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Le blog de Frédéric Delorca

De la clémence des gouvernants

27 Avril 2010 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Débats chez les "résistants"

Je voudrais ici reproduire un article que j'ai trouvé sur Maliweb. Il pose la question de la clémence, un thème qui fut très débattu dans l'histoire politique de l'Europe - voyez notamment les interrogations philosophiques sur la fameuse clémence de Jules César (qui finit par lui coûter la vie du reste).

 

On peut croire ces débats dépassés dans nos démocraties policées où les changements (ou les pseudo-changements) de dirigeants naissent des urnes, et où les masses gavées de TV, de consommation et d'Internet n'ont pas trop d'envie de revanche. Ils trouvent cependant un écho particulier en Espagne, où les actions pour mettre fin à l'impunité de l'héritage franquiste et obtenir réparation pour les victimes se multiplient. On y reviendra à l'occasion.

 

La clémence pour les dictateurs déchus ne porte-t-elle point en germe leur retour sur la scène publique et la réaction politique ? Ne vaut-il pas mieux les condamner à l'exil ? Vastes questions qui rappellent celles qui entourèrent l'exécution de Louis XVI.

 

FD

 

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L'ancien Président, le Général Moussa Traoré lors de son
procès devant la cour d'assises de Bamako en 1992 (ina.fr)
 

Le Mali a célébré vendredi dernier les 19 ans de la révolution du 26 mars 1991, qui a débouché sur la chute de la dictature de Moussa Traoré et l'instauration de la démocratie. Depuis, le Mali a changé. Les conditions de vie et de travail du corps social se sont améliorées. Depuis, il y a plus d'écoles, plus de centres de santé, plus de routes. Depuis, il existe toutes les libertés: individuelle, collective, d'expression, de réunion, de va et vient…

 

Depuis, le président déchu, Moussa Traoré, a clamé son innocence au cours du double procès (crimes économiques et crimes de sang), sanctionné par la condamnation à mort du tombeur du défunt Modibo Kéïta. La suite est connue. Moussa Traoré ne sera pas exécuté comme un certain Saddam Hussein à Bagdad. Il est, depuis juin 2002, gracié par l'ex- président Alpha Oumar Konaré. Il vit aujourd'hui une retraite pieuse et débonnaire. En effet, il consacre une bonne partie de son temps à Dieu et une autre à des activités sociales, notamment sa participation à des mariages, décès et baptêmes de ses proches. C'est au cours de ces événements que l'on se rend compte de la popularité de l'homme. Imposant et charismatique, Moussa Traoré dérange certaines autorités à chaque fois qu'il se trouve dans un même lieu qu'elles.

 

Aujourd'hui, et de plus en plus, beaucoup pensent que Moussa Traoré "n'a rien fait". Il y a, en fait, une certaine compassion envers lui. A commencer par le président ATT, qui lui accorde des avantages indus, car il a perdu juridiquement ses droit d'ancien chef d'Etat.

 

A la discrétion de Koulouba, plusieurs avantages lui ont été attribués: la villa d'Etat qu'il habite dans le quartier de Djikoroni Para, une garde personnelle, des véhicules et une rente avoisinant les 1200 euros par mois (près de 800 000 FCFA), selon Jeune Afrique N°2560 du 31 janvier au 6 février.

 

Les victimes de Moussa Traoré souffrent pendant que lui, condamné puis gracié, bénéficie de la clémence de l'Etat démocratique d'ATT.

 

Moussa Traoré a, certes, été gracié mais il n'est pas réhabilité. Il n'a pas reçu le pardon du peuple, qui passe par une loi d'amnistie que seuls les députés peuvent voter. Moussa Traoré n'a pas été réhabilité, mais il profite de l'argent public. Cela n'est pas normal et relève du politiquement incorrect.

 

La question que l'on se pose est de savoir s'il va continuer, après le départ d'ATT du pouvoir, à bénéficier de ces subsides? Si oui, mieux vaut engager un projet de loi devant l'Assemblée nationale, pour qu'enfin il soit véritablement réhabilité en recouvrant ses droits civils. A 73 ans, même éligible, Moussa Traoré n'osera pas se présenter à une quelconque élection. Doit-on réhabiliter Moussa Traoré? Un pas a déjà été fait dans ce sens.

 

Maintenant, faut-il aller au bout de la logique?

 

Voilà toute la problématique.

 

Chahana Takiou

 

 

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