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Un de mes billets dans "Anti-Onfray 3" d'Emile Jalley (L'Harmattan)
Je n'ai pas lu l'ouvrage intitulé "Anti-Onfray 3", qui semble être une compilation de réactions au livre de Michel Onfray contre Freud, mais j'observe, en tombant par hasard sur son sommaire sur Amazon, qu'au chapitre 14, M. Emile Jalley cite in extenso l'article que j'avais intitulé "Badiou, Onfray, Freud........... Dawkins, Zénon" posté sur ce blog le 12 mai 2010.
Je ne sais pas si je dois me réjouir de cette reprise de mon billet ou la regretter. Celui-ci, écrit à la hâte à l'occasion d'une insomnie nocturne, n'avait pas vraiment vocation à devenir, à l'état brut en tout cas, la pièce d'un dossier à charge ou à décharge dans un procès intellectuel. J'ai cru comprendre que M. Jalley est très freudien, ce que je ne suis pas. Mon billet sur Onfray s'inscrit au milieu de plusieurs autres dans lesquels j'essaie de faire la part à la fois des mérites et des défauts de cet auteur. Je ne suis donc pas tout à fait convaincu de l'opportunité de la reprise de ce texte dans un recueil où mon nom côtoie ceux de Nancy et Quiniou. D'ailleurs mon billet se terminait par une remarque sur ma relative "extranéité" à l'égard de ce débat que je n'abordais que de biais.
Mais bon, je ne veux pas trop faire la fine bouche. Je ne sais pas si cet ouvrage à plus de 30 euros reposant sur le réseau très artisanal de L'Harmattan peut toucher un public quelconque, mais si la mention de mon billet en son sein peut aider à initier les lecteurs à la réhabilitation du stoïcisme à laquelle je m'essaie en ce moment ce ne sera finalement pas si mal.
Sur l'affaire Onfray-Freud elle-même je vous conseille la lecture de l'article d'un des contributeurs (je crois) du "Livre noir de la psychanalyse" dans Books du mois de mars. Son idée selon laquelle ramener le freudisme à la personnalité de Freud revient en fait à faire du freudisme me paraît juste : en sciences humaines la critique généalogique et biographique des oeuvres n'est pas la bonne méthode.
L'Abkhazie et l'hégémonie occidentale
Il est très à la mode de dire que l'Occident est en perte de vitesse et que des pays "émergents" sont prêts à lui damer le pion. La presse dominante brode sur ce thème pour nourrir des craintes fantasmatiques, à l'égard de pays comme la Chine notamment (comme autrefois à l'égard de l'URSS), et les adversaires de l'ordre mondial veulent bien y croire pour se redonner le moral.
Je crois que, si le reflux occidental existe (en fait il existe depuis 1945 si on prend comme critère la part des Occidentaux dans le Produit mondial brut), il ne faut pas en exagérer la portée.
Une des preuves du maintien de l'hégémonie économique, politique et militaire occidentale se rencontre sur le dossier de la reconnaissance des républiques sécessionistes de Géorgie. Trois pays ont suivi la ligne de Moscou, trois seulement, un chiffre qui n'a pas changé depuis décembre 2009.
Je lisais ce matin un peu par hasard une dépêche de RIA Novosti d'août dernier reprenant les propos du président Biélorusse Loukachenko pour justifier son refus de reconnaître le gouvernement de Soukhoumi. Je crois que l'explication en dit long sur la nature des rapports de forces :
"Je lui ai dit [au Président russe] : pas de problème pour la Biélorussie afin de reconnaître l'Ossétie du Sud et l'Abkhazie. Mais je lui ai énuméré les problèmes pouvant surgir à cette occasion pour la Biélorussie dans ses relations avec l'Union européenne, les Etats-Unis, la Communauté des Etats indépendants (CEI) et ainsi de suite (…) plus d'une dizaine de problèmes".
La lecture sérieuse
Ce qui m'a toujours séduit chez Boudon, et qui me séduisait à la Sorbonne (Paris IV à l'opposé de Paris I) en philo même si je m'y ennuyais ferme, c'est qu'il défend une culture de la lecture sérieuse des auteurs (contre le "carottage" qu'il prête à Althusser, et que mon censeur de lycée en 1987 prêtait à Foucault, mais il est significatif que j'aie eu mon prix au concours général dans un lycée où le censeur était foucaldien, fermons la parenthèse).
La lecture sérieuse. Rien ne la remplace. Et pourtant tout nous en détourne. Si je veux me sentir utile à mon époque en ce moment, je vais éplucher l'actualité, la commenter, ce qui me vaudra le titre de "spécialiste de la géopolitique" par exemple (qu'un normalien dans un de ses mails m'a accordé bizarrement cet après-midi) et quelques lignes dans le Monde Diplo.
Un autre travail, qui consiste à se lancer dans des auteurs oubliés, ou méprisés, sans savoir ce qu'on y cherche, est beaucoup plus ingrat. Il vous coupe du monde, fait de vous un moine ou un fou. Et pourtant une certaine essence du travail intellectuel se trouve bien là, dans cette lecture non-mondaine, anti-mondaine, qui, dans le totalitarisme actuel du "nous" du "tous ensemble dans le présent actuel", vous conduit sûrement à la mort.
Ce soir j'ouvre un bouquin de Christopher Lasch qui traine dans ma bibliothèque. Je m'attends à y tomber sur considérations à la Michéa sur le système mondialisé. Pas du tout. Je découvre un passage sur la psychanalyse et la honte. Un hasard complet. Il y a un mois je suis tombé en lisant Julius Evola (auteur prohibé dans le monde d'aujourd'hui) un passage sur la honte, qui me fait penser à celui de Sartre dans je ne sais plus quel livre, et celui de Lévinas dans Le Temps et l'Autre. Je tiens là une piste de ce que je pourrais faire : une topologie de la problématique de la honte et de la pudeur chez ces quatre auteurs, les faire dialoguer à quatre autour de ça. J'en tirerais sans doute quelque chose de plus profond que le bricolage que l'historien Jean Claude Bologne effectue autour de ces concepts dans son dernier livre sur les sentiments féminins. Je le ferai peut-être un jour. Mais il est significatif que rien dans le système social actuel ne nous encourage à le faire. Et Boudon a même raison de dire que les enseignants eux-mêmes ne le font plus. Pour tous les grands auteurs ne sont plus que des avatars sur Internet, des sémaphores.
Le retour du petit carrosse de Raymond Boudon
Il a vécu de sa petite rente de sociologue libéral parmi les exilés de Coblence (ou plutôt ceux de Paris IV, mais c'est pareil) quand le Quartier latin faisait sa petite révolution par les sciences humaines. Thermidor a eu raison de la Montagne, et sans même qu'il y eut de parenthèse impériale, les Bourbon sont revenus et Raymond Boudon vient mettre son point final aux rêveries des petits bourgeois excités qui, dans les années 70, ne voulaient pas l'entendre. Un site de droite, "enquête débat", lui donne la parole.
Jeu de balancier de l'histoire moderne. Presque anecdotique au fond. Cela dit Boudon m'ennuyait à 20 ans, mais à 35 j'appréciais son souci de rester proche de l'esprit scientifique. Il est vrai que le structuralisme a beaucoup trop abîmé le peu de scientificité que les sciences humaines pouvaient avoir. A part ça j'aime bien ce qu'il dit d'Althusser.
Sortie de mon livre "Denise Albert, une résistante à Sevran"
Vient de paraître"Denise Albert, une résistante à Sevran" au Editions Le Temps des Cerises.
Pour avoir une idée du contenu on peut se reporter à la vidéo de décembre 2009 ci dessous :
Recension de mon livre "Abkhazie" dans Le Monde diplomatique
Ci-dessous la recension de mon livre "Abkhazie" sous la plume d'Evelyne Pieiller dans Le Monde Diplomatique de mars 2011 :