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Le blog de Frédéric Delorca

Les cheminots ne respectent pas les droits de l'Homme

22 Avril 2010 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Le monde autour de nous

Le secrétaire d'Etat M. Estrosi a dit tout haut, ce que le système bourgeois pense plus ou moins bas à propos des agents de la SNCF (qu'il comparait à des agents qui auraient fait la grève du déblaiement après le tremblement de terre d'Haïti, parce qu'ils ont refusé de reprendre le travail malgré l'irruption d'un volcan en Islande):

 

"Il y en a qui (...) alors qu'il y avait une situation exceptionnelle, un phénomène naturel, et qu'il y avait un devoir de solidarité, la nécessité de respecter les droits de l'homme tout simplement, ont continué à avoir un comportement de repli sur eux-mêmes".

 

Il y a dans cette phrase une vieille antienne bourgeoise du 19ème siècle : les mouvements de masse méprisent les valeurs individuelles de la déclaration des droits de l'homme, le droit de chacun à la propriété, à la sûreté, la liberté d'aller et venir.

 

Et puis, il y a une autre couche dans cette phrase, plus contemporaine, plus apocalyptique : la notion de crime contre notre espèce. Voyez, ces gens ne sont pas des philanthropes (à la différence des rois héllenistiques). Le monde est à feu et à sang, il y a des volcans partout, des tremblements de terre, presque des cadavres dans les rues, et ces messieurs de la SNCF ne sont pas "solidaires", ils laissent ces pauvres (petits bourgeois) vacanciers au milieu du chaos volcanique pour défendre leur petit droit corporatiste à... (leur droit à quoi au fait, on ne sait même plus pour quoi les agents de la SNCF faisaient grève).

 

Evidemment l'argument du secrétaire d'Etat est ridicule. Mais je me demande si 20 ans d'apocalyptisme compassionnel dans les représentations médiatiques ne finissent pas par le rendre crédible aux yeux de beaucoup de gens.

 

Tout cela prêterait à sourire sur la bêtise de notre époque, s'il ne se profilait pas derrière ces propos ridicules de M. Estrosi une affaire plus grave : le démantèlement progressif d'un service public français qui depuis 1945 avait accompli des merveilles. Car c'est bien de cela qu'il s'agit. Derrière la volonté de briser la caste des cheminots et leur "culture de la grève", il y a le souci de pouvoir enfin "faire ce qu'on veut" avec la SNCF : la soumettre toujours plus à des logiques commerciales, investir moins dans ses infrastructures, pour ne pas trop peiner ses futurs actionnaires, faire du business sur son dos et sur celui de ses passagers (pardon ! de ses "clients" !). Que nos services publics ne soient plus que des "utilities" comme disent les Anglo-saxons, sur lesquelles on se fera du pognon.

 

Voulez-vous que je vous raconte la triste histoire de la jolie gare Saint Lazare au bord de l'implosion ?

 

 

Dans la même logique une postière hier, apparemment très motivée, fraîchement formée par les écoles du Parti (le Parti du fric), me montrait, sourire aux lèvres son nouveau bureau de poste, sans guichets, au milieu duquel trônaient les "produits" (enveloppes pré-affranchies, cartons à colis) très chers que nous sommes instamment incités à regarder (et acheter) avant d'aller poster nos lettres. Tout pour les produits ! Tout pour le profit ! Ca c'est solidaire et respectueux des droits de l'homme !

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