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Expérimentations
J'étais censé aider une hardeuse dissidente à publier son autobiographie fin septembre. Mais elle est passée à Paris en "oubliant" de me contacter, et en ne répondant pas à mon SMS. Parallèlement comme je rencontrais une blogueuse très introduite dans la com' des multinationales qui veut bien contribuer un peu à donner de la "visibilité" à mes bouquins, du coup j'ai proposé à cette dame de l'aider à publier ses nouvelles érotiques, ce qui ne me permettra plus d'aider la hardeuse et éloigne la perspective (un peu folle, mais qui avait sa logique interne) que j'avais envisagée cet été de devenir le préfacier d'un livre d'une star du X. Ainsi va la vie.
Des "amis" remuent le couteau dans la plaie en me demandant en ce moment si je vais faire qualifier ma thèse devant le Conseil national des universités. Une fois de plus, la troisième depuis 2006, je reporte l'échéance. C'est peut-être suicidaire moi qui viens de passer mon 39ème anniversaire. Mais de toute façon n'ayant même plus de contact avec mon ex directeur de thèse, à quoi bon chercher la moindre reconnaissance de ce côté là ? Tous les universitaires que j'ai croisés, y compris les membres de mon jury de thèse, me voient comme un diplômé des grandes écoles qu'ils envient un peu, qui est venu s'amuser chez eux, mais dont la présence parmi eux les gènerait plutôt qu'autre chose, alors à quoi bon ? A quoi bon monter sur leur Titanic ? Ma nouvelle vie professionnelle en Seine Saint Denis ne sera peut-être pas rose, mais le choix est entre faire ça où aller candidater d'une fac à l'autre pour devenir maître de conf, être payé deux fois moins qu'aujourd'hui (avec tous les problèmes pour l'éducation du gamin) et enseigner Durkheim... Ce serait une forme de stabilité oui (alors que la Seine Saint Denis offre un avenir très précaire). Mais l'entrée à l'université présente un rapport coût/avantage bien plus défavorable encore, me semble-t-il.
Pour le moment, tout est suspendu à ma prise de fonctions dans le 9-3 jeudi prochain, y compris la publication de mon prochain livre "Incursion en classes lettrées" que mon éditeur adressera à l'imprimeur à ce moment-là. Je n'ai aucune visibilité sur mon emploi du temps au delà du 1er octobre (à part ma participation au salon du premier roman de Draveil et à une conférence universitaire sur la nudité à Cannes en novembre).
Je sais gré à certains lecteurs d'entretenir la flamme de ma réflexion par des suggestions de lecture comme les livres de Christian Arnsperger (dont je vais peut-être tenter de faire une recension pour Parutions.com, au moins pour le plus récent d'entre eux). Je suis voué, je crois, à rester dans l'expérimentation en free lance.
Honduras : les putschistes, le droit international et l'argent
L'histoire hongroise a gardé le souvenir des tanks de Khrouchtchev tirant sur l'ambassade de Hongrie en 1956 où s'était réfugié le président légitime Imre Nagy. L'histoire latino-américaine retiendra celle du gouvernement putschiste de Tegucigalpa, probablement encouragé par les secteurs conservateurs de l'appareil d'Etat américain (ceux qui traitent Obama de "singe" en ce moment) balançant des gaz toxiques dans le locaux l'ambassade du Brésil où s'est réfugié le président légitime et Manuel Zelaya, et menaçant le Brésil de faire perdre à cette ambassade son immunité diplomatique "Si dans les dix jours le statut de Manuel Zelaya n'a pas été défini".
En Occident on n'entend toujours aucun appel au respect du droit international, ni à la mobilisation de la "communauté internationale" (qui pourtant à l'ONU la veille avait condamné l'usage des gaz à l'ambassade du Brésil). L'AFP ce jour intitule juste placidement sa dépêche "le gouvernement putschiste du Honduras hausse le ton face à l'opposition". Le mot de "provocation" qu'on emploie à tout bout de champ à propos de Kadhafi ou d'Ahmadinejad ne ressort jamais quand on parle de la droite hondurienne ?
Aux Etats-Unis le Miami Herald, relève que le président "de facto" Micheletti se sent "appelé par Dieu dans le cadre d'une mission divine". In God we trust. Pour le moment, ce sont surtout les milieux d'affaire qui soutiennent Marinetti. Les businessmen américain qui soutiennent Micheletti ont été privés de visas par le gouvernemen états-unien dit-on. Mais on ignore lesquels. On sait qu'au Honduras le coup d'Etat a été financé par dix grandes familles honduriennes recensées par la chercheuse Leticia Salomón.
Les soutiens aux Etats-Unis sont plus obscurs. Dans le champ académique, parmi les supporters de Micheletti, Susan Kaufman Purcell, directrice du Center for Hemispheric à l'université de Miami. Une enquête sur le Net situe ce centre dans le champ d'influence de Valero Energy Corporation, société texane, premier raffineur pétrole aux USA très en pointe dans les biocarburants. Elle contribue au financement de candidats des deux bords politiques aux Etats-Unis, mais penche plus du côté des républicains. Au Honduras, le pétrole est raffiné par Texaco mais Valero en 2006 était partie prenante d'un projet de création en consortium avec d'autres sociétés d'une nouvelle raffinerie dont le Honduras pouvait être un des sites d'accueil, et cette entreprise est aussi intéressée par l'investissement du Honduras dans les biocarburants.
FD
Le spécialiste dans les médias

Je pourrais être tenté d'accepter, parce que je n'ai rien à perdre. J'ai mon statut de juriste, ma légitimité universitaire avec mes diplômes et mes livres qui dorment dans les réserves de Yale, Harvard, la Sorbonne. Le système peut se servir de moi comme d'un kleenex, je retrouverai toujours ma recherche personnelle in fine. C'est peut-être un coup à tenter pour comprendre mieux le monde où je vis...
Missions dans le 7 ème

Le ministre de la défense au début de la conférence était à tu et à toi avec tout le monde. On avait l'impression d'une réunion de famille. Les filles avaient des airs de bourgeoises coincées, les hommes bien élevés se lavaient longuement les mains aux toilettes. Tous sentaient le déodorant à 10 mètres. Un d'eux a remarqué qu'une des intervenantes du ministère (qui a un physique d'Inde du Sud) était "très bronzée mais avec un nom bien français", une remarque berlusconienne. C'est à ce genre de chose qu'on sait qu'on est au milieu des centristes chrétiens. Quel délice...
De l'école militaire je pourrais garder plutôt l'image des gradés qui faisaient tous deux têtes de plus que moi, qui se sont levés comme un seul homme quand le ministre et arrivé et qui se sont tous barrés quand il est parti, laissant le reste de la salle à ses ratiocinations - ça s'est carré. Mais non, j'ai préféré encore la toute première vision : celle de cette sous-off féminine (ou peut-être était un capo, je n'ai pas bien regardé) en treillis et béret qui faisait courir en rond autour d'elle un beau cheval au bout d'une corde. Je n'aurais pas pensé que quelqu'un quelque part avait ce genre de chose à faire à 9 h du matin chaque jour à Paris quand je prends mon petit dej'.

Au fait, ça n'a rien à voir mais j'y pense maintenant : vous ai-je dit qu'Hugo Chavez dans les anées 1990 était blairiste ? C'est Collon qui le rapporte dans son dernier livre. On n'imagine plus aujourd'hui l'attrait que le "caniche de Bush", Antony Blair a pu exercer sur diverses personnalités en un temps. En 2000 (malgré son attitude criminelle dans les Balkans et en Irak qu'il bombardait déjà, but nobody cared) il était même chic de citer son conseiller Antony Giddens dans les facs de sociologie. Je ne crois plus que ce soit le cas. Heureusement.
Au menu demain (24 septembre)
Adolfo Ramirez a posé la bonne question concernant la reprise de mes vidéos. Mais j'hésite. Le lecteur Edgar les tourne en dérision. Et les anglophones n'y comprennent rien d'autant que le micro est faible.
Un peu découragé

Autre facteur de découragement : l'impossibilité croissante de l'idée de nation (entendue dans un sens républicain progressiste) à servir d'alternative à l'Europe néo-libérale.
Un copain m'écrivait ce matin : "Nous attendons comme les nazis le moment favorable et le prétexte pour frapper, impitoyablement. (Voir l'Iraq et l'Afghanistan, qui me rappellent le Vietnam mais aussi la guerre coloniale de Napoléon III au Mexique. J'espère que nos troupes vont en baver. Comme dit Flaubert, le drapeau a servi à couvrir tant d'ignominies qu'il est couvert de merde et de sang et ne mérite aucun respect.)"
La dernière phrase m'a étonné dans sa bouche car ce type a sympathisé avec Debout la République pendant la campagne des européennes.
A la fête de l'Humanité je disais à un internationaliste au stand du Nicaragua : "Vous avez du Habana Club et pas du Bacardi, c'est bien, le Bacardi est le rhum de la mafia cubaine en exil". Il m'a répondu : "Oui. Le Bacardi est aux cocktails ce que la Marseillaise est à la fête de l'Huma".

Je n'ai pu m'empêcher de répondre : "Sauf que la Marsaillaise fut un chant révolutionnaire, et Bacardi n'a jamais été révolutionnaire"
Sur LCP il y a 15 jours, les gendarmes du GIGN dans un documentaire présentaient ainsi leur motivation : "on fait ce job parce qu'on aime notre famille, nos amis, et les gens qui sont morts pour qu'on soit ce qu'on est". La journaliste ajoutait, perspicace pour une fois : "Il leur manque un mot, ils n'osent pas prononcer le PATRIE". On est loin du slogan que je vois dans un congrès de l'Institut national de la Femme vénézuélien (Inamujer) : "Consciencia de clase /Consciencia de Patria /Consciencia de Género" (voyez la photo en p. 51 de la revue Debate abierto, n°33 vol XII-2008)
Je suis étonné de voir le drapeau, la Marseillaise, la patrie si discrédités chez tout le monde en France. Cela voue mon "Programme pour une gauche fraçaise décomplexée" à l'échec. Et du même coup toute rupture sérieuse avec l'Union européenne. Il n'y a aucune base sociale à ce niveau pour une alternative à l'UE néolibérale.
Moi qui suis franco-aragono-catalano-gascon je n'ai pas de dispositions particulières pour la patriotardise (pas plus que la plupart des gens de mon âge). Et donc en faire mon deuil ne me coûte pas. Mais, du coup, je perds une option intellectuelle, une base possible pour une alternative. Et je vois bien que personne n'en a d'autres de rechange.
L'armée vue de gauche
A la suite d'un contact avec l'ARAC à la Fête de l'Humanité la semaine dernière, j'ai ramené un stock de revues utiles, Le Réveil (qui est le journal de leur association) bien sûr, mais aussi les cahiers de l'Institut de documentation et de recherche sur la Paix de juin 2009 dans lequel je trouve un bon article de Daniel Durand "Sécurité paneuropéenne : un mythe dépassé" à propos des débats sur l'avenir de l'OTAN, les ambiguités du concept de "sécurité paneuropéenne" telle que l'entendent les Russes, et les absurdités de la politique de M. Sarkozy (en revanche les lecteurs de cette brochure pourront s'abstenir de lire les pauvres analyses de Dérens et Samary sur les Balkans).
Je lis aussi le numéro 108 la revue "Défense et citoyen" (en ligne sur Internet, il exite aussi en version papier) de la Fédération des Officiers de Réseve républicains et de la Fédération des Officiers Mariniers et Sous Officiers de Réserve Républicains (FORR-FOMSORR), des structures basées à Ivry et qui sont nées dans l'atmosphère anti-fasciste des années 1930. J'y trouve un très bon article de Jacques Sapir sur le livre du général Vincent Desportes "La guerre probable" qui nourrit une réflexion intéressante sur l'incapacité d'un Etat néo-libéral à consolider une conquête militaire (comme on l'a vu avec les Etats-Unis en Irak), sur la forte capacité d'apprentissage d'une armée citoyenne comme le Hezbollah et sur l'importance d'entourer les moyens militaires d'une stratégie politique de soutien aux populations (ce que les auteurs américains de la Révolution dans les affaires militaires, qui ne pensent qu'en termes de technologie, sont incapables de comprendre).
Parallèlement cette semaine, je reçois le bulletin trimestriel de l'association grenobloise "Initiatives Citoyenneté Défenses" (ICD) "L'arme et le paix" dont l'édito signé par Denis Anselmet (le responsable de l'association qui m'avait contacté à août) est consacré à l'alignement de la France sur les USA et à la privatisation de la torture, un sujet qu'ils avaient aussi examiné dans leur numéro de juillet 2005 téléchargeable ici.
Toutes ces revues baignent dans la dénonciation de l'alignement de la France sur la notion d' "Occident" et le projet de démantèlement de l'héritage du Conseil national de la Résistance.
Bien que je n'aie jamais été un passionné de stratégie ni de la chose militaire, je continue de penser que ces revues qui touchent au coeur régalien du pouvoir français et veulent l'infléchir "à gauche", devraient être mieux diffiusées dans des cercles progressistes qui, de plus en plus coupés de l'armée, envisagent les relations internationales sous un angle anti-militariste assez abstrait (je pense aux cercles anticapitalistes, à diverses composantes du PC, aux associations d'immigrés). Le lien intellectuel entre ces diverses nébuleuses de la gauche n'est pas facile à faire. Mon Programme pour une gauche française décomplexée faisait un peu signe vers cela. On ne peut pas penser un monde pacifique sans réfléchir à l'usage que la France doit faire de son armée dans cette perspective.
Le Parti communiste d'Inde marxiste (CPI-M) et la lutte des classes (suite)

"Les conflits au Bengale avec les naxalistes c'était, dans les années 1960 début 1970. Aujourd'hui les naxalistes sont surtout présents au Bihar, Orissa, jusqu'au sud de l'Inde. Au Bengale occidental beaucoup moins et, effectivement, ils ont été éliminés dans les années 1960-70, par l'armée centrale indienne, mais on ne peut pas dire que le CPI-M n'ait pas coopéré à cette élimination, ou tout au moins fait comme s'il ne voyait pas (à vérifier tant les opinions sont partagées). Cela étant, les élections donnent toujours le CPI-M gagnant depuis cette date, ce qui démontre son ancrage populaire.
Sur le plan international, le CPI-M a une position radicalement correcte, anti-impérialiste (et c'est la position des PC qui comptent en plus, ceux d'Afrique du Sud, du Brésil, de Chine, du Japon, du Viet-Nam, de Russie, de Grèce, etc), et de notre point de vue, c'est ce que nous devons me semble-t-il retenir. la question quels communistes soutenir est une question interne aux Indiens à laquelle nous ne pouvons pas nous mêler, d'autant plus que le CPI-M est le plus grand parti jusqu'à preuve du contraire. C'est aussi pour cela que notre bulletin a eu des contacts aussi avec le CPI, mais que ces contacts sont toujours passés par un accord avec le CPI-M. Si un jour les naxalistes prennent le dessus (comme au Népal où c'est exactement le contraire qui s'est passé, les maoïstes ayant dépassé en ancrage le PC local pro-CPI-M) alors on pourra revoir les choses. Si nous devions avoir des contacts privilégiés au Népal, cela devrait être avec les maoistes avant tout en revanche, pour cette même raison.
Pour avoir discuté avec les uns et les autres, mon impression est que les deux tendances ont leurs propres bases sociales très différentes, mais toutes deux populaires, les uns dans les villes et chez les salariés, les autres dans les campagnes et chez les sans terres les plus pauvres, et qu'ils sont objectivement complémentaires, même s'il y a eu des conflits entre eux, ce qui est regrettable, mais ce n'est pas la première fois dans l'histoire des mouvements révolutionnaires. C'est pour cela qu'on a soutenu le FLN algérien et pas le PCA en première ligne. Tu sais aussi comment cela s'est passé pendant la guerre d'Espagne mais ce n'était pas aux étrangers de choisir entre le PCE et le POUM ou d'autres (même si l'URSS l'a fait, ce qui fut sans doute une erreur)."
Ce mail est intéressant, mais il m'a semblé "à côté" du problème soulevé par Jairus Banaji qui est celui d'une leader syndical battu par des villageois selon lui à la demande de cadres du PCI(M) parce qu'il a défendu les employés d'un programme de développement géré par ce parti...
Après une nouvelle objection, voici les remarques complémentaires que je reçois :
"Tu as raison et je suppose qu'il y a autoritarisme. En revanche il n'y a pas de vrai recul du CPI-M électoral en terme de voix. En terme de siège oui, et pour ses alliés aussi en terme de voix, mais pour lui-même il a pratiquement le même pourcentage de voix que précédemment (à quelques, 0,xxx % de voix prêts) ...Ce qui ne veut pas pour autant dire que tout baigne ! A cet égard, il est intéressant de lire les communiqués de son dernier comité central post-électoral.
Il est clair que les naxalistes représentent une force réelle (quoique malheureusement divisés en plusieurs scissions) qui a choisi dès l'origine la voie de la lutte armée, accompagnant un combat syndical de masse en particulier parmi les travailleurs sans statuts et dispersés, ce qui est tout à fait compréhensible et répond à la terreur régnant dans certaines régions ou poches régionales de l'Inde de la part des propriétaires. On peut comprendre que la fraction moins terrorisée de la population préfère des moyens plus "classiques" et il est normal que les deux voies se heurtent parfois, d'autant plus qu'il y a des inimitiés anciennes et du sang.
Par ailleurs, le rapprochement avec l'autre frère ennemi du CPI (plus à droite dans les faits) et d'autres partis de gauche ne peut pas ne pas avoir d'effets sur les rapports avec les groupes plus à gauche, surtout les naxalitses. Donc bien entendu le navire tangue. C'est humain. Regrettable mais humain.
Et sans doute l'écho de ce qui se passe dans la Népal voisin du Bengale doit aussi éveiller certaines passions de part et d'autres. Imaginons ce que serait la gauche française s'il y avait une révolution armée du PTB en Belgique qui serait arrivé au pouvoir (on peut toujours rêver !) ?
Même si dans les faits la pratique des maos au Népal ne semble pas très différente de celle du CPI-M au Bengale depuis qu'ils sont au gouvernement. Mais il faudrait scruter cela plus précisément.
Au moins peut-on dire une chose, là-bas, il se passe des choses !!!
et les contradictions portent sur des enjeux réels, et les comportements sont à la hauteur de ces enjeux !!!
Effectivement, il faut les observer, les analyser, mais on ne peut pas faire plus. "