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Le blog de Frédéric Delorca

Articles récents

Le M'PEP, Montebourg et le projet national

21 Novembre 2010 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #La gauche

Parfois on peut se réjouir que certaines bonnes idées soient reprises par des personnes ou des mouvements bénéficiant d 'une large aura médiatique. Parfois cela devient simplement comme l'opposition de Villepin à la guerre d'Irak, l'occasion d 'un joli show sans lendemain, car le chouchou des médias s'abandonne à la politique-spectacle et trahit.

 

Donc on ne sait jamais de quoi augure la diffusion d 'une idée. Prenez la sortie de l'Union européenne, que le M'PEP n'est pas loin de prôner. Il faut sans doute se réjouir que dans l'Huma du 19-11 on parle de ce mouvement, même si on n'y mentionne que son projet de casser l'euro. J'aurais tendance à y voir le signe que l'idée nationale est de moins en moins diabolisée à gauche.

 

Faut-il se réjouir aussi de voir M. de Montebourg dire dans une interview publiée dans le Monde du 21-22 novembre 2010, qu'il faut "assumer un certain protectionnisme" et même plaider pour la "démondialisation" ?

 

Bien sûr cela sent le positionnement à gauche du PS purement tactique, comme Fabius naguère, et j'entends déjà Edgar de la Lettre Volée s'exclamer que son projet de taxe carbonne aux frontières de la France pour le cas où l'Union européenne n'en voudrait pas est purement chimérique, puisque rien ne peut se faire sans l'UE, mais tout de même,  si M. Mélenchon n'est pas le candidat de la gauche au second tour en 2012 peut-être trouverai-je un peu la force d'aller voter pour celui-là. Et puis j'aime bien la dernière phrase de son interview : "Sur la sécurité, je suis chevènementiste, sur l'écologie je suis un Vert modéré, sur la finance, je suis un communiste de philosophie, sur la réindustrialisation, je suis MoDem, sur le social, je suis aubryste, sur l'économie, je suis transformateur, sur la démocratie, je suis mendésiste". Si seulement c'était sincère...

 

Bon allez, je sens que, malgré la prudence de ce billet, vous allez m'accuser d'angélisme. Notez quand même que c'est la première fois depuis 12 ans que je dis du bien d'un socialiste !

 

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Mme K., Dieu,la Révolution, l'Algérie

19 Novembre 2010 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Colonialisme-impérialisme

Il y a 10 ans, j'étais prompt à m'enthousiasmer pour telle ou telle femme (sans forcément qu'il y ait une connotation sexuelle dans cet enthousiasme), pour tel ou tel événement de sa vie, ou pour telle ou telle succession d'événements que j'identifiais comme autant de symptômes d'une société, d'une époque. Cela me donnait envie d'écrire, de filmer là dessus. Je crois que je ne prenais pas de gants avec l'histoire des gens. Et certaines de ces femmes se sont prêtées à ce jeu. Parfois flattées par mon intérêt pour leur histoire, le plus souvent simplement parce que mon enthousiasme devenait contagieux, parce qu'il leur offrait une liberté d'expression, il les aidait à dépasser les censures et les autocensures qu'elles éprouvaient dans ces jours et ces nuits ordinaires où toutes les vaches sont grises.

 

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Pourquoi m'intéressais-je toujours plus aux destins des femmes qu'à celui des hommes ? je ne sais pas. C'était comme ça. La condition féminine m'a toujours intéressé, comme d'autres s'intéressent aux lézards ou aux bébés phoques je suppose. Ca les renvoie à quelque chose d'eux mêmes. Sauf que la condition féminine m'a toujours paru plus porteuse d'enseignement sur l'ensemble de la condition humaine, plus que les lézards. Parce que pour aussi reptiliens que nous soyons tous, nous sommes surtout et avant tout issus de femmes, et nous avons été éduqués par elles.

 

Le temps a passé depuis lors. J'ai vieilli. Il m'arrive encore de percevoir des lueurs d'intérêt dans le destin de tel ou tel, et de telle ou telle, mais l'enthousiasme n'est plus là pour que je veuille en faire un roman ou un documentaire. Il y a toute sorte de raisons à ça. Il y a le fait que beaucoup de ces gens dont des bribes de destin me passionnent sont souvent bourrés de défauts et que s'intéresser à leur côté captivant plutôt qu'à ce qui me rebute en eux me paraît arbitraire, c'est une façon de les idéaliser, de plaquer une fiction subjective sur eux et c'est au fond très puéril. Il est sans doute plus sage d'admettre qu'ils sont indissociablement intéressant et inintéressant, et donc qu'on ne peut légitimement tirer de cette tourbe rien de particulier ni dans un sens ni dans un autre (et peut-être peut on dire cela de tout, même d'une époque). Il y a aussi que je doute de plus en plus de ma capacité à écrire quoi que ce soit de juste sur qui que ce soit. Mais il y a par dessus tout ceci, auquel les journalistes, par exemple, feraient mieux de penser sérieusement : on ne peut pas exploiter les événements de la vie d'autrui. Autrui a le droit de vous parler de ceci et de cela, mais vous, vous n'avez pas le droit d'en faire un objet de création. Je sais bien qu'on le fait tous les jours, dans la conversation courante, on parle de ce qui est arrivé à untel ou à untel, on s'informe de ce qui se passe, de ce qui s'est passé, ça aide à s'orienter, à agir, mais cette réduction du vécu de l'autre à des informations à un certain niveau ressemble à un vol, une usurpation. Par exemple je trouve qu'il est presque inhumain d'identifier quelque chose du passé de la vie d'autrui comme précisément quelque chose de passé, de mort, ou quelque chose dont soi-même on a le droit de faire du vivant, qu'on s'octroie le droit de ressusciter là où l'autre devrait le ressentir comme mort. C'est à l'autre de décider ce qui est vif et ce qui est mort en lui, ce qui est encore jeune ou déjà vieux dans ses veines. Aucun tiers n'a de droits là dessus.

 

Arrivé à ce point de scepticisme et d'embarras, au détour de mes 40 ans, je me trouve donc devant le vécu de certaines personnes extrêmement désarmé. Beaucoup des anecdotes de leur vie qu'elles me livrent me parlent, mais je ne me sens le droit de ne rien en faire. Alors, par moment, juste un peu surchargé par toutes ces confidences dont je ne puis légitimement rien tirer, je les jette sur ce blog, sous forme de brèves évocations. Vous vous souvenez ainsi qu'au cours des dernières années, j'ai dû vous livrer deux ou trois portraits de femmes, que certains n'ont pas manqué dans leurs commentaires de trouver parfois caricaturaux, ou en tout cas trop courts pour cerner toute la complexité des personnages. Mais c'est justement parce qu'il ne s'agit pas de personnages, mais de personnes réelles, que je ne puis rien faire d'autre que dire quelques mots de leur histoire, en sachant que de toute façon ce serait toujours trop ou trop peu, et surtout que c'est illégitime.

 

Cette nuit j'ai envie de faire de même avec Mme K. En dire juste deux mots en passant, en sachant que je n'ai aucun moyen ni aucun droit de le faire. Alors voilà, je jette juste ces quelques évocations sans prétention. Mme K est née en Algérie, dans un village près de Nédroma, en 1952. Je ne connais pas sa région. Je peux en imaginer les paysages. Les paysages arides d'Algérie sont très beaux. Mais les paysages, ce n'est pas tout. Je lisais sur Internet il y a peu une page sur Maâtkas en Kabylie, "bélvédère naturel", mais véritable enfer sur terre dans les années 1990 où régnait la terreur de la guerre civile entre l'armée et les islamiste, bélvédère saturé d'angoisse, pas seulement celui de la guerre : celui de la pauvreté aussi, de l'absence de perspective concrète, d'une société bloquée.

 

Du côté de Nédroma à la fin des années 1950, il y avait la guerre de décolonisation. Beaucoup de moudjahidines, dans la famille de Mme K. Des histoires de femmes voilées aux jambes velues qu'on voyait passer (des moudjahidines déguisés). Des cafés transformés par l'armée française en centres de rétention, et en salles de tortures.

 

Elle est arrivée dans la banlieue nord de Paris en 1962 avec sa mère et sa soeur. Elle était juste vêtue d'une unique petite robe qu'avait cousue sa mère. Il faisait un froid gacial sur le tarmac de l'aéroport. C'était l'hiver. Elle se souvient avec émotion du moment où son père qui les attendait à l'arrivée l'a couverte de son blouson.

 

Puis ce fut sa maison en France, un taudis sans chauffage. La charité des curés. La France mi-paternaliste mi-raciste des années 60. L'Eglise de sa petite commune de Seine Saint Denis, le patronage où elle chantait. L'encadrement catholique d'une société pas encore tout à fait laïcisée. Un encadrement appliqué à tous, même aux musulmans comme elle.

 

Et puis il y eut sa vie avec les hommes, car elle fut sans doute belle Mme K dans ses jeunes années. Je n'ai pas osé lui poser des questions précises là-dessus. Mais il y a eu quelques évocations : son divorce avec un mari qui "voulait la balafrer". Elle s'est enfuie en Algérie pour échapper à ça. C'était à l'époque de Boumédienne. Elle est devenue secrétaire dans une entreprise de je ne sais plus quoi, du côté de Nédroma.  Elle se souvient du socialisme algérien : les sureffectifs, l'absentéisme, les gens qui lui disaient quand elle leur reprochait leur absence : "Cette entreprise elle n'est pas à ton père, elle est à moi, à nous, elle appartient au peuple algérien, alors je fais ce que je veux". Elle n'a pas une image idéalisée de la révolution algérienne. Elle en parle avec les mêmes mots que la serbe Vesna de l'autogestion titiste (Vesna ne fait pas partie des 81 % de Serbes qui idéalisent le souvenir de Tito).

 

Quand je lui demande pourquoi elle n'est restée que deux ans à Nédroma (parce que je repense aux filles françaises d'origine serbe qui dans mes entretiens sociologiques m'ont raconté l'échec de leurs tentatives de retour au pays de leurs parents), elle m'explique : "Tu sais là bas, ce sont des dragueurs, ils sont très machos. Le patron voulait que je sorte avec lui. Je n'ai pas voulu. Il me menaçait de réduire mon salaire. Je suis donc retournée en France". J'aime sa façon pudique de dire "sortir" et pas "coucher". Ainsi elle est revenue en France et elle a bossé pendant 27 ans comme secrétaire d'une compagnie d'assurance des beaux quartiers de Paris, abonnée au RER deux fois par jour pour aller crécher dans sa lointaine banlieue nord, avant d'être brutalement licenciée à un âge où il est presque impossible de retrouver du travail. Une vie pleine de trajets en train, émaillée par des tas d'activités associatives, antiracistes, pro-Palestine, à gauche, toujours, jusqu'à ce qu'elle devienne élue municipale.

 

Mme K est revenue en France à cause du machisme algérien. Elle ne porte pas le voile. Elle ne comprend pas que les jeunes filles reviennent à ça maintenant. Elle le ressent comme la négation de ce qu'a été son propre combat personnel contre les coutumes ancestrales. Un combat contre le "machisme", contre ces mecs qui veulent "balafrer" leur épouse qui divorce. Pourtant Mme K est croyante. Elle a fêté l'Aïd ces derniers jours.

 

Mme K et le machisme. Mme K qui a échappé au machisme grâce à la France, qui doit cela (entre autre) à la France, même si elle sait aussi que la France coloniale a opprimé sa famille, et qu'elle écrase encore de son racisme les jeunes beurs de son quartier. Mme K raconte toujours des histoires étranges de femmes de généraux qui, dans les années 1990, venaient se prostituer dans des foyers Sonacotra en France. Elle dit qu'encore aujourd'hui à Alger les femmes sont souvent si pauvres qu'elles sont massivement dans des logiques de prostitution...

 

Elle n'aime pas les "Ni putes ni soumises", les militants qui vendent leur idéal à des grands partis politiques. En même temps elle est sceptique sur les chances qu'ont les gens d'échapper aux logiques cyniques du système euro-atlantiste, des guerres, du choc des civilisations, tout comme elle ne voit pas comment l'Algérie s'affranchira du pouvoir corrompu des militaires.

 

Voilà, il y a tout ça dans la vie de Mme K. On ne peut pas s'empêcher de déceler là un morceau (Deleuze eût dit un "bloc") de la vie de toutes les Algériennes, de toutes les Françaises originaires de ce pays, voire par contrecoup de tous les hommes aussi, et des miettes de problématiques qui sont identiques pour les femmes serbes (elles aussi confrontées au machisme, aux reliquats du socialisme bureaucratique etc) et celles de tant de pays du Tiers-monde. Mais en même temps on fait quoi de tout ça ? J'étais à deux doigts de l'interviewer avec une caméra. Mais déjà ça ce serait de trop. Donc j'ai juste jeté ces quelques lignes sur mon clavier. "Pas des lignes justes, juste des lignes".

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Onfray parle sur Rue89

16 Novembre 2010 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Philosophie et philosophes

A écouter dans le fil de ce que nous avons déjà dit sur le sujet. Je dois reconnaître qu'il m'est quand même très sympathique.

 

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Ecoutons ce débat entre Attali et Mélenchon

14 Novembre 2010 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Le monde autour de nous

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13 novembre

13 Novembre 2010 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Le quotidien

Journée pluvieuse. Hier soir sur Facebook, un anticapitaliste allemand m'a dit du bien de mes derniers articles publiés sur le blog de l'Atlas alternatif. Un Allemand de 33 ans qui vit à Francfort, et qui milite à Attac. Il m'a demandé si je connaissais des groupes allemands anti-impérialistes. Je lui ai répondu qu'à part Die Linke (qui n'est pas tout à fait anti-impérialiste), je ne conaissais rien. Il m'a donc envoyé des adresses de sites trotskistes, tous écrits dans la langue de Goethe. Je n'ai rien compris. Toujours cette barrière des langues qui rend impossible l'union des peuples français et allemands contre le système dominant. Je lui ai demandé s'il était pour la disparition de l'Union européenne. Il m'a rétorqué sans hésiter que oui. La gauche allemande serait-elle plus courageuse que celle de France ? plus disposée à recevoir les insultes d'un Cohn Bendit qui se défoule en ce moment avec son arrogance habituelle contre Mélenchon ?

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Ce jeune Allemand connaît bien la Moldavie et est intrigué par la Transnistrie. C'est le deuxième dans ce cas que je rencontre, su rle peu d'Allemands que je connais. En France, il est plus difficile de trouver quelqu'un qui puisse situer Chisinau ou Tiraspol sur une carte.

 

Je vous l'ai peut-être déjà dit mais un type de droite veut m'inviter à intervenir dans une conférence à Paris. Boycotté par mes alliés politiques, allez savoir pour quoi (Le Monde Diplo du moins), je vais aller discuter avec ceux d'en face. Il est toujours sain de discuter, surtout avec ceux qu'on désapprouve. C'est une preuve de maturité démocratique. Le risque est de finir comme Bricmont et Collon en référence de l'extrême droite, affichée comme telle (allez voir par exemple la page de la fille de Gollnich sur Facebook), mais ce ne sera sans doute pas mon cas. Mon engagement aux côtés du Front de gauche et du mouvement social ne plait pas aux réacs.

 

J'espère que cette conférence, si elle a lieu, sera organisée en février ou en mars, après la publication d'un bouquin auquel je tiens et que j'enverrai à mon éditeur en janvier. Je ne veux pas que le calendrier de mes publications soit influencé par des considérations "diplomatiques". Je réfléchis beaucoup, dans le sillage de Bourdieu, aux modalités de l'intervention dans l'espace public. J'ai visionné il y a peu une vidéo de Paul-Marie Couteau et d'un libéral dont j'ai oublié le nom. C'est aux antipodes de la modestie à laquelle je m'astreins à titre personnel. De mon côté point de discours ex cathedra, toujours la première personne, même dans les livres, ne rien balancer urbi et orbi. La clarté de mon message en est peut-être brouillée, tant pis. Il faut désapprendre aux gens à recevoir des paroles d'Evangile de tel ou tel. Ce qu'ils doivent surtout apprendre, c'est à forger leur sens critique d'une manière structurée sans perdre de vue les nuances, et c'est là tout un art, qui doit se nourrir d'un style. Pour le style, il faut lire les anciens, tout en étant conscient du côté obsolète de certaines de leurs problématiques (mais jamais toutes !). Mêler logique et littérature, toujours, la cohérence intrinsèque du discours, et l'ouverture empathique à la richesse humaine.

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Nikonoff, Hemet, le M'PEP, l'Union européenne et les partis politiques

12 Novembre 2010 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Peuples d'Europe et UE

Je répercute ici une information que m'envoie Gilles, un lecteur de ce blog. Patrice Hemet et Jacques Nikonoff du Mouvement pour une Education Populaire (M'PEP), un mouvement issu d'Attac, et qui avait bien voulu faire de la pub en 2008 pour mon Programme pour une gauche française décomplexée, viennent de publier un rapport important qui dénonce l'européisme de la plupart des partis politiques et organisations syndicales de ce pays. De cet unanimisme européiste, Nikonoff et Hemet retranchent le Mouvement politique d’éducation populaire, l’Arc républicain de progrès,

 

Debout la République (DLR), le Mouvement républicain et citoyen (MRC), et le Front national (FN), tout en montrant que DLR est insuffisant sur la question, et que le FN est en fait dans le registre de "l'arnaque" (je cite) sur ce sujet.

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Dans une liste complémentaire ils examinent les positions du journal mensuel Bastille-République-Nations, des Clubs « Penser la France », du Collectif républicain des gaullistes de gauche (CRGG), du Comité Valmy, de la Fondation Copernic, du Front syndical de classe, de la Nouvelle action royaliste (NAR), du Parti ouvrier indépendant (POI), du Pôle de renaissance communiste en France (PRCF), du Rassemblement des citoyens pour la République (RCR), de Résistance et renouveau gaulliste, de l’Union populaire républicaine (UPR). 

 

Ce recensement est sans doute utile en ces temps où le totalitarisme soft euro-atlantiste a du plomb dans l'aile.

 

Gilles attire aussi l'attention des lecteurs sur le règlement n°2004/2003 du parlement et du conseil européen du 4 novembre 2003 relatif au statut et au financement des partis politiques au niveau européen analysé par feu-Raymond Morvan. Ce règlement impliquerait que les partis subventionnés par l'UE doivent être subordonnés aux traités et principes de l’Union européenne, soumis à des vérifications régulières confirmant qu’ils sont bien un « facteur d’intégration » au sein de cette Union, et qu'ils peuvent être financés, dans ce cadre, à hauteur de 75%. En tout état de cause, dit-il, les cotisations des adhérents jugées « admissibles » ne peuvent excéder 40% du budget annuel, ce qui signifie clairement que l’équilibre financier de ces partis dépend de l’UE, que le financement des « partis européens » ne peut en aucune manière reposer sur les seules cotisations des adhérents...

 

Je n'ai pas pu vérifier le bien-fondé de ces dernières informations en me plongeant dans la lecture du réglement en question. Je laisse au lecteur le soin de le faire.  

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Amours russes

9 Novembre 2010 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Les rapports hommes-femmes

Je lis ce matin par hasard dans Ria Novosti :

 

"Un ... de mes vieux amis, un journaliste télé de 33 ans, m'a récemment parlé d'une collègue qu'il aimait bien. Il lui a demandé de sortir avec lui à l'ancienne, un mercredi pour le vendredi. Et il le lui a demandé en personne, pas par Facebook ou par sms. Il avait déjà pensé à son restaurant favori auquel il voulait l'emmener. " Pourquoi ne va-t-on pas simplement chez toi ou chez moi pour coucher ensemble ?", répondit la fille. Horrifié, mon ami a abandonné l'idée complètement. " Dans ces conditions, cela n'avait aucun attrait pour moi ", dit-il. " Je voulais d'abord la connaître".

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Je ne sais pas exactement ce qui a motivé la conduite de cette fille – s'il s'agissait d'un appétit sexuel vorace ou du fait que, tout simplement, elle n'était pas intéressée par mon ami sauf bizarrement pour coucher immédiatement avec lui.

 

Quoi qu'il en soit, je pense qu'au fond d'elle-même, cette fille tout comme les autres consommateurs de relations rapides, recherchent l'amour et rêvent de trouver LA bonne personne. En réalité, aujourd'hui, nous recherchons l'amour plus que jamais dans l'histoire de l'humanité quand l'amour n'était pas un ingrédient du mariage et que les gens avaient de faibles attentes et un choix drastiquement réduit.

 

Peut être aussi est-il vrai que ma génération est un peu perdue sans entremetteuses de confiance autour de nous à l'exception des réseaux sociaux et de leur myriades de gens (seulement virtuellement) disponibles."

 

Dans ce pays où la natalité est en berne, on se torture beaucoup l'esprit sur le thème "est-ce qu'il y a de l'amour chez nous ?", ou "est-ce qu'on a la bonne façon de s'aimer ?". A preuve encore ce sondage de février 2009, et les multiples articles sur la disparition ou la réapparition de l'amour entre le Dniestr et Sakhaline. Signe aussi du fait qu'ils se demandent encore quelle est la "bonne attitude" à adopter devant le monde de la consommation et du libéralisme qu'ils connaissent depuis moins longtemps que nous. Ils veulent des cours là-dessus, du coaching, ils ont peur d'avoir faux. Ils se demandent comment font les Français, et les autres occidentaux. Le symptome d'une faiblesse intrinsèque. Les Etatsuniens, eux, ne se posent pas ce genre de question. Ils font du consumérisme décomplexé (du moins sur les campus des facs, pour le prolo du Mississipi ou pour le quadra en famille ça doit être plus compliqué, mais eux non plus ne se demandent pas comment font les Russes et les Français).

 

Un géographe qui voudrait se faire nom devrait publier un Atlas de l'amour dans le monde, si ça n'a déjà été fait.

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Le système a encore des ressources

8 Novembre 2010 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Le monde autour de nous

J'assistais ce soir à une réunion organisée par le président du conseil général de la Seine Saint-Denis devant un parterre d'élus et de responsables de collèges pour leur expliquer sa méga-idée de financer des dizaines de constructions de collèges par des partenariats public-privé (PPP), et je me disais en l'écoutant que le système politique a des ressources énormes. Le type a trouvé la clé pour clouer le bec aux communistes, les ringardiser, les empêcher de reprendre aux prochaines cantonales ce département crucial pour leur survie qu'ils ont perdu en 2008, avec ce projet tape-à-l'oeil qui en fait le sauveur des collèges au risque de plomber encore plus les finances bien précaires du département. Et il le fait avec des arguments bétons pour qu'on évite de l'accuser de manoeuvre politicienne, des phrases du genre "c'est une compétence obligatoire il fallait bien que je m'acquitte de nos obligations", "la démographie m'obligeait à lancer un truc, les finances ne me permettaient pas d'éviter de recourir à l'emprunt classique", "les taux d'intérêts étaient bas, c'était le moment de se lancer, ça n'a rien à voir avec les élections". Derrière, le PC rame pour se faire entendre, ses élus bafouillent, oublient de dire que les centaines de millions d'euros il fallait les demander à l'Etat qui spolie le département et pas au privé (ça devait pourtant être leur argument massue, mais l'ambiance du show Barto leur a fait oublier de le dire). goya.jpg

 

Des politiciens comme Barto sont des pros de la guerre de position, qui paient grassement des collaborateurs de cabinets pour concocter des stratégies balaises. Les collaborateurs du groupe PCF eux étaient amers ce soir : "tu as entendu la chronique sur France Inter hier ? ils veulent faire croire que la majorité communiste d'avant n'avait rien fait pour les collèges alors que c'est tout le contraire". Bin oui, on ne va quand même pas demander aux médias de vérifier les infos non ?

 

"Vous ne voulez pas financer nos collèges ? C'est du mépris pour nos enfants ! Vous ne voulez pas de PPP ? C'est parce que vous êtes des utopistes !" L'étau se resserre. Le néolibéralisme joue en faveur du PS qui peut toujours passer pour le moindre mal entre le dangereux Sarko et les doux rêveurs archaïques du PC. CQFD. Barto est le maître de cérémonie. Il organise la com, le timing, les gens doivent se positionner par rapport à ses initiatives à lui, c'est lui qui choisit le terrain de l'affrontement, les armes, tout quoi.

 

Une grande leçon. Des Bartos, des Mitterrands, des Sarkos, on nous en sortira toujours. De ces types dont l'art politique force le respect. Des gars qui surfent sur les vagues pour arriver au port avant tous les autres.

 

C'est ce genre de gars qu'on risque de voir bientôt ressurgir en Amérique latine quand Chavez et Morales se seront épuisés à changer les choses de fond en comble. Emir Sader l'annonce déjà dans le livre collectif dont j'ai fait récemment le commentaire pour Parutions.com. La gauche de la gauche, elle, a toujours une stratégie de retard, elle n'anticipe pas le coup de l'adversaire, et se donne encore moins les moyens de donner plusieurs coups d'avance, d'imposer aux autres de réagir à ses intiatitives. En panne d'inspiration après le référendum constitutionnel de 2005 qu'elle avait gagné, elle est à nouveau à sec après la promulgation de la loi sur les retraites. Mélenchon s'enferme dans un rôle à la Georges Marchais, qui ne le sortira pas de l'ornière. Quelle proposition d'action pour les mois à venir ? Evidemment ils n'en ont pas. Les Clausewitz ne sont pas dans leur camp.

 

Un communiste convaincu écrit sur son blog hier que le PC grec a fait 12 % à des élections locales partielles. Ca le transporte de bonheur. 12 % dans un pays appauvri et humilié, tu parles d'un triomphe ! Les banquiers du FMI peuvent dormir sur leurs deux oreilles.

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