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Le blog de Frédéric Delorca

La complexité

17 Avril 2009 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Le monde autour de nous

Pourquoi les gens n'aiment-ils pas la complexité, le sens des nuances, des nuances qui ne conduisent pas au relativisme, qui n'empêchent pas de choisir un camp, mais qui sont là, pour suivre le réel dans toutes ses dimensions ? Quand j'écrivais sur la Serbie on me reprochait de ne pas dépeindre ce pays comme une horrible société totalitaire (une "totalitarisme à plusieurs partis" comme disait l'inénarrable Alain Joxe). Maintenant on me reproche de donner la parole à un ami qui dépeint Cuba comme un précipité d'inventivité culturelle. Pourquoi est-ce qu'il y a toujours des gens agacés, quand on donne la parole aux 2 % de gens qui ne disent pas la même chose que 98 % de ce qu'on entend à longueur de journée ? Pourquoi le minoritaire, celui qui fait voir les choses différemment, est-il toujours objet d'invectives, de censures ? Nous avons la réponse, bien sûr : l'humanité ne progresse pas aussi vite que ses moyens d'information le lui permettraient. Dans l'ensemble même elle est peut-être sur une pente recul quant à sa capacité à saisir toutes les dimensions du réel. Pourquoi ce besoin de simplification, ce refus des nuances ? Un besoin de se rassurer ?

Je ne me suis jamais rendu à Cuba. J'ignore à quel point les gens y souffrent de la dictature ou, au contraire, voient dans leur gouvernement une structure honnête qui oeuvre à leur émancipation, à quel point la pauvreté écrase les gens, ou si les gens s'en accommodent. Je reçois des échos divergeants là dessus, je donne la parole à ceux qu'on entend le moins tout en restant assez agnostique sur l'ensemble du tableau (l'agnosticisme préserve du dogmatisme). Et je prends aussi en compte les hommages que l'Amérique latine, l'Afrique du Sud, le Sri Lanka, rendent à Cuba comme île résistante qui sert la défense de leur propre liberté. J'ai peut-être déjà raconté sur ce blog mon expérience de stagiaire d'ambassade voyant, dans un congrès d'Izquierda unida à Madrid en 1994, toutes les représentations diplomatiques du Tiers-Monde, y compris le représentant du président (si pro-occidental) gabonais Omar Bongo assis à côté de moi faire une standing ovation au nom du "Parti communiste de Cuba" (à la grande surprise des délégations occidentales un tantinet horrifiées) pour se rendre compte de ce que ce pays représente dans le mouvement des non-alignés. Tout cela est à prendre en compte. Mais pourquoi ces éléments sonnent-ils si désagréablement aux oreilles de certains ?

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