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Le blog de Frédéric Delorca

Un peu découragé

21 Septembre 2009 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Colonialisme-impérialisme

Un historien spécialiste des réfugiés espagnols de 1939 m'a écrit hier pour encenser les mémoires de mon grand-ère que j'ai traduites et annotées. Il touve qu'elles éclairent sous un jour nouveau bien des événements, sur la chute de Barcelone notamment. Bien évidemment tout le monde se fout des mémoires de mon grand-père, tout comme tout le monde se fout éperdument de mes écrits anti-impérialistes. Ce qui fait le "buzz" en ce moment, c'est une interview que j'ai donnée sur la nudité, qui a été reprise par un blog très connu auquel une quarantaine d'autres blogs sont connectés. J'avais déjà remarqué cela en 2007. J'avais écrit sur la guerre du Kosovo, celle d'Irak, j'avais dirigé l'Atlas alternatif. Tout le monde s'en foutait. En revanche dès que j'ai signalé que j'écrivais en anthropologie du corps on a commencé à m'inviter à des conférences.

Autre facteur de découragement : l'impossibilité croissante de l'idée de nation (entendue dans un sens républicain progressiste) à servir d'alternative à l'Europe néo-libérale.

Un copain m'écrivait ce matin : "Nous attendons comme les nazis le moment favorable et le prétexte pour frapper, impitoyablement. (Voir l'Iraq et l'Afghanistan, qui me rappellent le Vietnam mais aussi la guerre coloniale de Napoléon III au Mexique. J'espère que nos troupes vont en baver. Comme dit Flaubert, le drapeau a servi à couvrir tant d'ignominies qu'il est couvert de merde et de sang et ne mérite aucun respect.)"

La dernière phrase m'a étonné dans sa bouche car ce type a sympathisé avec Debout la République pendant la campagne des européennes.

A la fête de l'Humanité je disais à un internationaliste au stand du Nicaragua : "Vous avez du Habana Club et pas du Bacardi, c'est bien, le Bacardi est le rhum de la mafia cubaine en exil". Il m'a répondu : "Oui. Le Bacardi est aux cocktails ce que la Marseillaise est à la fête de l'Huma".

Je n'ai pu m'empêcher de répondre : "Sauf que la Marsaillaise fut un chant révolutionnaire, et Bacardi n'a jamais été révolutionnaire"

Sur LCP il y a 15 jours, les gendarmes du GIGN dans un documentaire présentaient ainsi leur motivation : "on fait ce job parce qu'on aime notre famille, nos amis, et les gens qui sont morts pour qu'on soit ce qu'on est". La journaliste ajoutait, perspicace pour une fois : "Il leur manque un mot, ils n'osent pas prononcer le PATRIE". On est loin du slogan que je vois dans un congrès de l'Institut national de la Femme vénézuélien (Inamujer) : "Consciencia de clase /Consciencia de Patria /Consciencia de Género" (voyez la photo en p. 51 de la revue Debate abierto, n°33 vol XII-2008)

Je suis étonné de voir le drapeau, la Marseillaise, la patrie si discrédités chez tout le monde en France. Cela voue mon "Programme pour une gauche fraçaise décomplexée" à l'échec. Et du même coup toute rupture sérieuse avec l'Union européenne. Il n'y a aucune base sociale à ce niveau pour une alternative à l'UE néolibérale.

Moi qui suis franco-aragono-catalano-gascon je n'ai pas de dispositions particulières pour la patriotardise (pas plus que la plupart des gens de mon âge). Et donc en faire mon deuil ne me coûte pas. Mais, du coup, je perds une option intellectuelle, une base possible pour une alternative. Et je vois bien que personne n'en a d'autres de rechange.

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G
<br /> La partie est difficile et les joueurs européïstes (Commission Européenne, multinationales, partis pro-européïstes, lobbys patronaux ) sont très puissants, il y a de quoi être découragé. Mais des<br /> forces existent, le Sinn Féin irlandais, le Parti Ouvrier indépendant, le M-PEP qui contestent chacun à leur manière le dogme européïste et soulignent le lien démocratie-nation. J'essaie toujours<br /> de convaincre sans évaluer auparavant mes chances puisque je suis convaincu de la justesse de ma position concernant la sortie de l'UE. D'ailleurs le seul argument que l'on m'oppose c'est la peur<br /> d'être seul, que la France soit seule, alors je réplique que les autres pays ont aussi besoin que nous de sortir du piège anti-démocratique qu'est l'UE. Au lieu de bêler comme des moutons avec<br /> comme berger, l'UE qui nous tond, prenons notre destin en main avec intelligence et courage.<br /> <br /> <br />
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A
<br /> Bonjour,<br /> <br /> A quand de nouvelles videos?<br /> <br /> Amicalement.<br /> <br /> <br />
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E
oui et non. je suis comme toi, totalement désabusé, mais comme tu le dans pour le corps, on ne sait jamais à l'avance ce qui fait qu'à un moment ou à un autre une idée redeviendra à la mode.Peut-être que lorsqu'il n'en restera plus rien, quelques journalistes malins se souviendront que la nation n'était pas si ringarde par rapport à la nostalgie impériale de l'Union européenne.
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F
<br /> Mais si le retour à la nation repose sur un simple phénomène de mode comme les intentions de vote pour Chevènement en 2002, ça ne mènera pas plus loin que le coup d'Etat des généraux alcooliques<br /> soviétiques en 1991...<br /> <br /> <br />