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Le blog de Frédéric Delorca

Vie et littérature

13 Mai 2012 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Le monde autour de nous

chreibenA la radio ce matin le seul type au monde qui ait écrit un roman en hongrois sans être hongrois lui-même raconte comment il est devenu amoureux de la langue magyare jusqu'à en devenir un traducteur réputé. Il précise que l'amour ne lui est pas venu par l'entremise d'une personne mais par intérêt pur pour les structures grammaticales ce qui l'a mis à l'abri des déceptions ultérieures. Il explique comment la conjugaison de l'expression "je t'aime" en hongrois met mieux en valeur l'activité qu'elle désigne.

 

Voilà un homme qui a soumis sa vie à la nécessité du Verbe (pas de la Propagande, comme nos journalistes). Je me suis souvenus de mots hongrois qui restent au fond de moi. Deux seulement "Hocok Ter". Je préfèrerais qu'ils n'y fussent pas. Ou peut-être pas, au fond, allez savoir. Car s'ils n'y étaient pas, mon existence serait encore bien plus factice, je crois.

 

Autre forme de vie littéraire (mais qui s'ignore) : ce matin je dialoguais (en français précisons le) avec une jeune Egyptienne (23 ans) secrétaire à Alexandrie, musulmane fille d'une famille riche. Son histoire à la Roméo et Juliette. Elle est amoureuse d'un jeune homme pauvre (qui vit au Koweit aujourd'hui). Mais sa famille ne veut pas. Elle lui fait épouser un autre homme. Ils ont une petite fille en 2010. Mais la secrétaire manque de dynamisme au lit. Un rapport par mois ça ne suffit pas à cimenter un couple. Le divorce est au bout du chemin. La loi égyptienne assez protectrice permet à la jeune secrétaire de continuer à occuper la maison de son ex-mari après la séparation. Mais le père ne veut pas qu'elle reste seule. Il voudrait qu'elle vienne vivre chez lui Elle ne veut pas être la servante de ses frères et vivre avec leurs femmes. e drame. Au bureau ça ne va pas non plus. Le directeur lui fait des avances en permanence. La petite fille bavarde réclame toujours son père. La jeune maman est désemparée. Elle voudrait mourir. Elle met des clips de Cabrel sur son profil Facebook.

 

Le problème de cette fille ce ne sont pas les islamistes. Quand on lui demande si elle sort voilée elle se récrie "ce que vous croyez sur l'Egypte c'est en Araie Saoudique (sic) que ça se passe, pas ici. Ici il y a beaucoup de chrétiens par exemple". Quand on lui demande ce qu'elle pense de Aliaa Magda el-Mahdy (en lui envoyant le lien au cas où elle ne la connaisse pas) elle la juge "folle et bête". Les problèmes comme le danger islamiste sont bien abstraits pour elle. Elle est déjà confrontée à une difficulté bien plus poignante : l'incompatibilité avec une forme de vue littéraire (romantique) qu'elle a adoptée sous l'influence occidentale, et le vieux patriarcat proche-oriental. La voie féministe d'émancipation est sa seule chance de survie.

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