce à cause des coquilles du livre ? Un ami m'a encore dit récemment qu'il y en avait beaucoup.
Je dirais à vue de nez que les articles du blog touchent disons 50 à 100 personnes régulièrement (1 ou 2 fois par an), et qu'il y a 500 ou 600 personnes dans le monde francophone qui doivent vaguement savoir que l'atlas alternatif est un livre et un blog
Parmi les autres 25-35 personnes par jour qui le lisent, beaucoup de gens qui cliquent par hasard et qui n'y reviendront pas.
D'autres bizarreries : quand on fait un article sur le Rwanda on a 5 ou 6 personnes de Kigali qui se connectent automatiquement dans les 2 jours qui suivent. Idem sur la Syrie ou sur la Géorgie dans les pays concernés. Un type sur un blog rwandais disait que le gouvernement rwandais payait des gens pour suivre les discussion sur internet et réagir aux propos anti Kagame. Peut-être aussi sont-ce tout simplement des employés d'ambassades qui font leurs revues de presse.
Ainsi le blog de l'Atlas perdure comme un de ces outils qui cultivent une permanence depuis 3 ans sur Internet, sans qu'on sache bien quoi en faire... Comme tant de choses à gauche de la gauche.
Chavez, manifs parisiennes, le Che
Parmi les petites vidéos intéressantes sur Internet en ce moment : le président Chavez expliquant le socialisme aux chefs d'entreprises de son pays :
Les bricolages conceptuels de Chavez m'amusent toujours : "Le socialisme est scientifique, nous allos donc devenir des scientiiques pour le définir ensemble". N'empêche que quand il parle de la spéculation sur le logement, il dit quelque chose de vrai, et qui raisonne aux oreilles de tous ici en France aussi. Savez vous combien de demandes de logements ne sont pas satisfaites en ce moment dans ma ville de la banlieue nord de Paris ? 800. "L'ascenseur social s'est arrêté à l'étage du logement" comme disait l'autre. Qui va réquisitionner les véritables quartiers privés qui existent dans le 16ème arrondissement de Paris et à Neuilly ou les bureaux vides des grosses boites ? Qui a un programme pour cela ? Europe écologie ?
A part ça, ils exultaient les pro-palestine de Paris ces derniers jours :
"A l`instant même où l’inauguration (esplanade Ben Gourion) se déroulait, un drapeau palestinien a été déroulé tout en hauteur de l`Arc de Triomphe! Des journalistes racontent combien c`était beau et impressionnant. Dans le même temps, un autre groupe fonçait vers le lieu de l`inauguration, via un bateau mouche dans la Seine! Énorme moment de panique pour ces messieurs-dames, et pour la police. D`après des journalistes, les policiers avaient sécurisé la tour Eiffel et ‘avaient pas du tout pensé à l`Arc de Triomphe, encore moins à la Seine! La correspondante de Yediot Ahronot, ultra vexée, disait à ses collègues qu’il ne manquerait à ces protestataires que de descendre du ciel!"
Mais que les amoureux de l'ordre et du colonialisme se rassurent, notre bien aimé ministre M. Hortefeux a la situation en main. Selon des informations qui circulent sur les réseaux sociaux en ce moment même 15 manifestants sont retenus au commissariat (Service Accueil et Recherche Investigations Judiciaires - SARJJ) et 41 sont retenus au commissariat du XIème arrondissement...
Parmi les petites friandises que je trouve sur Facebook, il y a aussi cette interview en français du Che. Comme vous le noterez il n'y avait pas de triomphalisme excessif dans ses propos. Beaucoup de réalisme au contraire.
L'état de la gauche, Lady Gaga, Nabe, Lord Gaza

Mon journal de 1991 (les cahiers de 1991 de ce journal que je n'ai jamais cessé d'écrire) fourmille d'anecdotes que j'ai complètement oubliées et découvre en le scannant. A la date du mardi 17 décembre 1991, je lis : "Sciences Po est en ébullition - si l'on peut dire - en faveur de la Croatie. Stipe, un croate de l'IEP, annonce qu'il ira se battre sur le front (mais Labonne m'a fait savoir qu'en fait sa décision est annulée provisoirement...). Le journal de l'IEP se mobilise et une grande affiche - une belle et immense photo de Dubrovnik - envahit la Péniche".
Comme j'étais patient, à l'époque, à l'égard de toute cette propagande !
Ce matin j'étais au siège des élus communistes et apparentés du conseil général, avec la mairesse de Brosseville. Ce groupe a toujours bien du mal à exister face aux socialistes. (...). J'ai l'impression qu'une image de rigidité s'y attache irrémédiablement. Idem pour le NPA. Vous avez dû voir que Raoul Marc Jennar (ex contributeur de l'Atlas alternatif) le quitte plein de dépit et le fait savoir.
Comme les gens n'aiment que ce qui marche, tout ce que la gauche compte de contestataire se dit écolo. Et l'on ne sait plus très bien si l'on combat le capitalisme dans l'intérêt de l'être humain ou dans celui des espèces animales ou végétales que nous avons honte d'avoir surclassées.
En tout cas à Brosseville on voyait de jolis lapins de garenne dans les clairières cet après-midi.
J'ai créé un groupe de discussion sur Facebook autour du Programme pour une gauche française décomplexée.
Un Internaute oisif m'écrivait hier (un non conformiste de Mérignac, d'après sa fiche) :
"Je suis membre de ce groupe et me pose une question importante pour moi aujourd'hui. Vous proposez de lire le livre exposant ce programme. Personnellement mes moyens financiers ne me permettent pas d'acheter un livre, celui-ci ou un autre. Ce que j'ai pu connaître de ce programme est la proposition de quitter l'U.E.. J'ai observé que vous citez sur la page de ce blog où j'ai lu votre article, un autre article sur le RPF qui propose la même chose. Tout ceci me trouble. Le mélange Gauche et RPF, la nécessité d'acheter un livre, une argumentation courte prenant comme exemple illustratif le Vénézuéla de Chavez... Parler économie de cette manière ne me dérange pas, il s'agit de débat. Ne pas parler de sécurité, de guerre possible me semble léger. Bref, je souhaite connaître l'intégralité du programme avant de m'engager plus avant."
Je l'ai rassuré en lui disant qu'en effet le livre aborde le problème de la sécurité et de la guerre.
Le groupe compte 194 membres, ce qui est mieux que rien. Une partisane d'un revenu garanti à vie, et une correspondante progressiste thaïlandaises se sont lancées dans les discussions. Mais comme souvent cela reste très timide. Personne n'a envie de réfléchir sérieusement à la politique. Le 18 septembre 2009 Lady Gaga disait à Eric Zemmour qu'elle n'avait pas à faire passer des messages politiques dans ses chansons vu qu'elle n'était pas une politicienne. Bientôt tous les Français, à l'image des Américains, diront qu'ils n'ont rien à penser sur le plan politique, puisque c'est le métier et la tâche exclusive des hommes politiques. Nous aurons ainsi notre démocratie minimale à l'américaine.
Pourtant j'aime bien Lady Gaga, elle a une bonne tête et elle n'est pas sotte. Sa musique est catastropique, mais elle fait du très bon travail scénique. Les femmes artistes comme elle ou Erykah Badu n'ont pas grand chose à dire en politique (encore d'Erykah Badu, elle, au moins, a de idées sur le racisme et sur la Palestine) mais elles arrivent encore à faire passer un petit message de révolte, même si c'est une révolte du désir et des viscères plus que de la tête. Je n'ai pas le sentiment que les hommes, en tout cas les hommes blancs, "sociologiquement" aiet encore la force de faire passer la moindre conviction quand ils font de l'expression artistique.
Ah si, il y a un type blanc qui croit encore en ce qu'il dit : c'est Nabe. L'avez vous vu descendre le Magazine littéraire chez Taddei ? Du grand style...