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Le blog de Frédéric Delorca

Sarko is back, et nous que faisons nous ?

30 Mars 2008 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Billets divers de Delorca

De toute évidence le recul de l'UMP aux élections municipales n'a en rien freiné la détermination de M. Sarkozy, notamment en politique étrangère, où celui-ci a fait la démonstration, une fois de plus, de son infini mépris pour la République française en allant servilement proposer l'envoi de troupes supplémentaires dans la sale guerre d'Afghanistan (alors que l'Allemagne, la Turquie et d'autres vassaux de Washington s'en retirent), et en le faisant de la manière la plus indécente possible - devant un parlement étranger, sans même oser le dire ouvertement à sa propre opinion publique. Petit, vraiment petit.


L'opposition parlementaire a haussé la voix, de M. Chevènement à M. Bianco, et obtenu... un temps de débat ridiculement court mardi prochain. M. Acoyer (je ne sais plus si son nom s'orthographie de la sorte) a ressorti le catéchisme bushiste pour justifier l'ardeur guerrière de son président - en Afghanistan il y a des talibans, des terroristes et de l'opium, les intérêts de la France y sont menacés. Il voulait dire, évidemment, les intérêts de la France comme succursale des Etats-Unis en Europe.

Les medias ont dissimulé le problème en braquant le projecteur sur le succès de Carla Bruni en Angleterre. Aucun d'entre ces nobles journalistes n'ira risquer sa peau en Afghanistan pour défendre les intérêts pétroliers étatsuniens. Il est donc tout à fait normal qu'ils aveuglent l'opinion publique avec de telles futilités et contribuent sereinement à l'engagement de la France dans les pires engrenages.

Et vous ? avez vous écrit à votre député à la veille du débat sur l'Afghanistan ? Les boîtes emails du Palais Bourbon sont ouvertes. Profitez en.

Tout cela pose la question inévitable : que faire ? Créer une fondation anti-impérialiste ? Un parti politique ? Une liste sans parti mais anti-système aux prochaines élections européennes ? Essayer de faire élire un député antisystème au Parlement comme l'ont fait les électeurs anglais de la circonscription qui a porté Galloway aux Communes ? Ce député aurait ensuite une tribune, des moyens financiers...

En attendant, certains opposants se perdent en initiatives inutiles, par exemple cette lettre au président du Conseil constitutionnel pour obtenir l'annulation de l'élection de Sarkozy : http://forums.france2.fr/france2/avousdejuger/nicolas-sarkozy-illegale-sujet_10102_1.htm. J'ignore qui a lancé cette pétition mais ils ont simplement oublié que le contrôle du Conseil s'exerce avant la proclamation des résultats, pas un an après... En outre l'argumentation de la pétition est si futile... On voudrait faire invalider l'élection d'un homme qui fut massivement élu par les Français sur le fait qu'il n'a pas décliné la totalité de son état civil !!! Ces braves internautes feraient mieux de tenter de guérir la bêtise de leurs concitoyens électeurs de l'UMP, dont Sarko n'est que l'épiphénomène... (que ces électeurs-là, s'ils se sentent de droite, votent plutôt pour Dupont-Aignan, le monde entier s'en portera mieux cf ci-dessous)

Cette pétition, comme les réactions à l'éviction du sous-préfet Guigue, montre que de nombreux opposants ne veulent pas comprendre la logique des institutions, mélangent tout, lâchent la proie pour l'ombre. Quand on leur dit qu'un souspréfet n'est pas, dans l'exercice de ses fonctions, soumis aux mêmes règles qu'un citoyen ordinaire, ou qu'une élection ne se conteste pas n'importe quand n'importe comment, ils ne veulent pas le croire. Parce que l'idée même qu'une règle puisse s'appliquer sérieusement, qu'un Etat ait une spécificité de fonctionnement par rapport à la société civile, leur est complètement étrangère. L'anti-étatisme qui travaille en profondeur l'internaute contestataire moyen le prive des instrument de réflexion et d'action qui donneraient une portée à ses actes. Les pouvoirs publics ont ensuite beau jeu de le renvoyer à la caricature du "radical " peu crédible et fantasque.

Ceci étant posé, encore une fois, il faut réfléchir au problème du "que faire ?". Selon moi, il faut partir de l'existant, analyser, dans le milieu de la contestation, les courants qui peuvent disposer de moyens humains et financiers, les groupes qui peuvent faire preuve d'efficacité, dans les partis politiques, les associations, en France, à l'étranger, voir ce qui peut être fédéré. Il faut éviter les pièges de toutes sortes : les soutiens des groupes d'extrême droite qui discréditent toute action politique, ceux d'autres personnes et groupes douteux (il en traîne toujours dans la résistance anti-impérialiste). Tout cela est compliqué à faire, mais nécessaire avant que notre monde ne bacule dans un chaos politique complet (il y est déjà largement engagé) avec la complicité active de l'establishment politique français.

A part cela, la revue Commune a bien voulu me demander récemment un article sur ce que je pensais de la notion de "socialisme" et de sa place dans le monde actuel. Je lui enverrai mon papier dès que possible, et ne manquerai pas de vous tenir au courant.

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Modèle de mail à envoyer à votre député avant mardi prochain (aménageable à votre guise, bien sûr)

Monsieur le député,

L'actuel président de la République, aux ordres des néo-conservateurs étatsuniens, veut engager davantage la France dans la guerre d'Afghanistan dont de nombreux pays cherchent plutôt à s'extraire. En soutenant inconditionnellement la position étatsunienne sur la Palestine, le Kosovo, en proposant l'entrée de la France dans l'OTAN et en arrimant toujours plus la position française à "l'Occident" contre les intérêts du Tiers-Monde, M. Sarkozy éloigne la France des velléités de non-alignement qui avaient caractérisé certains aspects de sa diplomatie depuis le général de Gaulle. Cette évolution n'est pas profitable à l'équilibre à long terme de notre planète ; elle ne l'est pas non plus, même à court terme, aux intérêts de notre pays qui en retirera plus d'inconvénients que d'avantages.

Je vous demande donc d'user de tous les moyens que vous confère votre fonction d'élu du peuple pour vous opposer à cette dérive de la politique étrangère française. Vos électeurs ne se désintéressent pas tant des relations internationales que les médias veulent le faire croire. En leur nom, et au nom de l'intérêt général dont vous êtes le mandataire, il vous appartient d'agir, et de rendre compte de ce que vous aurez fait pour éviter que notre pays ne participe à la logique du pire.

D'avance je vous remercie.






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