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Le blog de Frédéric Delorca

Péguy de Romain Rolland

6 Janvier 2023 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Lectures, #1910 à 1935 - Auteurs et personnalités, #La gauche, #La droite, #Christianisme, #Peuples d'Europe et UE, #Divers histoire

Du temps où j’œuvrais à Brosseville, une époque où je faisais tout de travers, je m'intéressais à Romain Rolland, mais au Romain Rolland jeune, panthéiste et hindouïsant de la première moitié de sa vie. Et un certain Plagne, ami du Dissident internationaliste, avait essayé de m'initier à Péguy. Mais c'était le mauvais intermédiaire, je n'avais pas accroché. Introduit différemment, il y a trois mois, par le journal de Claudel, à Péguy via un Romain Rolland au seuil de la mort, je perçois les choses différemment et saisis tout sous un angle nouveau. La gauche socialiste française de 1900 était-elle le vrai visage du christianisme, et donc la fille de Clovis plus que la Réaction catholique ? Peut-être... Leroux en 1845 l'eut sans doute par avance certifié, lui qui voyait le vrai visage religieux de la France dans les soldats de l'an I. Souvenez-vous de Lanzmann disant (à la conférence « Après l’émotion la réflexion politique », Fondation Marc Bloch, 29 mai 1999) que l'injustice faite aux Serbes était une nouvelle affaire Dreyfus. Parfois un combat pour la justice exorcise plus de démons dans une nation qu'une défense pharisienne du dogme.

Romain Rolland me fait voir le visage condamnable de Jaurès à travers son influence sur le ministère Combes en 1904 et l'interdiction des congrégations. Là-dessus Péguy avait raison.  Fut-il aussi perspicace dans son emportement contre l'Allemagne à partir de la crise de Tanger de 1905 (un emportement que bien sûr Jaurès ne partageait pas) ? Rolland est circonspect, lui qui avec son Jean-Christophe fut toujours le pont avec l'Outre-Rhin. Il rappelle ce point : Péguy défendait qu'il y avait quatre grandes civilisations au service de l'humanité - celle des Juifs, celle des Grecs, la civilisation chrétienne et la civilisation française. Et pour lui les trois dernières étaient maintenant les trois dernières étaient menacées par l'Allemagne. Rolland souligne qu'au moins le diagnostic sur la menace sur la civilisation est avéré depuis la guerre russo-japonaise de 1904 en laquelle il voit la première guerre d'extermination.

Alors que nous nous affrontons sévèrement cet hiver avec l'Allemagne sur la question de l'énergie - verbalement du moins sur les plateaux médiatiques, mais pas assez par le canal diplomatique car Macron n'ose pas parler - il est bon de réfléchir aux erreurs de Péguy sur le sujet. A-t-il exagéré la barbarie germanique ? Sans doute. Cela dit que la France fût une nouvelle Grèce, Nietzsche lui-même l'admettait sur le plan culturel (à défaut d'en soutenir la République, et le philosémitisme, comme Péguy le faisait). Et si Péguy a sans doute tort de construire excessivement son patriotisme contre l'Allemagne (qui, cependant, était en effet menaçante après 1905, Rolland le reconnaît), ce travail de réflexion sur la civilisation française lui permettait de réfléchir sans cesse au génie français - une réflexion aujourd'hui interdite par le wokisme, et dévoyée par l'extrême droite. Je suis très frappé de voir que Le Mystère de la charité de Jeanne d'Arc il est prêt à fonder, par la voix de Jeanne, contre le pape, une Eglise nouvelle sur la base des seules vertus des saints français et du peuple du bassin parisien, en proclamant que eux, à la différence de St Pierre, n'auraient jamais abandonné Jésus après son arrestation. Rolland affirme que Péguy eût fondé cette Eglise s'il n'était mort en 1914.

Simple divagation de normalien ? Voire... Rolland rappelle qu'une femme de ménage d'une prof de lettres appréciait plus Le Mystère de la charité de Jeanne d'Arc que sa patronne, qu'il y avait une affinité particulière entre le style de Péguy et le petit peuple dont il était issu, donc peut-être au niveau de la pensée aussi...

Le rapport de Péguy à la terre de l'Orléanais et de Chartres nous interroge. Car il n'en fait pas un simple musée à la gloire de la royauté destituée des Bourbons déchus. Avec excès parfois (car il avait hélas un tempérament trop sanguin comme le mien) mais avant tout avec une inspiration visiblement transcendante (qui l'enflammait pendant des jours), cet auteur avait le mérite de sortir de ce terreau là d'autres vertus, une autre France, une France ensemble chrétienne et socialiste et toute entière tournée vers la Justice et la Vérité. Il y a là un défi intellectuel, spirituel et affectif autrement plus intéressant que la bien-pensance identitaire bourgeoise à laquelle s'est toujours résumé (et se résume encore) le catholicisme de droite auquel Péguy, révolutionnaire, ne s'est jamais rallié.

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Villepin, la politique à l'égard de l'Ukraine et de la Chine

5 Janvier 2023 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Peuples d'Europe et UE, #Le monde autour de nous

J'écoutais ce soir une interview (ci-dessous) de Villepin (l'ex-premier ministre de Chirac) sur France Inter datée d'il y a quinze jours. Villepin, comme la plupart des élites "organiques", est macronien (sans quoi les micros de France Inter ne lui seraient pas tendus).

Il trouve que Macron a le ton juste sur la question ukrainienne notamment parce qu'il ne compromet pas toute possibilité de dialogue avec la Russie (encore heureux : si on veut la paix il faut bien dialoguer avec un belligérant in fine). Il se réjouit de ce que l'Europe ait apporté plus de milliards à l'Ukraine (52 milliards d'euros) que les Etats-Unis (avant les promesses à l'issue de la dernière visite de Zelensky à Washington). et trouve que notre rôle de cocohon-tire-lire est en soi une marque de notre existence diplomatique (de qui se moque-t-on ? nous n'avons jamais cessé de n'être que cela, au Proche-Orient et ailleurs). Du coup son appel à renouer la confiance avec des pays d'Afrique qui ont clairement choisi la coopération avec la Russie comme le Mali, le Burkina et la Centrafrique s'avère purement incantatoire - mais ça ne gène pas les grands médias qui l'invitent lui et son alter ego Védrine uniquement pour des incantations.

Nulle imagination donc, à l'heure où les appels à la négociations de Kissinger ont échoué et où l'on repart pour un semestre de guerre d'usure avec les risques de dérapage (de troisième guerre mondiale) toujours présents.

Sur la Chine, Villepin semble vouloir le containment. Maintenant que la reprise du Covid dans ce pays nous donne un prétexte pour l'isoler à nouveau, Gideon Rachman dans le Financial Times du 2 janvier se demandait si c'était une bonne idée de mettre ce pays à genoux, en référence notamment à l'embargo sur les micro-processeurs. L'auteur y rappelle le risque que cela conduise à toujours plus de radicalisation nationaliste de la part des Chinois et rappelle en outre que commercialement les Américains sont plutôt en position de faiblesse pour contrer l'influence chinoise en Asie. Il suggère donc de limiter la pression à ce qui pourrait profiter au complexe militaro-industriel chinois... Un distingo avec le bien-être des civils qui est parfois bien difficile à faire... Pas sûr que Villepin ou Macron (qui n'arrive déjà pas à faire ployer l'Allemagne sur la question du marché européen de l'énergie) aient une idée là-dessus. Mais de toute façon Biden ne leur demande même pas leur avis.

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Effets secondaires des thérapies géniques anti-Covid

4 Janvier 2023 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #coronavirus-vaccination-big pharma, #Grundlegung zur Metaphysik, #Bill Gates

Dès le début de la "pandémie" Covid-19 j'ai expliqué sur ce blog que c'était là principalement une opération psychologique destinée à contraindre tout le monde à accepter un vaccination, fondée sur un virus sorti d'un laboratoire de recherche (plutôt que de ce pauvre pangolin que le mensuel des Rothschild The Economist nous présentait en "une"  avec son homme de Vitruve et ses hélices d'ADN dès le mois de décembre 2018). Il faut bien aujourd'hui continuer de faire le bilan des effets négatifs de toute cette opération (bilan dont sont complices tous ceux qui n'ont pas relayé les infos que moi et d'autres postions sur Internet pour dissuader les gens d'accepter la thérapie génique).

Commençons par signaler que les effets secondaires de ces thérapies géniques inquiètent au Japon qui est un des pays où elles ont été les plus administrées.

Le professeur Masataka Nagao médecin légiste de l'école de médecine de l'université d'Hiroshima au Japon s'étonne que les cadavres de personnes "vaccinées" autopsiées restent chauds plus longtemps que la moyenne, comme si la thérapie ARN avait provoqué une inflammation de tout le corps (un choc cytokinique).

Mais le Japon n'est qu'un exemple parmi d'autres des méfaits de ces thérapies. Aux Etats-Unis, de février 2021 à mars 2022, la génération des millenials aurait connu 60 000 décès supplémentaires (l'équivalent du nombre de morts ans douze ans chez les recrues de la guerre du Vietnam) pour cause inconnue. Et selon un sondage de l'Institut Rasmussen 28 % des gens disent connaître  personnellement quelqu'un dont le décès a pu être causé par le "vaccin" anti-covid.

Au Royaume-Uni les vaccinés ont une mortalité augmentée de +26% rapport aux 'non' vaccinés

En septembre, le Danemark a interdit la vaccination des moins de 50 ans. L'impact cardiaque du vaccin chez les jeunes sportifs inquiète particulièrement : un taux de décès des adeptes de l'athlétisme (pourtant normalement suivis par des médecins du sports) qui passe de 2,4 par mois de 1966 à 2004 à 46,6 en 2021-2022. Les myocardites inquiètent en Inde.

La surmortalité touche aussi les personnes âgées (15 % dans les EHPADS français en 2022, dernier cas récent la chanteuse Linda de Souza).

Le vaccin ARN provoque aussi des cancers car il génère une hausse de la mort cellulaire programmée tout en affaiblissant le système immunitaire pour les autres affections.

Il y a aussi des effets non mortels mais fort ennuyeux : on parle des formations de caillots sanguins et d'oedèmes un peu partout, du cycle menstruel des femmes (qui peuvent aller jusqu'à des pré-ménopause chez des femmes de 20 ans), mais il faut encore signaler les aspects épidermiques, ainsi le dermatologue Shigetoshi Sano de l'université de Kochi repère des protéines spike dans les cellules des "vaccinés" qui réactivent les herpès. Tout cela pour une maladie qui avait un taux de létalité pratiquement nul chez les moins de 60 ans, et avec un vaccin qu'on voulait imposer pour ne pas "contaminer" les personnes âgées, alors que son effet sur la diffusion de la maladie n'avait même pas été testé.

Et pendant ce temps en Afrique où il n'y a que 6 % de vaccinés, le Covid a pratiquement disparu...

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Tensions israélo-ukrainiennes

3 Janvier 2023 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Le monde autour de nous, #Peuples d'Europe et UE, #Proche-Orient

Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a appelé ce mardi 3 janvier son homologue israélien, Eli Cohen, pour le féliciter de sa prise de fonction et pour discuter de "questions bilatérales et régionales". Le ministre des affaires étrangère ukrainien Dmytro Kuleba avait souhaité s'entretenir avec Cohen avant cette discussion mais s'est heurté à une fin de non-recevoir. Ce dernier  a aussi indiqué que Tel Aviv se bornerait à fournir une aide humanitaire à Kiev mais s'exprimerait moins souvent sur le conflit russo-ukrainien.

L'attention portée par les partis d'extrême droite à la communauté russophone israélienne explique cette position, mais pas seulement. Le régime ukrainien est très soutenu par Soros et par les milieux juifs de gauche américains qui ne sont pas exactement, loin s'en faut, sur la même ligne que Netanyahou.

En outre, ce dernier vendredi soir 30 décembre, avait demandé au président Volodymyr Zelensky, de voter contre la résolution de l'Assemblée générale de l'ONU appelant la Cour internationale de Justice à émettre un avis juridique sur les conséquences de l'occupation par Israël des territoires palestiniens (un sujet qui suscite toujours d'intéressantes controverses cf ici). Zélensky ne s'est pas exécuté, et l'Ukraine n'a tout simplement pas pris part au vote ( résolution finalement adoptée par 87 voix pour - dont tous les pays arabes y compris ceux qui ont reconnu Israël, la Russie, Cuba, la Chine, la Mexique, l'Irlande, l'Afrique du Sud -, 26 contre dont les États-Unis, le Royaume-Uni, l'Italien le Kenya, le Libéria, le Congo RDC, l'Australie, l'Albanie, le Canada et l'Allemagne et 53 abstentions dont la France, la Serbie, le Sud Soudan, le Myanmar, le Ghana, l'Ethiopie, la Biélorussie, l'Inde, le Rwanda, la Tanzanie, le Japon).

Il est vrai que Kiev accumulait déjà un certain ressentiment contre le refus des israéliens de fournir à l'Ukraine un système de défense anti-missile performant... Pendant un temps, l'alliance russo-iranienne et la fourniture de drones iranien à Moscou avait pu laisser entrevoir une communauté d'intérêts entre Ukrainiens et Israéliens, mais le jeu diplomatique est plus complexe qu'il n'y paraît notamment en Syrie où Moscou laisse Tel-Aviv bombarder des bases de son allié iranien (et même l'aéroport de Damas où s'effectueraient des livraisons d'armes iraniennes).

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Le premier député musulman de l'histoire de France

1 Janvier 2023 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #XIXe siècle - Auteurs et personnalités

Mon illustre compatriote béarnais Louis Barthou dans "Le Politique" raconte (p. 19) son souvenir de l'élection surprise à la députation dans le Doubs du temps du gouvernement Méline d'un médecin, le Dr Philippe Grenier (1865-1944), qui s'était converti à l'Islam à la faveur d'un voyage en Algérie. Radical (gauche de la gauche à l'époque), élu confortablement au second tour dans une circonscription de droite où il n'avait pu se maintenir que  parce qu'aucun de ses deux adversaires ne se désistait, il avait donné des sueurs froides au jeune ministre de l'intérieur qu'était Barthou, car personne ne l'avait vu venir alors qu'il était 3ème au premier tour  Le journal chrétien La Croix du 23 décembre 1896 le décrit venant en burnous blanc à la chambre des députés et se prosternant avant un conseil municipal... Il avait voulu se faire mufti en Algérie, mais sa claudication l'en avait empêché, explique le journal (il avait en effet passé une enfance de martyr chez son père, la jambe coincée dans un plâtre après avoir reçu à bout portant un coup de fusil tiré à blanc. Une rumeur voulait qu'il ait étudié chez les Pères à Besançon, ais il la démentit :il avait étudié au collège de Baume-les-Dames, puis à partir de 15 ans étudia seul et fut bercé par la libre-pensée (et rendit hommage dans une interview à la franc-maçonnerie - on peut se demander aussi si son hommage à la Verrerie ouvrière d'Albi ne renvoie pas à l'alchimie). Puis il rejoignit l'Algérie, puis de faire ses sept ans de médecine à Paris où il côtoya des musulmans algériens qui l'intéressèrent à leur religion. Il se rendit en Algérie (où il se rendra encore d'autres fois) où son frère Ernest servait dans les chasseurs d'Afrique (il allait être ensuite inspecteur des finances du sultan d'Istanbul, puis inspecteur général de la dette publique ottomane). "Quand il revint à Pontarlier, dira la presse, dans la maison blanche de ses pères, il portait, comme un bracelet aux triples tours à son poing, un long chapelet de santal qu'il égrenait sans cesse en psalmodiant les sacrés versets ; i! jeûna longuement et commença de publiques mortifications C’est ainsi qu’un jour, s’étant fendu le front contre une pierre, il baisait la place ensanglantée et y meurtrissait sa blessure."

Un média protestant de l'Algérie française qui l'a interviewé lui prête beaucoup de coeur et de générosité.,Il est vrai que dans ses interviews il ne parle que de fraternité.

Ce journal, qui relève sa sympathie pour la Réforme, a tenté cependant d'objecter à ses arguments pour la religion mahométane. Mais "quand nous lui parlons des grandes tares de l’Islam : de cette brutalité et de cette cruauté dont les récents massacres d’Arménie nous ont donné un échantillon ; des sauvages razzias des arabes esclavagistes dans le centre de l’Afrique ; de l’infériorité voulue dans laquelle est honteusement tenue la femme, il ne nous fait qu’une réponse que nous transcrivons dans sa naïveté : « Oui, je me suis bien fait ces objections là ! .. » L.e D r Grenier reconnaît la grandeur morale du Christ, l’influence bienfaisante de son enseignement et de sa morale, mais il n’en est pas ébranlé cependant dans sa conviction que Mahomet est le prophète supérieur. Voyez-vous, nous a-t-il dit. je crois à la transmigration des âmes. A mon avis, c’est l'âme de Jésus qui est venue revivre en Mahomet !!!" (sa foi en la métempsychose se traduisait aussi par le fait qu'il pensait que l'âme du petit cheval arabe sur lequel il montait pour visiter ses malades à Pontarlier avait été jadis celle d'un être humain).

La Revue de l'Islam en 1897 le présentait ainsi : "Le docteur Grenier appartient à une très ancienne et très honorable famille franc-comtoise. Il est le cousin du général François Grenier, du chimiste Ebelman, du poète et du peintre Edouard et Jules Grenier: le parent par sa mère du député Demesmay, le neveu du représentant du peuple, en 48, Charles Touchant. Son père était capitaine-commandant au 4e chasseurs d'Afrique. Détail curieux et significatif, qui n'a peut être pas été sans influence sur sa vie, le docteur a sucé le lait d'une nourrice musulmane."

Favorable à une spiritualisation de l'Islam, il l'était aussi à l'assimilation en donnant la nationalité française aux 16 millions de Musulmans d'Algérie et voulait être au service de tous ses coreligionnaires, ce qui lui valut d'avoir beaucoup de mendiants musulmans à sa porte. Il défendait aussi les prescription islamiques par un souci hygiéniste, notamment les ablutions et le port du burnous qu'il avait inauguré en 1894. Il se voulait prophète de Dieu en vertu de la phrase du Coran selon laquelle "un jour nous susciterons un témoin dans chaque peuple". Au service de la lutte contre le fanatisme il allait essayer de créer une école musulmane à Paris.

 La Dépêche du Doubs précise qu'à Pontarlier il avait converti huit personnes dont une femme qui voulait l'épouser et qu'il allait faire ses ablutions nu dans le Doubs (il défendait d'ailleurs la polygamie comme moyen de repeupler la France).

"Nous nous souvenons de l'avoir vu à la Chambre, allait se rappeler un journaliste en 1935, où il avait eu la singulière idée de siéger vêtu en Arabe, sous prétexte qu'il avait embrassé la religion musulmane. Les étrangers s'amusaient à venir le voir, quand régulièrement sous le coup de quatre heures de l'après midi, il sortait du Palais-Bourbon et, d'un pas tranquille, se rendait sous le pont de la Concorde, faisait ses ablutions, puis étendait son large manteau blanc sur la rive et, à genoux, tourné vers l'Orient, il s'inclinait en récitant quelques prières en l'honneur du dieu de l'Islam. C'était une marotte comme une autre. Cela, d'ailleurs, ne faisait de mal à personne et amusait les badauds toujours si nombreux à Paris.

A part cela, le plus brave homme du monde ; fort intelligent, républicain décidé et raisonnant fort bien sur tout le reste. D'une générosité proverbiale, il n'avait jamais le sou,- distribuant aux pauvres tout l'argent qu'il possédait.

Quelques-uns de ses collègues se moquaient de lui. L'un d'eux Thivrier, député de l'Allier, ancien mineur, siégeait, lui, en blouse bleue. Interpellant Grenier dans les couloirs, il lui demandait un jour :

— « Voyons, Grenier, pourquoi te déguises-tu en Arabe ? Tu as l'air d'un marchand de cacaouètes I »

— « Et toi, lui répondit , Grenier, pourquoi le déguises-tu en porteur aux Halles ? Avec la longue blouse, bleue, il ne te manque que le large chapeau de feutre blanc !»"

Le port du burnous ne lui avait pas valu que des rires amusés, il recevait dans sa  province parfois des crachats avait même été roué de coups est laissé pour mort par des paysans à Levier.

Lors de son investiture la presse n'hésitait pas à donner son lieu de résidence : Hôtel des Etats-Unis, 135 boulevard Motparnasse, au 2ème étage, dans une petite chambre très modeste, mal éclairée par deux fenêtres donnant sur la cour (L'Intransigeant du 12 janvier 1897). La gauche refusa qu'il siège avec eux dans l'hémicycle, on ignore pourquoi...

Il ne siégea que deux ans avant de redevenir simple médecin dans son village, et, finalement, son mandat ne dépassa pas le stade des anecdotes. Sa ville lui a cependant rendu hommage en donnant son nom à une rue, une mosquée et un collège.

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La vie parlementaire selon Barthou

1 Janvier 2023 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #1910 à 1935 - Auteurs et personnalités, #Divers histoire, #Béarn

Tout système politique engendre des comportements, des façons d'être au quotidien, des réalités anthropologiques nouvelles.

A l'heure où un mien collègue s'essaie au rôle de député sur les bancs de la NUPES à l'Assemblée nationale française, je découvrais hier un livre de mon compatriote béarnais (à qui mon école primaire et mon lycée durent leur nom) cet ouvrage inattendu paru en 1923 "Le Politique", qui est une sorte de crypto-anthropologie (car c'est typiquement littéraire, mais tout de même Barthou s'est lancé dans son écriture après une introduction sur l'éthologie animale, donc l'inspiration scientifique n'est pas absente) de cette réalité étrange créée par la République dans notre pays : le parlementarisme.

On y apprend (p. 81) que "je demande à ce que", y est employé depuis belle lurette, et aussi (p. 111 et suiv) deux ou trois choses sur les épouses des hommes politiques. Mais je suppose que Barthou a écrit des choses plus importantes dans sa vie.

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