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Le blog de Frédéric Delorca

Les "dingues de l'écriture"

5 Septembre 2009 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Ecrire pour qui pour quoi

Irene Delse, qui, je crois, écrit des livres pour enfants, m'a envoyé un lien avec un site qui dit : "Ca vous dirait, une nuit blanche ? Samedi 5 septembre au soir, de 21 heures 30 à 4 heures, je vous propose d'écrire 10 000 mots du texte de votre choix." Ce forum prétend réunir des gens qui se perçoivent comme des "dingues de l'écriture..."

C'est marrant - dans l'Occident démocratique devenu "néolibéral", les gens qui écrivent sont devenus comme les cathos intégristes, les buveurs de bière, les fétichistes du pied et les collectionneurs de timbres : une association, une "communauté" parmi d'autres. Plus rien de sacré là dedans (je me rappelle les textes ennuyeux de Walzer sur cette cohabitation des inclinations dans la diversité libérale). L'écriture n'est plus qu'une marotte, une perversion de "dingue" même. Tout cela devient d'un ennui infini... à hurler... En ce siècle il n'y aura plus de Gide, mais il y aura des Lafcadio, je le crois bien.

J'ai reçu le programme du salon du premier roman de Draveil en novembre. Beaucoup de gens qui y sont allé disent qu'ils y furent traités comme des princes. Je crois bien que c'est le cas au vu de ce que je lis dans cette lettre. Peut-être les jeunes romanciers y éprouvent-ils pour la première et dernière fois de leur vie ce à quoi les écrivains de la jet set ont droit toutes les semaines pendant des années.

Au même moment je reçois des mails sur la manière de constituer un front syndical uni à la base en France malgré les trahisons des appareils. Des mails qui accusent la direction de la CGT de capituler devant Sarko et le Medef. Il y a des gens en France qui continuent à prendre ce genre de question très au sérieux et à lui consacrer beaucoup d'énergie. Ils ont sans doute raison car on ne changera pas notre société sans une mobilisation syndicale audacieuse. Les partis politiques ne suffisent pas. En même temps le combat syndical pour aussi nécessaire qu'il soit n'est pas l'omega de toutes les luttes. Il recherche une sécurité indispensable pour les travailleurs, mais il faut aussi leur proposer un horizon au delà de la sécurité. Des formes d'égalité et de liberté auxquelles ils ne songent même pas. Cet horizon là, c'est aux "dingues de l'écriture" de l'apporter, pour un peu qu'ils arrivent à se penser autrement que comme une "communauté" de fétichistes. Mais ils furent rares dans l'histoire les moments où les hommes et les femmes de plumes eurent conscience d'une complémentarité entre leur oeuvre et les nécessités du changement social. Et ça ne va pas en s'arrangeant.

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