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Onfray parle sur Rue89
A écouter dans le fil de ce que nous avons déjà dit sur le sujet. Je dois reconnaître qu'il m'est quand même très sympathique.
13 novembre
Journée pluvieuse. Hier soir sur Facebook, un anticapitaliste allemand m'a dit du bien de mes derniers articles publiés sur le blog de l'Atlas alternatif. Un Allemand de 33 ans qui vit à Francfort, et qui milite à Attac. Il m'a demandé si je connaissais des groupes allemands anti-impérialistes. Je lui ai répondu qu'à part Die Linke (qui n'est pas tout à fait anti-impérialiste), je ne conaissais rien. Il m'a donc envoyé des adresses de sites trotskistes, tous écrits dans la langue de Goethe. Je n'ai rien compris. Toujours cette barrière des langues qui rend impossible l'union des peuples français et allemands contre le système dominant. Je lui ai demandé s'il était pour la disparition de l'Union européenne. Il m'a rétorqué sans hésiter que oui. La gauche allemande serait-elle plus courageuse que celle de France ? plus disposée à recevoir les insultes d'un Cohn Bendit qui se défoule en ce moment avec son arrogance habituelle contre Mélenchon ?
Ce jeune Allemand connaît bien la Moldavie et est intrigué par la Transnistrie. C'est le deuxième dans ce cas que je rencontre, su rle peu d'Allemands que je connais. En France, il est plus difficile de trouver quelqu'un qui puisse situer Chisinau ou Tiraspol sur une carte.
Je vous l'ai peut-être déjà dit mais un type de droite veut m'inviter à intervenir dans une conférence à Paris. Boycotté par mes alliés politiques, allez savoir pour quoi (Le Monde Diplo du moins), je vais aller discuter avec ceux d'en face. Il est toujours sain de discuter, surtout avec ceux qu'on désapprouve. C'est une preuve de maturité démocratique. Le risque est de finir comme Bricmont et Collon en référence de l'extrême droite, affichée comme telle (allez voir par exemple la page de la fille de Gollnich sur Facebook), mais ce ne sera sans doute pas mon cas. Mon engagement aux côtés du Front de gauche et du mouvement social ne plait pas aux réacs.
J'espère que cette conférence, si elle a lieu, sera organisée en février ou en mars, après la publication d'un bouquin auquel je tiens et que j'enverrai à mon éditeur en janvier. Je ne veux pas que le calendrier de mes publications soit influencé par des considérations "diplomatiques". Je réfléchis beaucoup, dans le sillage de Bourdieu, aux modalités de l'intervention dans l'espace public. J'ai visionné il y a peu une vidéo de Paul-Marie Couteau et d'un libéral dont j'ai oublié le nom. C'est aux antipodes de la modestie à laquelle je m'astreins à titre personnel. De mon côté point de discours ex cathedra, toujours la première personne, même dans les livres, ne rien balancer urbi et orbi. La clarté de mon message en est peut-être brouillée, tant pis. Il faut désapprendre aux gens à recevoir des paroles d'Evangile de tel ou tel. Ce qu'ils doivent surtout apprendre, c'est à forger leur sens critique d'une manière structurée sans perdre de vue les nuances, et c'est là tout un art, qui doit se nourrir d'un style. Pour le style, il faut lire les anciens, tout en étant conscient du côté obsolète de certaines de leurs problématiques (mais jamais toutes !). Mêler logique et littérature, toujours, la cohérence intrinsèque du discours, et l'ouverture empathique à la richesse humaine.
Nikonoff, Hemet, le M'PEP, l'Union européenne et les partis politiques
Je répercute ici une information que m'envoie Gilles, un lecteur de ce blog. Patrice Hemet et Jacques Nikonoff du Mouvement pour une Education Populaire (M'PEP), un mouvement issu d'Attac, et qui avait bien voulu faire de la pub en 2008 pour mon Programme pour une gauche française décomplexée, viennent de publier un rapport important qui dénonce l'européisme de la plupart des partis politiques et organisations syndicales de ce pays. De cet unanimisme européiste, Nikonoff et Hemet retranchent le Mouvement politique d’éducation populaire, l’Arc républicain de progrès,
Debout la République (DLR), le Mouvement républicain et citoyen (MRC), et le Front national (FN), tout en montrant que DLR est insuffisant sur la question, et que le FN est en fait dans le registre de "l'arnaque" (je cite) sur ce sujet.
Dans une liste complémentaire ils examinent les positions du journal mensuel Bastille-République-Nations, des Clubs « Penser la France », du Collectif républicain des gaullistes de gauche (CRGG), du Comité Valmy, de la Fondation Copernic, du Front syndical de classe, de la Nouvelle action royaliste (NAR), du Parti ouvrier indépendant (POI), du Pôle de renaissance communiste en France (PRCF), du Rassemblement des citoyens pour la République (RCR), de Résistance et renouveau gaulliste, de l’Union populaire républicaine (UPR).
Ce recensement est sans doute utile en ces temps où le totalitarisme soft euro-atlantiste a du plomb dans l'aile.
Gilles attire aussi l'attention des lecteurs sur le règlement n°2004/2003 du parlement et du conseil européen du 4 novembre 2003 relatif au statut et au financement des partis politiques au niveau européen analysé par feu-Raymond Morvan. Ce règlement impliquerait que les partis subventionnés par l'UE doivent être subordonnés aux traités et principes de l’Union européenne, soumis à des vérifications régulières confirmant qu’ils sont bien un « facteur d’intégration » au sein de cette Union, et qu'ils peuvent être financés, dans ce cadre, à hauteur de 75%. En tout état de cause, dit-il, les cotisations des adhérents jugées « admissibles » ne peuvent excéder 40% du budget annuel, ce qui signifie clairement que l’équilibre financier de ces partis dépend de l’UE, que le financement des « partis européens » ne peut en aucune manière reposer sur les seules cotisations des adhérents...
Je n'ai pas pu vérifier le bien-fondé de ces dernières informations en me plongeant dans la lecture du réglement en question. Je laisse au lecteur le soin de le faire.
Amours russes
Je lis ce matin par hasard dans Ria Novosti :
"Un ... de mes vieux amis, un journaliste télé de 33 ans, m'a récemment parlé d'une collègue qu'il aimait bien. Il lui a demandé de sortir avec lui à l'ancienne, un mercredi pour le vendredi. Et il le lui a demandé en personne, pas par Facebook ou par sms. Il avait déjà pensé à son restaurant favori auquel il voulait l'emmener. " Pourquoi ne va-t-on pas simplement chez toi ou chez moi pour coucher ensemble ?", répondit la fille. Horrifié, mon ami a abandonné l'idée complètement. " Dans ces conditions, cela n'avait aucun attrait pour moi ", dit-il. " Je voulais d'abord la connaître".
Je ne sais pas exactement ce qui a motivé la conduite de cette fille – s'il s'agissait d'un appétit sexuel vorace ou du fait que, tout simplement, elle n'était pas intéressée par mon ami sauf bizarrement pour coucher immédiatement avec lui.
Quoi qu'il en soit, je pense qu'au fond d'elle-même, cette fille tout comme les autres consommateurs de relations rapides, recherchent l'amour et rêvent de trouver LA bonne personne. En réalité, aujourd'hui, nous recherchons l'amour plus que jamais dans l'histoire de l'humanité quand l'amour n'était pas un ingrédient du mariage et que les gens avaient de faibles attentes et un choix drastiquement réduit.
Peut être aussi est-il vrai que ma génération est un peu perdue sans entremetteuses de confiance autour de nous à l'exception des réseaux sociaux et de leur myriades de gens (seulement virtuellement) disponibles."
Dans ce pays où la natalité est en berne, on se torture beaucoup l'esprit sur le thème "est-ce qu'il y a de l'amour chez nous ?", ou "est-ce qu'on a la bonne façon de s'aimer ?". A preuve encore ce sondage de février 2009, et les multiples articles sur la disparition ou la réapparition de l'amour entre le Dniestr et Sakhaline. Signe aussi du fait qu'ils se demandent encore quelle est la "bonne attitude" à adopter devant le monde de la consommation et du libéralisme qu'ils connaissent depuis moins longtemps que nous. Ils veulent des cours là-dessus, du coaching, ils ont peur d'avoir faux. Ils se demandent comment font les Français, et les autres occidentaux. Le symptome d'une faiblesse intrinsèque. Les Etatsuniens, eux, ne se posent pas ce genre de question. Ils font du consumérisme décomplexé (du moins sur les campus des facs, pour le prolo du Mississipi ou pour le quadra en famille ça doit être plus compliqué, mais eux non plus ne se demandent pas comment font les Russes et les Français).
Un géographe qui voudrait se faire nom devrait publier un Atlas de l'amour dans le monde, si ça n'a déjà été fait.
Le système a encore des ressources
J'assistais ce soir à une réunion organisée par le président du conseil général de la Seine Saint-Denis devant un parterre d'élus et de responsables de collèges pour leur expliquer sa méga-idée de financer des dizaines de constructions de collèges par des partenariats public-privé (PPP), et je me disais en l'écoutant que le système politique a des ressources énormes. Le type a trouvé la clé pour clouer le bec aux communistes, les ringardiser, les empêcher de reprendre aux prochaines cantonales ce département crucial pour leur survie qu'ils ont perdu en 2008, avec ce projet tape-à-l'oeil qui en fait le sauveur des collèges au risque de plomber encore plus les finances bien précaires du département. Et il le fait avec des arguments bétons pour qu'on évite de l'accuser de manoeuvre politicienne, des phrases du genre "c'est une compétence obligatoire il fallait bien que je m'acquitte de nos obligations", "la démographie m'obligeait à lancer un truc, les finances ne me permettaient pas d'éviter de recourir à l'emprunt classique", "les taux d'intérêts étaient bas, c'était le moment de se lancer, ça n'a rien à voir avec les élections". Derrière, le PC rame pour se faire entendre, ses élus bafouillent, oublient de dire que les centaines de millions d'euros il fallait les demander à l'Etat qui spolie le département et pas au privé (ça devait pourtant être leur argument massue, mais l'ambiance du show Barto leur a fait oublier de le dire).
Des politiciens comme Barto sont des pros de la guerre de position, qui paient grassement des collaborateurs de cabinets pour concocter des stratégies balaises. Les collaborateurs du groupe PCF eux étaient amers ce soir : "tu as entendu la chronique sur France Inter hier ? ils veulent faire croire que la majorité communiste d'avant n'avait rien fait pour les collèges alors que c'est tout le contraire". Bin oui, on ne va quand même pas demander aux médias de vérifier les infos non ?
"Vous ne voulez pas financer nos collèges ? C'est du mépris pour nos enfants ! Vous ne voulez pas de PPP ? C'est parce que vous êtes des utopistes !" L'étau se resserre. Le néolibéralisme joue en faveur du PS qui peut toujours passer pour le moindre mal entre le dangereux Sarko et les doux rêveurs archaïques du PC. CQFD. Barto est le maître de cérémonie. Il organise la com, le timing, les gens doivent se positionner par rapport à ses initiatives à lui, c'est lui qui choisit le terrain de l'affrontement, les armes, tout quoi.
Une grande leçon. Des Bartos, des Mitterrands, des Sarkos, on nous en sortira toujours. De ces types dont l'art politique force le respect. Des gars qui surfent sur les vagues pour arriver au port avant tous les autres.
C'est ce genre de gars qu'on risque de voir bientôt ressurgir en Amérique latine quand Chavez et Morales se seront épuisés à changer les choses de fond en comble. Emir Sader l'annonce déjà dans le livre collectif dont j'ai fait récemment le commentaire pour Parutions.com. La gauche de la gauche, elle, a toujours une stratégie de retard, elle n'anticipe pas le coup de l'adversaire, et se donne encore moins les moyens de donner plusieurs coups d'avance, d'imposer aux autres de réagir à ses intiatitives. En panne d'inspiration après le référendum constitutionnel de 2005 qu'elle avait gagné, elle est à nouveau à sec après la promulgation de la loi sur les retraites. Mélenchon s'enferme dans un rôle à la Georges Marchais, qui ne le sortira pas de l'ornière. Quelle proposition d'action pour les mois à venir ? Evidemment ils n'en ont pas. Les Clausewitz ne sont pas dans leur camp.
Un communiste convaincu écrit sur son blog hier que le PC grec a fait 12 % à des élections locales partielles. Ca le transporte de bonheur. 12 % dans un pays appauvri et humilié, tu parles d'un triomphe ! Les banquiers du FMI peuvent dormir sur leurs deux oreilles.
Union sacrée des interventionnistes républicains et démocrates
Lu dans le Washington Post aujourd'hui :
"President Obama stands a good chance of being reelected in 2012 if he makes progress in Afghanistan, he adopts a tougher line against Iran, the economy improves and there are no major terrorist attacks in the United States, a senior Republican said Saturday.
Sen. Lindsey O. Graham (S.C.), who has become a leading GOP national security spokesman, said that if Obama is looking for cooperation with Republicans, a continued U.S. military effort in Afghanistan is "one area where Republicans feel comfortable standing by the president" and are likely to give him more support than many in his own party."
Et puis pour égayer le présent billet, sur un autre segment de l'échiquier politique étatsunien, un clip électoral digne de notre Ségolène :
Retraites : par delà le défaitisme des directions syndicales et des médias
Aujourd'hui, selon le décompte syndical, plus d'un million de Français se sont retrouvés pour battre le pavé contre la réforme des retraites. Malgré le défaitisme des grands médias, la mobilisation continue donc, plus faible certes, mais réelle, sous la pression de la base.
Comme chacun sait, les directions syndicales sont piégées par l'unanimisme européen pour le report de l'âge de la retraite (au fait sur l'Europe et les partis politiques et syndicats français n'oubliez pas de lire le rapport du MPEP et son résumé ici).
Au sommet européen des chefs d'Etat de Barcelone des 15-16 mars 2002, MM. Lionel Jospin et Jacques Chirac décidaient le report de repousser de 5 ans l’âge de la retraite avant 2010. A son sommet de Prague des 26 au 29 mai 2003, la Confédération européenne des syndicats dont tous les grands syndicats français font partie y compris la CGT soutenait cette orientation et proposait « de sauvegarder les systèmes de pension légale comme majeure partie des droits de pension et de défendre le cadre juridique de l'Union européenne pour la mise en place de fonds pension (…). Privilégier des formules permettant un passage progressif de la vie professionnelle à la retraite sur une base volontaire, tout en luttant contre l'exclusion des travailleurs âgés du marché du travail. »
Mais la question est maintenant de savoir si la base syndicale et la population feront sortir du piège de la pensée unique néolibérale européenne les directions des grandes centrales. J'observe des actions intéressantes et courageuses aujourd'hui encore. Dans le registre attaque contre le capitalisme consumériste, ce matin des militants ont bloqué les accès de Logidis, plateforme logistique alimentant en produits frais les magasins Carrefour de la région Provence-Alpes-Côte-d'Azur, à Salon-de-Provence (Bouches-du-Rhône). Le 29 octobre ils étaient 300 manifestants à bloquer à l'aube la plateforme Easydis, qui dessert les magasins du groupe Casino. Le 3 novembre le dépôt Auchan a été bloqué sur deux entrées, de 4 heures du matin à 10 heures à Tours. Mardi soir l'université de Saint-Étienne, était bloquée et occupée par une trentaine de jeunes puis évacuée par la police lemercredi matin, entre 7h et 7h30. On pourrait égrainer ainsi toute la semaine comme le fait minutieusement le site du Jura Libertaire dont je vous recommande la lecture.
On aurait tort d'enterrer trop tôt ce mouvement.