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Tourisme politique et marketing littéraire
Mon correspondant allemand de Munich me propose de traduire en allemand mon petit ouvrage sur la Transnistrie. Il n'est sans doute pas motivé par la qualité littéraire du récit dont ses compétences linguistiques ne lui permettent guère de juger (il a juste estimé qu'au vu de ce qu'il avait cru en comprendre ce texte lui paraissait bien), mais il a envie de se rendre dans ce pays cet été, et pour cette raison ce livre lui plait. Je l'avais déjà remarqué : mon livre sur la Transnistrie épouse une certaine mode, celle du tourisme politique et beaucoup de gens s'y intéressent à titre de préalable (de mise en bouche) pour un prochain départ pour Tiraspol (puisque cette ville s'ouvre aux étrangers depuis peu).
La culture étant réduite à l'état de "marché", la qualité des livres se définit de plus en plus exclusivement en fonction de leur propension à épouser les grandes tendances sociologiques du moment. Tout n'est plus affaire que de "concept" marketing. Par exemple ma petite trouvaille qui consiste à mélanger dans chacun de mes livres dorénavant un récit personnel avec un travail d'analyse plus objectif, est vouée à n'être qu'un concept marketing (et non pas une invention qui révolutionne le genre de l'essai, or pourtant j'affirme qu'elle change profondément le statut et le mode d'écriture des essais). C'est simplement un "concept" plus ou moins apte à trouver un public, et susceptible de vieillir, de s'user, à plus ou moins brève échéance.
Adelante senor Barroso !
Nos voisins européens ont quelques phénomènes politiques que nous pouvons leur envier.
L'Angleterre a M. Galloway, auquel je me réfère souvent. L'Espagne a José Antonio Barroso. Maire d'une ville de 40 000 habitants. Un homme qui dirigeait un tout petit parti dans les années 1980 sans que cela l'empêche de gagner les élections municipales de manière systématique (et qui a intégré le PC en 2008 à l'heure où beaucoup, par opportunisme le quittent). Un homme qui est traîné devant les tribunaux en ce moment en reprenant les arguments de l'ex-colonel Amadeo Martínez Inglés contre le roi. Un homme surtout qui fait l'éloge de Cuba sur un ton que peu de politiciens français (sinon aucun) seraient capables d'adopter. (Dommage que les videos ne soient pas sous-titrées, mais you tube n'a pas de service de traduction...)
FD
(Accessoirement, voilà aussi avec ce billet ma contribution au débat politique espagnol, à l'heure où l'Espagne, depuis deux ans, me refuse sa nationalité à laquelle pourtant j'ai droit par mon père...)
La mort du "plan B"
Symptôme de la faiblesse actuelle de la "vraie gauche" (à gauche du PS), le mensuel "Plan B" cesse de paraître. C'est une triste nouvelle, même si elle était prévisible. Cela fait déjà plus d'un an que moi-même je ne suis plus abonné à cette publication. La critique des médias tourne à vide quand elle n'est pas relayée par un projet politique fort (n'en déplaise à ceux qui me reprochent de survaloriser ce qu'ils appellent le "champ politique"). La gauche mouvementiste mord la poussière, dans la lignée de l'effondrement d'Attac et de tous les comités qui firent sa force lors de la victoire du "non" au référendum sur la constitution européenne. La gauche mouvementiste se porte mal, mais celle des partis politiques à peine mieux. 75 % d'abstention dans les quartiers populaires, un Front de gauche à 7 % qui reste otage du PS, des cadres et élus du PC qui quittent ce qu'il reste de leur parti en espérant la constitution de forums sur le modèle d'Europe écologie (sic !), le vent ajouté au vent, les énergies militantes qui se gâchent dans des projets stériles, les narcisses qui se réfugient sur Internet. Et pendant ce temps le capitalisme continue de pomper les ressources des peuples (en Grèce, dans les Grands Lacs, dans notre système de retraite, en Asie, partout), et déverser ses marées noires pétrolières. Mélenchon peut prier pour une insurrection "bolivarienne" en Europe quand les spéculateurs auront eu la peau de tous les Etats. Le fait même qu'il prie, qu'il se cantonne dans les voeux pieux, en dit long sur l'état de ses forces.
Echos du passé
Un ancien prof de mon lycée m'écrit : "Vous restez pour moi un exemple de courage et d'indépendance, sans doute le meilleur, qu'il m'arrive de citer à mes élèves". Combien d'images de soi, tantôt agréables, tantôt fort déplaisantes on laisse derrière soi. Sans jamais trop savoir sur quelles déductions personnelles (et, souvent, sur quelles erreurs) tous ces jugements se fondent. Mais bon, allez, il est plutôt utile parfois de pouvoir se dire qu'on n'a pas laissé que des souvenirs négatifs aux gens qu'on a croisés, même si ces personnes se trompent...
L'armée du régime putschiste tire sur les manifestants en Thaïlande
"Les manifestants antigouvernementaux thaïlandais demandent à l'Union européenne de dépêcher des observateurs à Bangkok pour prévenir un assaut des forces de sécurité, au lendemain de nouveaux heurts qui ont coûté la vie à un militaire et fait 18 blessés." explique la Propagande officielle française.
Sur Facebook, l'administratrice du groupe "La vérité sur les Chemises rouges et sur la Thaïlande d'Abhisit" écrit aux membres du groupe, sous le titre "Le ciel de la Thaïlande est noir comme un ciel de corbeaux" :
"La nuit nous la redoutons chaque nuit, de peur que l'aube soit rouge, rouge du sang des Chemises rouges.
Les appels à la Saint-Barthelémy se font de plus en plus nombreux, les deux premières victimes de la guerre civile sont tombées.
Les Chemises rouges en appellent à l'Europe, au État-Unis afin que les chars de la dictature n'avancent pas... tout est prêt, les médias complices ont commencé à fermer les yeux et renvoient dos à dos le pot de terre des Rouges et le pot de fer des Jaunes...
Je ne sais s'il est encore temps de faire connaitre votre voix, mais je sais qu'elle n'est pas inutile... la mienne peut être interrompue d'une minute à l'autre... dans ce cas oubliez-moi, mais ne laissez pas tomber mon combat pour les Chemises rouges, prenez la relève.
Merci de continuer à diffuser mon appel et me faire savoir si vous êtes prêt à accepter l'administration de ce groupe.
Merci encore
Cordialement"
Un sympathisant des Chemises rouges, a été arrêté pour insulte à la monarchie sur Facebook, un crime passible de 15 ans de prison.
Il a été interpelé jeudi à son domicile pour un message posté le mois dernier sur le site de socialisation par internet. Il "a affiché un message inapproprié et porté atteinte à la sécurité nationale en insultant la monarchie sur Facebook le 19 mars" , a indiqué le département des enquêtes spéciales.
La méthode est utilisé par Abhisit pour faire peur et étouffer toute critique. S'exprimer est dangereux en Thaïlande
De la clémence des gouvernants
Je voudrais ici reproduire un article que j'ai trouvé sur Maliweb. Il pose la question de la clémence, un thème qui fut très débattu dans l'histoire politique de l'Europe - voyez notamment les interrogations philosophiques sur la fameuse clémence de Jules César (qui finit par lui coûter la vie du reste).
On peut croire ces débats dépassés dans nos démocraties policées où les changements (ou les pseudo-changements) de dirigeants naissent des urnes, et où les masses gavées de TV, de consommation et d'Internet n'ont pas trop d'envie de revanche. Ils trouvent cependant un écho particulier en Espagne, où les actions pour mettre fin à l'impunité de l'héritage franquiste et obtenir réparation pour les victimes se multiplient. On y reviendra à l'occasion.
La clémence pour les dictateurs déchus ne porte-t-elle point en germe leur retour sur la scène publique et la réaction politique ? Ne vaut-il pas mieux les condamner à l'exil ? Vastes questions qui rappellent celles qui entourèrent l'exécution de Louis XVI.
FD
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Le Mali a célébré vendredi dernier les 19 ans de la révolution du 26 mars 1991, qui a débouché sur la chute de la dictature de Moussa Traoré et l'instauration de la démocratie. Depuis, le Mali a changé. Les conditions de vie et de travail du corps social se sont améliorées. Depuis, il y a plus d'écoles, plus de centres de santé, plus de routes. Depuis, il existe toutes les libertés: individuelle, collective, d'expression, de réunion, de va et vient…
Depuis, le président déchu, Moussa Traoré, a clamé son innocence au cours du double procès (crimes économiques et crimes de sang), sanctionné par la condamnation à mort du tombeur du défunt Modibo Kéïta. La suite est connue. Moussa Traoré ne sera pas exécuté comme un certain Saddam Hussein à Bagdad. Il est, depuis juin 2002, gracié par l'ex- président Alpha Oumar Konaré. Il vit aujourd'hui une retraite pieuse et débonnaire. En effet, il consacre une bonne partie de son temps à Dieu et une autre à des activités sociales, notamment sa participation à des mariages, décès et baptêmes de ses proches. C'est au cours de ces événements que l'on se rend compte de la popularité de l'homme. Imposant et charismatique, Moussa Traoré dérange certaines autorités à chaque fois qu'il se trouve dans un même lieu qu'elles.
Aujourd'hui, et de plus en plus, beaucoup pensent que Moussa Traoré "n'a rien fait". Il y a, en fait, une certaine compassion envers lui. A commencer par le président ATT, qui lui accorde des avantages indus, car il a perdu juridiquement ses droit d'ancien chef d'Etat.
A la discrétion de Koulouba, plusieurs avantages lui ont été attribués: la villa d'Etat qu'il habite dans le quartier de Djikoroni Para, une garde personnelle, des véhicules et une rente avoisinant les 1200 euros par mois (près de 800 000 FCFA), selon Jeune Afrique N°2560 du 31 janvier au 6 février.
Les victimes de Moussa Traoré souffrent pendant que lui, condamné puis gracié, bénéficie de la clémence de l'Etat démocratique d'ATT.
Moussa Traoré a, certes, été gracié mais il n'est pas réhabilité. Il n'a pas reçu le pardon du peuple, qui passe par une loi d'amnistie que seuls les députés peuvent voter. Moussa Traoré n'a pas été réhabilité, mais il profite de l'argent public. Cela n'est pas normal et relève du politiquement incorrect.
La question que l'on se pose est de savoir s'il va continuer, après le départ d'ATT du pouvoir, à bénéficier de ces subsides? Si oui, mieux vaut engager un projet de loi devant l'Assemblée nationale, pour qu'enfin il soit véritablement réhabilité en recouvrant ses droits civils. A 73 ans, même éligible, Moussa Traoré n'osera pas se présenter à une quelconque élection. Doit-on réhabiliter Moussa Traoré? Un pas a déjà été fait dans ce sens.
Maintenant, faut-il aller au bout de la logique?
Voilà toute la problématique.
Chahana Takiou
Ce qui m'exaspère cette semaine
Je voulais écrire aujourd'hui sur cette Thaïlandaise remarquable, qui écrit dans un français délicieux, et qui, à Bangkok , a créé un groupe sur Facebook pour faire connaître ce que sont les Chemises rouges calomniées par nos grands médias et qui risquent chaque jour la liquidation physique dans un bain de sang. Elle se nomme Yaoline Buntang (sur Facebook en tout cas). Je suis heureux d'avoir pu conduire vers son groupe qui stagnait à 25 lecteurs depuis 15 jours les 2 900 "amis" du réseau Atlas alternatif dont déjà 200 ont adhéré audit groupe. C'est bien peu de chose, car je sais que ces réalités virtuelles ne comptent pas dans l'histoire réelle de notre monde, mais au moins cela donne à cette militante persuasive le sentiment que le pays européen dont elle aime la langue n'est pas complètement étranger au drame que connaît le sien.
Mais je ne puis écrire davantage sur ce sujet, car je suis exaspéré par beaucoup de choses. Je suis exaspéré en premier lieu par l'obsession anti-burqa de M. Sarkozy et cette chasse à l'Islam du nord de la Méditerranée à laquelle toute cette agitation sur un sujet vestimentaire si marginal pourrait conduire (heureusement pas plus de 33 % des Français gobent les sottises de l'UMP sur ce thème).
Et je suis aussi agacé, en ce moment, par une agitation radicale petite bourgeoise qui se répand chez certains intellos issus de l'immigration postcoloniale qui se plaisent à dénigrer la culture française comme culture d'un pays pourri.
Tout cela est absurde ! La culture française a eu des moments de grandeur. La France que chante Jean Ferrat, bien sûr, mais pas seulement. La France de Descartes, la France de Gide, et même la France de De Gaulle par certains côtés est grande aussi. Les crimes coloniaux ne peuvent à eux seuls discréditer cette France-là. Bien sûr la France doit être ouverte aux peuples du Sud, culturellement ouverte, à défaut de pouvoir physiquement ouvrir ses frontières, soutenir la Palestine, dénoncer davantage le nouvel ordre mondial qu'elle ne le fait (et même qu'elle ne l'a fait à l'époque de la guerre d'Irak). C'est par là aujourd'hui qu'elle se grandirait et retrouverait quelque accès à l'universalité. Mais le fait qu'elle ne le fasse pas ne suffit pas à faire d'elle une traînée. La surenchère dans la radicalité culturaliste est sur ce point stupide. Elle empeste le ressentiment. Que les moines de ce pseudo-combat-là reviennent sur terre ! Ce n'est pas par leurs prêches enflammés qu'ils touchent aux besoins réels du public immigré ou issu de l'immigration auquel ils s'adressent.
Je suis aussi agacé, il va sans dire, par toutes les comédies culturelles médiatiques. Je suis agacé par les vidéos d'Ardisson sur Dailymotion, et par le prof de philo qui, dans la vidéo ci-dessous, profère une énormité toutes les 5 minutes sur le structuralisme (et pourtant Dieu sait combien j'ai critiqué le strucuralisme, mais oser dire par exemple que Lacan avec "moi la vérité je parle" manifestait les excès de son égo est proprement inepte !), tout ce cours excécrable au service du conservatisme d'un Marcel Gauchet ou d'un Paul Ricoeur, avec un ton pompeux du prof "cool" qui sait que personne ne le contredira parce que des petits bons élèves au premier rang font la claque pour lui ! Les pires souvenirs de ma jeunesse à Sciences Po et dans diverses conférences s'éveille devant cette vidéo ! Bien sûr tout n'est pas faux ni idiot dans ce que dit M. Dosse, mais il y a suffisamment de phrases inconsidérées, d'inadmissibles facilités, qui, à elles seules eussent justifié que ce monsieur ne pût tenir en otage un public de jeunes gens ignorants du sujet qu'il traite (et donc sans défense contre ses erreurs) comme il le fait pendant une heure;
S'élève aussi en moi, enfin, l'indignation quand je vois monter la polémique contre Michel Onfray sur la psychanalyse. Onfray ne mérite aucune polémique tant sa philosophie est faible, et s'il avait dû en attirer, ç'aurait dû être sur d'autres sujets (notamment son cours d'histoire de la philosophie sur France culture). Mais pas sur Freud qui, quels que fussent ses talents créatifs que je lui reconnais bien volontiers (tant de belles théories, tant de beaux mythes inventés par ce médecin viennois !), n'est que trop soutenu par la culture dominante.
Mais cessons de perdre de l'énergie à conspuer le climat d'imbécilité qui préside à la plupart des débats "de société" ou culturels. Continuons de soigner notre étude de l'histoire humaine, dans ce qu'elle produisit de meilleur et de pire. Cet après-midi, pour la rédaction de mon dernier livre qui sortira en 2011, je relisais la vie de Zénon de Cittium par Diogène Laërce. Voilà qui mérite qu'on s'y investisse. Zénon le Phénicien, le Phénicien d'Athènes, fondateur de la secte des stoïciens, si féconde qu'elle inspira les élites méditerranéennes pendant quatre siècles après lui (et notamment en partie le christianisme). Un homme qu'Athènes vénéra, et non sans raison. Athènes après avoir tué Socrate sut reconnaître la grandeur, par la suite, de ceux qui démystifiaient ses dieux. Si seulement notre monde était capable d'une lucidité semblable...
"Histoire philosophique et politique des deux Indes" (II)
L'été dernier nous avions lancé une discussion sur les Lumières et le colonialisme à l'instigation d'un lecteur admirateur de Diderot - voir nos billets du 17 août 2009 et du 26 août 2009.
Je crois que Stéphanie Couderc-Morandeau a raison de dire dans son livre que l'idée même de progrès, la vue selon laquelle l'autre est un barbare attardé, favorise toujour le colonialisme, et, en ce sens, les Lumières ont été colonialistes.
Si vous prenez par exemple le chapitre "Occuper l'Afrique du Nord ?" dans Histoire philosophique et politique des deux Indes (ouvrage du 18ème siècle il faut le rappeler) : l'auteur y écrit : " si la réduction et le désarmement des Barbaresques ne doivent pas être une source de bonheur pour eux comme pour nous (...) restons dans nos ports !" Cela signifie qu'il ouvre encore la possibilité d'une conquête coloniale ("la réduction et le désarmement") qui puisse apporter du bonheur. On ne peut pas nier que beaucoup y ont cru, y compris parmi les colonisés, mais dans l'ensemble la psychologie anticoloniale contemporaine, nourrie aux sources de Fanon, Sartre et Hegel (la dialectique des regards), ne peut pas adhérer à l'idée qu'on puisse faire le bonheur d'autrui en le désarmant.
Reconnaissons tout de même à cette Histoire philosophique, le mérite d'avoir établi "in abstracto" de bons principes moraux de ce qu'aurait pu être une politique commerciale intercontinentale raisonnable dans les deux siècles qui ont suivi la découverte des Amériques. Je renvoie notamment à l'étonnant chapitre de Diderot intitulé "Du droit de coloniser" qui est peut-être le texte le moins colonialiste de tout le livre et qui définit assez précisément les conditions d'une occupation de terres vierges qui n'aurait nui ni aux intérêts des "sauvages" ni à a bonne entente avec les Européens. C'est un texte qui pose très clairement qu'une spoliation des terres ou des idées religieuses transforme le spoliateur en bête sauvage que le peuple menacé est en droit de chasser de chez lui par les armes...
C'est une heureuse intervention de Diderot dans le livre, mais toutes ne le sont pas. Celle qu'il pose à la fin du chapitre sur la république communiste organisée par les Jésuites au Paraguay me semble notamment d'assez mauvais goût. Non qu'elle soit dépourvue de mérite sur le fond - elle nuance la naïveté du début du chapitre écrit par quelqu'un d'autre - mais on y retrouve toute sorte de facilités propres à Diderot : son lyrisme, ses points d'exclamations, ses badinages, et son obsession sexuelle. Curieux : j'aimais Diderot à 16 ans (son Jacques le Fataliste). Aujourd'hui, dans les pages de l'Histoire philoophique il m'agace bien souvent.
Le plus intéressant dans ce livre, je trouve, c'est ce regard des Lumières, qui baignait toute une partie de la bourgeoisie et de l'aristocratie de l'époque : cette façon de penser l'humanité dans son ensemble, et dans les défis qu'elle avait à relever face à une nature hostile, et une propension à perdre de vue les préceptes de la raison. Ces hommes étaient guidés par un schéma de pensée intéressant, une grille de lecture, qui leur faisait aborder tous les problèmes sous ce double angle d'approche (un peu comme les stoïciens, autre grande option rationaliste de l'histoire de l'humanité que j'étudie et défends en ce moment, abordaient eux aussi tous les problèmes dans une dialectique avec la nature et avec la perversion, mais tout en posant la problématique de la perversion sur une ligne différente de celle des Lumières).
A l'époque des Lumières, le combat pour la maîtrise de la nature (notamment la baisse de la mortalité humaine) était loin d'être gagné comme il le fut un siècle plus tard. Et donc l'optimisme dont on crédite souvent cette époque est tout de même mêlé de beaucoup d'inquiétudes qui rendent les argumentations nuancées et intéressantes. Je crois qu'il faut revenir à la lecture de ce livre qui fut sans doute la meilleure production de son temps sur la problématique coloniale. J'y reviendrai d'ailleurs peut-être à nouveau sur ce blog.