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Le blog de Frédéric Delorca

Lisa Belluco et la répression de Sainte-Soline

10 Novembre 2022 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #La gauche, #Débats chez les "résistants", #Le monde autour de nous

J'ai plusieurs fois dénoncé sur ce blog les dangers spirituels et politiques que l'idéologie écologiste fait planer sur les libertés individuelles et leur rôle au service du Nouvel Ordre Mondial (cf le projet Deconomy), quand j'ai par exemple exposé les origines de Greta Thunberg, celles d'Extinction Rebellion, ou du WWF. Mais la condamnation de leur culte de la Terre (de la Pachamama et de Moloch), n'implique pas que toutes les actions écologistes soient condamnables, lorsqu'il s'agit par exemple de dénoncer la destruction des ressources rares de la Terre (voyez par exemple les dangers que fait planer l'exploitation du lithium).

En outre, face au risque que fait planer sur l'humanité le projet écologiste globaliste, le silence en présence des violences dont celui-ci peut faire occasionnellement l'objet n'est pas moral sur le plan humain, et donc il est spirituellement tout aussi dangereux, car cette violence, à la fois pousse l'écologie politique vers l'extrémisme et le nihilisme (chez les plus jeunes - voyez récemment "Just stop oil") et hâte l'avènement du Nouvel Ordre Mondial totalitaire en banalisant la répression. J'avais déjà fait observer la nécessité de combattre cette logique répressive à propos de la soi-disant lutte contre l'islamisme, à propos aussi de certaines actions du gouvernement Valls en 2016 (à l'université Paris-Tolbiac), ou la répression des Gilets jaunes. Evidemment le sujet n'est pas simple, parce qu'on ne peut pas nier que beaucoup d'agents des forces de l'ordre sont dans des situations professionnelles difficiles (il y a beaucoup de suicide chez eux), du fait notamment de la diminution des budgets (comme pour les autres services publics), diminution dont on peut se demander si elle n'est pas en réalité voulue au niveau global dans la perspective d'un remplacement progressif de ceux-ci par des "robocops", parallèlement à la privatisation qui conduira à confier la sécurité à des milices.

En tout cas, sans verser dans le simplisme ou la candeur, il est de mon devoir comme blogueur de ne pas orienter les jugements des lecteurs (et les miens sans m'en rendre compte) dans un sens qui rendrait indulgent à l'égard de la répression contemporaine dont on a vu tant d'illustrations terribles dans tous les pays pendant la crise du Covid 19 et qui aujourd'hui se porte aussi contre les écologistes.

Il faut donc revenir ici sur la dénonciation par la chaîne de gauche Le Média des violences subies par la députée EELV de la Vienne Lisa Belluco lors de la marche du 29 octobre 2022 (une marche qui a aussi valu quelques problèmes pour d'autres raisons au député Jadot) à Sainte-Salines qui a reçu des coups de matraques dans les jambes. Ce n'est pas la première fois que des élus du peuple font l'objet de violences dans des manifestations dont le caractère interdit ne peut pourtant nullement justifié qu'il soit fait usage d'armes à leur encontre. Dans cette même manifestation, une soixantaine de manifestants ont été blessés, dont 6 hospitalisés. Le mouvement des Soulèvements de la Terre recense une quinzaine de blessures ouvertes dues aux grenades GM2L et des tirs LBD40. L'un des militants hospitalisés, après un tir de LBD40 dans la tête a été placé en garde à vue.

Le ministre de l'intérieur à cette occasion a une fois de plus abusé du terme "terroriste" (avec le vocable "écoterroristes" importé des Etats-Unis) préalablement utilisé aussi à l'encontre de musulmans, de militants situés politiquement à droite de la droite, voire parfois de défenseurs du droit de ne pas vivre dans une société régie par un QR-code.

La mobilisation s'oppose à une méga-bassine : un trou de 16 hectares qui a été creusé depuis un mois près de Sainte-Soline (Deux Sèvres) afin d’abriter la plus grande bassine d’eau du territoire français, financée à plus de 70 % par de l’argent public. Elle servira à douze exploitants agricoles, dont aucun ne s’est engagé à réduire l’utilisation de pesticides. 2 000 militants s'étaient installés sur les terres d’un paysan, ancien adhérent à la coopérative de l’eau à l’origine des mégabassines, Philippe Béguin. Ex-cultivateur de maïs, il s’est  reconverti par conviction dans la culture de blé à sec. Il a d’ailleurs réservé son terrain pour accueillir la présence d’une espèce protégée, l’outarde canepetière, de mai à septembre. Les écologistes doutent de la viabilité économique et sanitaire des méga-bassines qui pompent dans la nappe phréatique, avec un coût énergétique élevé pour une évaporation rapide des réserves, et des risques d'avoir des parasites stagnants. A l'arrière plan c'est aussi le procès de l'agriculture des grandes exploitations productivistes qui se dessine.

L'intervention de la députée (qui au départ était censé être un débat avec le parti présidentiel) met aussi en question la notion de fichier S". Elle rappelle qu'à la Clusaz, le juge administratif a donné raison aux zadistes en estimant que l'arrêté préfectoral autorisant l’aménagement de la retenue collinaire de la Colombière ne justifiait pas d'une raison impérative d’intérêt public. Son avocat souligne aussi que les anciens militants anti-OGM il y a quelques années ont anticipé sur la légalité d'aujourd'hui (et d'ailleurs les méga-bassines ont déjà été condamnées par la cour administrative d'appel de Bordeaux).

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Quelques considérations sur les Valois

6 Novembre 2022 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Renaissance - Auteurs et personnalités, #Grundlegung zur Metaphysik, #Béarn, #Divers histoire, #Les rapports hommes-femmes

Vous savez que sur ce blog on s'intéresse un peu à la descendance des rois de France auxquels beaucoup de mystiques ont prêté un destin eschatologique surnaturel qui ne s'est pas à ce jour vérifié, ce qui m'a conduit à m'intéresser à l'alchimiste Pierre Dujols qui disait être le frère du dernier héritier légitime des Valois, et bien sûr à la soeur du premier souverain de la dynastie des Valois, le grand François Ier, constructeur de Chambord, Marguerite de Navarre, personnage qui a marqué ma région natale, et qui a intrigué beaucoup des ésotéristes comme Gaston Leroux et Richard Khaitzine.

Je peine à cerner ce personnage, notamment l'univers spirituel dans lequel elle évoluait. Les protestant lui savent gré d'avoir ouvert la voie à la Réforme (d'ailleurs sa fille, la mère du futur Henri IV, transforma Pau en "petite Genève"), les catholiques le lui reprochent, comme le Marquis de la Franquerie et pensent même que son penchant hérétique causa bien des malheurs à son frère et à sa lignée.

A vrai dire, la question est un peu complexe. Patricia Lojkine dans son dernier livre sur cette reine montre que les choses furent assez complexes. Avec toutes les charges ecclésiastiques qu'elle avait comme duchesse puis comme reine du Béarn, et surtout comme soeur du très chrétien roi de France, elle ne pouvait pas aisément pencher du côté de la Réforme quand bien même elle l'eût voulu. Et de toute façon, il me semble que son pèlerinage à la Sainte-Baume en janvier 1516 avec son frère et sa mère, et la protection que sa famille accordait à des intellectuels très attachés à la dévotion de Marie-Madeleine comme Lefèvre d'Etaples ou François de Moulins de Rochefort, paraissent exclure.

Et d'ailleurs, il faut aller plus loin. Il faut interroger plus en profondeur le rapport de Marguerite de Navarre au culte de Marie-Madeleine, ce qu'elle a voulu dire, dans la nouvelle 32 de son Heptaméron allégorique de la sainte repentante quand elle y mêle le peintre alchimiste Perreal.

Et il faut s'interroger sur le rapport de cette reine au spiritisme. J'ai évoqué cette scène narrée par Brantôme de la reine de Navarre à Pau en 1549 passant sur la tombe de la jeune Mlle de La Roche et sentant son cadavre se mouvoir. En septembre 2020 j'ai interrogé Bibliothécaire assistante spécialisée au Domaine du Château de Pau qui m'a répondu que Raymond Ritter, auteur de l’ouvrage « Le château de Pau » (Honoré Champion, 1919), rapporte également cette anecdote mais en précisant que les protagonistes se trouvent dans l’église de Pau. En effet l’ancienne église Saint-Martin, détruite en 1884, se trouvait en face du château, à quelques pas. Une étude archéologique et historique de l’édifice a été réalisé par Louis Lacaze qui indique que des pierres tombales (près de 90) formaient le sol de l’église, cependant la plupart étaient illisibles. De même on sait qu’un cimetière existait à l’est de l’édifice avant la construction du Parlement de Navarre. Les fouilles de la cour en 2014 et les diverses études des jardins n’ont pas fait mention de sépultures dans l’enceinte du château de Pau.

J'ai interrogé Mme Lojkine qui m'a expliqué qu'elle ne connaissait pas cette anecdote, mais qu'il en est d’autres rapportées par le même Brantôme concernant la curiosité de Marguerite pour le moment où l’âme quitte le corps (elle aurait observé une domestique pour guetter son dernier souffle)...

Si tout le monde s'accorde à voir chez Marguerite de Navarre un modèle de vertu (à part quelques indulgences pour les incartades charnelles de son frère), il y a plus d'une bizarrerie dans sa spiritualité, et je ne dis encore rien de la protection constante qu'elle accorda au proto-libertinage de Pocque et Quintin.

J'étais le 21 octobre dernier dans la cathédrale où elle est enterrée, comme je m'y étais déjà rendu dix ans plus tôt. A ma grande surprise j'ai pu constater qu'on ne peut plus approcher du tombeau comme auparavant. Peut-être l'évêque redoutait-il que le néo-féminisme autour de la reine n'attire les foules en ce lieu retiré.

Quant à François Ier, le roi chevalier, n'avait-il pas quelque rapport avec la "religion primordiale" ? Je passe sur les travaux de Didier Coilhac sur l'architecture occulte de Chambord et surtout sur ses conclusions hasardeuses sur une arche d'alliance enfouie vers laquelle celle-ci pointerait secrètement, pour simplement revenir à Pierre Dujols, ses "Nobles Ecrits" récemment réédités par le Mercure Dauphinois. Celui-ci a le sentiment que François Ier méritait son titre de chevalier là où beaucoup de souverains après lui l'usurpèrent, mais il prête à la chevalerie occidentale une sorte de spiritualité non-chrétien qui serait pratiquement dérivée du soufisme oriental (et d'une certaine façon, symbiotique avec le savoir des Templiers et de la première maçonnerie).

La clé du problème tient bien sûr à ce culte de l'amour courtois qui anime la chevalerie, culte que j'ai étudié pour la première fois dans mes jeunes années (en 1987) à travers Denis de Rougemont qui y voyait une hérésie dangereuse née chez les manichéens, transmise aux cathares et abâtardie par le roman du XIXe siècle et l'amour-passion hollywoodien. Il faut revenir à toute cette thématique, pour savoir dans quelle mesure les Valois en furent les héritiers.

Dujols se prévaut de Gabriele Rossetti "Il Mistero del Amor platonico del Mediovo" dont Etienne-Jean Delécluze (1781-1863), auteur de Dante Alighieri ou la poésie amoureuse, se fit le porte-parole en France. Dans cette école de pensée on prétend que Diotime de Mégare, grande prêtresse de Mantinée, aurait initié Socrate à la Religion d'Amour, religion qui "aurait fait son apparition en Italie et en France avec l'entrée des Isiaques et des Philosophes dans la ville de Rome" (p. 75). Pour mémoire, le premier isiacum de Rome remonte à la dictature de Sylla. Marsile Ficin le néo-platonicien florentin écrit dans un de ses ouvrages : "Que le Saint-Esprit, amour divin qui nous a été soufflé par Diotime, nous éclaire l'intelligence". Dans son Histoire de France Henri Martin fait remonter la chevalerie au druidisme, druides qui sont héritiers de Pythagore. Grasset d'Orcet, initié par Eliphas Lévi, fait remonter la Table ronde à Enée de Troie. Le Graal est "le vase païen du feu sacré" (p. 89), le gardal égyptien devenu grasal en provençal. Eugène Aroux (1793-1859) a bien développé nous dit Pujols la mystique de la chevalerie mais eut le tort de la relier à la noblesse de France, lien qui fut accidentel et non essentiel, d'ailleurs la chevalerie n'était pas héréditaire alors que la noblesse l'était. Souvent le chevalier était de petite noblesse (Fauriel, Cours de littérature provençale) et le mysticisme maçonnique qui l'animait avait plus sa place dans les couvents (cf Sur la Route Sociale de Lebey). Goerres a bien comparé, nous dit Pujols, les rites de chevalerie à ceux des païens.

J'ai parcouru le livre d'Aroux (qui était chrétien de stricte observance) "Les mystères de la chevalerie et de l'amour platonique". Sa thèse sur Dante albigeois (les Albigeois, les Fils de la Veuve, qui classaient Innocent III, Dominique et Grégoire V parmi les démons - comme Dante dépeindra St Dominique en Minos - , et Pierre Damien, François d'Assise, Saint-Bernard, le Tasse, Robert Guiscard et Godefroy de Bouillon parmi leurs saints). Dante, dit-il, a vu dans Salomon l'organisateur de sa massénie, et c'est dans la littérature que le catharisme perdurait. Aroux en trouve la preuve dans la symbolique du Roman de Jauffré (roman provençal des années 1200, dont le héros est un fils d'un chevalier de la Table ronde), le Roman de Fierabras, Aucassin et Nicolette et Tristan de Léonois.

J'ai jeté aussi un coup d'oeil au travail d'André Lebey, qui dit des choses intéressantes sur une ville qui m'est chère, Troyes (p. 55), "une des cités les plus religieuses de France", où fut fondé l'Ordre du Temple, et où le couvent Notre Dame aux Nonnains "qui passa toujours pour abriter une survivance des cultes du paganisme en même temps que certaines pratiques des prêtresses druidiques", de sorte que beaucoup de couvents champenois allaient adhérer à la franc-maçonnerie... On comprend que Dujols ait apprécié son républicanisme franc-maçon, et sa relecture des traditions spirituelles à la lumière de cette foi, mais cela nous éloigne tout de même un peu trop de la chevalerie et des Valois.

Il faudrait plutôt peut-être méditer un peu plus, comme nous y invite Delécluze, sur cette figure qu'est la Femme comme médiatrice entre Dieu et les hommes, à travers la figure de Béatrice chez Dante, Diotime pour Socrate et Platon, Sainte Monique pour Augustin.

Le fait que François Ier portait sur lui de la poudre de momie, et son amitié pour l'initié Léonard de Vinci plaident pour une adhésion possible du roi à des traditions secrètes. Sa condamnation de l'alchimie est ambiguë.

Mais peut-être les alchimistes ont-ils trop tendance, par principe, à tirer la chevalerie et les Valois vers l'hérésie, comme Aroux tirait trop Dante (et l'ensemble du platonisme) vers la Gnose et le catharisme.  Concernant Aroux, c'est en tout cas ce qu'écrivait le romancier André Thérive dans la Revue hebdomadaire du 2 juillet 1921 (p. 85 et suiv.).

Sur la question de la succession des Valois, je ne crois pas du tout que l'ancêtre d'Antoine Dujols, Guillaume Dujol qui aurait été vers 1720 soi-disant adopté par des paysans du Cantal, soit un descendant caché des Vallois, comme l'avait d'ailleurs mis en doute cet article de 1885.

Il faudra revenir un peu sur tout cela ultérieurement...

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La ruée vers le lithium (suite)

6 Novembre 2022 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Colonialisme-impérialisme, #Le monde autour de nous, #Grundlegung zur Metaphysik, #Les Stazinis

On évoquait récemment la nouvelle donne géopolitique que crée la ruée vers la lithium, et aussi l'étrange comportement des Etats-Unis en Afrique du Sud qui n'ont pas hésité à lancer une alerte à la menace d'attentat dans le pays sans passer par le canal diplomatique.

Les deux ingrédients se retrouvent au Nigéria, où, à la fois le ministre des mines a refusé un contrat d'exploitation au fondateur de Tesla, Elon Musk (l'homme qui pour Halloween s'est déguisait en "champion du diable" avec un Baphomet sur la cuirasse) parce que celui-ci n'acceptait pas l'installation d'usines de batteries dans le pays lui-même (cette revendication est aussi celle de la Bolivie et d'autres pays), et Washington a lancé la même alerte à l'attentat "sauvage". Y a-t-il un lien entre les deux faits ? se demande le youtubeur , essayiste et boxeur Zack Mweckassa, qui rapproche aussi cela de la découverte de vols de pétrole sur un pipeline nigérian. Affaire à suivre...

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Soudan, Tchad, Pakistan, Sri Lanka, quelques pays dont on parle peu

4 Novembre 2022 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Le monde autour de nous

Les actualités il y a quelques mois vous ont montré le peuple envahissant le palais présidentiel. Mais vous ne savez pas comment les choses ont évolué. Idem sur le Pakistan qui a vu son premier ministre évincé dans des conditions très contestables du fait de sa position soi-disant pro-russe, ou du Soudan qui fêtait le premier anniversaire de son coup d'Etat. Faisons un point rapide sur ces petits pays et quelques autres.

Au Sri Lanka, l'augmentation des prix a été quelque peu stabilisée pour certains biens de première nécessité, mais le pays vit toujours au rythme des pénuries et des manifestations populaires. La parti du clan Rajapaksa officiellement évincé reste influent et les deux partis d'opposition SJB (centre gauche comme le parti au pouvoir) et NPP (plus à gauche) peinent à pousser à la dissolution du parlement.

Au Pakistan l'ex-premier ministre Imran Khan a été déclaré inéligible par le Comité électoral le 21 octobre dernier pour avoir dissimulé des gains de patrimoine pendant son mandant, ce qui a provoqué une longue marche de ses partisans du Pendjab à Islamabaad. Les attentats perpétrés par les talibans dans le district de Swat en zone pachtoune et la crise agricole provoquée par les inondations font partie des grands défis que le pays doit affronter. Aussi bien la banque mondiale que la Russie (le successeur de Khan ayant rencontré Poutine en marge de la réunion de l'Organisation de coopération de Shanghaï en septembre).

En ce qui concerne le Soudan le président Biden vient de prolonger l'Executive Order 13067 du 3 novembre 1997 plaçant le pays sous sanction à cause du coup d'Etat et de la situation au Darfour où le déploiement de forces d'interposition reste insuffisant pour juguler les violences tribales et entraîne par ailleurs des exactions (300 détentions arbitraires selon les ONG). Des experts de l'ONU réclament la poursuite des responsables de la répression qui sévit à travers le pays depuis un an. Les observateurs relèvent cependant l'effort de la junte militaire cherche à élargir son assise électorale en libérant des prisonniers politiques islamistes liés à l'ancien régime.

Autre pays qui a été marqué par l'instabilité depuis cinq ans, la Centrafrique s'engage dans un processus constitutionnel pour autoriser le renouvellement du mandat de l'actuel président, lequel se trouve dans une situation de bras de fer avec sa cour constitutionnelle. Au Burkina Faso où sévit toujours la guérilla islamiste un gouvernement de 23 ministres, dont trois militaires, a été nommé mardi soir par le président de la transition pour diriger le pays jusqu'à juillet 2024. Concernant le Tchad, grand fournisseur d'hydrocarbures pour la France, qui se dote d'un "gouvernement d'union nationale", sous la houlette d'un président très controversé (et jugé putschiste par son peuple), Comité des Nations unies contre la torture se penchait aujourd'hui sur ma répression violente d'une manifestation du 20 octobre dernier (1 300 arrestations, 50 à 150 personnes tuées).

Comme on le sait, le Sahel est le théâtre de rivalités américano-russes. C'est aussi le cas de l'Afrique du Sud (qui bien que membre des BRICS n'importe plus de gaz et de pétrole russes) où la récente visite du président Cyril Ramaphosa en Arabie saoudite et la décision du gouvernement d'autoriser un milliardaire ayant des liens étroits avec le président russe Vladimir Poutine à se rendre en Afrique du Sud le mois prochain sont un sujet de discorde avec Washington, qui n'a pas hésité par la voix de son ambassade à prévenir le 26 octobre sans passer par le canal diplomatique d'un risque d'attaque terroriste (sans préciser de la part de qui) au coeur du quartier d'affaires de Johannesburg, provoquant la panique dans la ville (et le mécontentement des autorités sud-africaines).

En Asie en septembre les navires de guerre américains, sud-coréens et japonais ont lancé vendredi leurs premiers exercices anti-sous-marins trilatéraux en cinq ans, après que la Corée du Nord a renouvelé les essais de missiles, et un exercice de 240 avions de guerre est organisé par Washington en Corée du Sud cette semaine. Le pays lui-même est agité par des manifestations de gauche et droite depuis le retour au pouvoir des conservateurs. Ceux-ci optent de plus en plus pour l'installation d'armes nucléaires américaines tactiques sur leur sol. La population préfèrerait, selon des sondages, des armes nucléaires nationales mais Washington craint que cela se retourne contre les USA en cas de rapprochement sino-sud-coréen.

Aux Philippines le nouveau président Bongbong Marcos, fils du dictateur, jouit d'un bon soutien de la population, et rétablit un peu l'Etat de droit mis à mal par Duterte. L'heure est au rapprochement avec Washington, même si une guerre américaine pour défendre Taiwan risque d'exposer dangereusement le pays dont l'île la plus septentrionale n'est qu'à 250 km de Taipei.

Dans l'hémisphère occidental sans surprise l'ONU a voté (par 185 voix pour, une de plus que l'an dernier et que les 184 de 2007) le 3 novembre pour condamner l'embargo des Etats-Unis sur Cuba (qui vient de légaliser le mariage homosexuel et la gestation pour autrui), comme tous les ans depuis 1992. Seuls les Etats-Unis et Israël ont voté contre (en 2016 Washington s'était abstenu). Les deux pays qui se sont abstenus sont le Brésil de Bolsonaro (qui, en 2019 du temps de la lune de miel avec Trump avait voté contre) et l'Ukraine de Zelensky reconnaissante pour les livraisons d'armes - mais déjà en 2019 elle s'était abstenue, aux côtés de la Colombie, qui, entretemps est passée à gauche. Le soutien à l'embargo est d'autant plus cruel cette année que l'inflation cubaine est à plus de 200 % en ce moment selon l'opposition cubaine du fait de l'effondrement des recettes touristiques (tandis que l'embargo a coûté sur un an 2,5 milliards au pays). Cuba aurait pu avoir même 186 votes de son côté si Washington n'empêchait pas le gouvernement vénézuélien de voter à l'ONU parce qu'il n'est pas à jour (lui-même pour cause d'embargo) de ses cotisations à cet organisme.

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