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Le blog de Frédéric Delorca

MacKinnon prend des rides

31 Août 2010 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Les rapports hommes-femmes

P1000173On se souvient du travail considérable de la féministe MacKinnon pour attiser la haine anti-serbe pendant la guerre de Bosnie à propos des viols commis par les paramilitaires au cours de ce conflit (une campagne qu'a relayée en France Mme Elizabeth Badinter). On peut dire que, par delà le contexte balkanique, l'action de MacKinnon a ancré dans l'opinion publique une certaine vision de la condition féminine au milieu des guerres, ce qui a fait le délice des chercheurs en Gender Studies. Le conflit des Grands Lacs aussi a donné matière à réflexion dans ce sens.

 

Mais aujourd'hui ressortent des informations pour le moins intriguantes. "Une étude menée par des scientifiques américains parmi la population de l’Est du Congo remet en question l’image traditionnelle des violences sexuelles exercées par les hommes contre les femmes" apprenait-on le 9 août dernier sur le site IRIN.

 

Voici encore ce qu'on y lit :

 

"Selon l’article publié dans le Journal de l’Association médicale américaine (JAMA) le 4 août, les enquêteurs ont fait du porte à porte afin d’interroger près de 1 000 villageois au Nord et au Sud-Kivu et en Ituri en mars dernier. Contrairement aux études qui s’appuient sur des survivants de violences sexuelles bien identifiés, cette étude avait pour but d’évaluer les effets du problème sur l’ensemble de la population de l’Est du Congo.

Les résultats confirment que les violences sexuelles sont couramment utilisées contre les civils – y compris les hommes – depuis le début de la guerre dans la région, vers le milieu des années 1990. Près de 40 pour cent des femmes et plus de 23 pour cent des hommes interrogés ont signalé avoir été victimes d’agressions sexuelles, le viol principalement.

C’était la première fois qu’une étude demandait à des survivants le sexe de leur agresseur : 41 pour cent des femmes et 10 pour cent des hommes ayant survécu à des violences sexuelles liées au conflit ont dit que l’agresseur était une femme."

 

Les femmes ne sont donc pas les seules victimes des guerres, et les hommes ne sont pas les seuls agresseurs. Voilà qui donne à réfléchir. Cela me rappelle les propos très censés de de Nira Pancer qui dans son livre "Sans peur et sans vergogne : De l'honneur et des femmes aux premiers temps mérovingiens" rappelait que si le statut des femmes dans la noblesse franque était précaire, il fallait rappeler que c'est l'ensemble des statuts sociaux des deux genres qui étaient à l'époque instables et mal définis. Replacer les choses dans un contexte élargi a toujours du bon.

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