Négocier ou mobiliser
25 Mars 2012 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #La gauche
Mélenchon marque des points et Hollande ne faiblit pas au second tour malgré cette étrange affaire de Serial Killer qui a occupé les esprits cette semaine. C'est une bonne chose.
Grâce à sa personnalité, Mélenchon prend des voix un peu partout : au FN, aux trotskistes (de nouveaux cadres du NPA se rallient à lui), au PS, aux Verts. Peut-il se qualifier pour le second tour ? C'est peu probable. Et, si c'était le cas, ce ne serait pas forcément une très bonne nouvelle. Car, à supposer même qu'il puisse battre le président sortant (ce qui est assez douteux), il ne le fera que de quelques milliers de voix, ce qui n'est pas la meilleure formule pour la "révolution citoyenne". Sauf bien sûr si dans les 20 jours qui viennent le peuple français arrive à se convaincre de ce que le président du Parti de Gauche sait marcher sur l'eau comme le croit le petit peuple vénézuélien à propos de Chavez, ce qui offrirait à Méluche un potentiel de 60 %, mais celui-ci n'a pas a son actif autant d'héroïsme que le président bolivarien. Un Mélenchon vainqueur de Sarkozy par 50,1 % ne serait pas très bien armé pour affronter Mme Merkel et M. Monti, et, à supposer même qu'il aille à Berlin et Bruxelles défendre le programme du Front de gauche sur la base de sa "victoire" comme il s'engage à le faire, après une fin de non-recevoir de l'Allemagne, il agiterait en vain la menace d'une sortie de la France de l'Europe, car le "peuple de gauche", affolé par la propagande de la presse atlantiste, ne le suivrait pas.
Ainsi donc je ne crois pas que M. Mélenchon soit prêt pour un second tour. Sa base sociale n'est pas mûre. Mais qu'il approche les 20 % en continuant à faire passer dans la classe politique des idées comme celle de la poursuite des évadés fiscaux (comme il est en train de l'obtenir aujourd'hui), ou de la sortie de l'OTAN, serait hautement utile à notre pays, et c'est la moins mauvaise chose que on puisse espérer par les temps qui courent.
Est-ce qu'un Mélenchon à 18-20 % ferait perdre Hollande au second tour ? Si le candidat socialiste garde le cap de la sobriété, et ne gauchise pas son discours, il peut conserver une partie de l'électorat centriste, et, sûr du soutien des électeurs du Front de gauche qui se reportent de toute façon massivement sur lui, peut conserver son avance sur le président sortant - ceteris paribus, bien sûr, notamment pour autant que ne survienne pas dans le paysage un nouveau serial killer, une guerre ou toute autre calamité susceptible de raviver les réflexes de peur chez les électeurs.
Ensuite reste à savoir ce que le Front de gauche fera de ses 18 %... Je crois que le PC aurait tort de chercher des postes ministériels ou tenter un accord à tout prix avec le PS pour conserver son groupe à l'assemblée nationale, mais résistera-t-il à la tentation ? Mélenchon lui, devrait continuer à "mélenchoniser" les esprits, faire avancer l'idée d'une VIe république plus parlementaire et plus référendaire, faire de l'éducation populaire, et contribuer à blinder l'idéologie de ses troupes sur des sujets clés comme l'Europe et le non-alignement de la France (il y a encore beaucoup à réfléchir là-dessus). S'il s'agissait de négocier quelque chose à la veille des législatives, le plus important, je crois, serait qu'il tente d'obtenir par ce biais une dose de proportionnelle qui brise définitivement le lien de dépendance de la gauche à l'égard du PS. Mais qu'est-ce qu'il vaut mieux pour lui ? Entrer dans la négociation ou compter sur la mobilisation de ses troupes pour continuer les manifestations (voire lancer des grèves ?). Quand les socialistes sont au pouvoir les grèves faiblissent. La perspective de la VIe république (révolution citoyenne) peut-elle enrayer cette constante politique ? Le rassemblement de la Bastille a montré que les gens y croient et son prêts à se repolitiser. Cela sera-t-il vrai en septembre aussi ? Si Hollande devient président ,négocier ou mobiliser sera donc l'alternative ouverte à Mélenchon. En dernière analyse le choix de l'une ou l'autre option dépendra du degré de combattivité de la base sociale du Front de gauche (enseignants, petits fonctionnaires, étudiants, employés, voire ouvriers enlevés à l'extrême-droite et à l'abstention). Je ne suis pas très optimiste sur cette base après la débandade du dernier combat sur les retraites, mais qui sait. Parfois une certaine alchimie entre le leader et ses partisans produit des phénomènes inattendus.
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