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Le blog de Frédéric Delorca

Elections en France, en Grèce, en Serbie, les peuples, les oligarchies

7 Mai 2012 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Peuples d'Europe et UE

Il y avait des drapeaux algériens sur les Champs Elysées hier pour fêter la victoire de François Hollande, et des "youyous" au meeting de Mélenchon à Marseille trois semaines plus tôt. La xénophilie de la gauche d'un côté, de l'autre Sarkozy à 48 % et non à 45 malgré l'ultradroitisation de son discours dans l'entre-deux-tours, et beaucoup de votes blancs comme Mme Le Pen l'avait recommandé à ses électeurs. On est en plein dans les problématiques soulevées par Algalarrondo l'an dernier.

 

belote.jpgDerrière Hollande la gauche bobo, les classes moyennes des grandes villes, et puis un certain monde rural de tradition socialiste (dans le Sud-Ouest), ou qui a récemment lâché la démocratie chrétienne (Bretagne). Jean-Luc Mélenchon avec sa campagne flamboyante a réussi un peu à rallier quelques ouvriers au premier tour, pas beaucoup. Une bonne partie sont restés proches du FN (plus du tiers ont voté Marine Le Pen au premier tour) et de la Droite populaire (plus de 40 % derrière Sarkozy).

 

Mélenchon fait aujourd'hui le pari de les arracher en juin à la logique du vote utile qui a profité à Hollande. Pas gagné d'avance. On a le sentiment qu'un gros tiers de la classe ouvrière reste proche d'une droite dure, un tiers fluctue entre le PS et la droite d'un élection à l'autre, un autre tiers est plutôt voué à l'abstention. Très peu ont vocation à croire en un discours Front de Gauche (FdG), lequel n'est crédité que de 7 % d'intentions de vote sur l'ensemble de la population aux prochaines législatives, ce qui peut faire du 10 % si les électeurs de Sarkozy s'abstiennent et s'il n'y a pas trop de vote PS.

 

Le FdG pourrait ramener à lui une frange de l'électorat ouvrier de la droite populaire et du FN s'il tenait, comme je l'évoquais dans le Programme pour une gauche française décomplexée, un discours républicain, national et protectionniste qui, sans jouer avec les clichés xénophobes comme le fait Marine Le Pen (sur les fantasmes de l'islamisme, le hallal etc), réhabiliterait la notion de souveraineté populaire et de démocratie dans les frontières définies d'un pays, et non pas dans les frontières mouvantes d'un vaste empire européen manipulé par les banques. Mais il s'aliènerait alors sa composante bobo (petits profs, petits fonctionnaires) qui est la base de ses militants, ainsi qu'une bonne partie de sa clientèle dans les ZEP lesquelles ne veulent pas entendre parler de frontière (idem pour la clientèle PS dans les  mêmes banlieues). Dès que j'aurai cessé mes fonctions en Ile de France, je vous raconterai quelques anecdotes que j'y ai vécues en rapport avec cette problématique.

 

Les micro-partis souverainistes ne sont pas bien placés non plus pour incarner un tel discours. Debout la République (DLR), qui est le plus structuré d'entre eux, hier soir a publié un communiqué dans le pur style du RPR des années 1980, accusant M. Sarkozy d'avoir porté à l'Elysée un socialiste (comme si le mot par lui même était une insulte) et appelé à construire une alternative gaulliste. Pas un mot pour un électorat potentiel de gauche. Preuve que ce parti veut rester un grouspuscule de droite et rien de plus.

 

Ces données montrent qu'une voie républicaine entre boboïsme et xénophobie sera difficile à défendre.

 

Les Grecs ne sont pas tout à fait dans cette configuration puisque l'appauvrissement de la classe moyenne y est tel que l'équivalent du Front de Gauche Syriza (mais sans le PC qui fait 8 % tout seul !) dépasse de peu le Parti socialiste, tandis que le total  Pasok+droite classique s'élève à moins de 50 % (oublions pour un temps la poussée des néo-nazis d'Aube dorée, bien qu'elle soit symptômatique de la poussée xénophobe dans ce pays aussi). J'ignore si la gauche là bas a plus de stratégie qu'en France mais pour l'heure sa poussée a pour effet immédiat de compliquer la tâche des banquiers. L'ingouvernabilité prévisible du pays va obliger l'Union européenne à imposer une ingérence coloniale croissante à Athènes (qui peut aller jusqu'à faire revoter les Hellènes), ce qui ne fera que compliquer le soi-disant "sauvetage" de ce pays, nourrir la spéculation contre l'Espagne, et l'Italie, et donner de nouveaux maux de têtes aux fédéralistes bruxellois et aux oligarchies financières de tout poil.

 

Cela peut-il donner des arguments à François Hollande pour négocier un desserrage de l'étau du Mécanisme européen de stabilité ? Allez savoir... Je note qu'un ministre allemand commence à parler de relance salariale dans son pays.

 

Autres élections hier : en Serbie (législatives et présidentielles). Là le parti souverainiste ("Parti progressiste") de M. Nikolic passe juste devant les européistes de M. Tadic avec chacun un quart des suffrages. Le Parti socialiste (ex communiste) qui a joué la balance entre l'un et l'autre ces dernières années s'en sort bien à 14 % des voix (en net progrès). L'ex président Kostunica est dans les choux à 7 %, de même que l'extrême droite intransigeante de Seselj qui ne sera même pas représentée au Parlement (preuve que l'époque de Milosevic est bien révolue dans ce pays). La montée de M. Nikolic profite peut-être du malaise grec et de l'alternance française qui mettent à mal le dispositif bruxellois et discréditent un peu l'européisme à Belgrade comme ailleurs.

 

Mais dans ce pays comme chez nous les eurocrates ont plus d'un tour dans leur sac, et la partie de poker est loin d'être terminée... Affaire à suivre donc...

 

 

 

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P
<br /> Merci! Je suis très touchée.<br />
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P
<br /> Je comprends. Je vous livre le poème entier en français et, comme vous seriez aimable de lui donner sa langue d'origine!!!<br /> <br /> <br /> Au commencement<br /> les animaux furent imparfaits<br /> longs de queue, <br /> et tristes de tête.<br /> <br /> Peu à peu ils évoluèrent<br /> se firent paysage<br /> s’attribuèrent mille choses, <br /> grains de beauté, grâce, vol...<br /> Le chat<br /> seul le chat <br /> quand il apparut<br /> était complet, orgueilleux.<br /> parfaitement fini dès la naissance<br /> marchant seul <br /> et sachant ce qu’il voulait.<br /> <br /> L’homme se rêve poisson ou oiseau<br /> le serpent voudrait avoir des ailes<br /> le chien est un lion sans orientation<br /> l’ingénieur désire être poète<br /> la mouche étudie pour devenir hirondelle<br /> le poète médite comment imiter la mouche<br /> mais le chat<br /> lui<br /> ne veut qu’être chat<br /> tout chat est chat<br /> de la moustache à la queue<br /> du frémissement à la souris vivante<br /> du fond de la nuit à ses yeux d’or.<br /> <br /> Il n’y a pas d’unité<br /> comme lui<br /> ni lune ni fleur dans sa texture:<br /> il est une chose en soi<br /> comme le soleil ou la topaze<br /> et la ligne élastique de son contour<br /> ferme et subtil<br /> est comme la ligne de proue d’un navire.<br /> Ses yeux jaunes<br /> laissent une fente<br /> où jeter la monnaie de la nuit.<br /> <br /> Ô petit empereur <br /> sans univers<br /> conquistador sans patrie<br /> minuscule tigre de salon, <br /> nuptial sultan du ciel<br /> des tuiles érotiques <br /> tu réclames le vent de l’amour  <br /> dans l’intempérie<br /> quand tu passes <br /> tu poses quatre pieds délicats<br /> sur le sol<br /> reniflant<br /> te méfiant de tout ce qui est terrestre<br /> car tout est immonde<br /> pour le pied immaculé du chat.<br /> <br /> Oh fauve altier de la maison,<br /> arrogant vestige de la nuit<br /> paresseux, gymnaste, étranger<br /> chat<br /> profondissime chat<br /> police secrète de la maison<br /> insigne d’un velours disparu<br /> évidemment<br /> il n’y a aucune énigme<br /> en toi:<br /> peut-être que tu n’es pas mystérieux du tout<br /> qu’on te connaît bien<br /> et que tu appartiens à la caste la moins mystérieuse<br /> peut-être qu’on se croit <br /> maîtres, propriétaires, <br /> oncles de chats,<br /> compagnons, collègues<br /> disciples ou ami<br /> de son chat.<br /> <br /> Moi non.<br /> Je ne souscris pas.<br /> Je ne connais pas le chat.<br /> J’ai sais tout de la vie et de son archipel <br /> la mer et la ville incalculable<br /> la botanique<br /> la luxure des gynécées <br /> le plus et le moins des mathématiques<br /> le monde englouti des volcans <br /> l’écorce irréelle du crocodile<br /> la bonté ignorée du pompier<br /> l’atavisme bleu du sacerdoce<br /> mais je ne peux déchiffrer un chat.<br /> <br /> Ma raison glisse sur son indifférence<br /> ses yeux sont en chiffres d’or.<br /> <br /> <br /> Pablo Neruda<br />
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F
<br /> <br /> Los animales fueron<br /> imperfectos,<br /> largos de cola, tristes<br /> de cabeza.<br /> Poco a poco se fueron<br /> componiendo,<br /> haciéndose paisaje,<br /> adquiriendo lunares, gracia, vuelo.<br /> El gato,<br /> sólo el gato<br /> apareció completo<br /> y orgulloso:<br /> nació completamente terminado,<br /> camina solo y sabe lo que quiere.<br />    <br /> <br /> El hombre quiere ser pescado y pájaro,<br /> la serpiente quisiera tener alas,<br /> el perro es un león desorientado,<br /> el ingeniero quiere ser poeta,<br /> la mosca estudia para golondrina,<br /> el poeta trata de imitar la mosca,<br /> pero el gato<br /> quiere ser sólo gato<br /> y todo gato es gato<br /> desde bigote a cola,<br /> desde presentimiento a rata viva,<br /> desde la noche hasta sus ojos de oro.<br />    <br /> <br /> No hay unidad<br /> como él,<br /> no tienen<br /> la luna ni la flor<br /> tal contextura:<br /> es una sola cosa<br /> como el sol o el topacio,<br /> y la elástica línea en su contorno<br /> firme y sutil es como<br /> la línea de la proa de una nave.<br /> Sus ojos amarillos<br /> dejaron una sola<br /> ranura<br /> para echar las monedas de la noche.<br />    <br /> <br /> Oh pequeño<br /> emperador sin orbe,<br /> conquistador sin patria,<br /> mínimo tigre de salón, nupcial<br /> sultán del cielo<br /> de las tejas eróticas,<br /> el viento del amor<br /> en la intemperie<br /> reclamas<br /> cuando pasas<br /> y posas<br /> cuatro pies delicados<br /> en el suelo,<br /> oliendo,<br /> desconfiando<br /> de todo lo terrestre,<br /> porque todo<br /> es inmundo<br /> para el inmaculado pie del gato.<br />    <br /> <br /> Oh fiera independiente<br /> de la casa, arrogante<br /> vestigio de la noche,<br /> perezoso, gimnástico<br /> y ajeno,<br /> profundísimo gato,<br /> policía secreta<br /> de las habitaciones,<br /> insignia<br /> de un<br /> desaparecido terciopelo,<br /> seguramente no hay<br /> enigma<br /> en tu manera,<br /> tal vez no eres misterio,<br /> todo el mundo te sabe y perteneces<br /> al habitante menos misterioso,<br /> tal vez todos lo creen,<br /> todos se creen dueños,<br /> propietarios, tíos<br /> de gatos, compañeros,<br /> colegas,<br /> discípulos o amigos<br /> de su gato.<br />    <br /> <br /> Yo no.<br /> Yo no suscribo.<br /> Yo no conozco al gato.<br /> Todo lo sé, la vida y su archipiélago,<br /> el mar y la ciudad incalculable,<br /> la botánica,<br /> el gineceo con sus extravíos,<br /> el por y el menos de la matemática,<br /> los embudos volcánicos del mundo,<br /> la cáscara irreal del cocodrilo,<br /> la bondad ignorada del bombero,<br /> el atavismo azul del sacerdote,<br /> pero no puedo descifrar un gato.<br /> Mi razón resbaló en su indiferencia,<br /> sus ojos tienen números de oro.<br /> <br /> <br /> <br />
P
<br /> Pablo Neruda: "tutto è immondo per l'immacolato piede del gatto". <br /> <br /> <br /> Hélas, la coupure entre le nord et le sud de l'Italie n'est pas une vue de l'esprit! <br />
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F
<br /> <br /> C'est vrai... Mais je préfère Neruda en espagnol ! <br /> <br /> <br /> <br />
P
<br /> N'est-ce pas?! Vous étiez en Sicile, récemment. J'étais à Naples, au même moment. Marrant, non? Et Naples aurait fort bien pu constituer la terre de mon "exil", si Sarkozy était repassé!!! A<br /> moins que je n'eusse choisi Lisbonne! <br />
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F
<br /> <br /> Ah oui ? J'ai bien connu Naples aussi. Aux Italiens les beaux paysages et le passé culturel prestigieux. A nous la gastronomie, les services publics qui marchent, les grandes librairies, la vie<br /> intellectuelle etc. J'ai parlé pendant une heure en espagnol avec un crypto-chauffeur de taxi entre Catane et Taormine, atteint d'une infirmité cardiaque depuis l'enfance, qui donc ne pouvait<br /> travailler dans un emploi "normal", et percevait seulement 200 euros de l'Etat ce qui l'obligeait à avoir cette activité "tolérée" en complément de salaire. Dans son discours sa haine de l'Etat<br /> italien rejoignait sa colère contre l'Union européenne. La Sicile est livrée à elle-même. Les vieux sont édentés. Les trains privatisés ont des wagons des années 50...<br /> <br /> <br /> <br />
P
<br /> Bon papier! Qu'hollande sache s'entourer pour s'imposer à Merkel! Alors, rêvons un peu: la redécouverte, par l'Allemagne, du salariat, et dès lors, une possible prise de distance avec l'Europe de<br /> la finance. Mais je crains fort qu'il en faille bien davantage, qu'il faille l'impossible pour modifier le cours d'un monde qui se passe de mieux en mieux de la créature qui l'a créé et qui ne<br /> maîtrise plus deouis belle lurette sa création. Et je lis: "Merkel refuse de renégocier le pacte budgétaire". C'est pas gagné, mais il est vrai que les bobos ne m'ont pas encore gagnée à leur<br /> cause! C'est le moins que l'on puisse dire...<br />
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F
<br /> <br /> Merci chère commentatrice que l'on n'avait point croisée sur ces pages depuis longtemps. "Un cours du monde qui ... ne maîtrise plus sa création" voilà de l'anthropomorphisme chrétien plaisamment<br /> reformulé...<br /> <br /> <br /> <br />