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Le blog de Frédéric Delorca

Il y a 50 ans, Carlos Castaneda...

4 Septembre 2014 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Grundlegung zur Metaphysik

penan.gifLa plupart des médiums en France (quelle que soit leur place dans la hiérarchie de l'inspiration) sont "secs" : ils obtiennent leurs révélations sans stupéfiant, sans substance. Tel n'était pas le cas dans le vieux monde chamanique amérindien. Jeune anthropologue d'origine latino, Castaneda explorait leur univers il y a 50 ans jour pour jour.

 

Dans "L'herbe du diable et la petite fumée", je lis en ce qui concerne 1964 : "Le samedi 5 septembre vers le soir, le vieillard a chanté la chanson du peyotl pour recommencer la cérémonie. Cette fois-là, je n'ai mâché qu'un seul bouton, et je n'ai pas écouté les chants (....) Pendant que les hommes chantaient, j'ai demandé au Mescalito, à voix haute, de m'apprendre une chanson. Ma demande se mêlait aux chants des autres. Immédiatement, j'ai entendu un chant à mes oreilles. Je me suis retourné e je me suis assis le dos tourné aux autres. J'ai écouté. J'ai entendu.(...) Le matin venu, j'avais chanté ces deux chansons un nombre énorme de fois. Je me sentais rajeuni et plus fort".

 

Cet épisode que je cite juste parce que nous en célébrons le cinquantenaire aujourd'hui (ce que je viens de découvrir) n'est pas le plus marquant du livre, qui décrit des découvertes absolument sidérantes sous l'empire des herbes des sorciers (sidérantes, mais aussi, souvent, horriblement pénibles). Il y a 25 ans (à mi-chemin entre 1964 et aujourd'hui), il y avait des livres de poche de Castaneda dans les supermarchés (ce qui n'est plus le cas - notez qu'il y avait aussi des que-sais-je dans les magasins Galeries Lafayette de province), et je m'en détournais avec mépris (signe que j'étais moins libre et ouvert d'esprit qu'aujourd'hui). Aujourd'hui, je trouve très forte et courageuse l'aventure de ce chercheur. Et en même temps la petite familiarité que j'ai acquise avec la pensée inspirée au printemps dernier me fait trouver assez logique ce qu'il a découvert. Au fond il a été récompensé à proportion de ses efforts (mais s'il a fait l'effort d'aller avaler des substances au milieu des Amérindiens c'est parce que quelque chose de profond en lui l'y poussait, il n'est donc pas absurde que ce "quelque chose" ait trouvé ce qu'il y avait à trouver). Il est sans doute cependant un peu dommage qu'il ait cherché ensuite à faire une analyse "structurale" de tout cela. Ce dont le milieu universitaire ne l'a d'ailleurs pas su gré, et qui l'a empêché d'aller au bout de son initiation. Mais il est probable aussi qu'une limite "en lui" devait nécessairement le conduire à ce repli vers les platitudes du structuralisme, qui, in fine, l'ont maintenu du côté de la raison didactique, qui demeurait sa vocation première.

 

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