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Le blog de Frédéric Delorca

Articles récents

Encore une chanson...

20 Mars 2010 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Divers histoire

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Gueule de bois dans le quartier latin

19 Mars 2010 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Le quotidien

Je me baladais ce matin boulevard Saint Germain. Le quartier latin est de plus en plus surfait, je trouve. Ca piaille encore en anglais et en allemand, ça se donne encore des airs de créateurs (on sent que les passants se prennent tou pour des gens importants), mais côté culture c'est la gueule de bois d'après les grandes fêtes. Avec leurs étudiants précarisés, leurs facs mis au régime de l'autonomie façon Pécresse, la librairie des PUF qui a flambé, on voit bien que le coeur n'y est plus. Enterrés Bourdieu, Derrida (d'ailleurs qui tente encore de les citer ?). On se raccroche un peu au gentil Badiou pour la forme, mais chacun sait que ça ne vaut rien face à la prochaine trouvaille des neurosciences. On diffuse le dernier film de Naomi Klein pour se donner des airs rebelles, mais on ne lèvera pas le petit doigt pour Gaza. A normal Sup les bons élèves préparent des carrières... d'avocats en droit international...

C'était déjà devenu bien triste à l'époque de Mitterrand, du temps où on faisait mine de s'extasier devant les "grandes conquêtes" déconstructionnistes du collège international de philo. Aujourd'hui c'est carrément glauque. Les gens qui veulent faire les malins à Paris préfèrent flâner dans les bistrot d'Oberkampf que chez les libraires de la rue des Ecoles. Fini tout ça. Et chacun sait que s'il n'y avait pas des exaltés calvinistes outre-atlantique pour recycler naïvement de la pensée 68 au service des combats "culturels" de minorités, ça fait belle lurette qu'on ne parlerait plus nulle part de la "pensée française contemporaine".

Personnellement, j'ai tendance a trouver ça plutôt sain : qu'on en finisse avec cette Babylone, qu'on puisse reconstruire ailleurs sur de meilleures bases, qu'un type dans l'Ardèche ait plus d'outils avec son Internet et ses achats de bouquins en ligne pour faire fonctionner ses neurones qu'un snobinard de la rue Saint Jacques. Vous n'imaginez pas le nombre de lecteurs de ce blog qui habitent des villages de moins de 10 000 habitants.

Bon, puisqu'on parle des visiteurs du blog : que le gars de la Fédération de Russie (toujours le même numéro d'identifiant) qui lit ce blog chaque jour se dénonce. S'il bosse pour les services secrets il doit être bigrement déçu, sauf s'il prépare une thèse sur Aristophane et encore. Même chose pour le lecteur de Santa Clara aux Etats-Unis (bon, lui, c'est plus espacé quand même : une fois par semaine)

Allez comme vous avez été gentils, je vous livre la "geolocation" des visiteurs de ce blog depuis quelques mois :

  Visits Percent
 France 837 79.64%
 Belgium 81 7.71%
 Switzerland 48 4.57%
 Russian Federation 23 2.19%
 Georgia 16 1.52%
 (unknown) 9 0.86%
 United States 8 0.76%
 Spain 5 0.48%
 United Kingdom 3 0.29%

 Ile-de-France 353 42.17%
 Aquitaine 133 15.89%
  Autre 130 15.53%
 Rhone-Alpes 58 6.93%
 Centre 46 5.50%
 Poitou-Charentes 22 2.63%

Bon d'accord c'est moins diversifié que pour le blog de l'Atlas alternatif

 France 1292 61.20%
 Belgium 243 11.51%
 Canada 91 4.31%
 Switzerland 59 2.79%
 (unknown) 59 2.79%
 United States 41 1.94%
 Venezuela 30 1.42%
 Morocco 27 1.28%
 Algeria 23 1.09%
 Greece 20 0.95%

 Ile-de-France 484 37.46%
 Rhone-Alpes 127 9.83%
 Provence-Alpes-Cote d'Azur 77 5.96%
 Bretagne 64 4.95%
 (unknown) 61 4.72%
 Nord-Pas-de-Calais 52 4.02%
 Alsace 51 3.95%
 Languedoc-Roussillon 43 3.33%
 Pays de la Loire 39 3.02%
 Aquitaine 38 2.94%


On fera mieux la prochaine fois.
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Encore un mot sur l'Assemblée des femmes

19 Mars 2010 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Les rapports hommes-femmes

Hier pas moins de trois personnes ont tapé des mots comme "l'assemblée des femmes d'Aristophane" ou "le corps dans l'assemblée des femmes d'Aristophane" pour arriver à mon blog. Cela m'a surpris parce qu'en général les gens qui cherchent des mots clés avec des titres de livres sont des lycéens qui ont besoin d'aide pour leurs devoirs du soir. J'ose espérer qu'une pièce qui parle de fellation et de levrette d'un bout à l'autre n'est pas au programme des lycées, parce qu'alors, cela rendra ces pratiques fastidieuses pour ces jeunes gens, un peu comme le cours d'éducation sexuelle dans Le sens de la vie des Monty Python. Toute leur vie durant ils les associeront à des souvenirs scolaires. C'est le risque lorsque le sexe occupe une position un peu trop affirmée dans la culture officielle (spécialement alors que cette culture garde un côté répressif et carcéral comme en Occident - à la différence de l'Asie traditionnelle où le sexe se logeait souvent dans une méthode d'enseignement bien plus subtile que la nôtre).
P1000173
On ne devrait jamais dévoiler les ficelles de son art, mais je dois quand même dire comment j'ai découvert cette pièce d'Aristophane : tout bêtement en parcourant le premier tome d'une encyclopédie Larousse de 1960 en décembre dernier. Elle y était présentée comme une satyre du communisme des philosophes athéniens. Je ne sais même plus si elle portait le mot "sexuel" dans sa présentation. A l'époque les écrits qu'on disait "licencieux" des cultures ou des auteurs qui ne plaçaient pas les tabous aux mêmes endroits que nous étaient le pré-carré d'érudits à la Etiemble qui cultivaient le privilège de l'accès à ces livres rares avec beaucoup de snobbisme. Il n'était pas question d'en faire des sujets du bac. Puis des philosophes s'en sont saisis pour en faire des sujets de réflexion sur le désir ou la consommation : je songe à Deleuze exhumant la Vénus à fourrure de Masoch, ou aux travaux d'Horkheimer sur Sade. A mon avis nous sommes encore très loin de pouvoir arborder Aristophane sans le passif d'une culture qui "ne s'en sort pas bien" avec ses corps, qui ne sait pas s'en dépatouiller. Je ne veux pas dire que les Grecs faisaient nécessairement "mieux que nous", ça on n'en sait rien, mais ce qui certain c'est que les projections des problèmes de notre culture avec les corps, sur Aristophane (ou sur les grands maîtres du taoïsme) sont inévitables, quand bien même nous ferions répéter "bites, couilles, fellation" à nos chers lycéens à longueurs de dissertation.

J'écoutais hier une émission de radio du très controversé Eric Zemmour (un homme intelligent, quoique, comme beaucoup de réactionnaires, il fétichise à l'excès certaines de ses intuitions les plus partielles pour en faire des boucliers contre le monde tel qu'il va). Il disait des choses censées sur les jeunes gens précarisés qui ne bandent pas très bien pour leur jeune compagne, ce qui pousse ces dernières à rechercher des sexes de quadragénaires. Les lycéens ou les étudiants en lettres qui tapent "le corps dans l'assemblée des femmes d'Aristophane" pour parvenir jusqu'à ce blog entrent-ils dans cette catégorie ? Si tel était le cas, on toucherait précisément là au paradoxe le plus profond de notre époque.
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L'impuissance des classes populaires

18 Mars 2010 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #La gauche

Je voudrais revenir d'un mot sur le commentaire très pertinent que Mme Poncet a posté sous ma "chanson pour Sandouville". sncf.jpg

A Brosseville dimanche dernier les quartiers populaires se sont abstenus à 72 voire 77 %. Las de voir les politiciens ne les solliciter qu'au moment des élections, ils votent avec leurs pieds.

Mais le peuple peut-il faire quoi que ce soit d'autre ? Et peut-on faire quelque chose avec lui ?

Mme Poncet parle des gens qui vivent dans des caravanes. Cela me rappelle une conversation que j'eus, du temps où j'étais doctorant, avec ma consoeur Isabelle Coutant (une très jeune sociologue vraiment bien, je parlerais volontiers de son positionnement à l'égard du monde académique si je ne craignais d'être indiscret)."Tout est violent, pour les pauvres, me disait-elle, ne serait-ce que l’inflation : devoir boucler un budget avec des prix qui augmentent. C’est horrible ».


Travailler avec les classes populaires est une œuvre incroyablement complexe, parce que précisément elles n’ont pas de latitude d’action, pas de pouvoir (ni culturel ni matériel) sur leur propre vie. C’est en ce sens que le marxisme, dans toutes ses déclinaisons, y compris les plus mystiques à la Chavez, fut (j’ai tendance à en parler au passé, malgré tout) une aventure très impressionnante, quoique parfois trop simpliste, et pour cette raison vouée à l’échec partiel (il ne suffit pas d’embrigader les pauvres pour les libérer  - mais la libération n'a que très partiellement échoué).


L’impuissance des pauvres pose des problèmes très concrets chaque jour. Par exemple en ce moment, si je me demande « à quoi consacrer mon temps d’une façon responsable pour être utile au monde dans lequel je vis ? », j’aurais tendance à penser que la chose la plus urgente à faire pour un type comme moi, qui connaît un peu l’histoire, la géographie, et l’anglais, c’est d’œuvrer à empêcher que ne se crée un monde dominé par la surclasse capitaliste occidentale (celle dont parle Michéa) en lutte contre des bourgeoisies régionales russes, chinoises, brésiliennes, proche-orientales - que-sais-je ?-. Rechercher la création d’une humanité solidaire à l’échelle planétaire (pas seulement au niveau de l’hexagone), et moins inégalitaire.


Comment puis-je employer utilement mon temps à cela ? Je puis chercher à construire une grande association populaire avec le prolétariat et la petite bourgeoisie banlieusarde (les « dominés » de divers champs comme disait Bourdieu, même si le mot ne me plait pas) qui ont encore à l’esprit quelques bribes d’idéaux de gauche, même s’ils ne se reconnaissent plus dans les partis actuels. Jusqu’à ce qu’on en fasse un mouvement puissant (un peu comme Attac naguère), capable d’élire un ou plusieurs Galloway aux postes du pouvoir républicain.


Mais ce travail populaire est lent, laborieux, parce que précisément les gens dominés n’ont pas de pouvoir, et, s’ils en obtiennent quelques miettes, ils sont prêts à s’entredéchirer pour les monopoliser (je me rappelle un aphorisme de Nietzsche qui disait que la véritable misère des pauvres tenait à leur propension à s’entretuer pour une pièce d’or). Et tout peut échouer dans un an.


Je peux, à l’inverse, envoyer mon prochain bouquin sur l’Abkhazie à un partisan de Dominique de Villepin (il en est qui m’apprécient), bref, m’allier à une partie de la bourgeoisie française (voire de la grande bourgeoisie), en utilisant ce levier pour pousser la France à sortir de l’OTAN (voire de l’Union européenne), puis aider Chavez et les Palestiniens, etc (j’ai remarqué une réunion qui aura lieu prochainement à Paris où sera M. Asselineau, chef d’un parti gaulliste eurosceptique, où l’on vantera les mérites du socialisme cubain). Le choix de Proudhon qui discute avec Napoléon III.


Comment être utile à son époque ? En suscitant un mouvement populaire à la base ou en travaillant avec les franges progressistes, « utiles » (même si elles ne sont pas forcément conscientes de leur progressisme) ? Voilà le genre de question que doit se poser toute personne réellement soucieuse de changer le monde (et j’exclus de cette catégorie beaucoup d’universitaires verbeux qui connaissent leur Marx ou leur Bourdieu sur le bout des ongles mais ne prisent que les conclaves entre intellectuels « purs »).
 

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Petite chanson pour Sandouville

17 Mars 2010 , Rédigé par Frédéric Delorca

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Parler de ses livres

15 Mars 2010 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Ecrire pour qui pour quoi

Ce soir je suis tombé par hasard sur le blog d'un publiciste connu qui disait comme moi : "J'arrive au terme d'un cycle de mon oeuvre, il faut que j'arrête d'écrire, sans quoi je me répèterais, il faut que je recommence à vivre un peu". Sauf que lui ajoutait "j'arrive à un cap, celui de la cinquantaine", alors que moi je dis "j'arrive à un cap, celui de la quarantaine". A part ça les mots étaient tellement les mêmes que je me suis demandé si ce n'était pas l'époque qui nous poussait à mettre en scène notre suicide scriptural, plutôt qu'un mouvement personnel en nous. Cela fait longtemps que je dis que c'est le statut même de l'écriture qui rend vaine sa poursuite aujourd'hui, ou du moins sa poursuite au delà d'un certain seuil de publication (disons de septième ou du dixième livre écrit selon les cas).
couverture-incursion.jpg
Je mesure aussi en écoutant ce publiciste (qui se filme en vidéo), tout le ridicule qu'il y a à dire "mon oeuvre". Ce garçon qui plus est se compare à Mishima, puis in fine attaque un de ses collègues contemporains. Un peu minable. On devrait prohiber le mot "oeuvre", la référence aux grands prédécesseurs, et d'une manière générale les airs inspirés sur ce qu'on écrit. Voire on devrait interdire aux journalistes de poser des questions aux auteurs. Le livre devrait parler pour lui-même.

En ce moment je suis en train de choisir la couleur de la couverture de mon bouquin sur les aléas de l'histoire qui paraîtra sous mon nom d'état civil bientôt. Je découvre que mon "incursion en classes lettrées" a été commandée par quatre bibliothèques universitaires alors que je n'ai jamais fait aucune pub pour ce livre (on ne devrait jamais chercher à promouvoir une autobiographie, ni, plus généralement, sa propre existence, on l'écrit et voilà tout). Alors que "10 ans sur la planète résistante" dont j'ai beaucoup parlé (et qui a 650 supporters sur Facebook) a été boycotté par les biblis. C'est bizarre, parce que les idées que j'exprime dans l'un et l'autre bouquins sont assez voisines.

 

Marianne2 m'a interviewé vendredi sur mes travaux de sociologie du corps. C'est le seul domaine sur lequel plusieurs médias de masse aiment à m'interroger. Parce que je travaille sur des thèmes qui touchent à leur "actu" comme on dit. Au départ je ne prenais pas très au sérieux ces sollicitations de grands médias qui allaient du Figaro Madame à France 2, tant j'étais convaincu que ce genre de fenêtre participaient uniquement du "bruit ambiant". Maintenant que Sarkozy a remué l'opinion avec son "débat sur l'identité nationale" avec ses comparses Gérin et Raoult sur la burqa, ouvrant un joli boulevard au Front national comme l'ont montré les élections d'hier, je commence à faire attention. D'autant qu'on me questionne précisément sur le voile assez souvent, et que l'autorité académique que me confère le livre leste d'un certain poids mes réponses, qui oblige même les plus "mainstream" des medias à prendre en compte mon point de vue. Je ne dois donc pas négliger ce que je fais passer sur ce terrain là aussi, ne pas seulement considérer ces interviews comme de simples services rendus à mon éditeur, voire des corvées.

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Stoïcisme (suite)

14 Mars 2010 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Philosophie et philosophes

A nouveau plongé dans le stoïcisme. Je lis "The Making of Fornication :  Eros and Political Reform in Greek Philosophy and Early Christianity" de Kathy L. Gaca (UCP 2003). Un très bon livre. Tous les bons livres sur le corps sont en anglais et non traduits. platon.jpg

Gaca montre bien ce qui et peut être évident pour les philologues mais pas pour le commun des mortels (même à la Sorbonne on ne l'apprenait pas) : que le premier stoïcisme était pour le communisme sexuel, et le second seulement à partir de 150 av JC pour la sexualité limitée au mariage. Elle explique cette évolution par le fait que des familles aristocratiques pouvaient difficilement envoyer leurs jeunes suivre des cours auprès de philosophes qui auraient enseigné la destruction de la famille. C'est ce qu'on appelle l'embourgeoisement d'une doctrine révolutionnaire.

Je pense que le stoïcisme dans ses deux déclinaisons (révolutionnaire et bourgeoise) est la doctrine adaptée à notre époque. Son intérêt pour la nature humaine universelle (par delà les ethnies, le sexes, les générations), pour la recherche d'une gestion rationnelle de cette nature sans aucune répression artificielle des instincts, la conviction stoïcienne d'une coappartenance du corps et de la raison, son refus des diabolisations, sa foi en la possibilité d'une amitié universelle - qui est aussi une amitié des corps - par delà les anciennes superstitions, tout cela me paraît excellent et correspond à beaucoup d'attentes de notre temps, après l'éffondrement du christianisme européen.

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La folie (suite)

12 Mars 2010 , Rédigé par Frédéric Delorca Publié dans #Abkhazie

La folie avait bonne presse dans les années 60-70. Artaud et son théâtre de la cruauté reu par Derrida. Foucault prenant la folie (au sens péjoratif du terme) pour une invention d'un ordre encore plus fou, celui du classicism moderne. Piaget s'emportant contre l'irrationnalité de la philosophie de Sartre. La folie des écrits de Lacan.

Aujourd'hui plus personne ne juge utile de côtoyer la folie dans son travail d'écriture. C'est pourquoi tout le monde accepte le style d'analyse des pseudo-spécialistes médiatico-universitaires à la Frédéric Ancel. Moi je refuse absolument ce fonctionnement-là.
 

Cet après-midi j'ai à peu près terminé d'écrire mon bouquin sur l'Abkhazie (même s'il y aura un gros travail de relecture). Il y a plusieurs originalités dans le livre. D'abord parce que je produis dans l'espace de l'écriture ce qui caractérise l'organisation des soirées d'Arte (ou des Dossiers de l'écran d'Antenne 2 autrefois) : d'abord un film, ensuite une analyse. Le film, c'est le récit de voyage, augmenté des "voix" des gens interviewés. Puis une analyse crypto-universitaire. J'avais déjà un peu procédé comme ça dans "Transnistrie".

Ca permet de faire entendre non seulement la première personne de l'auteur, mais aussi celle de tout le monde, c'est à dire de chaque sujet aux prises avec le risque de sa propre folie (même si c'est une folie douce). C'est une refus de la mise à plat pure et simple, de l'objectivation docte qui prétend aligner des faits, mais qui n'aligne en fait que des énoncés dogmatiques, parce que les faits ne sont jamais mis en rapport avec leur propre limite.

Quelqu'un m'a raconté une blague abkhaze cet après-midi : "Dieu envoie des anges pour voir ce qu’il se passe en Abkhazie et en Géorgie.  Quand les anges reviennent, Il demande en premier ce qu’ils ont vu en Géorgie. Les anges disent : « Les Géorgiens sont entraînés par les Américains, ils ont des armes, de l’argent, ils préparent leurs plans ». Puis Dieu leur demande ce qu’ils ont vu en Abkhazie. Les anges répondent : « Hé bien, ils font la fête, ils boivent, ils portent des toasts comme toujours, ils profitent de la vie ».  Alors Dieu dit: « Je m’en doutais. Ils comptent sur Moi une fois de plus »." Je la mettrai en exergue de mon livre. C'est une très bonne introduction, parce qu'elle révèle la manière dont un peuple interroge sa propre folie : sa folie spécifique, en tant que nation de SURVIVANTS de se polariser sur l'instant, au risque de ne plus survivre du tout (car la pire des menaces le guête). C'est l'irrationnalité de Médée, évidemment. Mais chut ! Gardons cela pour le livre !

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