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Le blog de Frédéric Delorca

La gauche, ça ne tient pas debout

19 Avril 2010 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #La gauche

Je suis désolé d'en arriver à ce constat une fois de plus sur ce blog, mais je ne vois rien qui tienne debout à gauche de la gauche.

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Une de mes connaissances, une blogueuse  proche du Front de Gauche, à qui je disais que son activité sur Internet (comme la mienne) ne servait à rien du tout et n'avait aucune conséquence dans l'espace réel, me répondait cet après-midi :

 

"Si plein de conséquences (sans parler que les gouttes d'eau font les fleuves) je suis lue par 150.000 personnes par mois, c'est pas mal, j'ai plein de lecteurs, 3 blogs au Top etc.

 
- un ex de conséquence : Un blogueur voulait ne pas voter aux Régionales, rien qu'avec mon commentaire il a retiré son artcile et voté
 
- en cas de problèmes (guerre etc) 3 de mes "fans" m'ont proposé de partager leur terre (eau, culture), 3 régions, centre, basses Alpes et vers la frontière des Pyrénées, j'ai choisi là (ancien journaliste retraité, veuf), il a même sauvegardé tous mes blogs article par article, m'a renvoyé les CD !"
 
Se perdre dans les marécages de l'internautisme est le premier vice de la gauche de la gauche, le plus évident, mais, à mon sens, le plus plus minoritaire, donc le plus véniel.
 
Le deuxième marécage, plus étendu, dans lequel se complait ce courant de pensée depuis 15 ans, c'est l'anti-politisme, le refus de la politique et de l'art que la politique implique : celui de construire des programmes réalistes, de nouer des alliances, d'élaborer des stratégies de prise de pouvoir.
Il n'y a rien de cela à gauche de la gauche, seulement un goût narcissique de la complainte, souvent sur le mode hystérique : "ce monde est trop injuste", "les pauvres sont trop pauvres", "les médias ne nous aiment pas".
La gauche de la gauche a fait la preuve de son inaptitude à élaborer des stratégies politiques au lendemain d'une de ses très rares victoires : la défaite du "oui" au référendum sur le traité constitutionnel européen. Le spectacle de sa division au lendemain même de cette belle victoire est la preuve du fait qu'elle ne portait aucun programme et, au fond, ne voulait pas avoir le pouvoir, c'est à dire avoir une prise sur les événements.
Alors, je dois le dire, oui, je suis fatigué par la rhétorique de ce mouvement de pensée petit-bourgeois. Je suis las de les entendre crier contre les médias comme le fait Mélenchon en ce moment (une chanson qui remonte aux vieux airs bourdieusiens de 1995), alors que leur vrai problème, par exemple, est du côté de la mésentente complète entre le PG et le PCF sur les prochaines stratégies électorales.
Je suis fatigué de leurs vaines proclamations sur la possibilité d'une "autre Europe" au sujet de laquelle ils n'ont pas la moindre idée de la manière dont on peut la construire ni avec qui. Je suis las de leurs mots d'ordres creux ("défense du service public", "défense des sans papiers"). Il arrive un moment, quand la situation est grave, où il faut avoir la décence soit de prendre les problèmes à bras le corps, avec une vraie démarche politique, soit de fermer sa gueule.
La gauche de la gauche n'a ni l'une ni l'autre. Et je dois dire que ce goût de la piaillerie vaine du schtroumph grincheux qui manifeste avec sa petite banderole ne vaut pas mieux que le flot de verbiage  médiatique des classes dominantes répressives. L'un comme l'autre portent la responsabilité conjointe des absurdités de notre époque.
 

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P
<br /> <br /> Vous conférez à mon sens bien trop de pouvoir à un champ politique passablement dominé par le champ économique. Par ailleurs, pourquoi tant de piques, plus ou moins explicites, à l'endroit de P.<br /> Bourdieu, qui fut l'un des rares à "l'ouvrir", et seuls les dieux savent ce qui lui était précisément reproché? Enfin, les alliances ne manquent pas, mais sont-elles seulement pertinentes! ce qui<br /> fait défaut, hélas: la Pensée... D'autant plus qu'il faut désormais convaincre le citoyen qu'il sait encore le faire! Nous allons bientôt voir fleurir des manuels de penser  (bien ou mal),<br /> comme crûrent et se multiplièrent les manuels adressés aux parents et dissertant sur la meilleure manière d'éduquer leur progéniture. Si c'est pas une misère!<br /> <br /> <br /> <br />
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F
<br /> <br /> "et seuls les dieux savent ce qui lui était précisément reproché? " belle incise méprisante camarade. Mais vous feriez mieux de baisser d'un ton avec moi et si vous avez des questions commencez<br /> par mieux lire ce blog. Le 16 avril 2009 il y a un an) j'avais explicité à la demande de Jd ce que je reprochais à Bourdieu. Lisez http://delorca.over-blog.com/article-30304662.html<br /> <br /> <br /> Donc il n'y a pas que les dieux qui peuvent le savoir, il y a juste ceux qui ont des yeux pour lire, et l'honnêteté intellectuelle (ou la modestie, ça va de pair) de suivre attentivement ce qui<br /> est publié. Donc tous ces sousentendus moisis qui veulent laisser entendre au lecteur que je ne saurais même pas moi même ce que je reproche à Bourdieu et ne serais pas capable de les expiciter<br /> gardez les pour le fond de votre piaule, avec tout votre fatras conceptuel "poststructuraliste" sur les champs, et autres conneries professorales de cet acabit.<br /> <br /> <br /> <br />