Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le blog de Frédéric Delorca

Le Front anti-impérialiste en question

17 Avril 2010 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Colonialisme-impérialisme

Je le confesse : je lis assez peu le site du Comité Valmy. Et c'est un tort. J'y trouve aujourd'hui une déclaration du Parti communiste brésilien (différent du Parti communiste du Brésil, avec lequel travaillent certains de mes petits camarades). Je lis ceci : "Pour le PC Brésilien, plutôt un Front Anti-Impérialiste Mondial et le renforcement de la coopération entre PC qu’une Vème Internationale". Le front anti-impérialiste... Une idée populaire dans le tiers-monde, et à droite de la droite en Europe.

 

F--te-de-l-Huma-2006-pour-blog.jpg

Ca marche dans certains pays en guerre (en Palestine par exemple entre le FPLP anti-impérialiste de gauche laïque et le Hamas fondamentaliste). Mais à l'échelle mondiale, je ne vois pas du tout comment on peut mettre dans le même front, tout ce qu'il y a d'anti-impérialiste : Chavez, les naxalistes indiens, le Parti communiste marxiste léniniste indien le Hezbollah, Al Qaida, le Parti radical de Serbie, la junte brimane, le gouvernement soudanais, les rebelles du delta du Niger, les Hutus du Forces Démocratiques de Libération du Rwanda, la Corée du Nord, le parti communiste de Russie, le Baas irakien et le Baas syrien, les gaulliste français, les nationalistes de gauche basques et corses, le NPA, les trostkystes, les anars, les chomskyens.

 

Beaucoup de ces mouvements sont en guerre les uns contre les autres. Des luttes à mort. Et puis qui est vraiment anti-impérialiste ? Des bons électeurs du parti socialiste français voire du Modem lisent l'Atlas alternatif et d'estiment anti-impérialistes sans cesser pour autant d'être des centristes.

 

Je veux bien qu'on doute de l'Internationale façon Chavez, mais le front anti-impérialiste est encore moins viable. L'anti-impérialisme n'est pas une valeur politiquement structurante. Ce n'est pas elle qui peut créer des clivages solides à partir desquels on peut fonder un programme d'action. C'est pourquoi il faut revenir au clivage gauche-droite. A la rigueur ce clivage peut être mis entre parenthèse pour une action comme la sortie de l'Union européenne ou de l'OTAN ainsi que le suggèrent certains gaullistes. Mais il reste structurant pour tout le reste de la vie politique, malgré la grande faiblesse idéologique de la gauche et sa très forte propension à trahir ses valeurs.

 

Ca ne signifie pas qu'il faille passer sous le tapis les guerres impériales ou l'ordre économique mondial quand on est un élu local qui doit voter un budget avec les socialistes, ou quand on est un simple électeur appelé à voter un second tour. Il faut au contraire harceler les partis sur ces questions et s'abstenir de voter quand ils ne les prennent pas en compte. Mais militer pour une grande union des forces antisystémiques au niveau mondial serait une grave erreur.

Partager cet article

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :

Commenter cet article