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Le blog de Frédéric Delorca

Articles récents

L'inconsistance des Etats : Pécresse, le Sud-Soudan

11 Février 2011 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Débats chez les "résistants"

Moi qui suis issu de milieux prolétaires qui souvent se sont "un peu" élevés dans la hiérarchie sociale par l'école et par l'armée, je ne savais pas que l'Etat pouvait être une réalité méprisable, un artefact superfétatoire qu'on pouvait prendre de haut.

 

Je l'ai découvert à Sciences Po-Paris quand j'ai croisé tous ces rejetons de la grande bourgeoisie des beaux quartiers qui, comme Valérie Pécresse selon ce billet de Bellaciao condescendaient encore à passer le concours de l'ENA parce qu'il y avait quelques avantages à y grapiller, mais estimaient qu'au fond l'Etat c'était "nul" (pour reprendre les mots de la ministre).

 

plan-031.jpg

Il y a aussi cette forme de mépris de l'Etat que cultivent les mafieux européistes dont parle Edgar dans son dernier article.

 

Et évidemment que dire du mépris de l'Etat qu'on applique aux structures étatiques du tiers-monde.

 

Là bas l'idée d'Etat est bien plus récente qu'en France, et bien plus fragile aussi. Je vois le Sud Soudan qui se cherche un nom. Ils ne savent pas encore s'ils vont bricoler un néologisme à partir des noms de trois régions comme naguère la Tanzanie (avec le Tanganyka et le Zanzibar) ou rechercher du côté des références universitaires anglaises peut-être l'anique royaume de Kouch (que presque aucun habitant ne connaît). Le pays n'est pas encore indépendant que déjà un de ses ministres est tué. Comment construire un Etat avec rien du tout : pas d'histoire nationale, pas de cohésion politique, juste la haine des Arabes du Nord, la promesse d'une manne pétrolière, et le soutien des Evangélistes étatsuniens ? Avec ces Etats de papier mâché, le FMI, l'OTAN, l'ONU font ceux qu'il veulent. Quand l'un est attaqué, on convoque le conseil de sécurité si ça nous dit, ou on ne le fait pas, suivant nos intérêts, on le traite comme ci, comme ça.

 

Beaucoup parmi nos dirigeants rêvaient que le 21ème siècle serait un siècle sans Etat. Avec juste des "organisations régionales", soumises au lobbying du club de Davos, et qui exécuteraient ses décisions.

 

Ce qui est étonnant c'est que ce projet n'a pas fait l'objet de beaucoup de résistances dans les pays riches. Dans les pays intermédiaires comme la Chine et la Russie on a bien sûr cherché à protéger les structures étatiques. Mais pas en Europe, pas au Canada, pas en Australie. Les défenseurs de l'Etat ont été ringardisés. On a eu juste droit à quelques gesticulations "altermondialistes" contre le club de Davos ou le FMI et rien de plus... Pourquoi ? Pourquoi la "vraie gauche" n'a-t-elle jamais fait plus de 15 % dans les pays riches depuis 15 ans ? Voilà ce que les défenseurs de la socialdémocratie et du keynésianisme devraient se demander sérieusement. On peut blâmer les médias, l'abrutissement des masses, mais tant qu'on blâme on ne se donne pas des voies d'action. Plus j'entends M. Mélenchon plus je me dis qu'il ne sera pas la solution. Il a apporté un courant d'air frais dans les médias, mais il en est aujourd'hui le jouet. Trop de rhétorique. Il s'est spécialisé dans les effets de manche. Il raconte ses journées sur son blog. Il dit qu'il a passé hier ou avant-hier la journée à potasser des fiches pour parler dans le poste de TV. Quand il ne bachotte pas, il va négocier avec ses camarades du front de gauche ou les courtiser. Dans tous les cas il est dans le verbe, il est devenu une machine à produire de la rhétorique dans la plus pure tradition du parlementarisme de la Troisième république. Cette théatralité avec ses effets convenus Marx en dénonçait jadis le "crétinisme" potentiel. Et c'est vrai qu'elle est aussi abrutissante à la longue que le style "cool et percutant" des grands médias illettrés. A force de bons mots, on se retrouve vite ainsi à voter les pleins pouvoirs à un maréchal, ou à ordonner un massacre en Mésopotamie. Ce n'est pas par cette voie là qu'on sauvera les Etats.

 

Alors peut-être faut-il regarder du côté des masses, les masses, celles qui restent sur les grandes places quand on leur tire dessus comme elles l'ont fait en Egypte. Celles qu'on ne parvient plus à tromper, comme l'ont montré les Tunisiens quand Ben Ali a tenté de les diviser par les basses oeuvres de ses milices ou les Cairotes quand l'armée leur a promis de "finir" leur révolution par procuration. Est-ce que ce sont elles qui peuvent, par la grâce d'un "praxis" des rue, inventer une autre façon de construire et de vivre l'Etat ?

 

Est-ce que ces masses, en France, inspirées par l'exemple arabe peuvent réduire au silence (ou contraidront à l'exil comme en 1789) les Pécresse, les Alliot-Marie, les Strauss-Kahn, l'Ouest parisien, et les habitués des vacances à Marrakech pour créer un autre ordre étatique, progressiste, conforme à l'intérêt général ?

 

La question est dans beaucoup de têtes en ce moment. La réponse nulle part pour l'instant.

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Que vont faire les Egyptiens ?

10 Février 2011 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Colonialisme-impérialisme

centcom-copie-1.jpgMoubarak va peut-être démissionner, dit-on. Et après ? Peut-être un scénario à la "turque" en Egypte avec une armée qui sera garante du respect des accords internationaux passés avec les USA et Israël, et un gouvernement civil islamiste "modéré" qui n'aura que des pouvoirs limités ? Je n'imagine pas Washington laissant au peuple égyptien sa complète souveraineté tant il est évident qu'un non-alignement complet de l'Egypte ferait basculer tout le monde arabe, et changerait tout à la répartition des richesse nord-sud via les cours du pétrole.

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Tutti frutti

9 Février 2011 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Le quotidien

Un petit tour d'horizon des lectures de la journée. Je serai bref car il est tard, et je n'indiquerai pas les liens hypertextes par paresse, mais bon, les blogueurs ont tous les droits n'est-ce pas ?

 

Alors par quoi commencer ? Le petit article que j'ai posté sur le blog de l'Atlas alternatif à propos des tensions entre la Thaïlande et le Cambodge ? Oui, parce que notre bienveillance à l'égard de la démocrature thaïlandaise me choque (cliquez sur le lien des films des chemises rouges sur les fantômes qui poursuivent les militaires impunis), et notre indifférence devant les inquiétudes légitimes du pauvre peuple cambodgien. Tout cela m'exaspère.

 

Continuons dans l'international, j'apprends qu'un représentant de Gbagbo en France appelle à voter FN. Info ou intox ? Si c'est vrai c'est triste. Mais il y a tant de folie dans les relations nord-sud et dans les têtes des gens. Voyez encore ce bon article de Ariane Bonzon sur le créationniste musulman turc Harun Yahya, allez là pour la peine je vous indique le lien. Un ami m'indique qu'une autorité musulmane qu'il connaît, M. Ben Mansour, critique ce Yahya en public aussi souvent qu'il peut. L'apocalyptisme évangéliste dans le Coran. Mauvaise alchimie.

 

Dans l'international encore, le peuple égyptien qui tient tête. On tire sur lui dans les provinces, mais les médias ne le disent pas. On dit qu'une interview sur une chaine satellite d'un ex prisonnier politique aurait relancé l'ardeur du peuple. Cet affect méditerranéen qu'on avait vu à l'oeuvre aussi en Tunisie et qui est le vrai moteur du mouvement actuel. Mais Gilles Munier faisait le tour des opérations de neutralisation des mouvements sociaux au Yemén, en Jordanie, en Algérie, au Maroc qui aurait demandé l'aide de la France. Notez que les pays que l'Occident n'aime pas comme la Syrie ne sont pas touchés par les révoltes. "Looks like Washington got it wrong again" (pardon je parodie librement Radio Africa de Latin Quarter).

 

emiliano_zapata_en_la_ciudad_de_cuernavaca.jpg

Quoi d'autre chers lecteurs dans notre salade de fruit ? Mélenchon. Mélenchon et sa rhétorique, omniprésent dans les médias. Il m'amusait il y a deux ans. Il commence à me fatiguer. Il se caricature un peu lui même. Et il ne séduit que 13 % des ouvriers... On est toujours loin, très loin d'une voie d'émancipation pour ceux-ci. Il faudrait une révolution à la tunisienne en France, sans parti politique, sans les syndicats pour trahir comme ils trahirent sur les retraites. Oui mais... Toujours le même problème : comment le peuple peut-il par lui même trouver une stratégie de pouvoir ensuite. Qui va mettre tout ça en musique ? M. Tonneau et ses conférences sur l'euro ?

 

Dans ma seconde patrie (mais pourquoi diable en ai je pris la nationalité ?), M. Zapatero resserre les boulons. Il reçoit le représentant de Gauche Unie mais sans chaleur excessive. Normal. Son budget est le plus anti-social de la décennie. Qui en profite ? La droite, comme en Angleterre, nouveau parangon de la sensibilité "sociale" en Europe. Allez comprendre. Enfin, bon en France en tout cas, pas d'équivoque. La droite reste très antisociale, et néo-coloniale, et tout ce que vous voudrez. Mais rassurez vous : les ministres ne pourront plus partir en vacances où ils veulent. Une bonne garantie de notre absence de soutien aux dictatures du tiers-monde, non ?

 

Et puis, si les gens se plaignent on peut toujours les faire trembler devant l'insécurité et s'indigner contre le laxisme des juges. Regardez donc le blog de Me Eolas, ses mots forts sur Mme Alliot Marie qui proposait en décembre de reparler "dans six mois" de reparler des moyens de la justice alors qu'elle savait qu'elle changerait de ministère dans dix jours. O messieurs les politiques, comme je loue votre sens du long terme, votre capacité stoïcienne à assumer vos responsabilités devant le reste de l'humanité ! Cela dit soyons juste : il y a peut-être quand même un petit quelque chose de faiblesse des magistrats dans leur capacité à réprimer. L'esprit empathique catho social fait des ravages chez beaucoup de juges et de jugettes. Mais bon, la gauche a raison de le dire : cessons d'appauvrir les greffes et cessons de tarir les politiques sociales qui tout de même peuvent parfois limiter les dérives vers la délinquance (pas toujours,il est vrai, parfois les politiques ne font qu'engraisser une bureaucratie locale paternaliste et clientéliste, mais pas toujours).

 

Côté histoire le dernier aviateur de l'Espagne républicaine est mort aujourd'hui. Un type qui avait été un héros de son temps avant d'être obligé de se faire une nouvelle vie sous la dictature franquiste. L'aviation est ce qui a sauvé la République dans quelques batailles, et l'a perdue quand elle fut sabotée. L'Espagne républicaine a toujours manqué cruellement d'avions. La faute à qui donc, la faute à l'oncle Léon (Blum)

 

http://www.youtube.com/watch?v=hGiqSdWNUhw  (désolé l'insertion automatique de vidéos ne fonctionne pas - mais que fait overblog ?)

 

 

 

A propos d'évocations musicales, les fils des pilotes espagnols, eux, dans la France des années 50, ils écoutaient ça sur Radio Mexique ou Radio Andorre.

 

http://www.youtube.com/watch?v=EKNW602jIBk

 

 

C'est cubain ça au départ non ? J'ai vu que même Karl Zéro l'a repris récemment. Je sais qu'il en a existé une version en France qui commençait par "Nos ancêtres, les Gaulois, fabriquaient des huttes en bois, où ils chantaient le tchatchatcha gaulois, tchatchatcha que rico tchatchatcha". Internet n'a pas gardé de souvenir de ce fleuron de la création musicale. J'y ai repensé cet aprem quand une indienne des DOM-TOM (que j'ai déjà évoquée ici) m'a dit qu'elle étudiait l'archéologie gauloise sur son île. Jamais l'expansion culturelle celtique ne fut aussi étendue que quand la République française a planté son drapeau aux quatre coins du monde. Tout le monde est devenu gaulois. Aujourd'hui plus personne ne l'est, sauf quelques réacs adeptes des apéros cins rouge et cochon islamophobes. Ainsi va la vie.

 

Un de mes articles philosophiques va paraître dans une revue intellectuelle assez renommée. Je ne vous en dis pas plus pour laisser planer le suspense, mais cela compte dans mon itinéraire car je veux donner à mon anthropologie une plus grande épaisseur conceptuelle. Et, quoique je ne dispose pas de tout le temps qu'il me faudrait pour lire et écrire, je ne désespère pas de pouvoir encore faire quelques trouvailles qui me permettent d'atteindre cet objectif.

 

Pourquoi est-ce que je vous raconte tout ça au fait ? Peut-être pour m'excuser de ne pas produire des billets "utilitaires" que les gens pourraient lire avec l'impression d'y apprendre des choses sur le monde actuel, ou pour préparer mes lecteurs au fait que j'écrirai moins sur la politique et sur la planète de fous sur laquelle nous vivons. En fait, je voudrais presque, dans ce genre de billet, me promettre à moi-même de ne plus écrire sur notre époque. Or je sais que je ne tiendrai pas : lundi soir j'assiste, à l'assemblée nationale, à une réunion du collectif qui a sorti le bouquin "Groupons nous et demain" dont j'ai parlé ici. Il m'étonnerait que je n'aille pas y promener ma caméra pour vous en faire goûter l'ambiance... ce qui m'éloignera encore de la sereine philosophie...

 

Ah zut, j'allais encore oublier un détail : c'est une chercheuse étatsunienne qui le dit : les ravages des conquêtes mongoles en Asie pendant plus d'un siècle ont été bénéfiques à l'atmosphère terrestre. Weltgeschischte ist Weltgericht, disiez-vous maître Hegel ? Nein Nein. Cohn-Bendit is Weltgericht.

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Interrogations professionnelles

6 Février 2011 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Le quotidien

Puisque les blogs sont aussi des journaux de bord, je dois bien ici faire état de quelques éléments de mon quotidien, surtout s'ils sont en résonnance, dans une certaine mesure, avec l'histoire collective.

 

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Je précise donc qu'en ce moment j'envisage de plus en plus sérieusement de reprendre mon ancienne profession de juriste. Mes fonctions à Brosseville que j'ai déjà évoquées sur ce blog ne débouchent sur rien de très concret, et je ne trouve pas dans la classe politique locale ou départementale de réelles raisons de m'enthousiasmer. Je ne peux pas dire non plus que mes fonctions actuelles m'encouragent plus que les précédentes à écrire des livres ni à suivre leur diffusion. L'absence totale de reprise de mon interview de l'ICD sur les blogs et les sites en dit d'ailleurs très long sur le peu d'influence de ce que j'exprime auprès de réseaux militants. Je suis donc assez tenté de m'effacer un peu de tous ces milieux auxquels je n'apporte au fond pas grand chose, et retourner à ma routine professionnelle d'autrefois, laquelle aura au moins le mérite de m'installer dans un rôle dont l'utilité pour le bien public est plus clairement identifiable que celle de l'engagement politique. A suivre...

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Religions et politiques

5 Février 2011 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Divers histoire

L'humain est un animal effrayé par la diversité de ses dispositions et qui, par crainte des abominations que cette diversité produit,  a éprouvé périodiquement le besoin de se discipliner dans une purification de type relgieux - qu'on trouve dans les diverses réformes spirituelles qui ont émaillé l'histoire de notre espèce, sous les cieux du polythéisme comme sous ceux plus récents du monothéisme.

 

Ces velléités de purification et de remobiliation discipilinaire ont connu  des modalités plus laïques depuis trois siècles, mais la conséquence éthique du mouvement est toujours la même.

 

Pour ma part je me situe toujours, vous le savez, d'un point de vue laïque (qui est aussi celui qui inspire ma défense  du stoïcisme), mais je reste intéressé par toutes les réflexions politiques qui se déploient dans des univers religieux et les juge, du point de vue qui m'intéresse, c'est à dire de l'organisation des vies humaines, davantage à l'aune de leur efficace sociale que de leur contenu de croyance. Non pas parce que je tiens le savoir athée pour une conquête mineure, mais parce que je sais que cette conquête est vaine si elle sert l'injustice sociale. Et donc, sur une planète où l'injustice n'a jamais atteint un pareille ampleur, je soutiens d'abord les mouvements qui combattent l'injustice avant de regarder s'ils sont laïques comme moi ou pas.

 

Je conseille d'ailleurs à mes lecteurs la lecture intéressante de l'article ci joint sur Machiavel et Savonarole, qui est une interrogation passionnante sur le rapport de la politique au fait religieux, et qui, évidemment, me fait penser à Chavez.

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Je suis à l'égard des autres peuples premièrement sympathisant de tout ce qui se bat chez eux pour la justice sociale locale et planétaire, et deuxièmement partisan de la non ingérence, au sens où j'estime que les puissances hégémonistes sur le sol desquelles je suis né n'a pas à choisir le gouvernement adéquat, ni même l'opposition légitime, en lieu et place des peuples concernés.

 

A l'égard de mon propre peuple, pour qui, heureusement, le fait religieux appartient largement au domaine du passé, je suis pour qu'il progresse sur la voie de la rationalité et de l'immanence. Mais je souhaite qu'il le fasse sur une base compréhensive à l'égard de ceux qui n'ont pas encore épousé ce regard là, et notamment pour ceux qui, dans le passé, n'avaient pas les moyens d'embrasser cette conviction. C'est pourquoi en particulier je rejette a christianophobie d'un Dawkins, d'un Bricmont ou d'un Onfray. Le christianisme, comme l'Islam ou le judaïsme, fut parmi les tentatives intéressantes de "purification" et de mobiliation des dispositions humaines qui entraînère souvent des améliorations anthropologiques notables dans les comportement, quoi qu'il aboutît lui-même souvent également à des impasses regrettables.

 

Tunisie-132.jpgPour moi le christianisme, dans toutes ses dimensions, rigoriste dans sa version cathare (voire hérétique, puisqu'ils étaient à la limite du renversement du message biblique), protestante, janséniste etc, ou licencieuse (jusqu'au "christianisme" païen des Borgia) fait incontestablement partie de l'héritage culturel des peuples de notre continent, comme en ont fait partie les paganismes avant lui, et en feront partie à l'avenir les apports religieux des religions monothéistes ou non venues d'autres horizons (du Maghreb, d'Afrique noire, d'Asie etc). Reconnaître leur place dans notre héritage culturel, ne signifie pas que j'oublie leurs crimes (n'en déplaise aux adversaires des commémorations), ni que je mette sur le même plan éthique les bourreaux et les victimes (comme le font certains partisans de la tabula rasa sans même s'en rendre compte, semble-t-il). Je salue simplement ce qui dans chacune des nuances de ces expériences religieuses a pu viser une amélioration de la condition humaine, visée en vertu de laquelle chacune a pu rallier à elle l'action de gens honnêtes.

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"Faut pas dormir"

3 Février 2011 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Souvenirs d'enfance et de jeunesse

Quand j'avais 10 ans, en 1980, sur TF1, il y avait un générique de feuilleton qui disait "Faut pas dormir quand on a la vie devant soi". Je ne sais pas pourquoi dans ma mémoire c'était la chanson d'une pub, comme Eram "est-ce une fille ou un garçon". Je découvre ce soir que c'était un générique. Mais peu importe. Cela faisait partie des messages que la TV adressait à la jeunesse, et à l'égard desquels l'enfant de 10 ans que j'étais jouissait d'une souveraine liberté. Je n'étais pas dans la tranche d'âge du public que visait ce générique, et pourtant oui, j'avais la vie devant moi. Je pouvais tout me permettre, retenir les mots de ce générique, les ignorer, les confondre avec une pub.

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Aujourd'hui que j'ai 40 ans, que je n'ai plus la vie devant moi mais juste une misérable moitié de vie (au mieux), que je suis à deux doigts d'entrer dans le royaume des grisonnants qui me semblaient si éloignés de moi à 10 ans, je pourrais dormir, m'enfoncer dans un très profond sommeil, comme "L'homme qui dort" de Pérec.

 

C'est étonnant mais je n'ai aucune envie de prendre ma place dans le monde d'aujourd'hui. Tout ce que je fais, j'ai l'impression de condescendre à le faire, presque à mon corps défendant. A 10 ans j'avais hâte de prendre ma place dans le monde, j'aurais même aimé, je crois, diriger le monde de la génération de mes parents. J'avais soif de tout apprendre sur son compte. Au fond de ma cour de récré je me récitais la liste des protagonistes de la guerre du Liban et de leurs jeux d'alliance. Aujourd'hui, tout me pèse. Quand je donne une interview comme je l'ai fait à l'ICD, j'ai l'impression de rédiger un testament. Le monde d'aujourd'hui ne m'intéresse plus, voilà la vérité.

 

Quand je prends des nouvelles du monde, je me rends compte que ceux qui le font tourner sont des gens de mon âge, ou alors des gens qui ont au plus quinze ou vingt ans de plus que moi. J'ai l'impression que ce dont je suis censé m'occuper, ce monde dans lequel je suis censé prendre ma place, n'a plus du tout les dimensions que je prêtais à celui de mes parents à 10 ans. En fait il est un peu comme ma cour de récréation d'école primaire, multipliée par quelques dizaines de millions d'habitants, mais au fond très semblable à elle. Et donc j'ai aussi peu envie d'y jouer aux billes que j'en avais dans la vraie cour de récré de mes 10 ans. Sauf peut-être pour tuer le temps, juste pour ça.

 

Or nous sommes sans doute dans un monde beaucoup plus totalitaire qu'en 1980 au sens où c'est un monde qui nous interdit de l'ignorer ou de le refuser. En 1980, dans mon village à Jurançon il y avait encore des tas de gens qui n'avaient pas la TV et peut-être même pas l'eau courante, je ne sais pas. Des gens qui en tout cas ne savaient pas grand chose, des vieux notamment, et personne n'allait leur reprocher leur ignorance. Aujourd'hui, le savoir n'est pas récompensé mais l'ignorance est châtiée : tout le monde doit avoir le savoir moyen de tout le monde, et tout le monde doit être à l'écoute de ce monde, ou du moins de ce que les médias nous présentent comme essentiel sur lui (savoir qui sont les Black Eyed Peas, ce que sont un i-pod et un sex-toy, ce que veut dire "scroller"). On a le droit d'être en colère contre notre monde, d'être dégoûté (c'est même ce qu'il y a de plus chic : de ne plus croire en l'avenir de notre espèce), mais pas de l'ignorer, de ne rien en savoir, comme ce mathématicien russe qui s'était enfermé chez sa mère et ne voulait pas entendre parler des gens qui lui donnaient le prix Nobel. Cette interdiction d'ignorer le monde est peut-être ce qui nourrit en moi l'envie de m'en désintéresser complètement. Par réflexe anti-totalitaire. Je voudrais m'inventer un  rythme à moi. Marcher dix fois moins vite que tous les autres sur les quais des trains et des métros, être dans un décalage rythmique complet. C'est peut-être là la clé d'une vraie dissidence. Un physicien sur France Culture ce soir affirmait sans rire qu'à l'autre bout de l'univers il y avait peut-être des gens qui vivaient un temps inversé par rapport au nôtre, un temps qui file vers le passé. Il n'a pas pu expliciter cette hypothèse.

 

A défaut d'un temps inversé, un mouvement presque suspendu, même artificiellement, me conviendrait très bien.

 

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Une pensée pour Mme Scobey

2 Février 2011 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Colonialisme-impérialisme

Ayons une pensée émue pour Mme Scobey ce matin, cette dame qui s'active beaucoup pour faire échouer la révolution égyptienne, mais qui n'est pas assez douée en matière de barbouzerie pour donner pleine satisfaction à ses patrons.

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Voici ce qu'explique le Réseau Voltaire :

 

"Alors que la révolte s’amplifie en Egypte, le Conseil de sécurité nationale des Etats-Unis a considéré que le travail de l’ambassadrice au Caire, Margaret Scobey, était insuffisant.

Mme Scobey est une diplomate de carrière qui a joué un rôle important au Proche-Orient, mais n’est pas rompue aux opérations secrètes. Ne préjugeant pas de ce qui va suivre, elle se dépense sans compter depuis plusieurs jours pour rencontrer le maximum de protagonistes et nouer des contacts dans tous les camps à la fois.

Le Conseil de sécurité nationale ne considère pas comme suffisant de préserver les intérêts des Etats-Unis, mais comme indispensable de préserver la paix séparée égypto-israélienne, ce qui implique de choisir les prochains dirigeants du pays. Il a donc fait appel à un ancien ambassadeur en Egypte (1986-91), aujourd’hui à la retraite, Frank G. Wisner, et l’a envoyé d’urgence au Caire où il est arrivé lundi 31 janvier 2011 au soir."

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Tarpley à propos des révolutions arabes actuelles

1 Février 2011 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Les Stazinis

Quoi qu'on en pense, je ne puis passer sous silence la thèse de Webster Tarpley selon lequel la CIA a utilisé la Tunisie comme banc d'essai pour un nouveau type de mouvement politique qui rallie à sa cause la petite bourgeoisie arabe sunnite, dans la logique de Brzezinski, contre l'Iran et contre la Russie et la Chine.

 

A mon avis la thèse est excessive car le mouvement social a pu se déclencher seul en Tunisie et en Egypte, mais il est clair que les USA veulent les utiliser à leur profit désormais. Israël a d'ailleurs reproché à Obama de lâcher trop vite Moubarak.

 

 

 

 

 

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