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Le blog de Frédéric Delorca

Articles récents

"Ah si j'étais, ah si j'avais"...

11 Octobre 2011 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Le monde autour de nous

P1000651-copie-1.jpgLorsque j'avais 16 ans, je rêvais que je serais député et qu'une magnifique blonde très classe applaudirait mes interventions à l'assemblée nationale. C'est ce qu'on appelle en psychologie évolutionniste "le rôle de la sélection sexuelle dans les progrès de l'espèce". On veut se dépasser soi-même pour plaire aux meilleures femelles. Aujourd'hui je n'ai aucun regret car si j'étais devenu un politicien j'aurais plu à des Christine Ockrent ou des Audrey Pulvar, c'est à dire des premières de la classe très conformistes versées dans le journalisme politique. A  mourir de tristesse.

 

A 20 ans je me disais "si j'étais docteur en sociologie ou philosophe, je traînerais dans les colloques, la pipe à la bouche (car à l'époque la loi Evin n'avait pas encore sévi) à parler de Spinoza avec des airs inspirés, ou bien comme Bourdieu je pourrais flinguer les faiseurs de concepts en les ramenant aux conditions sociales de production de leur système". Aujourd'hui je suis docteur en sociologie et la TV quand elle m'interviewe me qualifie de "philosophe", mais je dois passer mon temps à dire "attention je ne suis pas sociologue à la manière du couple Pinçon" (dont le dernier bouquin "Le président des riches" est une parodie de leur discipline composé juste comme un patchwork de coupures de presse) ou "ne lisez pas le bouquin du monsieur qui raconte l'histoire du chien conatus pour rendre la philo accessible aux enfants". Il faut reconnaître que dans ce monde où les idées n'ont plus rien de magique on trouve plus matière à combattre ceux qui s'enferment dans la posture artificielle du penseur qu'à vouloir en devenir un soi-même...

 

A part ça parlons de chose plus sérieuses. Un ami communiste canadien que je connais depuis la guerre du Kosovo écrit sur son Facebook :

 

"I am shocked that there is not one post about what is happening in Libya. The war goes on. The Libyan army and green resistance is smashing the Nato gang every turn, Nato planes are murdering hundreds of civilians daily, the people of Libya, alone, are fighting all the Nato countries with a rare courage-but if I came down from Mars and looked at this site I would not know there was a war going on in which the USA and Canada and the rest of that criminal gang are destroying one more socialist country. Frankly I am disgusted."


iraq.jpg

Qu'il qualifie la Libye de "pays socialiste" n'est pas si absurde. Un haut fonctionnaire qui a fait de la coopération avec ce pays me disait il y a huit jours : "Tous les projets que nous faisions devaient entrer dans leur système de planification quinquennal qui était profondément marxiste". Il est vrai que Kadhafi (comme Milosevic, comme le gouvernement syrien actuel) avait commencé à privatiser, mais les plus chauds partisans des privatisations dans son régime sont passés au Conseil national de transition dès le mois de mars, le coeur de ses partisans restent attachés au système de redistribution sociale promu par son régime, commeà la solidarité panafricaine qu'il incarnait.

 

Les gens sont devenus abstraits dans le regard qu'ils portent sur le monde, voilà ce que je répondrais à cet ami canadien. Personnellement je n'aime guère le style de "gouvernance" qu'incarne Kadhafi, mais j'avoue qu'en effet la résistance kadhafiste à Syrte et Bani Walid (ce "people of Libya, alone, fighting all the Nato countries with a rare courage " comme dit ca garçon) force mon admiration, tout comme ces mobilisations de Touaregs dans le désert, et la constance de l'Algérie, solidaire des loyalistes, à ne pas céder devant l'ingérence occidentale. Tout cela est assez beau, mais l'esthétique de la résistance armée échappe complètement désormais aux révolutionnaires en chambre de nos pays qui ne perçoivent qu'abstraitement et très lointainement l'idée de donner son sang pour une cause.

 

J'observe que même les Vénézuéliens n'ont pas envoyé de "brigades internationales" au secours de Syrte martyrisée. Sur ce terreau d'indifférence naît l'impunité des empires (le nôtre - et ceux qui émergent face à lui autour de Moscou, d'Ankara etc.) qui en viennent à négocier entre eux au Conseil de Sécurité de l'ONU l'avenir du monde (sur le thème "je te laisse t'ingérer là, si tu me laisses m'ingérer ici) sans que les peuples n'aient plus leur mot à dire... CSONU.jpg

 

Et pendant ce temps, les salafistes montrent le bout de leur nez en Tunisie, et l'armée tire sur les coptes en Egypte. Ceux qui ont fait assaut d'optimisme devant les Printemps arabes, en seront pour leurs frais. Je regardais dimanche une conférence de Tariq Ramadan qui, à partir d'un point de vue qui n'est pas le mien, celui du religieux musulman, menait une analyse factuelle assez précise et réaliste de ce qui s'est passé dans le monde arabe depuis le mois de janvier dernier. Une anayse sévère pour les manipulations étrangères. Il annonçait la parution d'un livre là-dessus pour le mois prochain. Un livre qui sera sans doute beaucoup lu, et beaucoup commenté dans les milieux musulmans d'Europe, et un ouvrage très utile si j'en juge par l'avant-goût qu'il en donnait ici.

 

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La primaire socialiste et la présidentielle

10 Octobre 2011 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Débats chez les "résistants"

Journaux-3-2.jpgIl faut bien dire un mot ce matin du paysage politique français tel qu'il se dessine à l'issue du premier tour des primaires du Parti socialiste (une primaire à laquelle je n'ai pas participé malgré mes opinions de gauche car je suis hostile au détournement d'audimat et à la captation d'argent - plus de deux millions d'euros - qu'elle offre au PS).

 

Beaucoup de résultats étaient prévisibles sauf la percée de M. Montebourg. Je me réjouis de la marginalisation de l'option social-libérale de M. Vals et de l'option centriste-populiste de Mme Royal qui brouillait les rapports de force au sein du PS (beaucoup de gens très à gauche soutenaient Mme Royal pour des raisons purement affectives, tout comme beaucoup on voté pour M. Bayrou en 2007).

 

Aujourd'hui nous avons un parti socialiste qui doit ouvrir son discours à une thématique très à gauche incarnée par M. Montebourg. Il le fera sans doute sur un mode purement lexical dans la bouche de M. Hollande, et sur un mode plus programmatique chez Mme Aubry.

 

C'est un progrès pour la sémantique politique, car désormais la question du protectionnisme européen est clairement posée à gauche par M. Montebourg et M. Mélenchon, à droite par M. Dupont AIgnan, et la classe politique ne peut plus diaboliser le terme ou le laisser entre les mains du Front national, de même que celui de la mise sous tutelle des banques.

 

Voilà pour les bonnes nouvelles. Venons en maintenant aux mauvaises. La mauvaise nouvelle, bien sûr, c'est que le protectionnisme européen est impossible, car les Allemands n'en veulent pas. Seul un protectionnisme national le serait mais il reste très minoritaire dans la classe politique. Donc même si le candidat du PS intègre le protectionnisme européen à son programme, nous savons que huit jours après son élection Berlin l'obligera à l'abandonner. MM. Montebourg et Mélenchon choisiront-ils alors le protectionnisme national contre l'Europe, ce que leur parti en 1983 fut incapable de faire ? Ils ne le feront que si l'Union européenne va très mal, et si notamment l'euro a déjà implosé pendant la campagne de l'élection présidentielle, mais tout cela me paraît assez peu probable.

 

De toute façon, sauf cataclysme imprévisible, il y a fort peu de chances pour que le candidat du PS puisse tenir le discours du protectionnisme européen jusqu'en mai 2011. Car les médias continuent de tirer dessus à boulets rouges. Et donc soit le candidat du PS (Mme Aubry ou M. Hollande) devront prendre leurs distances pour conquérir le centre, soit M. Bayrou libéré de l'hypothèque Borloo se chargera d'occuper le terrain du "ni-Sarkozy ni-protectionnisme" avec le soutien des médias.

 

En toute hypothèse donc la percée Montebourg a toutes les chances d'être assez vite neutralisée. Elle ne peut connaître un soubresaut d'intérêt qu'en 2013-2014 quand la situation économique française et européenne se sera à nouveau détérioré au point de susciter des interrogations nouvelles parmi nos dirigeants.

 

Evidemment la meilleure option pour pérenniser l'effet de la percée de M. Montebourg serait que le Front de gauche se renforce et dépasse les 15 % à l'élection présidentielle. Mais c'est extrêmement peu probable. M. Mélenchon est enfermé dans l'image de l'homme sectaire et caractériel. Ses incohérences sur le fédéralisme européen, sur la guerre en Libye, et ses complaisances avec certaines modes (le refus du nucléaire par exemple) ont altéré l'image de courage qui a pu le caractériser lorsqu'il a quitté le PS. En outre sa mouvance (le PC et la PG) baigne dans une grande confusion intellectuelle sur des sujets importants de notre époque comme l'a montré, par exemple, leur vote favorable à la zone d'exclusion aérienne en Libye au Parlement européen, et plus largement leur analyse des printemps arabes et des rapports de force planétaires.

 

Assez peu inspirées par le Front de gauche, les classes défavorisées pourraient se tourner une fois de plus vers le Front national (encore que la nouvelle recherche de respectabilité de Mme Le Pen peut en faire fuir beaucoup vers l'abstention). Dans un jeu assez ouvert on peut finalement se retrouver au second tour avec un face à face PS-UMP, PS-Le Pen, Bayrou-UMP, Bayrou -PS (si l'UMP explose), Bayrou-Le Pen, voire UMP-Le Pen. Dans ce genre de configuration les thèmes du protectionnisme et du contrôle des banques seraient de toute façon marginalisés et rejetés vers le Front national.

 

Précisons les termes. Quand je dis "PS-Le Pen" je veux dire Mme Aubry ou M. Hollande au nom du PS face à Le Pen. Sachant que le déficit d'image et la féminité de Mme Aubry risquent de la plomber plus que M. Hollande (comme ils avaient plombé Mme Royal en 2007). Quand je dis "UMP-Le Pen", je veux dire n'importe quel candidat de l'UMP : M. Sarkozy, M. Juppé, ou M. Fillon. Evidemment MM. Fillon ou Juppé auraient de meilleures chances de sauver la mise de la droite que M. Sarkozy, mais il n'est pas certain que celui-ci leur cède sa place.

 

La crise favorisant toutes les peurs et tous les conservatismes (elle va ramener le Parti populaire au pouvoir en Espagne malgré le mouvement des "indignés"), l'UMP peut enregistrer une certaine remontée dans les sondages (surtout si elle parvient à discréditer habilement ses adversaires dans un contexte international qui ne se détériore pas trop) et obtenir sa reconduction au pouvoir pour 5 ans n'est pas totalement à exclure.

 

Dans un contexte si figé (verrouillé par les médias et par un conformisme de pensée qui a l'air d'arranger beaucoup de monde), ceux qui veulent un véritable changement dans le système (une renationalisation des banques, une rupture avec les normes libérales de l'Union européenne, une défense réelle des services publics,  une réorientation de notre politique étrangère, la nationalisation des médias etc) n'ont pas grand chose à attendre  de l'élection présidentielle, mais devraient plutôt investir sur les élections législatives suivantes et sur les élections locales des années à venir pour faire la preuve sur le terrain, (et non pas seulement dans des conférences universitaires ou sur des blogs) de leur capacité à fédérer, à mobiliser, à gérer, soit dans le cadre de partis pro-système (en qualité de passagers clandestins en quelque sorte), soit dans le cadre de partis plus ou moins anti-systémiques comme le Front de Gauche, DLR, le MRC s'il existe toujours etc. Ils peuvent être aidés en cela par l'instauration d'une dose de représentation proportionnelle à tous les échelons, promise par de nombreux candidats à la prochaine élection. A mon avis c'est la seule voie d'action qui demeure ouverte, une voie d'action qui devrait être explorée dans un esprit pragmatique d'ouverture et de dialogue transcourant qui permette de fédérer de façon efficace les réseaux les plus solides possibles, capables d'apporter une réponse audacieuse le jour où nos dirigeants coincés dos au mur par une crise qu'ils ne sauront plus gérer auront besoin d'une relève. J'encourage donc tous ceux qui gardent un intérêt pour l'avenir de leur pays d'essayer d'accéder à des fonctions électives au service de leurs concitoyens, plutôt que de ratiociner derrière leurs écrans d'ordinateur. Ce n'est qu'ainsi, je crois, que les idées peuvent réellement retrouver une emprise sur le déroulement de notre histoire.

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Identités postmodernes - monde globalisé - nouveautés en tous genres

7 Octobre 2011 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Le monde autour de nous

P1010801.jpgLa semaine dernière je parlais avec un ami : "Je devais intervenir dans une conférence en Europe, racontait-il. Tariq Ramadan y intervenait aussi. Je ne le savais pas. Quand je suis entré, j'ai vu qu'ils avaient fait mettre les femmes d'un côté les hommes de l'autre. De toute ma carrière dans aucune conférence de soutien à la Palestine ou autre qui se déroulaient en Europe je n'avais jamais vu cela. J'ai refusé de rentrer dans cette combine et j'ai quitté la conférence immédiatement".

 

Hier conversation avec une Réunionnaise de la "communauté " indienne (hindouiste) : "Les gens qui financent les lieux de cultes chez nous importent de plus en plus des pratiques venues d'Inde. Par exemple de faire asseoir les hommes et les femmes de façon séparée dans les temples. On n'avait pas connu ça chez nous avant. Des fois des gens sortent de nouveaux interdits dont on ne sait pas trop d'où ils viennent, des trucs que parfois ils lisent sur Internet. Une de mes cousines s'est faite engueulée récemment parce qu'elle était assise les jambes croisées".

 

Ca m'a rappelé une élue d'origine algérienne de Brosseville : "Maintenant dans les conversations on te sort des règles de "haram", d'interdiction, nouvelles tous les ans : les talons hauts, le maquillage. Tout c'est haram. Et des imams venus d'on ne sait pas où vont sur radio Orient recommander aux Musulmans de boycotter les guirlandes de Noël".

 

La jeune réunionaise exprimait tous les mélanges culturels et toutes les représentations parfois incompatibles entre elles qui ont pris racine dans sa tête. Par exemple un certain héritage à la fois républicain et tiers-mondiste qu'elle a reçu de sa famille (proche d'une grande famille communiste locale) qui entre directement en conflit avec le nouveau "clash des civilisations" auquel elle n'est pas étrangère : "Mes oncles ils étaient solidaires de l'Irak en 2003, et souvent même ils reconnaissent que les Musulmans ont raison et qu'on leur cause des injustices. Mais en même temps je sais depuis le 11 septembre que s'il y a une prise d'otage dans un avion par des extrémistes islamistes c'est moi, l'Indienne, qu'ils flingueront en premier. Je connais une fille hindoue qui avait  un signe chrétien - parce que l'hindouisme et le christianisme se mélangent beaucoup - et qui n'ose plus le porter dans les avions. Donc moi je me méfie de ce qui arrive du monde musulman en ce moment, le voile etc. Et je comprends que l'Inde se rapproche des Etats-Unis". Un "clash" des civilisations qui se nourrit d'une paranoïa véhiculée par les médias. La fille reconnaît d'ailleurs que, d'une part elle ne va plus ni à Singapour, ni aux Etats-Unis parce qu'elle n'aime pas la brutalité des valeurs de ces pays, qui se manifeste notamment dans les fouilles policières arbitraires, et, d'autre part, qu'elle adore la civilisation américaine dont elle gobe toutes les productions audiovisuelles à longueur de journées. Le rapport à l'américanisation est donc vécu sur un mode des plus ambigus.

 

Etonnant de se dire que des millions de gens, voire des milliards composent tous les jours avec toutes ces données incohérentes. Internet, la TV, la globalisation, mettent dans leur cerveau toutes sortes de trucs qui vont un peu dans tous les sens et qui se surajoutent aux héritages familiaux sans toujours s'articuler correctement avec eux. Comment travailler à des stratégies mondiales d'intérêt général quand tout est constitué de patchworks individuels compliqués souvent contradictoires ?

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André Malraux sur le Front populaire

22 Septembre 2011 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #La gauche

Julien Gracq écrit quelque part que notre époque se nourrit des miettes des grands écrivains telles que leurs journaux ou leur correspondance. C'est particulièrement vrai en ce qui me concerne, peut-être parce que je n'ai jamais été très friand de romans. Concernant Malraux par exemple, j'aime bien ses carnets, les notes qu'il a prises à la hâte. Ils sont toujours trop courts, on les lit en une heure, mais on y trouve toujours des détails croustillants sur une époque, une situation, et qui permettent de voir beaucoup plus loin que la fadeur de l'histoire officielle. C'était le cas de ses carnets sur un voyage en URSS publiés récemment qui étaient très éloquents sur la religiosité des membres du PC soviétique et sur la difficulté d'instruire un peuple encore si rural et arriéré en 1934.

 

malraux-copie-1.jpgJe lis aujourd'hui ses cahiers des deux années suivantes, sur le Front populaire. J'y trouve des pépites : une description du discours de Blum à la chambre (que je ne puis reproduire ici car elle est trop longue) pour faire adopter le résultat des accords Matignon par exemple. Cela vaut le récit par Romain Rolland des discours arrosés de vin de Jaurès 35 ans plus tôt. On y perçoit cette grand fragilité physique de Blum, physique et peut-être aussi morale.

 

Il y a ce milieu des radicaux (centre gauche) un peu délétère. Malraux cite Emmanuel Berl, journaliste de leur mouvance : "Suzanne Schreiber est inouïe ! Elle tient des discours qui inquiètent Potemkine (l'ambassadeur de Russie) parce qu'on est toujours dans l'impossibilité, quand Suzanne parle, de supposer qu'elle ne répète pas ce qu'elle a entendu, mais ce n'est pas une raison, parce qu'elle s'est fait baiser par tout le comité directeur du parti radical pour que ce qu'elle dit ait le moindre sérieux ! Et si elle s'est fait engueuler le matin par Herriot parce qu'elle est idiote, elle dira l'après-midi n'importe quoi pour l'embêter. Et plus question de la faire taire. Pensez que le 6 février, Daladier avait pris, pour qu'elle lui foute la paix, des mesures policières : il l'a retrouvée dans sa chambre, entre le lit et la table de nuit... Alors, il a déclaré forfait..." (p. 74).

 

Juste avant, Malraux rapportait que cette sénatrice radicale, Mme Schreiber (dont la descendance fut une dynastie journalistique célèbre en France) se répandait en avertissements (p. 74) auprès de l'ambassade de Russie, avertissements selon lesquels le France alllait bientôt rompre avec Moscou. Quelle folie quand on songe que Malraux notait que selon l'écrivain Ilya Ehrenbourg : "En cas d'attaque hitlérienne sur la France ou la Tchécoslovaquie, l'armée rouge est prête à mobiliser, et Staline à donner immédiatement à l'aviation soviétique l'ordre de bombarder les villes allemandes" (p. 79). On est en plein Annie Lacroix-Riz.

 

front-populaire.jpgEt puis il y a ce peuple français, brouillon, désordonné, dont les grèves spontanées à la fois sauvent le Front populaire (car ainsi Blum apparaît comme un pis-aller aux yeux de la bourgeoisie apeurée), mais aussi menacent de l'anéantir dans leur incohérence. Léo Lagrange le ministre de la jeunesse et des sports du Front populaire.observe (p. 50) "J'ai vu hier Ramette (membre du bureau politiquedu PCF), très inquiet de certaines revendications des grévistes, nettement hitlériennes : Interdiction du travail des femmes mariées - Interdiction du travail des ouvriers étrangers". N'importe qui débarque dans les ministères pour n'importe quoi. Un socialiste débarque cinq fois chez Lagrange pour lui vendre 10 000 baignoires très cher (p. 65), tout étant bloqué, on est porté sur le sexe "râlage chez les conjoints des employés ou employées des magasins, l'ennui, paraît-il, poussant l'espèce humaine à la lubricité" (p. 65) Bécart, un collaborateur de Lagrange, déplore : "L'une des choses les plus graves contre nous, là où elle s'est produite, c'est la grève des employés des pompes funèbres. Qu'il faille faire appel aux pompiers pour enterrer les morts, ça, le prolétariat ne l'admet pas plus que les autres. Il y a là des citations atroces, et qui nous feront sans doute autant d'ennemis" (p. 69). Le point de vue d'Emmanuel Berl (p. 66) : "A brève échéance le péril anarchiste va commencer Il y aura des incidents, et la situation deviendra aussitôt très sérieuse. La fermeture des cafés et des restaurants exaspère les classes moyennes. On parle de la grève des concierges. Les gens n'ont pas envie de rester à la porte (...) Les partis sont débordés et le seront de plus en plus ; d'autre part Hitler prépare un coup contre la Tchécoslovaquie, l'Italie renforce ses frontières et la Yougoslavie est prête à conclure un accord avec l'Allemagne. / Je suis persuadé qu'il y a dans ces grèves de nombreux agents de l'Allemagne. / Je crois que Blum s'effondrera physiquement, avant ou après les premiers incidents, et qu'il y aura un ministère d'imagerie républicaine, de Reynaud à Cachin, ou de spécialistes, qui refera une union à la Poincaré". Léo Lagrange s'emporte : "Nous n'avons rien fait. Nous ne faisons rien. L'attaque de la banque de France dort, les mutations de l'armée attendent, parce que Blum est obligé, jour et nuit, de négocier des accords. Tas de salauds !" (Autrement dit : les grèves nous empêchent de virer les réactionnaires de la banque de France et de l'armée).

 

Une nuance importante aux clichés iréniques sur les grèves de 36, et quelque chose qui doit mettre en garde ceux qui idéalisent les masses (et qui d'ailleurs finissent par prôner la dictature).

 

Le 13 juillet 1936 on joue le Danton de Romain Rolland aux arènes de Lutèce en présence de Blum.

 

En fin de carnet (p. 105), cette lettre étrange de Malraux à la veuve de Léo Lagrange datée du 30 mai 1949 à propos de de Gaulle qu'il avait vu la semaine précédente: "Le Général a regardé par la fenêtre et a dit : "La dernière fois que je suis venu ici c'était pour voir un brave type qui s'appelait Lagrange (comment c'était son prénom déjà) ; c'était le seul à ce moment-là qui comprenait quelque chose et le seul qui aurait pu faire quelque chose d'utile pour la France. Naturellement c'est aussi le seul qui ait été tué" ". "Sans commentaires", conclut Malraux.

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Quand Georges Clemenceau médisait sur Albert Thomas

22 Septembre 2011 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #1910 à 1935 - Auteurs et personnalités

Le 27 mai 1915, Clemenceau écrit à son petit frère du Sénat :

 

clemenceau.jpg

"C'est pour réparer tout le mal qu'on a pris M. Albert Thomas, "technicien" en matière de munitions, nous dit M. Millerand, parce qu'il est agrégé d'histoire et qu'il s'est occupé, on ne sait à quel titre, de la fabrication des obus de 75 qui ont donné les plus déplorables résultats. Il est vrai que 15 jours avant la guerre, il prêchait avec Jaurès la grève générale préventive en cas de guerre. Le plus beau, c'est que cela s'est fait sur la recommandation de Joffre dont notre révolutionnaire avait su capter la confiance par des flagorneries. Voilà ce qu'on appelle un gouvernement"

 

Le style ironique de Clemenceau démolit la statue d'Albert Thomas (un des plus patriotes de la SFIO de l'époque) érigée par un universitaire socialiste de 1919 que j'ai cité l'été dernier, mais aussi la naïveté de la stratégie socialiste d'avant-guerre (thème que je rumine beaucoup en ce moment).

 

A l'heure où l'UMP parle d'allégeance aux armes et où M. Nikonoff se rend sur BFM pour dire à M. Asselineau qu'il reste dans le "périmètre" de la gauche pour le moment, et que si sa stratégie auprès d'un Mélenchon autiste sur l'Europe échoue, il en examinera une autre, tout cela mérite d'être médité.

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Républicains espagnols/Républicains français : vallée d'Aspe 1939

20 Septembre 2011 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Béarn

juillet-2006-099.jpgComme vous le savez, je ne fais pas de localisme pour le localisme. Et s'il m'arrive de me pencher sur des détails de l'histoire de la vicomté de Béarn et des Basses-Pyrénées, comme je l'ai fait à propos du calvinisme et de la Révolution de 1789, c'est toujours dans l'espoir, à partir d'un vécu "micro-social" peu connu de l'historiographie officielle, de comprendre en profondeur quelles traces les grandes idées ou les grands événements laissent dans la vie des gens, à quel point ils les imprègnent ou non, dans quel sens ils les font réagir.

 

Dans cet esprit, l'ouvrage "Le Béarn à l'heure de la guerre d'Espagne" publié par l'association Mémoire collective en Béarn en 1995, offre des témoignages du rapport entre la France "profonde", ou, pourrait-on dire, la périphérie française pyrénéenne, et l'Espagne républicaine, qui me paraissent très utiles pour saisir quelque chose de ce qu'était le républicanisme français de l'entre-deux guerres.

 

Bien sûr il faut faire la part de ce qui est très particulier à la région considérée. Tout d'abord son début de déchristianisation - moins marqué qu'en Bigorre voisine, mais davantage qu'au Pays Basque. Notons aussi que c'est traditionnellement une terre de petits propriétaires, dont aurait sans doute rêvé Jean-Jacques Rousseau, une situation qui a son importance pour le rapport à soi-même, aux institutions, à la vie collective.

 

J'aime beaucoup à cet égard le témoignage d'un habitant de la Vallée d'Aspe, un certain Jean-François Bayé-Pouey (p. 17) :

"Les Espagnols ont été très bien accueilis par les Aspois. A la fois très bien vus, comme des frères, et un peu méprisés aussi : ils avaient tous de la terre en Espagne, mais, une fois arrivés en Aspe, c'étaient surtout des ouvriers, ils ne possédaient plus de terre.

 

Alors, pour l'Aspois qui a toujours possédé la terre depuis le haut Moyen-Age (il n'y avait ni fermage ni métayage en Aspe), qui a toujours été le paysan propriétaire, même s'il n'avait qu'un demi hectare ou un quart d'hectare, il y avait toujours ce petit mépris, cette commisération pour celui qui était "sans terre". Cela valait aussi pour le curé ou l'instituteur, qu'on respectait J'ai entendu mon père dire : "C'est le regent*, mais il n'a même pas deux mètres de terre pour s'y faire enterrer dedans !"

 

Mon propre grand père républicain espagnol, bien que comptable dans une usine, avait lui aussi quelques lopins de terre en Aragon. Le mot "mépriser" est ici un peu mal choisi. Le témoignage montre en tout cas que ce n'est pas du mépris xénophobe. On trouve aussi un témoignage d'un femme de Pau (Mme Benne p. 44) qui montre qu'on était très loin de la commisération apitoyée très à la mode dans l'ambiance médiatique actuelle et qui a notamment présidé à l'accueil des Kosovars en France en 1999 : " Dans ma famille - mon père était très à gauche - on accueillait [les Républicains espagnols] très chaleureusement parce qu'on savait qu'ils quittaient leur pays par force (...) A la rue de la Fontaine où j'habitais, il y avait un lavoir et ce lavoir était pris d'assaut par les femmes espagnoles. Et les femmes françaises disaient : "Oh ! ces Espagnoles, elles ne font que laver ; qu'est-ce qu'elles sont propres, etc". Et puis les Espagnols faisaient beaucoup d'efforts pour parler le français (...) A l'école, on commençait même à être un peu jaloux de l'intérêt que leur portait la maîtresse, ou de leur succès scolaire".

 

Ce bon accueil est en grande partie lié à l'imprégnation républicaine de la société française qui touche une bonne partie du monde rural (sauf les catégories restées complètement dans le giron de l'Eglise). Moi qui ai travaillé sur les milieux communistes en région parisienne lesquels, en 1936-39, soutinrent les Républicains par pur "internationalisme prolétarien", je découvre la nuance qu'apporte le républicanisme rural.

 

Revenons au témoignage de Jean-François Bayé-Pouey (qui se prolonge p. 46) :

 

"Je pense que nous étions tous, les Aspois, les adultes et même nous les enfants, du côté des républicains (espagnols), automatiquement. Et on ne sait pas très bien pourquoi puisqu'on n'était pas très au fait de ce qui se passait. J'étais enfant de choeur à l'époque - nous étions quatre enfants de choeur -. Il y en avait deux qui portaient la soutane rouge et deux autres la soutane bleu clair. On se précipitait à la sacristie pour avoir la rouge et pour ne pas porter la bleue, parce que le rouge c'était la couleur des républicains espagnols et le bleu c'était celle des franquistes.

 

La population de Borce** était très républicaine et très patriote. Vous savez, notre génération a été élevée à l'école par les anciens de 1914. Dans les villages, que ce soit le berger, le paysan comme mon père, le facteur, le curé, l'instituteur, le forgeron, tous ne parlaient que de 14.


poilus

J'ai vu mon père rencontrer l'oncle de ma femme qu'il n'avait pas vu depuis trente ans et, dix minutes après, ils étaient tous les deux à Verdun ! Ils ne badinaient pas avec le patriotisme, ces gens-là ! L'instituteur qui n'allait jamais à la messe, faisait déplacer l'harmonium jusqu'à l'église par deux anciens combattants, pour la messe du 11 novembre.

 

C'était le seul jour de l'année où il y allait parce que c'était la messe des anciens combattants, alors qu'il était plutôt anticlérical, comme il était de bon ton de l'être à l'époque***...

 

A côté de cela, est-ce qu'ils avaient envie d'aller aider les Espagnols ? Pas du tout ! Je n'en ai jamais entendu parler Par contre, pour les Espagnols qui arrivaient, c'étaient leurs frères d'avant, c'étaient les mêmes, c'était la même communauté de pauvres paysans, des deux côtés des Pyrénées. Mais quant à aller se battre pour les Espagnols en Espagne, non, ils n'y pensaient même pas."

 

J'aime beaucoup ce passage parce qu'il dit toute l'importance de la guerre de 14-18 pour l'ancrage du sentiment républicain dans la génération de Français nés vers 1895 et chez leurs enfants nés autour de 1920-30. C'est une de mes marottes que de répéter que 14-18 ne fut pas une "guerre civile européenne" où tous les torts étaient partagés comme on veut nous le faire croire aujourd'hui (et comme on en vient à le dire aussi de 1939-45), mais une guerre de résistance de la seule grande République européenne (ses ennemis étant une coalition d'empires et de monarchies) face à un danger parfaitement objectif en Europe à l'époque qui était l'idéologie pangermaniste.

 

Ce récit dit l'importance de 14-18 dans l'imaginaire et la pietas de la population d'un village de montagne (évidemment en écrivant ces lignes je pense à Bernanos) mais aussi ce qui allait stériliser définitivement la République française et l'enfoncer dans la lâcheté : parce qu'il y avait eu la saignée de 14-18, on n'avait plus envie de se battre pour la République espagnole, ni pour Dantzig un peu plus tard. Cela ne voulait pas dire qu'on était dans l'amoralisme le plus complet - comme le sont maintenant beaucoup de Français hypnotisés par la désinformation médiatique. On fait encore la différence entre Franco et la République en Espagne, et l'on sait se montrer solidaire et accueillant avec le camp qui porte la justice (un camp d'ailleurs très similaire à soi-même, comme le relève le témoin, parce que ce sont des petits paysans des deux côtés des montagnes, mais aussi, on le sait par ailleurs, parce que la République espagnole, plus présente chez les paysans aragonais que le communisme et même que l'anarchisme, avait le républicanisme français, et chantait la Marseillaise). Mais on n'est pas prêt à guerroyer pour le bien commun de l'Europe. Ce qui bien sûr ne pouvait que conduire au désastre. Beaucoup de ces gens-là (Républicains espagnols et français) allaient se ressaisir en se retrouvant dans la Résistance un peu plus tard. Non pas sur un mode idyllique d'ailleurs, et non pas sans malentendus (non seulement le gouvernement de De Gaulle n'allait rien faire pour aider à une opération de Reconquista via le Val d'Aran, mais encore aucun Français "ordinaire" n'allait s'engager dans ces bataillons, preuve que la communauté d'objectifs n'existait plus vraiment), mais tout de même suffisamment pour permettre une bonne "absorption" des enfants des Républicains dans les listes des bons Français.

 

FD

 

* maître d'école en béarnais

** village aspois où naquit le chanteur populaire Marcel Amont. On y visite un ours pyrénéen en captivité.

*** anticlérical et très à gauche, il était, nous dit son fils plus haut, abonné au Réveil du Combattant de l'ARAC, un journal qui existe toujours et dans lequel j'ai écrit l'an dernier, ce qui ne l'empêchait pas d'avoir un fils enfant de choeur.

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La fin des espoirs en politique internationale

19 Septembre 2011 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Débats chez les "résistants"

CSONU.jpgJe n'ai pas mis les pieds à la Fête de l'Humanité cette année. Le Temps des Cerises qui y a son stand et mes livres ne me l'a d'ailleurs pas proposé. Je n'y retournerai d'ailleurs sans doute pas avant un bon quart de siècle.

 

Cela m'aide à cultiver un regard détaché. Et du détachement il en faut. Par exemple quand on voit que des pays aussi directement menacés par l'ingérence occidentale que le Soudan, la Syrie, le Liban, l'Iran et le Sri Lanka votent aujourd'hui comme un seul homme pour la reconnaissance d'un régime libyen directement issu de ladite ingérence (alors que les champions de l'ingérence étrangère - les dirigeants actuels du Rwanda - votent contre cette reconnaissance !), on se dit qu'il n'y a plus grand chose à attendre.... (Au fait je me demande si les grands manitous de l'info "alternative" manichéenne qui sévissent sur le Net signaleront ces bizarreries dans leurs papiers)...

 

La diplomatie va bientôt redevenir aussi subtile qu'à l'époque de Delcassé... Et les peuples n'oseront plus guère s'investir dans les relations internationales car les petits jeux entre empires (l'empire occidental, celui des Russes, celui des Turcs ou des Chiois) n'intéresseront personne (sauf les victimes directes - en 1900 c'étaient les Balkans et nos colonies, aujourd'hui les Africains et le Proche-Orient).

Les gens ne pourront pas croire à l'alliance des mouvements citoyens de par le monde, ni à la grève générale anti-guerre (qui a magnifiquement échoué en 1914). Ils pourront juste créer des groupes sur Facebook du genre "J'aime la paix", "Sarkozy rentre chez toi". Régression d'école maternelle.

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Samedi après-midi

17 Septembre 2011 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Le monde autour de nous

CIMG1218Je traînais cet après-midi chez un bouquiniste. Je lui ai demandé s'il avait des oeuvres de Romain Rolland. Il lui  restait cinq ou six ouvrages. "On ne le réédite plus, dis-je, pour un prix Nobel c'est injuste". Evidemment, vu son métier, il ne pouvait que m'approuver : "En dehors de phénomènes à la Amélie Nothomb le système de l'édition contemporain ne voit rien. Tenez, allez, je vous donne quand même un sac de la Fnac"...

 

Je ne suis pas très heureux d'être parmi les "réacs progressistes" comme dit un lecteur du blog d'Edgar, mais c'est vrai que notre époque est bien triste, si écervelée... Voyez comme les adversaires de François Asselineau sonnent creux et sans originalité sur BFM TV, un peu comme ces profs qui se dénudent pour dénoncer le manque de moyens de leur époque. Toujours les mêmes clichés, les mêmes procédés qui passent en boucle. On m'a dit qu'au stand du Parti de gauche à la Fête de l'Humanité en ce moment il y a un jeu du "Chamboule tout" avec des boîtes aux effigies de Trichet, Kadhafi, et Le Pen. Surtout ne pas faire réfléchir les gens...

 

Il y a chez Romain Rolland, à côté de beaucoup de lourdeurs, une problématique intéressante sur le rapport entre le mysticisme personnel (appelons cela plutôt la recherche  philosophique), et l'engagement dans la société, la façon de concilier les deux. Particulièrement important de nos jours quand la présence au monde (l'insertion dans le totalitarisme "globalisé" ambiant) tend à vider les individus de leur contenu subjectif...

 

Je suis content aussi d'avoir relu la correspondance de Clemenceau. Même si son américanophilie n'est pas ma tasse de thé, même si, comme le souligne Julien Gracq dans " En lisant en écrivant" à propos d'Alain dont il fut l'élève (Alain remis au goût du jour par Chouard bizarrement), l'univers radical sent un peu trop la France rurale, la résistance des arrondissements au curé, au sous-préfet, au notaire, Clemenceau reste une personnalité attachante. Son mot contre Albert Thomas et Jean Jaurès qui croyaient encore à la grève générale européenne 15 jours avant l'entrée en guerre de tous contre tous est très juste. On aurait envie de dire la même chose à Mélenchon qui dans son dernier billet répond au MPEP sur l'euro par du catéchisme ("l'Europe c'est la paix").

 

A part ça je cherche toujours un moyen de me rendre utile à mon époque... Quelqu'un a-t-il une idée ?

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