Des nouvelles de la gauche latino-américaine
Décidément, les mouvements de gauche accumulent les ennuis judiciaires en Amérique latine.
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Au Pérou aujourd'hui,le président a été capturé pour crime de sédition après avoir quitté le palais du gouvernement avec sa famille sur le chemin de l'ambassade du Mexique où il voulait se réfugier, et après avoir annoncé la dissolution du Congrès, décrété un "gouvernement d'exception" en méconnaissance de l'article 34 de la constitution et instauré le couvre feu et la confiscation des armes. Depuis quelque temps il essayait en vain de faire adopter sa promesse électorale de réforme constitutionnelle. Triste fin pour le premier président vraiment à gauche du pays, qui aura accumulé au cours de son court mandat les compromis pour ne pas se faire destituer par un parlement de droite sans vraiment arriver à maîtriser la crise économique. Il a été en outre accusé de corruption, outil facile des opposants pour faire tomber l'adversaire.
En Argentine, ce même jour, la vice-présidente Cristina Elisabet Fernández de Kirchner est condamnée à six ans de prison, elle aussi pour corruption bien qu'elle reste protégée par son immunité parlementaire. Elle se dit victime d'une mafia judiciaire.
Néanmoins le Brésil et le Mexique, pays les plus peuplés du continent, ainsi que la Colombie, le Vénézuela, l'Argentine et la Bolivie restent à gauche (on n'ose citer le Chili dont le président a des attitudes ambiguës).
L'économiste de gauche Andrés Arauz, qui a failli remporter l'élection présidentielle équatorienne de 2021, aujourd'hui conseiller de Lula a publié un plan pour une "nouvelle architecture financière régionale" pour unir l'Amérique latine, défiant l'hégémonie du dollar.
Son plan est centré sur la création d'une nouvelle monnaie régionale pour les transactions internationales, évitant ainsi le dollar. La monnaie s'appellera le "Sur" (sud) qui sera une monnaie de commerce international intra-américain qui ne remplacera pas les monnaies locales
Déjà dans les années 2000, les présidents de gauche du Venezuela (Hugo Chávez), du Brésil (Lula da Silva), de l'Argentine (Néstor Kirchner et Cristina Fernández de Kirchner), de la Bolivie (Evo Morales), de l'Équateur (Rafael Correa) et du Paraguay (Fernando Lugo ) avaient envisagé de créer des institutions financières alternatives pour défier la Banque mondiale et le FMI, dominés par les États-Unis.
Mais la déstabilisation de plusieurs gouvernements de gauche a fait échouer le projet : un coup d'État militaire au Honduras en 2009, un coup d'État judiciaire au Paraguay en 2012, un coup d'État politique en Équateur en 2017, deux coups d'État plus doux au Brésil en 2016 et 2018 et un coup d'État violent en Bolivie en 2019, ainsi que de nombreuses tentatives de coup d'État manquées au Venezuela et au Nicaragua.
Ces attaques américaines et la montée de la droite qui s'en est suivie ont également conduit au sabotage d'un autre instrument clé de l'intégration régionale, l'Union des nations sud-américaines (UNASUR).
Alors que la Banque du Sud était censée intégrer la région économiquement, l'intégration politique était supervisée par l'UNASUR, créée dans un traité de 2008 qui devait soutenir le projet mais dont les dirigeants de droite du Brésil, d'Argentine, de Colombie, du Chili, du Pérou et du Paraguay se sont retirés. L'effondrement de l'Alliance bolivarienne - ALBA - qui avait pourtant créé sa propre monnaie pour le commerce interétatique dans la région, le Sucre a aussi ruiné le projet.
Le sous-continent pourrait maintenant se donner une seconde chance.
Assassinat d'une députée dans le Donbass
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Maria Pirogova, membre depuis 2018 du Conseil populaire (parlement) de la République populaire de Donetsk a été tuée hier dans la capitale de cette république devant la maison de la jeunesse par un tir de missile de l’armée ukrainienne. Sept autres civils de cette ville au moins ont été tués ce jour là.
« En 2014, alors qu’elle n’avait que 29 ans, elle a commencé à aider les gens. Elle rassemblait des choses, les livrait elle-même aux personnes dans le besoin, et n’avait pas peur d’aller dans les endroits les plus dangereux pour aider les autres », a écrit le président par intérim Denis Pouchiline sur sa chaîne Telegram, faisant l’éloge de la défunte politicienne comme étant « l’incarnation de la gentillesse » avec un « talent exceptionnel pour faire le bien. » Selon le maire de la ville, Aleksey Kulemzin, les troupes ukrainiennes ont frappé un centre d’affaires, un marché, l’arène du Donbass, un complexe sportif, plusieurs centres commerciaux, une gare routière, une cathédrale, le bureau du procureur local et plusieurs immeubles résidentiels. Cela arrive presque quotidiennement.
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Pirogova s'était investie dans des actions humanitaires dans la région au cours des jours précédents. Elle était diplômée de l'école de musique (on peut entendre une de ses performences ici), et avait épousé un membre des paramilitaires du Donbass Alexander Hereskulov, 30 ans.
Les partisans du régime de Kiev célèbrent la mort de cette jeune femme comme un "juste karma" (sic) parce que sa mère, Maya, une journaliste à la télévision s'était réjouie du "nettoyage" de Marioupol au moment de la prise de la ville. Maya Pirogova avait déjà été pointée du doigt en mars 2021, quand le gouvernement de Kiev tirait prétexte de sa présence dans la délégation du gouvernement de Donetsk pour refuser de négocier.
L'image du bombardement est ici. Elle laisse entrevoir la possibilité d'une frappe "ciblée".
Ce ne serait pas la première dans ce cas. Quatre des hauts responsables pro-russes dans le Donbass ont été tués dans des explosions en une journée en septembre, lors d'une vague d'assassinats.
Le mois dernier, l'administrateur pro-russe de Kherson a été tué dans un mystérieux "accident de voiture".
Vladimir Poutine a décerné aujourd'hui à Maria Pirogova l'Ordre du courage à titre posthume.
Vadim Lobuzov, un rockeur, et le juge Viktor Isaev ont aussi été tués à Donetsk le 6 décembre.
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Mylène Demongeot (1935-2022)
L'actrice Mylène Demongeot est décédée il y a 6 jours d'un cancer du péritoine. Tous les Français de ma génération la connaissaient pour son rôle dans Fantomas. Ses autres films passaient peu à la télé. J'avais été étonné d'apprendre que l'inventeur de Goldorak s'était mis à dessiner des filles nues en manga après l'avoir vue sortir nue de la mer dans une salle de cinéma. Il faut dire qu'elle avait débuté sa carrière comme cover girl. On oublie un peu trop le rapport entre la nudité féminine et certaines influences néfastes dans le monde invisible, que nous rappelle opportunément l'affiche du dernier film "VVitch"...
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Dans l'émission La Vie De Château sur FR3 le 15/06/1985 interviewée par l'acteur Jean-Claude Brialy, Mylène Demongeot expliquait avoir eu une chouette et un serpent (comme Romain Gary) chez elle...Nous savons bien à quoi la chouette renvoie, y compris sur le T-shirt de notre président et sur les albums de Pat Benatar, ou dans l'imagerie de Stevie Nicks, chanteuse du groupe Fleetwood Mac auteure d'une chanson sur la sorcière Rhiannon...
Mylène Demongeot à 21 ans avait joué un rôle sulfureux dans le film Les Sorcières de Salem. Elle n'avait peut-être pas complètement conscience des ombres qui la suivaient.
En 2020, elle avait dû sa guérison du coronavirus au protocole Raoult, puis avait fait savoir qu'elle refuserait le vaccin, et s'opposait à la dictature sanitaire.
En parlant du coronavirus, l'autre chanteuse de Fleetwood Mac, Christine McVie est décédée la veille du trépas de l'actrice française. Emma Winters de Music Times a fait état d'informations selon lesquelles ce décès pourrait être une conséquence de l'injection ARN anti-Covid, l'explication officielle par des "problèmes de dos" étant peu plausible.
L'Arme et la Paix n°45, dossier sur l'Ukraine avec notamment mon article
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On trouvera dans le dernier numéro de l'Arme et la Paix, Journal biannuel édité par l’association Initiatives Citoyenneté Défense (novembre 2022) gratuitement accessible ici un intéressant dossier sur la guerre d'Ukraine.
Au nombre des contributions, une interview du lieutenant-colonel de réserve Maurice Pytkiewicz, un article de Jacques Fath, et une analyse de votre serviteur que j'ai intitulée "La plaie ukrainienne, le résultat de tendance lourdes".
L'alliance irano-russe et ses effets au Proche-Orient
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Le 27 novembre l'ancien diplomate britannique Alastair Crooke écrivait dans Al-Maydeeen, après avoir relevé que le G20 avait refusé de condamner la politique russe en Ukraine et que l'alliance russo-iranienne inquiétait des analystes du Jerusalem Post :
"Dernièrement, dans le nord-est de la Syrie, l'armée syrienne a périodiquement érigé des barrages routiers et refusé le passage aux convois militaires américains en route vers et depuis leurs alliés protégés kurdes. Ces derniers jours, un point de contrôle qui a refoulé un convoi militaire américain était tenu conjointement par les forces syriennes et russes.(...) tous les véhicules russes au poste de contrôle du nord-est de la Syrie avaient un énorme « Z » blanc peint dessus.
« Z » est bien sûr le symbole peint sur les véhicules russes déployés en Ukraine pour identifier les forces qui combattent les forces massives de l'OTAN intégrées et auxiliaires des forces armées ukrainiennes qui combattent la Russie là-bas.
Mais le mystérieux « Z » blanc peint sur les véhicules en est venu à symboliser quelque chose de plus : il est perçu comme représentant « l'ordre mondial Z » - tous ces pays et peuples qui choisissent ensemble la voie du « défi » et du renouveau national. "
Crooke est très optimiste sur l'utilité de l'alliance militaire russo-iranienne. Il estime qu'elle portera des fruits notamment dans le domaine des armes supersoniques, qui, selon lui, rendent obsolètes les armes nucléaires tactiques. "L'utilisation des missiles russes hypersoniques de haute précision Kinzhal, note-t-il, a complètement rasé un bunker d'armes profond et une vaste base d'entraînement en Ukraine, près de la frontière polonaise, en mars dernier – sans rien de plus. (L'effet cinétique de la frappe hypersonique en a également fait des bunker-busters.)" Or, "l'Iran dit avoir mis au point un missile hypersonique." "Quelques jours plus tôt, l'Iran avait également annoncé avoir lancé un missile balistique transportant un satellite dans l'espace. Si tel est le cas, l'Iran dispose désormais de missiles balistiques capables d'atteindre non seulement "Israël, mais aussi l'Europe". Et ce, alors que les Etats-Unis ne sont pas disposés à suivre la coalition d'extrême droite derrière Netanyahu dans un projet de bombarder l'Iran. Le rapport de force avec le régime de Tel-Aviv s'en trouve donc lui aussi changé.
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Cette évolution a probablemet encouragé la Turquie à bombarder les alliés des Américains en Syrie à la suite de l'attentat d'Istanbul du 13 novembre. Ankara a même attaqué les abords d'une base contrôlée par les États-Unis dans la province syrienne d'Al Hasakah le 26 novembre. Auparavant les installations pétrolières exploitées par les USA et leurs alliés au mépris de la souveraineté syrienne avaient aussi été bombardées par les Turcs. Les provinces syriennes de Hasakah, Deir ez-Zor et Raqqa sont actuellement principalement contrôlées par les Forces démocratiques syriennes kurdes soutenues par les États-Unis. Depuis 2015, le commandement américain a créé neuf bases dans la zone. L'opération turque a conduit Washington a faire marche arrière.
S'exprimant lors d'une conférence de presse, le porte-parole du Pentagone, le général de brigade Patrick Ryder, au nom du Pentagone, a déclaré le 29 novembre que les États-Unis reconnaissaient les préoccupations de sécurité de la Turquie et avaient donc réduit les patrouilles avec les milices kurdes. L'objectif d'Erdogan reste de constituer une zone de sécurité de 30 km à l'intérieur des frontières syriennes, ce qui peut impliquer la prise militaire terrestre de Kobane pour y reloger les 3 millions de réfugiés syriens en Turquie.
Les Kurdes (qui peuvent encore utiliser leurs prisonniers de Daech comme instruments de chantage) ont fait appel aux Russes pour dissuader Erdogan de poursuivre son action militaire, et Poutine a renforcé sa présence militaire à Tal Rifaat.
L'Iran de son côté semble par ailleurs reprendre en main sa situation intérieure. Le pays a protesté auprès de l'ambassadeur de France pour ses ingérences dans sa politique intérieure suite à une résolution du parlement français, ce qui a permis de mettre en avant au passage l'affaire des activistes Cécile Kohler et Jacques Paris, enseignants syndicalistes accusés d'avoir cherché à fomenter des troubles parmi leurs homologues iraniens. Les ambassadeurs allemand et britannique ont aussi été convoqués. Elle se propose en médiatrice entre la Turquie et les Kurdes en Syrie, et tire divers profits sur la scène internationale de son alliance avec Moscou.