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Le blog de Frédéric Delorca

L'esthétique de la rupture responsable

13 Février 2013 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Philosophie et philosophes

Un type comme moi, vous ne le verrez pas à la TV, ni chez Taddeï ni ailleurs, parce que je ne cherche pas à écrire des livres de spécialiste qui éclairent un sujet à un moment donné. J'essaie de dessiner une trajectoire qui puisse faire sens sur 20 ou 30 ans comme illustration de ce que pourrait être une façon raisonnable de se tenir dans une époque comme la nôtre. Par conséquent tous les livres que j'ai écrits forment une seule et même oeuvre, où les parties se renvoient les unes aux autres. Je pense qu'on le voit bien dans le livre sur le stoïcisme où l'on passe pour ainsi dire de Belgrade à la Stoa sans transition. J'ai essayé de ne négliger aucun aspect important (les relations internationales, la technologie, les moeurs intimes etc). Et j'ai en permanence précisé ma position à l'égard des diverses modes - celles des dominants : de BHL à Caroine Fourest - celles des opposants - de Meyssan à Bouteldja - pour éviter aux lecteurs les contre-sens sans pour autant passer mon temps à me définir par rapport aux uns et aux autres.

 

J'ai défendu des options de rupture, mais toujours responsables, en tenant compte du réel, des faiblesses de la société humaine, de la nécessité de garder, au moins à titre provisoire - mais peut-être pour certaines à titre définitif - des institutions solides, des systèmes de défense etc (je pense par exemple que vous aurez trouvé dans ma prise de position sur le Mali par exemple un aspect de ce souci de responsabilité, parce qu'il faut toujours chercher à rester crédible, penser en l'air, au milieu de fantasmes personnels, ne mène à rien).

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Pour des raisons structurelles (j'avais écrit "structurales", mais abandonnons le langage des années 60) liées à mon itinéraire et à ma personnalité (les deux s'influençant mutuellement), je ne pouvais pas gagner à ma vision des choses un public large. Et, parce que mon public était restreint, je suis demeuré dans une spirale descendante : une vie professionnelle extrêmement aliénante, des petits éditeurs confidentiels etc. Et cette conjoncture négative était entretenue par la structure terriblement moutonnière de nos sociétés qui condamnent tous les opposants à une marginalité stérile (si je prends le cas des "anti-impérialistes" par exemple, ce ne sont plus aujourd'hui que des individualités isolées et fragiles qui se font la guerre entre elles).

 

Aujourd'hui j'ai encore 3 ou 4 manuscrits à caser chez des éditeurs du type L'Harmattan. Il faudra peut-être quatre ou cinq ans avant que je parvienne à les publier chez cet éditeur ou chez un autre, et je sais que chacun aura au maximum trente lecteurs. Le temps où je plaçais un livre par an chez des éditeurs est révolu, et je ne fais d'une certaine façon que conclure cette phase-là en terminant par ces 3 ou 4 livres.

 

La nouvelle phase d'écriture qui s'ouvre à moi aujourd'hui est une phase plus complexe. Je vais tenter d'écrire une sorte de livre ultime que je rédigerai dans une indifférence totale à l'égard des perspectives de publication et du lectorat potentiel. Cette écriture devrait avoir pour finalité de préparer ma rupture personnelle définitive à l'égard de mon mode de vie et du milieu où j'évolue. Pourquoi le faire avec et par l'écriture ? Parce que l'écriture est une garantie d'universalité et de responsabilité. Quand j'écris pourquoi et comment je veux rompre, je m'assure la garantie que cette rupture reste en phase avec l'idée de l'humanité que je me fais, que je ne suis pas dans le caprice superficiel. Ce travail de rupture, je souhaite l'élaborer à travers une réflexion sur un philosophe antique, pas n'importe lequel (et cependant je suis prêt à parier qu'aucun d'entre vous n'a jamais entendu son nom car notre époque ne lui fait aucune publicité, pour des raisons que je serai amené à décrire sans doute). La philosophie ne sert à rien si elle ne débouche pas sur des actes, et, réciproquement, il faut croire qu'il n'y a pas d'acte véritable possible sans recherche philosophique. J'entends aujourd'hui entrelacer pensée et acte autour de la rédaction de ce livre tout au long des cinq ans qui viennent. Voilà comment je compte donc préparer mon entrée dans la vieillesse, dont j'espère qu'elle sera aussi une entrée dans la rupture finale.

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