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Pourquoi je n'irai pas en Corée du Nord
Cet article de Ria Novosti ce soir m'a convaincu d'annuler mon projet de voyage en Corée du Nord et de livre sur ce pays (que les Editions du Cygne étaient pourtant prêtes à publier).
"La vie en Corée du Nord change peu à peu. Depuis l'arrivée au pouvoir du jeune dirigeant Kim Jong-un il y a deux ans, on constate en Corée du Nord plus de libertés, plus de voitures et moins de portraits. Il est encore trop tôt pour parler de "dégel", mais les changements au sein de la société sont flagrants.
Les Nord-coréens sourient désormais en voyant des étrangers, le dirigeant du pays a interdit d'utiliser ses portraits et a créé un groupe de musique pop moderne.
Vol à Pyongyang
Les vols de la compagnie nord-coréenne Air Koryo desservent Pyongyang uniquement en provenance de Pékin et de Vladivostok. Durant le vol, les mini-écrans à bord diffusent un concert : l'hymne, des marches militaires, des chansons patriotiques faisant l'éloge de la Corée du Nord et de ses dirigeants, ainsi que la musique classique. Toutefois, pendant le vol nous avons été surpris d'entendre en russe la chanson "L'espoir, ma boussole terrestre". " lire la suite ici
J'ai raté l'occasion pour le 60ème anniversaire de l'armistice, juste après la crise de mars, tandis que le pays était encore un peu lui-même. Tant pis.
De toute façon en ce moment, Hipparchia et Cratès sont la dernière aventure humaine qui puisse me faire un peu rêver...
L'anti-impérialisme, au rythme de l'actualité
Jacques Vergès est mort. Comme pour Henri Alleg en juillet (cf ici) je m'abstiendrai d'écrire une rubrique sur lui, et ce d'autant plus que lui (à la différence d'Alleg), je ne l'avais jamais croisé nulle part. J'ai parfois admiré son audace, mais désapprouvé ses méthodes. Cela tient au fait que je considère le monde avec le regard du juge, et lui le faisait avec celui de l'avocat, ce qui est une facilité narcissique.
Les événements du Proche-Orient soufflent sur les anti-impérialistes un peu dans tous les sens. Ceux qui se sentaient une proximité avec les chiites libanais, syriens et iraniens ont pu se réjouir quand Assad a reconquis des positions à Homs. Ceux qui ont cru en Tariq Ramadan et étaient prêts à faire un bout de chemin avec les Frères musulmans sunnites doivent aujourd'hui supporter de voir les partisans de Morsi décimés en Egypte. Et les laïcistes européens, eux, toujours drapés dans un fantasme de pureté et de supériorité intellectuelle, courent toujours après cette société proche-orientale chimérique qu'ils voudraient peindre aux couleurs de leur propre pays... Quelqu'un dans un journal tunisien sur le Net accusait récemment récemment la gauche de la gauche tunisienne de vivre sur une autre planète, et, en jouant la carte maximaliste face à Ehnahda, de pousser tout droit le pays vers la dictature ou la guerre civile. Difficile d'évaluer jusqu'où le maximalisme peut être utile ou dangereux.
Sous George W. Bush dans les années 2000, le maximalisme anti-impérialiste était utile pour éradiquer l'esprit de croisade occidental. Mais devant des sociétés aussi divisées que celles du monde arabe, où faut-il placer le curseur de l'intransigeance ?
Je me posais aussi la question ce matin en regardant l'interview d'Inna Shevshenko sur Euronews. J'ai dit que les médias accordaient trop de place aux Femen il y a 6 mois.Ils créent le phénomène avant même qu'il n'existe, puis quand il a sa place dans la société, les médias peuvent hélas difficilement l'éviter. Shevshenko m'a paru plutôt modérée, apte à relativiser le rôle de son mouvement dans la société. Cela m'a surpris.
On trouvera peut-être mon dernier billet sur le blog de l'Atlas alternatif un peu trop favorable aux Frères musulmans égyptiens (même si je ne passe pas sous silence par exemple, les violences qu'ils font subir aux Coptes). C'est que, comme le dit Vijay Prashad (ex contributeurs de l'Atlas alternatif sur Facebook), on ne doit pas se résigner que les conflits politiques au Proche-Orient se règlent sur le mode de la boucherie. Pour la même raison j'ai jugé indéfendables les bombardements par Assad en Syrie et ai fini par faire la recension du livre de Pichinin, même si je reste hostile à toute aide occidentale à la rébellion syrienne. Ce n'est pas du ninisme : je pense juste qu'il ne faut pas être complice des boucheries. Dans l'affaire égyptienne c'est une position d'autant plus facile à tenir que les massacres sont perpétrés avec l'argent de l'Arabie saoudite et des Etats-Unis, autrement dit les grands chefs de l'ordre mondial que nous contestons. Il est amusant de voir d'ailleurs en ce moment le Qatar et la Turquie rejoindre le Venezuela dans la contestation de la répression égyptienne. Les amis d'un jour des chefs de l'ordre mondial peuvent devenir ses ennemis le lendemain. Mais bon, le Qatar, qui fut à la limite de déplaire à Bush en 2004, n'est quand même pas prêt de devenir un ennemi de Washington, ni Erdogan non plus. En politique, au niveau des Etats, il y a toujours place pour beaucoup de nuances.
A part ça, rien de spécial. J'attends la rentrée. Du crédit dont je jouirai à ce moment-là (par exemple celui que peut me conférer une publication dans le Diplo si elle m'est accordée) dépendra mon envie de m'engager sur des projets nouveaux (j'en ai trois ou quatre en tête en ce moment, mais reste prudent et circonspect).
Egypte/Parti de Gauche : "meine Seele ist so rein"
Elle habite dans l'Hérault avec son fils, elle est quiquagénaire, célibataire, proche du Front de Gauche, peut-être militante d'une de ses partis. Hier soir sur Facebook elle a mentionné une "bonne prise de position du parti de gauche qui dénonce la sauvagerie de la répression mais aussi le double jeu des frères musulmans et le rôle des US et d'Israël ." (parce que c'est tellement mieux, n'est-ce pas, les prise de positions qui dénoncent tout le monde parce qu'on se sent tellement plus pur quand on a renvoyé tout le monde dos à dos, ça fait tellement de bien).
Alors y a son pote Lionel sur FB qui se dit auteur-compositeur-interprète et qui en rajoute une louche en commentaire. "La confrérie des fréres musulmans est à l'origine du renouveau de l'intégrisme et du port du voile dans les pays Arabes....!!!! Ils refusent l'evolution et se sentent supérieur aux autres...!!!! Ce sont des terroristes de la libre pensée et du coeur....!!!! Eux qui se voyés gouverner tout les pays arabes...!!! :)"
Alors elle, la dame, opine : "difficile de dire pour un parti politique "Sissi a eu raison d'en descendre 500, il peut faire mieux." Ce qui est le plus remarquable dans la prise de position du Parti de gauche c'est que la critique d'Usraël est posée. Bien sûr que les FM sont fascistes. Et armés jusqu'aux dents!"
Bah oui. On peut quand même pas dire du bien d'Al-Sissi (même François Hollande l'a sermonné en convoquant son ambassadeur. Alors on fait un beau paquet cadeau : Al-Sissi-Israël-les USA c'est mal, et puis les Frérots c'est des fascistes "armés jusqu'aux dents" (je ne vois pas trop d'où elle tient l'info, mais bon), et nous le PG, laïque, lumineux et supérieur à tout le monde on peut continuer à distribuer généreusement notre sagesse révolutionnaire "citoyenne" sur les montagnes de cadavres.
Le Venezuela (qui, par ailleurs soutient Assad en Syrie, et donc n'a pas a priori de sympathie particulière pour les Frères musulmans, même s'il est vrai que ses amis iraniens récemment se sont rapprochés de la confrérie depuis que Washington l'a lâchée) est moins dans le "ninisme" que le PG sur ce coup-là. Personnellement je préfère la position de Caracas à celle du PG.
"Quand les femmes vont tout va"

Suzanne Vega
J'écoutais ce matin toutes sortes de chansons dynamiques qui permettent de faire remonter en soi de fortes d'émotions dans le plus pur style anglo-saxon : "Breathless" des Corrs, Shania Twain, les Cranberries, tant d'autres choses. Je me suis attardé sur le "No more words" de Berlin que j'ai écouté dans trois ou quatre versions différentes. Puis sur Pat Benatar "Love is a battlefield" et "We belong". Là encore je les ai écoutées sur You Tube en différentes version. J'ai découvert une Pat Benatar liftée en 2001 évoquant "We belong" comme la chanson qu'elle interpréta au début de sa première grossesse 17 ans plus tôt. Pat Benatar a toujours quelque chose d'un tantinet vulgaire dans l'expression de son visage, comme Madonna à ses débuts (maintenant Madonna n'a plus d'expression du tout), mais il y a toujours dans ses accents quelque chose de terriblement vrai et accrocheur.
Puis peut-être parce que mes hormones étaient épuisées, j'ai fini la matinée sur un live de "Luka" de 2012.
Suzanne Vega (que je cite dans un ou deux de mes livres) est sans doute la plus délicate des interprètes (-compositrices) américaines. Elle ne module pas toujours parfaitement sa voix en concert, mais elle chante avec son regard. On le voit déjà dans son premier clip de "Luka" en 1987 quand, frêle jeune femme, elle a des regards baladeurs, fuyants, de ci de là.
Le 9 février dernier, elle parlait de sa carrière au Montalvo Arts Center à Saratoga (Californie). Elle était une vieille dame qui expliquait sa manière de travailler. Quand on en est à révéler les ficelles de ce qu'on fait, c'est qu'on déjà une archive vivante. Dommage. Mais c'est ainsi.
Eros et pouvoir en Egypte
Il y a eu quelques anecdotes sur les "esclaves sexuelles" du colonel Kadhafi. Aujourd'hui Asia Times trouve au nouvel homme fort d'Egypte le général Al-Sisi des côtés un peu kadhafistes. S'il ne s'est pas encore procuré d'esclaves sexuelles, note Asia Times, des femmes de haute prestance se proposent déjà. Première de la liste, dans les colonnes du journal indépendant Al-Masry Al-Youm, l'écrivaine Gadha Sherif (voir sa photo ici à gauche), professeur à l'institut national du cancer du Caire (ça ne s'invente pas), qui écrit, après avoir remarqué qu'il était "la réincarnation de Nasser" : "He doesn't need to order or command us, all he needs to do is give us a wink with one eye, or even just flutter his eyelashes...This is a man adored by Egyptians. And if he wants to take four wives, we're at his service."
Soif d'erreur
Je déjeunais hier avec un éditeur à Paris qui me disait : "Vous faites partie du troisième cercle du pouvoir intellectuel, si l'on admet que le premier est composé des grands éditorialistes parisiens. Le troisième cercle ce n'est déjà pas si mal : des gens vous lisent, certais journalistes vous interviewent. Par rapport à ma femme de ménage..." Par rapport à une femme de ménage, certes... Moi je dirais plutôt que nous sommes la cinquième roue de la charette. Affaire d'appréciation je suppose.
Plus intéressant : il me parlait d'une imposture littéraire que je n'avais pas suivie. L'histoire du sans-papier Omar Ba qui dans le livre "Soif d'Europe" expose un récit bidon. "Les journalistes ont besoin de faux, tout le monde s'est rué sur cette histoire sans la vérifier" me disait-il. Sans doute une problème hormonal. Les médias aiment les émotions fortes. Il y a trop d'hormones dans les "cercles du pouvoir intellectuel".
Les oligarchies "progressistes"
J'ai rédigé un petit billet factuel sur l'élection de mercredi dernier au Zimbabwe pour le blog Atlas alternatif :
Un ami communiste m'écrit :
"De mon point de vue, Mugabe est effectivement à lui tout seul un excellent symbole de l’Union Africaine, c’est un excellent agent de l’impérialisme.
L’Union Africaine, en particulier son union régionale, la fameuse SADC, le soutient comme elle soutenait Ben Ali et Kadhafi, comme elle soutient la totalité des dictatures africaines.
Moi personnellement, je soutiens par exemple les mineurs de Marikana. "
Certains contributeurs de l'Atlas alternatif rejetteraient cette position (très répandue aujourd'hui au sein de la direction du PCF et du PG) comme trotskysante, trop axée sur la défense des mouvements sociaux, excessivement hostile au rôle des Etats (bien souvent répressifs surtout quand ils font l'objet de pressions impériales extérieures comme c'est le cas du Zimbabwe), remparts naturels du capitaliste mondialisé, et de ce fait, objectivement "utile" au capitalisme international.
Pour ma part, je suis beaucoup plus nuancé. On ne peut pas se dire de gauche et révolutionnaire et se résoudre à ce que des peuples vivent sous la coupe d'une oligarchie locale même si cette oligarchie se pare des attributs du progressisme. Et l'on sait que la passion des pouvoirs forts est le moteur principal du rouge-brunisme (on le voyait en Serbie en 2000 par exemple). A mon avis on ne doit pas faire preuve d'une indulgence excessive pour les pouvoirs "forts" qui dans le tiers-monde s'opposent aux Occidentaux lorsque ceux-ci ne servent pas la cause de l'émancipation de leur peuple (création de coopératives, programmes de distribution des richesses et des droits sociaux volontariste comme cela se fait dans les pays de l'ALBA) et engraissent des oligarchies (russe, chinoise etc) tout à fait comparables à l'oligarchie occidentale. Mais il y a un devoir d'intelligence qui nous oblige à lire, faire connaître et intégrer le point de vue de ces oligarchies, et des forces sociales qui les soutiennent, ainsi que de montrer en quoi les inititiatives de ces oligarchies contrarient les projets planétaires des nôtres. C'est ce qu'essaie de faire le blog de l'Atlas alternatif (qui par ailleurs accorde aussi une place importante aux mouvements sociaux et à d'autres facteurs de progrès social pour l'humanité).