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Le blog de Frédéric Delorca

Kaboul, Abou Grahib, Paris. Histoires de viols et d'impunité

28 Octobre 2010 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Colonialisme-impérialisme, #Débats chez les "résistants"

On reparle beaucoup en ce moment des horreurs commises par les soldats américains en Irak et en Afghanistan, pas seulement à cause de Wikileaks (sur lequel j'ai un avis très réservé). Au passage je découvre cette affirmation "30% of women serving in Iraq are raped". Il y a eu un débat aux USA sur ce phénomène, mais peu d'échos en France : les femmes militaires (surtout les femmes latinos, on est toujours dans le colonialisme, don't forget it !) objets sexuels de leurs collègues. Quelques sites s'essaient à l'exercice de mettre des images sur cette réalité, notamment sur les viols de femmes et d'enfants à Abou Grahib. Exercice périlleux, ambigu. Ne serait-ce que parce qu'elles sont souvent fausses. De toute façon, les images ne servent jamais à rien. On pourrait croire qu'elles ajoutent de la réalité aux mots, mais Baudrillard le soulignait déjà à propos de celles de la guerre du Vietnam : elles paralysent la pensée, et enferment dans leur propre virtualité.

 

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Il y a les viols directs par les soldats. Et puis il y a les violences faites aux femmes qui ne sont que la conséquence indirecte de la militarisation générale de la société. A propos de l'Afghanistan je lis ceci : "There has been a rapid rise in the number of self-immolations ' women burning themselves to death' in Afghanistan in the past three years, to escape the violence that pervades many women's lives under the nine-year US occupation". On ne peut pas innocenter les troupes d'occupation en disant que dans ces pays là le viol est de toute façon habituel. Le viol par un occupant qui ne se comporterait pas de la sorte s'il était chez lui, et qui, de toute façon, n'a rien à faire là, ajoute une dimension particulière au crime.

 

Je l'ai déjà évoqué dans mon commentaire d'Une femme à Berlin en 2008, on peut se demander ce que deviennent ensuite ces sociétés où le viol fut massif, et où le silence sur le crime devient la règle. On peut aussi se demander ce que deviennent nos sociétés qui "oublient" si facilement Abou Grahib, et qui chantent la gloire d'Obama (qui pourtant ne tient aucune de ses promesses sur l'Irak et sur l'Afghanistan).

 

Le crime est complètement banalisé et le criminel absout dès lors qu'il appartient aux pays riches et dominateurs.

 

Je ne sais pas pourquoi je pense à l'instant au slogan "Le Medef m'encule la CFDT lubrifie", à l'heure où la mobilisation sur les retraites faiblit. Là aussi il est question de viol, même s'il est symbolique. Là aussi le violeur est absout. La fraude, le mensonge, vont sans doute triompher sur ce dossier là, et les gens vont s'en accommoder, en prenant juste un peu plus d'anti-dépresseurs. Pas étonnant qu'après avoir capitulé pour défendre leurs droits sociaux, ils ne se soucient guère des Irakiennes violées. C'est un drôle de monde vraiment. L'atmosphère n'y est guère respirable. Sauf à fermer les yeux. Les gens heureux que je connais ont fait ce choix là. Ils lisent Le Monde et Libé, regardent Canal+ (voire TF1) et ils vont bien.

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