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Le blog de Frédéric Delorca

Encore un mot sur Jean-Luc Mélenchon

31 Janvier 2012 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #La gauche

Il faut bien reparler de l'élection présidentielle qui approche. Je regardais hier sur Internet, comme beaucoup de gens, l'émission de Mélenchon chez Ruquier samedi dernier, un Mélenchon à l'aise, amuseur, une espèce de nouvelle "force tranquille".

 

mélenchonJ'ai dit il y a peu que certains aspects de son programme comme le défaut de paiement d'une partie de la dette est dans une logique de socialisme de guerre dont il rechigne à envisager toutes les conséquences ou du moins à les exposer.

 

Bien sûr tout son programme n'est pas aussi risqué, et, comme de tout homme politique, on ignore si, "en situation" il appliquerait une vision optimale ou minimaliste de ce qu'il annonce. D'ailleurs on peut se demander si son engagement à convoquer une constituante dès son élection puis à imiter Cincinnatus après le passage à la sixième république n'implique pas, au fond, qu'il ne gouvernera que six mois au maximum.

 

Beaucoup de gens font la fine bouche : les exaltés qui voient en lui un "vieux politicard roublard" (j'ai vu l'expression sur Facebook), les anti-européistes qui trouvent qu'il n'est pas clair sur la sortie de l'euro et de l'Union, les rationalistes qui lui reprochent d'avoir dit n'importe quoi sur Petroplus et de mépriser les faits. Moi-même je peux lui reprocher sa naïveté ethnocentrique sur les révolutions arabes et sa faiblesse sur le dossier libyen et tant d'autres choses.

 

Mais voyons les choses en face. Le peuple français est à la fois à juste titre méfiant à l'égard des politiques, et extrêmement immature dans la mesure où il se laisse impressionner par le sentimentalisme et les postures moralisatrices. Il n'est donc pas prêt à exiger de ses candidats des programmes sans ambiguités, un examen froid des réalités factualités, un aptitude à conduire des logiques jusqu'à leur termer etc.  Le peuple français oblige ses candidats à truffer leurs propos de rhétorique, de points troubles, à donner des gages à certains lobbys moraux etc. Parce que si ces candidats ne le font pas immédiatement leurs partisans se divisent et s'entretuent avant même qu'ils n'aient pu entrer en campagne.

 

Il faut donc aujourd'hui miser sur celui dont l'impact sur le jeu politique est à la fois le moins néfaste et le plus efficace.

 

Il y a chez Mélenchon une aptitude à miser sur la singularité française et à tenter de mobiliser les meilleurs aspects de sa jeunesse et de ses talents (notez que je comprenne aussi ceux, de droite, qui pensent qu'il n'y a rien à mobiliser de ce côté-là sauf à créer du désordre et de nouvelles dettes et qu'il vaut mieux réprimer tout le monde sous de l'austérité et du fatalisme, mais c'est affaire de pari philosophique). Il le fait avec une assez bonne connaissance de ses dossiers, meilleure que celle des cadres du parti communiste avant lui, et avec un passé trotsko-socialiste qui l'affranchit du soupçon de stupidité stalinienne (plus ou moins reconvertie en opportunisme honteux à la Robert Hue) qui frappait tous les leaders du PCF depuis les années 1980.

 

Ce faisant, il a les moyens de peser sur le jeu politique dans un sens positif, comme Montebourg a pu le faire dans le cadre de la primaire socialiste. Si Mélenchon fait un score à deux chiffres comme il le souhaite, saura-t-il, éventuellement infléchir la politique socialiste dans le sens de la démondialisation et d'une poursuite de la valorisation des ressources de notre pays ? je n'en sais rien. Je ne suis pas sûr que les deux aient un sens tactique extraordinaire (et il en faudra pour ne pas se laisser abuser par les puissances conservatrices), mais il est assez clair que ce n'est que par eux que l'on peut espérer voir se réaliser une évolution dans ce sens.

 

Cela ne viendra pas du Front national dont le programme flou et ambigu n'est qu'une expression de la vieille xénophobie très répandue en Europe, adossée à un credo libéral jamais refoulé. Il ne viendra pas non plus de néo-gaullistes à la Dupont Aignan tout juste bons à répéter le catéchisme du RPR des années 70, ni de groupuscules trop tournés vers la pureté théorique de leur discours au point qu'ils n'ont même su en temps utile s'intéresser aux moyens concrets de glaner 500 signatures.

 

Il est donc assez probable que je vote Mélenchon cette année.

 


 

 

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