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Le blog de Frédéric Delorca

Des femmes utiles à notre époque

2 Septembre 2009 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Le monde autour de nous

Moi qui ne suis qu'un des bloggueurs les moins lus de la planète anti-impérialiste je serais fort mal placé pour prétendre aider à la notoriété des travaux de quiconque. Je me permets quand même de vous faire part de mes coups de coeur : les blogs sont faits pour cela !

Donc mon enthousiasme du jour va vers Hassina Méchaï. Retenez ce nom, chers rares lecteurs de ce blog ! Oui, lecteurs, Hassina Méchaï peut tout faire : attaquer Laurence Ferrari sur le site de l'Acrimed en citant Ce que Parler veut dire de Pierre Bourdieu (l'ancienne version de son bouquin, s'il vous plaît, celle de 1982, pas le "remix" Langage et pouvoir symbolique qu'on trouve en livre de poche), "filer des analogies subliminales jusqu'au noeud gordien" dans une défense flamboyante de l'Iran reprise par divers sites (mon seul désaccord avec son article, tient à ce qu'elle parle de la Rome impériale pour Caton, glorieux sénateur de la Rome républicaine, mais cette République devenait déjà un peu impériale), dénigrer les Etats-Unis sur le site des Indigènes de la République et Oulala.net, devenir l'invitée d'honneur de Michel Collon en mordant Luc Ferry. Mesdames et messieurs, je vous le dis : cette jeune doctorante ira loin. Tremblez Frédéric Ancel, Alexandre Adler et autre chouchous des plateaux de télévision. Vous avez devant vous le genre de jeune intellectuelle qui demain posera une lourde pierre tombale sur vos très funestes théories.

Pourtant ce matin, je n'étais pas parti pour citer cette publiciste (dont à ma grande honte j'ignorais même le nom). Je voulais vous dire un mot de ma correspondante italienne qui découvre une université très à gauche du Nord-Est des Etats-Unis, et me dit que sur la Côte Est, les directeurs de thèse font la bise aux doctorants pour faire plus "européens".

Je voulais aussi vous parler de mon amie Sophie qui est éducatrice spécialisée et qui encadre des adultes mentalement très attardés.

Elle m'écrit aujourd'hui : "Tu as raison lorsque tu dis que nous touchons à la complexité de l'humain. Nous sommes au carrefour de la déficience et de la pychiatrie. Nous flirtons avec la pulsion à l'état pur, avec les comportements archaïques les plus forts. La dépendance totale ou partielle, les troubles du comportement, l'automutilation, les cris, la violence, l'angoisse dans ce qu'elle a de plus fort, font partie de mon quotidien. Il faut être prêt à donner beaucoup tout en sachant que l'on recevra peu, ou pas du tout, en retour.

L'accompagnement des familles qui sont touchées par ce handicap est essentiel. Il nous faut les soutenir, les rassurer, les aider à accepter l'inacceptable: à savoir que leur fils, fille, certes est adulte, mais n'atteindra jamais plus que l'autonomie d'un enfants de 3 ans (pour les plus chanceux!). La moyenne d'âge mental de la population que j'accompagne, ne dépasse généralement pas les 6 mois, 1 an. Souviens toi de ton fils à cet âge là et transpose le tout sur des adultes et tu auras une image assez proche des personnes que je prens en charge.


Ce métier n'en demeure pas moins formidable. C'est un remède absolu contre la grosse tête. En effet, ce qui peut convenir un jour, en terme de prise en charge, peut ne pas convenir le jour suivant. Il faut donc se réinventer sans cesse, se réinterroger, trouver ce qui aidera le patient à aller mieux. Parfois, plus rien ne marche...et cela nous rappelle que l'on ne peut "sauver" tout le monde...que la toute puissance n'existe pas dans notre domaine. C'est à ce moment là que l'on sait si on est fait pour ce métier... ou pas."

Sophie a toujours été une littéraire. Elle devrait écrire sur sa profession.

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