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Le blog de Frédéric Delorca

Articles récents

J'y pense et puis j'oublie

23 Avril 2010 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Débats chez les "résistants"

Le comité Valmy (communisto-gaulliste) lance un appel à l'insurrection. La liste des groupuscules et intellectuels parisiens destinataires de cet appel est impressionnante. On y retrouve toute sorte de gens dont je parle dans mon 10 ans sur la planète résistante, du Plan B à Al Manar, en passant par le cercle bolivarien de Paris, j'en passe et des meilleurs. Evidemment on peut douter que cet envoi magistral débouche sur la moindre rencontre réelle de tous ces groupes et encore moins sur une action quelconque. C'est juste une façon de se convaincre qu'on essaie de faire avancer les choses, au milieu d'une situation vraiment nauséabonde (en date des derniers rebondissements mal odorants : la très mauvais initiative législative de notre bien aimé M.Sarko sur le niqab, en dépit de l'avis prudemment négatif du Conseil d'Etat).

 

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S'il y a consensus parmi des groupes sociaux variés pour changer les choses, le passage à l'acte est difficile, même pour se rencontrer. On me propose des déjeuners. Je dis "oui, d'accord". Et puis, plus de réponse. Comme le Comité Valmy, tout le monde fonctionne par à-coup, sur le mode du "il faut faire quelque chose, j'y pense"... et puis j'oublie. C'est le problème de toutes ces initiatives qui reposent sur quelques personnes débordées par diverses activités. Le suivi, la régularité font défaut. Tout cela peine à s'organiser réellement.

 

 

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M. Sarkozy dans le 9-3

22 Avril 2010 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #La gauche

Mardi le président de la République était dans le 9-3 pour l'intronisation du nouveau préfet quelques jours après les violences de Tremblay. Un élu communiste a tenté de brandir une petite affiche pour rappeler que parmi les problèmes de ce département, il y avait des budgets sociaux que l'Etat laissait à un conseil général déjà pauvre sans compensation financière. Il semble que les amis du président de la République ont su le convaincre de remettre l'affiche dans sa poche...

 

Si vous avez la curiosité de savoir qui est cet élu issu du petit monde soviétique d'Aubervilliers (heureusement aujourd'hui normalisé et devenu ville socialiste,ouf !) voici une vidéo.

 

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Ein wenig Musik

22 Avril 2010 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Billets divers de Delorca

 

 

As soon as you're born they make you feel small
By giving you no time instead of it all
Till the pain is so big you feel nothing at all
A working class hero is something to be
A working class hero is something to be

They hurt you at home and they hit you at school
They hate you if you're clever and they despise a fool
Till you're so ------- crazy you can't follow their rules
A working class hero is something to be
A working class hero is something to be

When they've tortured and scared you for twenty odd years
Then they expect you to pick a career
When you can't really function you're so full of fear
A working class hero is something to be
A working class hero is something to be

Keep you doped with religion and sex and TV
And you think you're so clever and classless and free
But you're still ------- peasants as far as I can see
A working class hero is something to be
A working class hero is something to be

There's room at the top they are telling you still
But first you must learn how to smile as you kill
If you want to be like the folks on the hill
A working class hero is something to be
A working class hero is something to be

If you want to be a hero well just follow me
If you want to be a hero well just follow me
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Les cheminots ne respectent pas les droits de l'Homme

22 Avril 2010 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Le monde autour de nous

Le secrétaire d'Etat M. Estrosi a dit tout haut, ce que le système bourgeois pense plus ou moins bas à propos des agents de la SNCF (qu'il comparait à des agents qui auraient fait la grève du déblaiement après le tremblement de terre d'Haïti, parce qu'ils ont refusé de reprendre le travail malgré l'irruption d'un volcan en Islande):

 

"Il y en a qui (...) alors qu'il y avait une situation exceptionnelle, un phénomène naturel, et qu'il y avait un devoir de solidarité, la nécessité de respecter les droits de l'homme tout simplement, ont continué à avoir un comportement de repli sur eux-mêmes".

 

Il y a dans cette phrase une vieille antienne bourgeoise du 19ème siècle : les mouvements de masse méprisent les valeurs individuelles de la déclaration des droits de l'homme, le droit de chacun à la propriété, à la sûreté, la liberté d'aller et venir.

 

Et puis, il y a une autre couche dans cette phrase, plus contemporaine, plus apocalyptique : la notion de crime contre notre espèce. Voyez, ces gens ne sont pas des philanthropes (à la différence des rois héllenistiques). Le monde est à feu et à sang, il y a des volcans partout, des tremblements de terre, presque des cadavres dans les rues, et ces messieurs de la SNCF ne sont pas "solidaires", ils laissent ces pauvres (petits bourgeois) vacanciers au milieu du chaos volcanique pour défendre leur petit droit corporatiste à... (leur droit à quoi au fait, on ne sait même plus pour quoi les agents de la SNCF faisaient grève).

 

Evidemment l'argument du secrétaire d'Etat est ridicule. Mais je me demande si 20 ans d'apocalyptisme compassionnel dans les représentations médiatiques ne finissent pas par le rendre crédible aux yeux de beaucoup de gens.

 

Tout cela prêterait à sourire sur la bêtise de notre époque, s'il ne se profilait pas derrière ces propos ridicules de M. Estrosi une affaire plus grave : le démantèlement progressif d'un service public français qui depuis 1945 avait accompli des merveilles. Car c'est bien de cela qu'il s'agit. Derrière la volonté de briser la caste des cheminots et leur "culture de la grève", il y a le souci de pouvoir enfin "faire ce qu'on veut" avec la SNCF : la soumettre toujours plus à des logiques commerciales, investir moins dans ses infrastructures, pour ne pas trop peiner ses futurs actionnaires, faire du business sur son dos et sur celui de ses passagers (pardon ! de ses "clients" !). Que nos services publics ne soient plus que des "utilities" comme disent les Anglo-saxons, sur lesquelles on se fera du pognon.

 

Voulez-vous que je vous raconte la triste histoire de la jolie gare Saint Lazare au bord de l'implosion ?

 

 

Dans la même logique une postière hier, apparemment très motivée, fraîchement formée par les écoles du Parti (le Parti du fric), me montrait, sourire aux lèvres son nouveau bureau de poste, sans guichets, au milieu duquel trônaient les "produits" (enveloppes pré-affranchies, cartons à colis) très chers que nous sommes instamment incités à regarder (et acheter) avant d'aller poster nos lettres. Tout pour les produits ! Tout pour le profit ! Ca c'est solidaire et respectueux des droits de l'homme !

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A propos de "Le boycott d'Israël est-il de gauche ?" d'Eric Marty

22 Avril 2010 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Colonialisme-impérialisme

Vous le savez, je m'abstiens d'attaquer trop souvent l'Etat d'Israël, parce que je ne trouve pas légitime la polarisation intellectuelle sur ce sujet (et même dans beaucoup de cas cette polarisation est malsaine). Il y a beaucoup d'autres problèmes en ce bas monde que ceux du Proche-Orient, et ceux qui se laissent obséder par ces derniers ne rendent pas service à l'intelligence.

 

En outre j'apprécie plus que tout les débats sereins sur les grands sujets de notre temps. Plus l'argument remplace l'invective plus nous pouvons avancer (même s'il est vrai que la brièveté des billets sur Internet ne rend pas toujours la chose possible).

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C'est pourquoi j'apprécie particulièrement l'article d'Eric Marty "Le boycott d'Israël est-il de gauche". On y trouve exposés en des termes pondérés et sereins (ce qui est loin d'être toujours le cas chez les partisans d'Israël) les raisons pour lesquelles selon l'auteur Israël ne doit pas être boycotté. J'invite donc les gens à lire cet article.

 

Evidemment je ne suis pas d'accord avec le point de vue qu'il expose. Par exemple quand il explique qu'il n'y a pas eu de viols systématiques de civils ni de meurtres de masse et "donc" pas de crimes de guerre à Gaza : cette vision trop restrictive des crimes de guerre n'est pas acceptable et n'a jamais correspondu à la définition classique du terme. Viser délibérément des usines, des centrales électriques, des bibliothèques, et même un zoo, c'est s'en prendre à des civils, donc c'est un crime de guerre tout aussi grave que de violer des femmes. De même je trouve très grave sur le principe d'écrire "jamais la Cisjordanie n'a connu une évolution politique et économique aussi prometteuse". L'auteur parle ici d'une région sous occupation militaire. Je ne vois pas quelle "évolution politique prometteuse" peut connaître une région qui ne dispose d'aucune souveraineté politique. Que peut-il y avoir de "prometteur" dans le fait que quelqu'un d'autre décide pour vous de votre avenir ? N'est-ce là pas légitimer la mise sous tutelle d'autrui, et son infantilisation ?

 

Bien sûr le passage le plus contestable est celui selon lequel "ce peuple et cet Etat ont su, par le passé, montrer, en restituant le Sinaï et Gaza, qu'aucun projet colonial ne pouvait leur être imputé comme fait de structure". Evidemment l'argument ne convainc pas. D'abord parce qu'il y a la Cisjordanie justement : avec sa toile d'araignée de colonies. Que pèse la restitution du Sinaï (ou même le démantèlement des colonies de Gaza) face à cette réalité ? Et si Israël n'a pas de projet colonial, alors pourquoi n'a-t-il pas saisi la chance des accords d'Oslo dans les années 1990 pour geler la colonisation cisjordanienne ? Et puis, plus profondément, il y a le principe même de la création d'un Etat juif en terre arabe, qui est le principe de la création d'Israël, qui est ici à interroger. N'est-il pas colonial dans son essence ? Bien sûr c'est l'argument constant de tous les colonialistes de dire "nous n'avons pris les terres de personne", "il n'y avait personne quand nous sommes arrivés", "les gens avaient quittés leurs fermes d'eux-mêmes et on s'est contentés de s'installer là". Mais ça ne tient jamais la route. J'attends toujours qu'on me démontre que les fondateurs d'Israël n'ont pris les terres de personne.

 

Je pense que le meilleur argument qui puisse aller dans le sens des sionistes est de dire qu'il ne sont pas "rendus compte" qu'ils colonisaient et qu'ils spoliaient en 1947. On sortait de ma guerre, des millions de gens étaient morts, dans la shoah, mais aussi dans les diverses opérations militaires. La vie et la propriété n'avaient plus guerre de prix. Des peuples entiers avaient été déplacés (par exemple par Staline). Et donc l'expropriation de quelques centaines de milliers d'Arabes du mandat britannique de Palestine n'étaient qu'une injustice parmi mille autres. C'est d'ailleurs pourquoi bien peu de gens la trouvèrent scandaleuse à l'époque.

 

La "malchance" de cette colonisation occidentale (car elle était essentiellement occidentale, puisque les Juifs venaient d'Europe et d'Amérique, et avec le soutien de l'Ouest, c'est qu'elle fut contracyclique : elle intervenait alors que partout ailleurs les autres colonisations occidentales allaient être battues en brèche. Ainsi, plus l'Occident reculait dans le Tiers-Monde, plus l'installation d'Israël choquait. La machance d'Herzl est que son projet fut trop tardif. Celui des nationalistes basques, ou corses le fut aussi au regard du grand éveil des nations de la première moitié du 19ème siècle mais les Basques et les Corses du 20ème siècle pouvaient au moins se prévaloir d'une rhétorique anticoloniale qui suivait l'air du temps. Le nationalisme sioniste a été trop tardif, et son colonialisme trop "voyant" et trop décalé par rapport au monde de Bandoung issu de la décolonisation.

 

Israël a sans doute fait beaucoup d'efforts pour rester démocratique et, sur divers points, ouvert. Mais il n'a pas su effacer le péché de colonialisme, qui est dans son essence, et qui reste aujourd'hui un ressort essentiel de son fonctionnement. Nous pourrions à la rigueur aujourd'hui qu'il ne s'agit que d'un reliquat colonial parmi d'autres comme le Sahara occidental, ou la Nouvelle Calédonie, ou Mayotte, et le traiter sur le même mode. Evidemment, comme l'écrit Vijay Prashad dans un texte récent, le problème va un peu au delà puisque maintenant nos élites mobilisent beaucoup d'argent et surtout beaucoup de censure intellectuelle pour sacraliser l'existence de ce colonialisme à contre-temps, et même en faire le fer de lance de la civilisation face au reste du Proche Orient qui serait voué à l'obscurantisme. D'une certaine façon c'est parce que notre société dépense tant d'énergie à justifier la colonisation en Palestine que nous devons en permanence rappeler que cette réalité-là (le colonialisme) ne peut plus être une valeur de l'Occident, et donc, en permanence, critiquer le discours dominant qui voudrait faire d'Israël l'avant-poste des valeurs occidentales au Proche-Orient.

 

 

 

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Particularismes et universalisme

21 Avril 2010 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Débats chez les "résistants"

Mon article sur Lady Gaga et Nabe a été repris sur une sorte de liste confidentielle consacrée à cet écrivain. Du coup je crois que cela m'a attiré quelques nouveaux lecteurs dont cette personne qui m'explique que Nabe a toujours refusé d'être un intellectuel.

 

Je pense que  dans son cas comme dans d'autres c'est l'articulation entre intellectuel et universel qui lui pose problème (par delà même les cas risibles de BHL, Finky and co). Une articulation qui a été voulue par la gauche (mue depuis 1789 par un universalisme que certains disent abstrait) mais on voit bien à la fois le risque d'imposture qui soustend l'appropriation de l'universel, et la difficulté permanente de la mise en empathie entre l'universel et les particularismes - par exemple entre un précepte apparemment utile à l'ensemble de notre espèce, et les différentes volitions ponctuelles qui en contredisent le respect.

 

Personnellement, comme je l'ai souvent dit sur ce blog, je me suis réconcilié avec la notion d' "intellectuel" du temps où j'ai connu des Serbes qui en pleine guerre attendaient de Chomsky et de Bourdieu qu'en qualité d'intellectuels justement ils viennent briser le mur du mensonge qui avait conduit au bombardement de leurs villes.

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J'y ai ressenti comme une façon de revivifier ce concept passablement usé en France par les "nouveaux philosophes" et je pensais comme eux, qu'un intellectuel, indexé l'universel, leur serait plus utile qu'un écrivain rivé à ses particularismes comme Besson par exemple.

 

Mais je sais que ce point de vue est contestable. L'intellectuel et la baudruche parfois ne font qu'un là où l'écrivain particulariste garde le mérite de n'avoir jamais témoigné que de phénomènes partiels, locaux, plus "vrais", que des grandes analyses universelles.

 

Prenez mon dernier livre sur l'Abkhazie, dont j'ai reçu les exemplaires ce matin, c'est un livre tout entier enraciné, par sa méthode narrative, dans les petites vérités locales. Il essaie de s'en extraire par le dialogue (les interiews en deuxième partie) et les lectures (l'analyse géopolitique à la fin) mais le mouvement interne du livre ne laisse jamais de rappeler le particularisme qui préside à sa rédaction (particularisme qui ressurgit dans la conclusion, et dans la formulation du sous-titre "à la découverte").

abkhazie 

A peine mon éditeur avait-il diffusé l'annonce de sa sortie qu'une collaboratrice d'un journal qu'ailleurs j'ai nommé "le Mensuel de gauche" en a demandé un exemplaire en service de presse. J'ai été presque mal à l'aise. Je me demande si elle va s'y retrouver dans le particularisme de la démarche (là où justement les journalistes s'attendent maintenant à des livres d' "intellectuel", même de piètres ou de sous-intellectuels). Je sais combien la commentatrice de l'IHEDN m'a reproché mon subjectivisme dans le livre sur la Transnistrie. Ce nouveau concept que j'essaie d'imposer du livre mi-témoignage mi-analyse (sans verser dans la "romanquête" ou le "docufiction") n'a toujours pas de statut possible dans l'univers médiatique des "experts" tel qu'il s'est construit depuis 50 ans, et n'en aura peut-être jamais. Il vise justement à concilier le meilleurs du particularisme et de l'universalisme, dans un dialogue critique entre les deux, et une tension permanente. C'est un pari difficile à tenir.

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La gauche, ça ne tient pas debout

19 Avril 2010 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #La gauche

Je suis désolé d'en arriver à ce constat une fois de plus sur ce blog, mais je ne vois rien qui tienne debout à gauche de la gauche.

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Une de mes connaissances, une blogueuse  proche du Front de Gauche, à qui je disais que son activité sur Internet (comme la mienne) ne servait à rien du tout et n'avait aucune conséquence dans l'espace réel, me répondait cet après-midi :

 

"Si plein de conséquences (sans parler que les gouttes d'eau font les fleuves) je suis lue par 150.000 personnes par mois, c'est pas mal, j'ai plein de lecteurs, 3 blogs au Top etc.

 
- un ex de conséquence : Un blogueur voulait ne pas voter aux Régionales, rien qu'avec mon commentaire il a retiré son artcile et voté
 
- en cas de problèmes (guerre etc) 3 de mes "fans" m'ont proposé de partager leur terre (eau, culture), 3 régions, centre, basses Alpes et vers la frontière des Pyrénées, j'ai choisi là (ancien journaliste retraité, veuf), il a même sauvegardé tous mes blogs article par article, m'a renvoyé les CD !"
 
Se perdre dans les marécages de l'internautisme est le premier vice de la gauche de la gauche, le plus évident, mais, à mon sens, le plus plus minoritaire, donc le plus véniel.
 
Le deuxième marécage, plus étendu, dans lequel se complait ce courant de pensée depuis 15 ans, c'est l'anti-politisme, le refus de la politique et de l'art que la politique implique : celui de construire des programmes réalistes, de nouer des alliances, d'élaborer des stratégies de prise de pouvoir.
Il n'y a rien de cela à gauche de la gauche, seulement un goût narcissique de la complainte, souvent sur le mode hystérique : "ce monde est trop injuste", "les pauvres sont trop pauvres", "les médias ne nous aiment pas".
La gauche de la gauche a fait la preuve de son inaptitude à élaborer des stratégies politiques au lendemain d'une de ses très rares victoires : la défaite du "oui" au référendum sur le traité constitutionnel européen. Le spectacle de sa division au lendemain même de cette belle victoire est la preuve du fait qu'elle ne portait aucun programme et, au fond, ne voulait pas avoir le pouvoir, c'est à dire avoir une prise sur les événements.
Alors, je dois le dire, oui, je suis fatigué par la rhétorique de ce mouvement de pensée petit-bourgeois. Je suis las de les entendre crier contre les médias comme le fait Mélenchon en ce moment (une chanson qui remonte aux vieux airs bourdieusiens de 1995), alors que leur vrai problème, par exemple, est du côté de la mésentente complète entre le PG et le PCF sur les prochaines stratégies électorales.
Je suis fatigué de leurs vaines proclamations sur la possibilité d'une "autre Europe" au sujet de laquelle ils n'ont pas la moindre idée de la manière dont on peut la construire ni avec qui. Je suis las de leurs mots d'ordres creux ("défense du service public", "défense des sans papiers"). Il arrive un moment, quand la situation est grave, où il faut avoir la décence soit de prendre les problèmes à bras le corps, avec une vraie démarche politique, soit de fermer sa gueule.
La gauche de la gauche n'a ni l'une ni l'autre. Et je dois dire que ce goût de la piaillerie vaine du schtroumph grincheux qui manifeste avec sa petite banderole ne vaut pas mieux que le flot de verbiage  médiatique des classes dominantes répressives. L'un comme l'autre portent la responsabilité conjointe des absurdités de notre époque.
 
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Le Front anti-impérialiste en question

17 Avril 2010 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Colonialisme-impérialisme

Je le confesse : je lis assez peu le site du Comité Valmy. Et c'est un tort. J'y trouve aujourd'hui une déclaration du Parti communiste brésilien (différent du Parti communiste du Brésil, avec lequel travaillent certains de mes petits camarades). Je lis ceci : "Pour le PC Brésilien, plutôt un Front Anti-Impérialiste Mondial et le renforcement de la coopération entre PC qu’une Vème Internationale". Le front anti-impérialiste... Une idée populaire dans le tiers-monde, et à droite de la droite en Europe.

 

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Ca marche dans certains pays en guerre (en Palestine par exemple entre le FPLP anti-impérialiste de gauche laïque et le Hamas fondamentaliste). Mais à l'échelle mondiale, je ne vois pas du tout comment on peut mettre dans le même front, tout ce qu'il y a d'anti-impérialiste : Chavez, les naxalistes indiens, le Parti communiste marxiste léniniste indien le Hezbollah, Al Qaida, le Parti radical de Serbie, la junte brimane, le gouvernement soudanais, les rebelles du delta du Niger, les Hutus du Forces Démocratiques de Libération du Rwanda, la Corée du Nord, le parti communiste de Russie, le Baas irakien et le Baas syrien, les gaulliste français, les nationalistes de gauche basques et corses, le NPA, les trostkystes, les anars, les chomskyens.

 

Beaucoup de ces mouvements sont en guerre les uns contre les autres. Des luttes à mort. Et puis qui est vraiment anti-impérialiste ? Des bons électeurs du parti socialiste français voire du Modem lisent l'Atlas alternatif et d'estiment anti-impérialistes sans cesser pour autant d'être des centristes.

 

Je veux bien qu'on doute de l'Internationale façon Chavez, mais le front anti-impérialiste est encore moins viable. L'anti-impérialisme n'est pas une valeur politiquement structurante. Ce n'est pas elle qui peut créer des clivages solides à partir desquels on peut fonder un programme d'action. C'est pourquoi il faut revenir au clivage gauche-droite. A la rigueur ce clivage peut être mis entre parenthèse pour une action comme la sortie de l'Union européenne ou de l'OTAN ainsi que le suggèrent certains gaullistes. Mais il reste structurant pour tout le reste de la vie politique, malgré la grande faiblesse idéologique de la gauche et sa très forte propension à trahir ses valeurs.

 

Ca ne signifie pas qu'il faille passer sous le tapis les guerres impériales ou l'ordre économique mondial quand on est un élu local qui doit voter un budget avec les socialistes, ou quand on est un simple électeur appelé à voter un second tour. Il faut au contraire harceler les partis sur ces questions et s'abstenir de voter quand ils ne les prennent pas en compte. Mais militer pour une grande union des forces antisystémiques au niveau mondial serait une grave erreur.

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